République et canton de Genève

Grand Conseil

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P 2149-A
Rapport de la commission des transports chargée d'étudier la pétition : Non au parking payant pour les deux-roues motorisés !
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session III des 31 août et 1er septembre 2023.
Rapport de Mme Fabienne Monbaron (PLR)

Débat

Le président. Mesdames et Messieurs, nous passons au traitement des pétitions, classées en catégorie II, trente minutes. Voici la première: la P 2149-A. Le rapport est de Mme Fabienne Monbaron, que je prie de s'installer à la table centrale. (Un instant s'écoule.)

Présidence de Mme Céline Zuber-Roy, présidente

La présidente. Madame Monbaron, vous avez la parole.

Mme Fabienne Monbaron (PLR), rapporteuse. Merci, Madame la présidente. Cette pétition, qui s'oppose au parking payant pour les deux-roues motorisés, a récolté plus de 3000 signatures en cinq semaines; elle a été rédigée suite à la parution du plan d'actions du stationnement 2020-2025 qui prévoit, à son action n° 12, d'«examiner la pertinence de limiter la durée du stationnement des 2RM sur voirie ainsi que la tarification des places».

Les pétitionnaires ont bien compris que cette volonté de contrainte supplémentaire a pour but de limiter le nombre de deux-roues motorisés sur les routes de notre canton; ils relèvent toutefois que les deux-roues, quels qu'ils soient, fluidifient le trafic, diminuent le taux d'occupation de la chaussée tant pour le roulant que pour le stationnement et que la future électrification des véhicules réduira les nuisances sonores causées par certains types de motos ou de scooters, lesquels devraient par ailleurs être réprimés par la police.

La contrainte sur le stationnement des deux-roues motorisés est déjà forte à Genève, canton qui compte le plus grand nombre d'entre eux. Actuellement déjà, les offres en places de parking pour ces véhicules sont largement sous-estimées. Comme relevé dans d'autres débats... Mon ordinateur n'a plus de batterie, c'est merveilleux ! (Rires.)

Une voix. Eh bien tu continues sans notes !

Mme Fabienne Monbaron. Voilà, je continue sans notes !

La présidente. Il y a un câble de recharge au milieu de la table, il faut juste ouvrir le petit clapet.

Mme Fabienne Monbaron. Oui, mais le temps que je rallume l'appareil... Il n'y a pas de rapport de minorité, donc je vais improviser. Je disais donc qu'à Genève, canton qui compte le plus grand nombre de deux-roues motorisés, la contrainte sur le stationnement de ces véhicules est déjà élevée.

Comme déjà indiqué dans d'autres débats, s'agissant des immeubles construits jusqu'à encore récemment, il n'y avait aucune obligation pour les propriétaires et constructeurs de mettre à disposition des habitants des places pour ce type de véhicule. Résultat, les usagers se garaient là où ils le pouvaient, notamment sur les trottoirs, et lorsque l'interdiction de stationner sur les trottoirs a été rendue effective, ils ont dû se reporter sur le domaine public.

Entre-temps, il y a eu un changement, c'est-à-dire que les propriétaires doivent maintenant, lors de la construction, mettre à disposition des habitants des places pour les deux-roues motorisés, mais une quantité si faible qu'il est illusoire de croire que cela va changer quelque chose dans la mesure où au centre-ville, c'est une place pour 12,5 appartements et à l'extérieur, une place pour six appartements.

Il faut aussi savoir que dans le canton, passablement de personnes viennent du Grand Genève en deux-roues motorisé, ce qui fluidifie le trafic, mais ajoute au fait que le nombre de places n'est pas suffisant. Les pétitionnaires estiment que la tarification du stationnement pour les motos et scooters constitue une contrainte supplémentaire et démontre une réelle volonté de faire disparaître ce mode de transport.

La majorité de la commission est d'accord avec cette vision: elle souhaite la gratuité pour l'ensemble des véhicules deux-roues dans le canton et aimerait que le Conseil d'Etat prenne la mesure de ce problème en augmentant le nombre de places pour les deux-roues motorisés; elle a voté, sauf erreur de ma part, par 9 oui contre 4 non le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat et vous recommande d'en faire de même. Merci.

M. François Baertschi (MCG). Ce qui se passe actuellement est un véritable scandale: on empêche les voitures de circuler au centre, on a des transports publics largement insuffisants. Prenez le tram aux heures de pointe, Mesdames et Messieurs, prenez certains bus, vous verrez que l'offre est complètement sous-dimensionnée. Et maintenant, on veut encore empêcher les motos et scooters de se parquer ! C'est un véritable scandale, d'autant plus qu'on a déjà réduit le nombre de places pour les deux-roues motorisés de manière inique au centre-ville.

Que veut-on faire ? Quel genre de ville souhaite-t-on ? Pour ma part, la ville de Genève que vous êtes en train de nous préparer ne me convient pas, Mesdames du gouvernement - je m'excuse, vous êtes nouvelles, donc vous n'êtes pas nécessairement responsables de ce qui a été entrepris avant, je m'adresse plutôt à vos prédécesseurs, qui ont mené une politique tout à fait déplorable vis-à-vis des usagers des transports de notre canton.

C'est vrai, on doit à tout prix rectifier la situation, il faut lancer un signal fort au Conseil d'Etat: arrêtez cette politique scandaleuse d'agression à l'encontre des deux-roues motorisés, laissez les Genevois se déplacer, cessez de chercher à immobiliser la population genevoise. Les choses doivent véritablement changer, et c'est pourquoi je vous demande de soutenir massivement le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat. (Brouhaha.)

La présidente. Merci bien. Je prie les personnes qui sont en pleine discussion d'avoir la gentillesse soit de les cesser, soit de les tenir ailleurs. La parole va à M. Yves Nidegger.

M. Yves Nidegger (UDC). Merci, Madame la présidente. Chers collègues, cela a été évoqué assez longuement lors du débat sur les zones 30 km/h, on a affaire ici à une idéologie qui vise à l'immobilité - par étapes, mais le but est tout à fait clair: réduire la mobilité. C'est un objectif affiché des gens qui professent la religion de la décroissance et, si possible, de la cessation de toute l'activité économique. Les marxistes de mon époque luttaient contre le capitalisme; aujourd'hui, on combat les moyens de faire du commerce, mais le but est au fond le même: il s'agit de détruire l'économie tant qu'elle est libre et non étatisée.

Le problème avec les idéologies, c'est que dans les chapelles, le zèle tend à créer de la concurrence et de l'émulation. Nous courons dès lors le risque que la radicalisation du propos ne s'arrête pas avant qu'il n'y ait plus aucune possibilité de mouvoir quelque véhicule que ce soit, et c'est le chemin qu'on a emprunté avec le 50 km/h devenu 40 km/h, lui-même devenu 30 km/h. Si on laisse la chose se poursuivre, ce que nous avons par bonheur demandé au Conseil d'Etat de ne pas faire, on passera à 20, puis 10, 5, 4, 3, 2, 1, 0, et à ce moment-là, tout le monde sera enfin heureux, mais le pays sera très pauvre.

Il se passe la même chose avec les modes de transport: les voitures sont pointées du doigt parce qu'elles sont grosses, parce qu'elles prennent de la place, parce qu'elles sont éventuellement polluantes. Lorsqu'elles deviennent non polluantes, on leur reproche encore de prendre de la place ou de se déplacer, de risquer de causer des accidents. Quant aux deux-roues... Alors il y a une espèce de race supérieure qui s'appelle les cyclistes, communauté à laquelle je me suis d'ailleurs converti récemment, puisque, de même que sous l'Empire ottoman, soit vous étiez musulman, soit vous payiez l'impôt, à Genève, soit vous êtes cycliste, soit vous payez des amendes de parking. C'est au fond la même logique qui pousse à la conversion forcée à laquelle je me suis finalement soumis, comme les Slaves du Sud jadis dans les Balkans.

Tout cela pour dire qu'il faut considérer la tarification du parking des deux-roues, lorsqu'ils ont le mauvais goût d'être autre chose que des vélos, comme une étape s'inscrivant dans un but qui est clairement déclaré, que nous avons tous vu venir, que nous n'avons pas su arrêter à temps et qu'il convient de stopper aujourd'hui. La présente pétition doit donc être renvoyée au Conseil d'Etat, oui, et un soin tout particulier devra ensuite être apporté à ce qu'en fera le gouvernement.

Mme Marjorie de Chastonay (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, cette pétition intitulée «Non au parking payant pour les deux-roues motorisés !» a été traitée à la commission des transports. Tout au long des auditions et de la présentation du rapport, on a entendu l'argument de la fluidité, selon lequel c'est vraiment génial et bénéfique de rouler à scooter ou à moto, parce que ça fluidifie le trafic. Mais enfin, ça le fluidifie peut-être au niveau des voitures, mais ça provoque en même temps beaucoup de nuisances.

Ce d'autant plus qu'on assiste actuellement à une explosion du nombre de scootéristes dans le canton - on a reçu des statistiques s'agissant des plaques d'immatriculation: on en est à 60 000, mais c'est en expansion.

Le problème, c'est que les deux-roues motorisés provoquent de nombreuses nuisances, il faut tout de même le rappeler. A nos yeux, il est donc normal qu'ils paient lorsqu'ils utilisent la voie publique, qu'ils polluent, qu'ils font du bruit, qu'ils créent des problèmes de santé au sein de la population, qu'ils prennent de la place sur les trottoirs; il est normal que si on leur propose un stationnement adéquat, ils le paient, d'une part en raison du principe du pollueur-payeur, d'autre part à cause de toutes les autres nuisances invoquées.

Voilà pourquoi nous, les Vertes et les Verts, refuserons cette pétition; nous proposons de la déposer sur le bureau du Grand Conseil, car nous souhaitons vraiment que les trottoirs restent en priorité destinés aux piétons et piétonnes, et non aux scooters, qui provoquent toutes ces nuisances et roulent souvent de manière sauvage - tout comme d'autres usagers et usagères, je ne vais pas en citer certains en priorité. (Brouhaha.)

Enfin, en ce qui concerne la fluidité, il existe une alternative, à savoir le vélo électrique. Si on est en bonne santé, bien sûr, si on est capable de bouger, le vélo électrique constitue vraiment une bonne solution, parce qu'il a l'avantage de fluidifier le trafic, ce qui est l'objectif principal de cette pétition, de ne pas polluer et de ne pas faire de bruit. Voilà, donc je préconise de pousser au report modal des scootéristes et de tous les deux-roues motorisés qui le peuvent, de les faire passer au vélo électrique, comme vous, Monsieur Nidegger - vous transmettrez, Madame la présidente. Merci. (Applaudissements.)

La présidente. Je vous remercie. Mesdames et Messieurs, une petite demande avant de passer au prochain orateur: il reste encore un moment avant la pause, donc si vous pouviez faire un effort et garder le silence, ce serait bien. Monsieur Sylvain Thévoz, c'est à vous.

M. Sylvain Thévoz (S). Merci beaucoup, Madame la présidente. Mesdames et Messieurs les députés, nous vous invitons à déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Il est normal que des personnes qui utilisent des véhicules aussi imposants et ayant une telle emprise sur la voie publique paient pour l'usage de ceux-ci.

Je rappelle également que le nombre de places pour les deux-roues motorisés a été augmenté, entre 2018 et 2022, de plus de 500 unités, contrairement à ce que laissent entendre certaines rumeurs, et qu'il y a aujourd'hui 13 500 places pour les motos et scooters en ville de Genève. Il y en a 1800 en sous-sol sur l'ensemble du canton, ce qui est à peu près suffisant pour le nombre d'immatriculations à Genève.

Quand les représentants du MCG réclament davantage de places de stationnement et de les rendre gratuites, eh bien ils vont exactement dans la direction qu'ils combattent tout au long de l'année, qui consiste à faire de Genève un aspirateur à deux-roues motorisés venant de France voisine, à favoriser l'entrée des frontaliers par une gratuité du parking, et ce pour un moyen de transport extrêmement bruyant, nocif, nuisible pour les habitants. Là, on ne comprend pas très bien la position du MCG, qui est pour le moins schizophrénique - mais ce n'est pas une nouveauté.

Aujourd'hui, il est normal que l'espace public, qui a une valeur, qui est très précieux à Genève, soit, ma foi, payant pour ceux qui l'accaparent, et on peut aussi imaginer que certains tarifs soient réévalués. Or c'est plutôt le contraire qui se passe: il y a maintenant, dans la plupart des parkings souterrains - qui sont libres à peu près 90% du temps -, des places pour les deux-roues motorisés ainsi que des tarifs adaptés et couplés avec des services de transport efficaces, et ces espaces sont encore sous-utilisés. Il n'y a donc pas un besoin de places supplémentaires, il n'y a pas un besoin de les rendre gratuites, à l'inverse. La situation est actuellement satisfaisante, comme l'a d'ailleurs rappelé le département des mobilités lors des auditions sur une autre pétition.

Je précise enfin que l'usage des deux-roues motorisés est très saisonnier, c'est-à-dire que si, en été, on peut avoir le sentiment qu'il manque des places, ce n'est plus le cas en hiver. Or la politique est menée sur l'année entière, sur une législature, sur une certaine durée. Les réactions épidermiques qu'on a pu entendre nous semblent excessives, et nous vous proposons dès lors de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Merci. (Applaudissements.)

La présidente. Je vous remercie. La parole est à M. Mauro Poggia pour une minute vingt-sept.

M. Mauro Poggia (MCG). Merci, Madame la présidente. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, le groupe MCG soutiendra cette pétition relative au stationnement des deux-roues motorisés - motorisés ou non, parce que la problématique touche aussi les cyclistes: je circule à vélo en alternance avec le scooter et je constate que les problèmes sont les mêmes. D'ailleurs, ceux qui viennent ici à vélo se parquent dans la cour, ne trouvant pas de place à l'extérieur. Je crois qu'il s'agit d'abord d'une question de places et de création de places.

La Ville de Genève indique qu'il y a 25% de places par rapport au nombre de deux-roues motorisés. Cela signifie que 75% des personnes qui possèdent un deux-roues motorisé et l'utilisent pour aller travailler ne trouvent pas de parking lorsqu'ils arrivent à proximité de leur lieu de travail; quand je dis «à proximité», ce n'est pas juste devant, et je suis bien placé pour le savoir: dans le quartier de l'église russe, essayez de chercher une place pour un scooter à partir de 9h du matin, vous n'en trouvez pas. (La présidente agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.)

Et je ne parle même pas des vélos cargos stationnés sur le trottoir. Un petit scooter qui prend moins de place qu'un vélo cargo se retrouve avec une amende lorsqu'il utilise le trottoir tandis que le détenteur d'un vélo cargo, lui, peut impunément attacher son véhicule n'importe où. Ce que je suggère au Conseil d'Etat, c'est d'obliger...

La présidente. Il vous faut conclure.

M. Mauro Poggia. Je conclus, Madame la présidente. Je suggère de rendre obligatoire un macaron numéroté pour les cycles parqués sur la voie publique...

La présidente. Merci...

M. Mauro Poggia. ...ce qui permettra d'encaisser passablement d'argent, eu égard à toutes celles et ceux qui déposent leur deux-roues n'importe où...

La présidente. Vous n'avez plus de temps, je suis navrée.

M. Mauro Poggia. ...et qui, pour répondre à la représentante des Verts, bloquent les trottoirs... (Le micro de l'orateur est coupé. Applaudissements.)

La présidente. Nous procédons au vote sur les conclusions du rapport, c'est-à-dire le renvoi de la pétition au Conseil d'Etat.

Mises aux voix, les conclusions de la commission des transports (renvoi de la pétition 2149 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 48 oui contre 37 non (vote nominal).

Vote nominal