Séance du
vendredi 1 mars 2019 à
14h
2e
législature -
1re
année -
9e
session -
55e
séance
PL 12322-A
Premier débat
Le président. Nous abordons le PL 12322-A. Le rapport est de M. André Pfeffer, qui ne demande pas la parole. En revanche, elle est sollicitée par M. Jacques Béné.
M. Jacques Béné. C'est une erreur, Monsieur le président.
Le président. Bien, alors elle revient à M. Philippe Poget.
M. Philippe Poget (Ve). Merci, Monsieur le président. Chers collègues, après nos longues discussions d'hier sur l'initiative de la CARPE, nous devons rappeler encore une fois certaines évidences, voire les marteler. Ce rapport mentionne l'importance de l'aéroport pour l'économie genevoise, dont tout le monde convient; il évoque également les efforts réalisés sur le plan environnemental, lesquels restent cependant trop modestes et ne suffisent pas à rassurer les riverains.
Mais surtout, ces mesures démontrent que l'on s'attaque toujours aux symptômes et que la réflexion sur une diminution des nuisances à la source fait défaut: aucune réflexion sur l'impérieuse nécessité d'un développement équilibré et maîtrisé, toujours pas de pesée d'intérêts entre les bénéfices économiques directs et les impacts sur la santé et l'environnement !
Ce n'est plus suffisant de la part d'un établissement qui est public, mais se sent surtout autonome et refuse une évolution souhaitée par les riverains directement touchés. Il n'est plus possible de laisser l'aéroport sans pilote responsable de son impact ! Sa poudre de perlimpinpin environnementale ne soigne ni la santé ni l'environnement. Nous refuserons donc ce rapport pour donner un signe politique clair à cet établissement: il est temps qu'il évolue et reconnaisse ses responsabilités à l'égard de la population. Je vous remercie.
M. Pierre Bayenet (EAG), député suppléant. Mesdames et Messieurs les députés... (Le micro de l'orateur siffle.) ...Ensemble à Gauche ne peut plus accepter un aéroport soumis à peu près exclusivement aux lois du marché. A quoi bon disposer d'un aéroport public si son seul intérêt est de se soumettre au marché, d'accepter le plus de vols possible, de faire venir le plus grand nombre de compagnies aériennes à Genève et que, in fine, c'est le marché qui fait la loi ? Cet aéroport propose des vols vers Nice, Milan, Paris - Paris-Orly, Paris-Charles-de-Gaulle - autant de destinations qui seraient parfaitement atteignables autrement.
L'Etat de Genève doit intervenir de manière plus active et, dans un premier temps, imposer des destinations utiles. Nous avons évoqué à plusieurs reprises la question des taxes incitatives; bien sûr, ça peut être une façon d'influencer le marché, mais fondamentalement, c'est quand même une manière de favoriser les riches, puisqu'une taxe incitative constitue en quelque sorte un permis de polluer. Ce n'est pas suffisant, il faut que l'Etat fixe des règles strictes et interdise certaines destinations qui ne servent ni l'économie ni la population... (Brouhaha.)
Le président. Une seconde, s'il vous plaît ! Il est inutile de hurler, on n'entend rien quand tout le monde contribue au brouhaha ambiant. Nous éprouvons des difficultés avec certains micros de ce côté-ci, Mesdames et Messieurs, alors je propose de baisser le son pour éviter l'effet larsen et que nous fassions moins de bruit pour que la voix de l'orateur ne soit pas recouverte par celle des autres. Je vous repasse la parole, Monsieur Bayenet.
M. Pierre Bayenet. Merci, Monsieur le président. Je disais donc que les mesures qui sont parfois discutées, comme l'introduction de taxes incitatives, eh bien pourquoi pas, ça peut constituer un tout premier pas, mais il ne faut pas que ces taxes deviennent un permis de polluer qui permettrait aux plus nantis de continuer à polluer la planète alors que les plus pauvres seraient privés de vacances, ce n'est pas le but. Il faut des actions efficaces qui mettent un terme à ce qui est inutile et qui pollue.
Or un certain nombre de choses se passent à l'aéroport de Genève qui sont inutiles et qui polluent: il est inutile d'avoir au départ de Genève des lignes vers Nice, Milan ou Paris, des destinations qui sont atteignables en quelques heures de train. (Remarque.) Ou une ligne vers Zurich, me souffle-t-on. Il faut supprimer ça, il y a des trains efficaces, il faut que l'Etat intervienne de manière directive dans la gestion de l'aéroport pour mettre fin à ces pratiques scandaleuses. Je vous remercie. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole va à M. Marc Falquet. Monsieur, je vous remercie de laisser votre micro tranquille et de ne pas le bouger sans cesse.
M. Marc Falquet (UDC). Oui... allô ? Ça marche ou bien ? Merci, Monsieur le président. Je voudrais juste ajouter quelque chose. Aujourd'hui, nous sommes vendredi; combien de personnes vont prendre l'avion pour faire leurs courses à Barcelone ou à Milan ? (Commentaires.) Mais c'est vrai ! En plus, c'est extrêmement nocif pour l'économie locale. Il s'agit d'une pratique nuisible non seulement à l'environnement, mais également à l'économie locale. Il ne faut pas toujours attaquer les autres, mais aussi réfléchir à notre propre comportement. Combien parmi nous prennent l'avion pour passer un week-end à l'étranger ? C'est totalement stupide, on a un beau pays qu'on ne connaît souvent même pas.
Le président. Je vous remercie... (Brouhaha.) S'il vous plaît ! (Le président attend que le silence revienne.) Merci. Je lance le vote.
Mis aux voix, le projet de loi 12322 est adopté en premier débat par 40 oui contre 27 non et 5 abstentions.
L'article unique du projet de loi 12322 est adopté en deuxième débat.
Mise aux voix, la loi 12322 est adoptée en troisième débat dans son ensemble par 45 oui contre 29 non et 4 abstentions.