Séance du
vendredi 1 mars 2019 à
14h
2e
législature -
1re
année -
9e
session -
55e
séance
P 2053-A
Débat
Le président. Nous abordons la P 2053-A en catégorie II, trente minutes. Le rapport de majorité est de M. Pierre Nicollier, qui n'a pas oublié sa carte, et le rapport de minorité de M. Sylvain Thévoz. Je vous passe la parole, Monsieur Nicollier. (Un temps.) Monsieur Nicollier, c'est à vous !
M. Pierre Nicollier (PLR), rapporteur de majorité. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, la pétition 2053 «Ne laissez pas mourir Le Plaza» traite un sujet au long cours dont nous avons d'ailleurs oublié de fêter la majorité l'année passée. Les premières démarches ont en effet débuté il y a dix-neuf ans ! Malgré un engagement de l'Etat et des associations pour sauver le Plaza, le Tribunal fédéral a finalement scellé le sort de cette salle. La demande des pétitionnaires consiste en un rachat du complexe sans proposition d'un projet ou d'un financement. De plus, une étude indépendante a conclu à l'impossibilité de garantir la pérennité financière d'une salle de spectacle avec la structure du cinéma Le Plaza. Le cinéma ne répond plus aux normes de sécurité, une mise à niveau coûterait 8 millions de francs, en plus de l'achat du bâtiment pour 15 millions. Le projet «Mont-Blanc Centre» sur le site du Plaza répond à de réels besoins avec la construction de soixante logements étudiants mais aussi d'un parking souterrain - à la demande de la Ville de Genève et du canton - qui permet l'élimination des places de parking extérieures et donc la piétonnisation partielle du quartier. Le projet «Mont-Blanc Centre» a survécu à un chemin semé d'embûches, après avoir été attaqué et remis en cause tant par les milieux associatifs que par le canton. Nous pouvons en conclure que le projet est solide. Je le répète, aucun projet alternatif n'a été présenté, malgré dix-neuf ans de procédure ! Cette pétition arrive comme les carabiniers, avec un esprit d'escalier, la destruction de la salle ayant commencé à la fin de l'année 2018. Il y aurait un réel déni institutionnel à aller à l'encontre des décisions de toutes les instances de recours saisies jusqu'à présent. La majorité de la commission vous remercie donc de bien vouloir soutenir le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil et d'éviter au Conseil d'Etat d'avoir à nous répéter ces faits dans un rapport pour la fin de l'été.
M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur de minorité. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, il est question d'un joyau culturel du canton et de la ville de Genève: la salle de cinéma Le Plaza, construite en 1952 par l'architecte Saugey. De nombreux Genevois et Genevoises ont vécu là leurs premières émotions culturelles et cinématographiques. Malheureusement, aujourd'hui même, cette salle est en cours de destruction suite à ce que les pétitionnaires ont appelé assez frontalement une forme d'inaction du Conseil d'Etat. Vous savez qu'une initiative citoyenne a été lancée: plus de onze mille signatures pour préserver le Plaza ! Elle a été invalidée par le Conseil d'Etat, mais les initiants ont poursuivi le combat et ont déposé cette pétition avec plus de quatre mille signatures. Si l'on veut, celle-ci vise à faire porter au Conseil d'Etat la responsabilité de l'inaction et du manque de décision politique qui a conduit à laisser filer la préservation de cette salle historique, de ce joyau culturel de Genève. Certes, il est tard et on peut voir cette pétition comme un baroud d'honneur; en même temps, Mesdames et Messieurs les députés, vous qui avez voté à l'unanimité l'initiative sur la culture demandant au canton de jouer un rôle plus important et au Conseil d'Etat de s'impliquer dans la culture, vous pourriez être cohérents avec vos votes et ne pas passer la salle du Plaza par pertes et profits.
Cette salle, elle est importante; elle est bien située - sous la gare - dans un lieu qui n'est pas des plus sexy pour la Ville de Genève. Sa préservation répondrait aussi éventuellement à une demande des acteurs culturels. Vous savez que les lieux existants sont largement suroccupés: la salle Pitoëff, qui n'a pas été construite pour être un lieu culturel mais une salle communale de quartier, est aujourd'hui un des hauts lieux des festivals de cinéma et autres. Il y a actuellement un manque et un besoin de grandes salles et si on regarde autour de nous, en Europe, on voit que les grandes capitales ont réussi à recycler les cinémas des années 50 et 60 pour en faire des lieux culturels. Pourquoi Genève n'en serait-elle pas capable ?
Il reste un peu d'espoir, un projet de loi déposé par les socialistes est à l'étude en commission; il reste un peu d'espoir aussi du côté du Conseil d'Etat qui pourrait, moyennant une volonté politique affirmée, se tourner vers les propriétaires et racheter cette salle et puis, avec de la bonne volonté, en faire quelque chose, un espace culturel qui préserverait ce lieu. Les propriétaires sont ouverts à cette proposition et nous avons été choqués d'apprendre en commission qu'à la place de ce joyau historique, on proposait de faire un parking de cinq niveaux et des surfaces commerciales, certes avec quelques logements étudiants dans la tour. Vous conviendrez que construire un parking de cinq niveaux au centre-ville aujourd'hui va à contresens de l'histoire et ne répond pas aux besoins des habitantes et des habitants. Nous vous demandons par conséquent de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)
M. Guy Mettan (PDC). Monsieur le président, le parti démocrate-chrétien est très attaché à la protection du patrimoine, c'est connu de tous. Dans ce cas-là, il s'agit d'un projet et d'un programme un petit peu différents. Pourquoi ? Parce que, d'une part, ces immeubles ont déjà été classés: l'ensemble des immeubles a été classé, le rapporteur de minorité ne l'a pas dit. La protection de ce bien patrimonial est donc d'ores et déjà assurée. La seule chose qui n'a pas été classée, c'est le cinéma, pour une raison très particulière: cette salle est hélas absolument inexploitable, parce que ses dimensions ne conviennent pas du tout à une exploitation réaliste de nos jours, alors que l'on assiste au phénomène de la création de multiplexes. Cette salle est beaucoup trop grande pour la fréquentation actuelle des cinémas. En plus, elle ne se prête pas à un autre usage culturel, d'une part parce qu'il n'y a pas d'arrière-scène, on ne peut donc pas la transformer en théâtre ou en cabaret ou en Dieu sait quoi; d'autre part, elle n'est pas pourvue d'accès de sécurité et il n'est pas possible de l'adapter aux normes de sécurité actuelles. Voilà pourquoi son classement n'est pas possible.
Ensuite, le projet qui nous a été présenté, loin de ne pas remplir les critères de l'intérêt public, répond bien, au contraire, à ces critères d'utilité. Pourquoi ? Parce qu'il comprendra des logements pour étudiants, ce dont on manque cruellement dans notre ville. C'est là une occasion de loger des étudiants dans un endroit central de notre cité. En ce qui concerne le parking, il ne s'agit pas du tout de faire une cave à voitures; la Ville de Genève nous l'a dit, il s'agit au contraire de construire ce parking pour compenser la disparition de places de parc en surface, par exemple à la place de Chevelu. C'est M. Pagani qui nous l'a dit à la commission des pétitions. Il s'agit donc bien de rendre ce quartier plus vivable, de le rendre plus sympathique et plus habitable, et pas du tout de créer un entonnoir à voitures. (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) C'est pour ça que la Ville de Genève, si elle ne se dédit pas d'ici là, a accepté ce parking, aussi pour l'hôtel des Bergues derrière. Cette transformation sera d'intérêt public. Il n'est malheureusement pas possible de classer la salle, surtout quand on sait que la salle Arditi, construite par le même architecte, a déjà été classée...
Le président. Voilà, Monsieur le député !
M. Guy Mettan. Nous nous prononcerons donc pour le dépôt !
Le président. Bien sûr, j'ai bien compris ! Je passe la parole à Mme la députée Delphine Klopfenstein Broggini.
Mme Delphine Klopfenstein Broggini (Ve). Merci, Monsieur le président. Mesdames les députées, Messieurs les députés, cette pétition a retenu toute l'attention des Verts. La démarche nous paraît légitime et elle répond aussi à la volonté populaire déjà évoquée: une initiative avec plus de onze mille signatures a été déposée, preuve que la population s'est exprimée en faveur du Plaza et a montré à quel point elle y tenait. En effet, le cinéma Plaza est une construction genevoise emblématique qui représente une partie de l'héritage de l'architecte Saugey. On en a parlé, cet architecte a réalisé d'autres salles de cinéma à Genève, toutes classées monuments historiques, comme l'ancien Manhattan devenu l'auditorium Arditi-Wilsdorf. Le Plaza a ouvert ses portes en 1952 et pouvait accueillir jusqu'à 1250 spectateurs; c'était à l'époque la plus grande salle de Genève et le premier de trois cinémas d'avant-garde - avec le Paris et le Star - dans une Genève considérée comme ville pionnière pour le cinématographe en Suisse lors de l'Exposition nationale de 1896. On peut donc dire aujourd'hui que le Plaza fait non seulement partie du patrimoine genevois, mais aussi qu'il représente un héritage culturel important.
Les pétitionnaires ont raison de dire qu'il manque à Genève des lieux culturels, en particulier pour la culture alternative ou la culture de niche. Une suspension de la démolition du Plaza donnerait le temps nécessaire pour présenter un projet cohérent et chiffré et les Verts estiment qu'on peut tout à fait donner ce temps précieux aux pétitionnaires.
Un mot encore sur le projet qui remplacerait l'actuel Plaza. On parlait tout à l'heure d'un entonnoir à voitures, M. Guy Mettan le disait. Je reprends ses termes, parce qu'il s'agit en effet de ça. On parle d'un parking de cinq niveaux, avec la possibilité de garer 72 voitures, et cela en plein centre-ville ! D'accord, ce projet propose quelques logements étudiants, mais il prévoit surtout un parking et des arcades commerciales. Pour nous, ce n'est pas possible d'avoir un tel projet au centre-ville, en ressortant toujours la même rengaine disant que pour piétonniser la ville, on doit créer des parkings souterrains. C'est une équation liée à la fameuse compensation des places de parking, un levier qui, dès sa création il y a environ dix ans, a étouffé toute possibilité un tant soit peu ambitieuse de créer de vraies zones piétonnes. Nous refusons l'idée selon laquelle il faut créer des parkings souterrains pour compenser les zones piétonnes. C'est pourquoi les Verts vous encouragent à soutenir les pétitionnaires et à renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat.
M. Alexis Barbey (PLR). Monsieur le président, juste un mot pour vous signaler qu'étant soumis à l'article 24, je ne participerai pas au vote.
M. Raymond Wicky (PLR). Monsieur le président, chers collègues, pardonnez-moi quelques petites redites, j'essaierai d'être le plus bref possible. Dans le cadre de cette pétition, nous avons auditionné de très nombreuses et nombreux représentants de la commune, d'associations d'intérêts, j'en passe et des meilleures, y compris le promoteur. Notre groupe a quand même constaté que la commune n'avait pas de désir particulier de se rendre acquéreuse de cette parcelle. Preuve en est qu'elle n'a jamais fait de démarches en ce sens. Par contre, dans les discussions avec le promoteur, elle a notamment négocié la mise en oeuvre de ce parking pour les raisons que M. Mettan vous a expliquées. En ce qui concerne le promoteur, après ces dix-neuf ans de procédure, il a fait remarquer que la mise aux normes d'un tel bâtiment serait extrêmement dispendieuse. De surcroît, le projet intègre notamment des logements estudiantins, qui sont souvent réclamés à cor et à cri dans cet hémicycle: eh bien, c'est une réalisation qui se fera. Enfin, on oublie de dire que nous avons également auditionné M. Antonio Hodgers, président du Conseil d'Etat, qui est venu nous expliquer qu'à son niveau tout avait été fait dans ce dossier, que la situation était irrévocable et que la messe était dite. Fort de ces considérations, notre groupe recommande le dépôt sur le bureau du Grand Conseil.
Mme Nicole Valiquer Grecuccio (S). Mesdames et Messieurs les députés, le groupe socialiste soutient très clairement le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat. On l'a dit, Marc-Joseph Saugey est un architecte tout à fait emblématique de Genève et un des tout grands de l'architecture moderne. Si l'on se réfère au sauvetage du cinéma Manhattan devenu l'auditoire Arditi, on doit se rappeler que ce sont les mêmes professionnels, les mêmes personnes qui aiment l'architecture et qui ont alors défendu l'oeuvre de Saugey qui se retrouvent aujourd'hui autour du Plaza. Le sauvetage du cinéma Manhattan n'aurait pas été possible sans une mobilisation absolument fantastique - documentée sur les plans intellectuel et pratique - de ces mêmes professionnels. Aujourd'hui, on assiste à une mobilisation non seulement des professionnels mais aussi des citoyennes et des citoyens - nombreux, comme cela a été rappelé - et c'est important.
Non seulement le Plaza fait partie du patrimoine genevois, mais nous avons surtout l'occasion de lui attribuer un usage culturel correspondant aux enjeux contemporains. C'est à ce projet phénoménal et passionnant que nous pourrions être conviés. Certes, l'ensemble «Mont-Blanc Centre» est classé et le cinéma ne l'a pas été pour des raisons de rentabilité. Le Tribunal fédéral a reconnu l'importance de classer cette partie, mais il a laissé finalement aux autorités le soin de répondre à cette question de la rentabilité. Il ne s'agit donc pas aujourd'hui de s'opposer aux promoteurs de ce projet, mais les politiques ont la responsabilité de sauvegarder le patrimoine et celle de lui donner un usage actuel. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons que le Conseil d'Etat s'engage de manière résolue, comme l'ont fait ses prédécesseurs pour le cinéma Manhattan - qui n'aurait pas été sauvé sans l'apport de M. Arditi, il faut bien le souligner. Pour une fois, anticipons un peu en tant que politiques et sauvons nous-mêmes notre patrimoine !
M. Pablo Cruchon (EAG). Mesdames et Messieurs les députés, la question du Plaza n'est pas une question de protection du patrimoine. C'est une question de démocratie, c'est-à-dire: à qui appartient cette ville et comment la modifie-t-on ? Des milliers de personnes - plus de onze mille - ont soutenu l'initiative; elles ont combattu via des recours et lancé des pétitions pour défendre une certaine conception de la ville. La seule réponse donnée par nos autorités, c'est: «On ne peut rien faire, on a fait tout ce qu'on pouvait, la seule chose qu'on peut faire, c'est des parkings.» C'est absolument inadmissible ! Cette ville appartient aux habitants, ce n'est pas à des privés ou au lobby de la mobilité individuelle motorisée de faire cette ville. Ce sont nos autorités qui doivent faire la ville, ce sont les habitants qui doivent co-construire cette ville avec nos autorités. (Brouhaha.) Si nos autorités sont incapables de transformer la ville comme le veulent les habitants, il faut soit qu'elles démissionnent, soit qu'elles nous laissent faire. (Exclamations.) Oui, exactement ! La seule option... Ces gens-là ont suivi tout le cadre légal, ils ont lancé une initiative qui a été invalidée et qui ne sera pas soumise au peuple; ils ont recouru et les juges ont tranché. Le seul recours que les habitants ont pour modifier la ville, c'est quoi ? C'est d'occuper les lieux, comme à Porteous ! Alors si nos autorités sont incapables de prendre en main cette ville et de discuter avec ses habitants et ses acteurs, nous lancerons des vagues d'occupation et nous ferons nous-mêmes notre ville, parce que nous n'aurons pas besoin de votre gouvernement ! Je vous remercie, il faut renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat.
Le président. Je vous remercie pour ces mots conciliants et je passe la parole à M. le député Stéphane Florey.
M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président ! Tout d'abord, moi, j'aurais souhaité entendre les Verts et le parti socialiste exprimer le même engouement aujourd'hui concernant la destruction du village du Petit-Saconnex. On voit que, dès qu'on parle culture, c'est super, faut y aller à fond et tout ! (Commentaires.) Mais dès qu'on parle de patrimoine autre que culturel, là, il n'y a plus personne ! Sur ce, moi, je vous invite malgré tout à signer le référendum contre le projet de loi.
Maintenant, en ce qui concerne cette pétition, j'ai entendu dire que même le Conseil municipal de la Ville de Genève a été emballé et enchanté de la qualité du projet qu'on lui a présenté sur le Plaza. C'est un bon projet qui permettra de libérer de l'espace public en supprimant des places de parc qui seront transférées en sous-sol. On voit que, pour une fois, la loi sur les compensations de parkings serait respectée. C'est un des arguments principaux qui fait qu'il faut vraiment ne pas entrer dans le jeu des pétitionnaires ni même dans le jeu des initiants, puisqu'une initiative a été lancée sur ce sujet. En effet, une salle du même architecte a déjà été sauvegardée. Malheureusement, on ne peut pas tout sauvegarder; on ne peut pas dire qu'on doit absolument tout garder parce que c'est untel ou untel. Ce n'est juste pas possible ! Pour ces raisons, le groupe UDC votera le dépôt de cette pétition et vous invite à faire de même.
M. François Baertschi (MCG). Monsieur le président, ce qui m'inquiète dans ce projet, c'est le parking mammouth qui est prévu. Un parking qui sera destiné au trafic pendulaire ! (Exclamations.) C'est-à-dire aux frontaliers ! Essentiellement aux frontaliers ! (Rires.) C'est un très mauvais signal que l'on donne: vider nos rues pour remplir un parking gigantesque avec des frontaliers, c'est quelque chose de tout à fait inconséquent de la part de la Ville de Genève qui prétend attaquer le trafic automobile. (Brouhaha.) Dans les faits, cela favorise la circulation des frontaliers, la circulation des pendulaires. Je trouve très néfaste d'avoir laissé se développer ce projet.
Maintenant, où en est-on ? C'est vrai que ce projet a été mal emmanché dès le départ; c'est malheureux d'avoir lancé un projet pareil, avec cinq niveaux en sous-sol. On ne va pas penser que le petit nombre d'habitants de la rue logent leur voiture dans le sous-sol de ce bâtiment. C'est un véritable désastre urbanistique auquel nous assistons et toutes les erreurs qu'on aurait pu commettre ont été faites. Maintenant, comment faire marche arrière ? Ça semble très difficile, mais c'est en tout cas tout l'intérêt de cette pétition que de nous pousser à nous interroger sur cette question.
Le président. Je vous remercie. La parole est au rapporteur de minorité pour quatorze secondes.
M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur de minorité. Monsieur le président, je répondrai rapidement à M. Florey qui attaque le parti socialiste sur le saccage du Petit-Saconnex. On ne compare pas ici des pommes et des poires: il s'agit dans les deux cas de rénover un espace et de le rendre plus adéquat. Notre position est conforme dans les deux cas.
Le président. Voilà, c'est terminé. La parole est à M. le député rapporteur de majorité, Pierre Nicollier.
M. Pierre Nicollier (PLR), rapporteur de majorité. Je vous remercie beaucoup. Je suis surpris, pour ne pas dire outré, d'entendre que ce projet ne permettra pas aux habitants de s'approprier la ville. Peut-être qu'on peut clarifier les choses. Il y a dans le secteur un certain nombre de places de parking, le projet permet de les déplacer en souterrain pour rendre la rue à ses habitants. Je trouve inconcevable d'aller à l'encontre d'un projet qui permet de pacifier cette ville et de la rendre plus habitable pour la population locale. On a dit beaucoup de choses qui n'étaient pas correctes. C'est un projet qui est bon pour les habitants et bon pour le quartier. Je vous invite à déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.
M. Patrick Dimier (MCG). Je voudrais juste faire un rappel historique: ce n'est pas le Manhattan qu'on a sauvé, c'est le cinéma Le Paris, et je souhaite rendre hommage à ce grand architecte que fut Saugey. Ma foi, si le Plaza saute, on n'en fera pas un casino ! (Rires.)
Le président. Je vous remercie. La parole est à M. Christo Ivanov pour quarante-cinq secondes.
M. Christo Ivanov (UDC). Merci, Monsieur le président. Je ne voulais pas intervenir, mais il faut quand même noter que, dans ce quartier, il y a des gros problèmes pour les riverains. On voit ce qui se passe sur le quai des Bergues: des travaux insupportables pour tous les commerçants et tous les habitants. Beaucoup de places ont été supprimées, à commencer par le quai des Bergues. Il faut donc des places de compensation et ce parking est prévu pour compenser les places supprimées en surface. Par conséquent, il convient de procéder au dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.
M. Pablo Cruchon (EAG). J'aimerais réagir à certaines paroles. J'habite ce quartier et je peux vous dire que le problème, ce ne sont pas les places de parking en sous-sol ou en surface, c'est le trafic automobile ! Vous avez vu le trafic qu'il y a sur ces artères ? C'est impressionnant ! Et il n'y a plus de vie à cause de ces artères, il n'y a plus d'espaces conviviaux, il n'y a plus d'espaces où les gens ont envie d'être et où ils ont envie d'échanger. Or, le projet que vous nous proposez, c'est de remplacer un ancien espace convivial - un cinéma qui apportait une vie de quartier - par des parkings ! C'est ça votre convivialité, votre restructuration du centre-ville pour rendre la ville aux habitants ? Par ailleurs, je n'ai vu nulle part une initiative avec onze mille signatures réclamant des parkings souterrains à cet endroit !
Le président. Je vous remercie. (Commentaires.) Oui, Monsieur Nicollier, en prenant sur le temps de votre groupe, vous avez encore un petit moment !
M. Pierre Nicollier (PLR), rapporteur de majorité. Je vous remercie. Pour clarifier, peut-être que vous n'avez pas lu le rapport, l'objectif est de piétonniser le quartier: ça va absolument dans le sens de ce que vous venez d'évoquer, c'est-à-dire de réduire le trafic.
Le président. Je vous remercie et j'invite l'assemblée à se prononcer sur cet objet.
Une voix. Vote nominal !
Le président. Etes-vous soutenu ? (Plusieurs mains se lèvent.) Très bien. Le vote est lancé.
Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2053 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 52 oui contre 40 non et 1 abstention (vote nominal).