Séance du vendredi 27 novembre 2020 à 14h
2e législature - 3e année - 7e session - 37e séance

M 2439-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de Mmes et MM. Jean Romain, Nathalie Fontanet, Céline Zuber-Roy, Antoine Barde, Alexandre de Senarclens, Patrick Saudan, Murat Julian Alder, Jacques Béné, Alexis Barbey, Charles Selleger, Raymond Wicky, Pierre Conne, Cyril Aellen, Bénédicte Montant, Beatriz de Candolle, Edouard Cuendet, Christophe Aumeunier, Lionel Halpérin, Simone de Montmollin, Yvan Zweifel, Serge Hiltpold, Gabriel Barrillier, Georges Vuillod afin d'employer exclusivement à Genève la méthode syllabique pour l'apprentissage de la lecture
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session VII des 25, 26, 27 novembre, 3 et 4 décembre 2020.

Débat

Le président. Nous en sommes à la M 2439-B. La parole échoit à M. Jean Romain.

M. Jean Romain (PLR). Merci, Monsieur le président. Dans sa réponse à la motion 2439 qui demande, en ce qui concerne l'apprentissage de la lecture, d'utiliser exclusivement la méthode syllabique, c'est-à-dire une méthode explicite, et d'abandonner les méthodes globale et semi-globale qui larguent trop d'élèves, le DIP donne raison aux signataires. De ce point de vue, je suis satisfait de constater qu'une partie de l'idéologie a été dépassée. Le rapport est net, clair et circonstancié.

Cependant, tout à la fin de la conclusion, on lit ceci: «[...] conformément au cadre du concordat HarmoS, les cantons sont tenus d'utiliser les MER», soit les moyens d'enseignement romands. «Aussi, le canton de Genève devra utiliser les nouveaux MER de français, qui devraient inclure la méthode syllabique combinée avec d'autres méthodes d'enseignement-apprentissage de la lecture.» Au fond, ce n'est plus du tout exclusif, c'est-à-dire qu'il y a bel et bien la méthode syllabique, mais que d'autres techniques sont aussi possibles.

A mon avis, c'est un tort: lorsque l'on observe qu'au sortir du cycle d'orientation, 17% des élèves ne sont pas capables de se débrouiller correctement en lecture alors que celle-ci, de l'avis de tous, constitue la condition centrale d'acquisition des autres disciplines, on doit se demander si notre soumission à l'idéologie HarmoS n'est pas l'une des causes qui alimentent notre retard en matière d'apprentissage de la lecture. A telle enseigne d'ailleurs que les gens les plus alertes, ceux qui ont plus de temps ou de moyens, s'occupent eux-mêmes de cet enseignement pivot pour leurs enfants, convaincus qu'ils sont que notre école ne fait pas tout ce qu'il faut dans cette direction-là; elle creuse les inégalités au lieu de les combler.

Chers collègues, je ne souhaite pas que ces jeunes manquent le train de la réussite. Cela étant, nous devrons accepter cette réponse.

M. François Baertschi (MCG). Je suis très satisfait que l'on abandonne les méthodes globale et semi-globale. Néanmoins, il faudrait faire preuve d'un peu d'ouverture sur de nouvelles techniques; je pense notamment à «La Planète des Alphas», un procédé tout à fait révolutionnaire qui permet à beaucoup de jeunes d'accéder à la lecture, et c'est vraiment quelque chose d'important. Je suis conscient qu'il est très difficile pour le département de l'instruction publique de s'ouvrir à de nouvelles méthodes innovantes, innovantes non pas dans le mauvais sens, mais disons pragmatiques et utiles pour les enfants et les familles.

Le président. Merci, Monsieur. Je ne connaissais pas cette «Planète des Alphas» qui me semble pourtant très pratiquée dans cette enceinte ! Monsieur Olivier Baud, c'est à vous.

M. Olivier Baud (EAG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, une fois n'est pas coutume, je suis assez satisfait de la réponse du Conseil d'Etat en ce qui concerne la méthode syllabique. Par contre, je ne suis pas d'accord qu'on déforme mes propos, et ce que j'indiquais tout à l'heure dans le cadre de la proposition de motion sur les vacances, c'était simplement que je ne trouvais pas normal que la voix d'une association qui représente des milliers d'enseignants compte de la même manière que celle d'une seule personne présente au secrétariat général. Voilà, c'est tout ce que j'ai dit ! (Applaudissements.)

Mme Anne Emery-Torracinta, présidente du Conseil d'Etat. Très brièvement, je voudrais rassurer le député Jean Romain: sur le fond, le département est parfaitement d'accord que la méthode permettant d'enseigner la lecture est bien la méthode syllabique, le b. a.-ba, pour le dire de manière simple. Cependant, il faut tenir compte de toutes les recherches effectuées en neurosciences, sans parler du fait qu'il y a des disparités au niveau des enfants. Ainsi, cette technique doit parfois être un tout petit peu adaptée. Je vais vous donner un exemple très simple: pourquoi prononce-t-on «sept», mais «septembre» alors que le début de ces deux mots s'écrit de la même manière ? On ne peut pas se contenter de la méthode syllabique, il faut quelquefois utiliser un procédé différent.

Aujourd'hui, les cantons s'orientent dans le sens de la méthode syllabique, c'est bien le cas, mais il pourrait simplement y avoir quelques légères adaptations. Le seul bémol que vous émettez, c'est de dire qu'il doit y avoir une coordination entre les cantons et qu'il faut s'y tenir, mais je peux vous assurer que Genève tout comme d'autres cantons romands ont été dans le même sens et qu'il n'y aura pas de mauvaise surprise pour vous, Monsieur le député.

Le président. Je vous remercie, Madame la présidente du Conseil d'Etat.

Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la motion 2439.