Séance du vendredi 28 juin 2013 à 14h
57e législature - 4e année - 10e session - 60e séance

P 1868-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : La démocratie est le régime politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple (concernant la circulation à la rue de l'Ecole-de-Médecine)
Rapport de majorité de M. Jean Romain (R)
Rapport de minorité de Mme Magali Origa (Ve)
M 2147
Proposition de motion de Mmes et MM. Stéphane Florey, Eric Bertinat, Christo Ivanov, Christina Meissner, Patrick Lussi, Bernhard Riedweg, Beatriz de Candolle, Jean Romain, Pierre Weiss, Charles Selleger, Ivan Slatkine, Michel Ducret, Pierre Conne, Nathalie Schneuwly, Daniel Zaugg, Yvan Zweifel, Antoine Barde pour la modification urgente du pont Hans-Wilsdorf afin de permettre le croisement des bus et des camions

Débat

Le président. Nous sommes maintenant à l'urgence suivante. Il s'agit du point 91, la pétition 1868-A. Au rapport sur cette pétition est liée la motion 2147. Nous sommes en catégorie II, cinquante minutes pour les deux actes. La parole est à M. le premier cosignataire, Stéphane Florey.

M. Stéphane Florey (UDC). Je pensais qu'on parlerait d'abord du rapport, mais ça ne fait rien. Sur la motion... (Brouhaha. Commentaires. L'orateur s'interrompt.)

Le président. Excusez-moi, Monsieur le député, j'avais oublié les rapporteurs, et comme j'ai signalé que c'était le rapport sur la pétition qui était présenté en premier...

M. Stéphane Florey. Oui !

Le président. La parole est donc à M. le rapporteur de majorité, Jean Romain.

M. Jean Romain (R), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Au fond, nous avons demandé l'urgence et vous avez accepté l'urgence pour un cas urgent justement, un bouchon de plus à Genève ! Avec le double sens unique de la rue de l'Ecole-de-Médecine, le boulevard Carl-Vogt est devenu véritablement un enfer aux heures de pointe. (Commentaires.) En effet, avec ce double sens unique, les voitures qui circulent sur ce boulevard ne peuvent plus emprunter qu'une seule file, la voie de droite étant réservée aux taxis et aux TPG. Je m'y suis rendu la semaine passée, et en une heure pas plus de trois bus n'ont passé. La circulation était fluide auparavant, mais le problème c'est que, depuis cette voie unique, plus personne ne peut rouler ni ne peut sortir des immeubles où existent des parkings souterrains. Qui plus est, personne n'a pris contact avec les habitants du quartier concerné. Les gens ne peuvent plus sortir de leur parking, et de nombreux conducteurs, pour ne pas être pénalisés par un DIME incapable de laisser rouler tout le monde à Genève, se retrouvent évidemment sur la voie du bus. Une fois arrivés au carrefour, ceux-ci doivent alors se rabattre sous les klaxons des autres usagers. Puis, dès que l'orange apparaît, les moteurs rugissent, tout le monde veut passer, pourtant le feu vert - qui ne dure pas plus de dix secondes - laisse peu de temps aux automobilistes: cinq ou six voitures passent, tout au plus, et la queue ne diminue pas.

Le deuxième point est évidemment lié à ce que vous avez dit tout à l'heure, Monsieur le président, c'est le pont Hans-Wilsdorf au bout d'un sens unique. Le pont Hans-Wilsdorf, qui enjambe l'Arve, est en effet inaccessible depuis le boulevard Carl-Vogt, car tourner à gauche est désormais interdit ! A la commission des pétitions, nous avons auditionné la Fondation Wilsdorf à laquelle des habitants téléphonent, tenez-vous bien, pour se plaindre, croyant que c'est le pont lui-même, donc la Fondation elle-même, qui est la cause de cette «cacaphonie» ! (Commentaires.) Les gens n'imaginent pas l'ampleur des dégâts de l'idéologie du DIME. Nous avons entendu ici même, dans cette enceinte, la hargne de ceux qui entendent faire la chasse aux riches en supprimant le système des forfaits fiscaux; aujourd'hui, c'est un peu la même forme de pensée indigente qui prime: les mécènes n'ont qu'à payer, puisqu'ils ont de l'argent ! Et j'ai entendu, en commission, des gens pratiquement dire cela. J'ai eu honte de certaines questions posées au président de cette Fondation Hans Wilsdorf. On lui demandait, tenez-vous bien, de se justifier d'avoir été bénéfique pour Genève !

Le troisième point que je voudrais soulever, c'est que le PLR est pour la complémentarité des moyens de transport, il l'a assez répété. Vouloir, par pure idéologie, privilégier les transports publics alors même que le bus 27 est peu utilisé, c'est, de fait, vouloir à dessein faire barrage aux voitures. On va tout faire pour que les voitures ne puissent plus circuler, et peu importent les conséquences. Or, si les problèmes de pollution sont réels, et si le PLR les prend en compte dans sa réflexion, le remède n'est pas dans l'augmentation des bouchons et de l'exaspération des conducteurs et des habitants d'un quartier, martyrisés encore par deux chantiers importants et bruyants de part et d'autre du boulevard Carl-Vogt. Les Genevois, à part quelques ayatollahs de la décroissance, ne sont pas satisfaits de la politique consternante du DIME, et ce bouchon supplémentaire calculé, voulu, programmé pour pourrir la vie des habitants de ce quartier... (Brouhaha.) ...est le bouchon de trop. Il faut que le DIME rétablisse la circulation d'origine, et nous demandons de renvoyer cette pétition, Mesdames et Messieurs les députés, au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)

Présidence de M. Fabiano Forte, deuxième vice-président

Le président. Merci, Monsieur le rapporteur de majorité. La parole est à Mme le rapporteur de minorité, Magali Origa, remplacée par Mme Fabienne Baud. Vous avez la parole.

Des voix. Catherine !

Le président. Catherine Baud, veuillez m'excuser ! Vous avez la parole, Madame.

Mme Catherine Baud (Ve), rapporteuse de minorité ad interim. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, effectivement je remplace ma collègue dans l'étude de cette pétition, et donc je vais faire une présentation qui sera la mienne et qui ne sera pas la sienne. (Remarque. Rires.) Il s'agit là d'un psychodrame, comme nous avons pu l'entendre, et dans un psychodrame il y a de nombreux acteurs. En l'occurrence, nous avons la DGM qui fait un test d'une année, nous avons la Ville de Genève qui semble actuellement s'agiter, même si je n'ai pas tout suivi, nous avons les TPG qui veulent faire passer un bus, nous avons la Fondation Wilsdorf qui a offert un pont magnifique, nous avons des habitants qui sont très mécontents, des riverains qui font une pétition, nous avons des habitants et des riverains qui, d'un autre côté, voudraient, eux, la tranquillité, nous avons des bistrots, des restaurants qui aimeraient avoir des clients, et puis nous avons des gens en transit qui aimeraient tout simplement passer et qui ont du mal à s'adapter à de nouvelles dispositions de circulation. (Brouhaha.) Et puis nous avons la commission des pétitions !

La commission des pétitions qui a très mal travaillé, je dois le dire, puisqu'en fait cette commission est partie d'un a priori: c'est la faute du DIME ! Et donc, tout est faux. C'est quand même un petit peu bizarre, parce qu'en fait ce test a lieu pour une année et, à peine quinze jours après sa mise en place, il y avait déjà une levée de boucliers; tout le monde s'y est opposé au moyen d'une superbe pétition, qui a un titre absolument remarquable: «La démocratie est le régime politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple.» C'est magnifique, effectivement. Alors quel est le but de cette pétition ? Revenir au statut quo, c'est-à-dire permettre aux voitures de circuler, donc enlever les pistes cyclables, et faire passer, comme il est dit dans la motion - j'ai trouvé ça remarquable - des camions et des bus de front, mais également supprimer un bus qui passe tous les quarts d'heure pour aller à la gare - oui effectivement, vous avez vu trois bus passer en moins d'une heure, ça me paraît normal puisqu'il passe tous les quarts d'heure - et qui a une voie réservée pour y arriver plus vite.

Effectivement c'est un test, la rue de l'Ecole-de-Médecine n'a jamais été un axe important, c'est un axe qui est à l'intérieur d'un quartier, donc il faut permettre à tout le monde de pouvoir effectivement y passer mais pas à la circulation de transit. En quoi la vie sera-t-elle meilleure lorsqu'il y aura plus de voitures, moins de vélos et moins de bus ? En l'occurrence, le groupe des Verts considère que la commission a mal travaillé, parce que nous aurions dû auditionner la DGM, nous aurions dû auditionner la Ville de Genève, mais les autres commissaires ont considéré que la messe était dite, que c'était la faute de la DGM et qu'il fallait donc renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. Pourtant, lorsqu'on fait un test d'une année, il faut peut-être attendre un petit peu plus longtemps que quinze jours pour se faire une opinion et que les gens puissent s'adapter aux nouvelles mesures de circulation. Nous souhaitons donc que le travail soit fait, que cette pétition soit étudiée correctement par la commission des pétitions et non pas renvoyée au Conseil d'Etat, parce que la commission n'a pas fait son travail. (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

Le président. Merci, Madame le rapporteur. La parole est à M. le député Stéphane Florey, premier signataire de la motion 2147.

M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. Alors effectivement, dans le débat, la cerise sur le gâteau fut l'audition de la Fondation Hans Wilsdorf. Ce qui m'a un peu choqué, c'est de voir à quel point l'administration cantonale s'est amusée à la malmener. Et le mot est faible. Parce que la Fondation est venue nous expliquer que le pont ne correspondait en rien à son projet initial, qu'on lui avait mis des bâtons dans les roues du début à la fin... (Remarque.) ...et que - et c'est la cerise sur le gâteau - en fin de procédure on est venu leur dire que s'ils voulaient avoir une autorisation définitive, il fallait modifier la voirie destinée aux véhicules à moteur en élargissant les trottoirs pour faciliter encore un peu plus la circulation des vélos ! Cela alors que le projet initial prévoyait de toute façon, de chaque côté, un trottoir séparé en deux avec piétons et vélos, et laissait bel et bien la possibilité pour tous types de véhicule, y compris les bus et les camions, de circuler normalement !

On s'est donc largement tiré une balle dans le pied puisque ce n'est plus possible. Une des répercussions majeures, c'est que les TPG eux-mêmes ont dû bricoler des horaires pour bien veiller à ce que deux bus ne se trouvent pas bloqués à la même heure sur le pont, puisque de toute façon ils ne peuvent plus croiser. Cela peut aussi avoir une incidence ne serait-ce que pour les véhicules de secours, qui sont également censés pouvoir emprunter ce pont. Il y a bien évidemment aussi la caserne, puisque l'arsenal se situe de l'autre côté et que donc, pour éviter de faire tout le tour, les véhicules passent inévitablement par là aussi. Et on voit que tout le quartier est totalement bloqué, totalement bouché.

C'est pour cela que je vous demande de renvoyer cette motion directement au Conseil d'Etat afin de rectifier la situation. Ce n'était pas vraiment une menace mais tout de même... Quand on a la chance d'avoir une fondation qui investit des millions chaque année pour Genève et pour son économie et qui nous fait comprendre clairement qu'il ne faut pas s'étonner si actuellement elle a des projets plutôt avec l'EPFL, ça peut laisser sous-entendre le pire pour Genève et son futur... Je vous remercie.

Une voix. Très bien, bravo !

M. Pierre Weiss (L). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, je vais commencer par le pêché mignon de ce Grand Conseil, à savoir le fait de faire la morale. La morale vient surtout de la gauche, d'habitude, mais je vais quant à moi évoquer deux valeurs, en commençant par un premier appel à l'humilité. Un appel à l'humilité pour le Conseil d'Etat... (Brouhaha.) ...afin qu'il reconnaisse ses erreurs, car vous savez fort bien que persévérer dans l'erreur c'est diabolique. Ensuite, un appel au respect des citoyens qui sont enfermés dans une nasse. Jusqu'à présent, la DGM avait eu cette grande d'idée d'empêcher les Genevois d'entrer dans la ville; maintenant elle a réussi une nouveauté, c'est d'empêcher les gens de sortir de leur quartier, de leurs rues. Ça, c'est ce que déclarent des personnes interrogées par la commission des pétitions. C'est une grande nouveauté ! On ne peut non seulement plus entrer à Genève, mais on ne peut plus sortir de chez soi non plus ! Voilà à quoi rime la DGM.

C'est donc l'histoire d'un pont qui a été inauguré le 30 août 2012 et qui a été fermé le 2 mars 2013, après à peine sept mois. C'est une histoire où la DGM est plus paganiste que Pagani, il suffit de voir la convention entre la Ville et le département du territoire; c'est une histoire où la DGM anticipe 2028, l'autorisation de construire ne prévoyant qu'en 2028 la possibilité de cette déconnexion entre la première partie de la rue de l'Ecole-de-Médecine et la deuxième partie de cette même rue; c'est une histoire où il n'y a eu aucune concertation avec les habitants - vous me direz que c'est la faute de la Ville, moi ça m'est complètement égal, il se trouve que c'est l'ensemble des Genevois qui sont pénalisés par ce qui se passe à la rue de l'Ecole-de-Médecine; c'est une histoire où la DGM foule aux pied... (Brouhaha.) ...la convention entre la Ville et le département du territoire, dont je lis un paragraphe seulement: «Le département veillera au respect de la proportionnalité des mesures proposées, notamment dans l'hypothèse où elles viendraient perturber de façon notable le fonctionnement de l'ensemble des circulations, et notamment la circulation des transports en commun.» Il découle donc de cela que c'est une histoire qui devrait se terminer le plus vite possible par la remise en double sens de la rue de l'Ecole-de-Médecine, éventuellement à 30 km/h. C'est, me semble-t-il, la seule hypothèse sérieuse qui avait été évoquée dès le départ dans les relations entre la Fondation Wilsdorf et le canton, et il s'agit donc de reconsidérer cette mesure. Quand on lit le rapport de la commission des pétitions, on y voit que la Fondation Wilsdorf, par la bouche de son président, est furieuse, car il s'agit d'une remise en cause du partenariat public-privé en raison du dommage qui est fait à son image. Après la Ville, qui avait été capable de se féliciter du départ de certaines banques vers d'autres communes, voilà maintenant que le canton ne trouve rien de mieux que de fâcher et de compliquer nos relations avec l'un des sponsors, l'un des mécènes les plus importants. Sommes-nous à ce point riche que l'on doive mépriser nos mécènes ? Nous n'avons plus honoré les objectifs du don du pont, nous nuisons aux habitants, nous nuisons aux commerçants à travers la décision qui est prise par le DIME. Et trois raisons me poussent à vous dire qu'il s'agit de reconsidérer au plus vite cette décision. D'abord, la proportionnalité. Selon l'ordonnance sur la sécurité routière, dans son alinéa 5, article 107, on doit atteindre son but en restreignant le moins possible la circulation. Eh bien ce n'est pas ce qui est fait. Atteindre le but, ici, c'est diminuer le bruit. Ce n'est pas ce qui est fait, on augmente au contraire les problèmes, on augmente le chaos, on augmente la pollution, il suffit de voir les embouteillages dans le quartier - et le doyen de ma faculté ne cesse de s'en plaindre comme d'ailleurs nombre de mes collègues à Uni Mail. J'ajoute que la durée d'une année est une durée disproportionnée, qui a été arrêtée sans justification.

Deuxièmement, la procédure d'adoption de la mesure a été décidée en catimini. Il suffit, pour s'en convaincre, de voir la malignité - je dis bien la malignité - de la DGM. J'ai ici un exemplaire de la «Feuille d'avis officielle» du 2 avril qui montre comment la DGM a caché la mesure...

Le président. Monsieur le député, je suis navré de vous interrompre mais il faudra conclure, il vous reste vingt secondes.

M. Pierre Weiss. Alors je vais conclure le plus vite possible. On dit uniquement Plainpalais, on ne dit pas où ça se trouve, ce qui a d'ailleurs empêché le TCS de faire recours, parce qu'il n'a pas compris qu'il s'agissait de cela.

La troisième raison, c'est l'opportunité de la mesure; celle-ci n'est pas opportune, car elle compromet la nature de la donation qui était de fluidifier le trafic. Elle créé des embouteillages, elle empêche la coexistence des trafics, et je terminerai en disant que la période est d'autant plus inopportune qu'il y a deux chantiers importants dans la région - pour le musée d'ethnographie et pour la télévision - et que la mesure réelle de l'efficacité de cette disposition...

Le président. Il vous faut conclure.

M. Pierre Weiss. ...est impossible. Donc c'est non seulement le plus vite possible mais «subito» qu'il faut lever cette réglementation...

Le président. Merci Monsieur le député, je suis navré...

M. Pierre Weiss. ...mais en plus il faut transmettre cette motion au Conseil d'Etat. Je vous remercie.

Le président. ...votre temps est épuisé. La parole est à M. le député Roger Golay.

M. Roger Golay (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, notre collègue Florey parlait de la cerise sur le gâteau; ce gâteau c'est un millefeuilles, puisqu'on en est à la troisième couche: d'abord, la résolution que le Grand Conseil a approuvée au mois de mai, qui demandait le rétablissement de la circulation dans les deux sens et du fameux tourner à gauche sur le boulevard Carl-Vogt en direction du pont Hans-Wilsdorf, avec - inutile de le répéter - la circulation dans les deux sens sur la rue de l'Ecole-de-Médecine. Aujourd'hui, on a une pétition à traiter qui vient des citoyens et surtout des riverains, qui se plaignent de la pollution qu'engendrent, aujourd'hui, tous ces circuits inutiles de véhicules qui doivent emprunter d'autres artères pour arriver de toute façon à la même destination. Au lieu de passer du point A au point B, ils doivent passer par le point Z, puisqu'il y a des détours à effectuer qui sont vraiment polluants. Mais ça on le savait tous, Monsieur le président ! On savait que les plus grands pollueurs de la planète, en tout cas de Genève, sont les Verts, puisque ce sont eux qui créent les bouchons à Genève et les sources de pollution.

Et aujourd'hui on peut encore une fois se plaindre du fait que rien n'a été entrepris, qu'on doit traiter une pétition des citoyens, alors que je rappelle une chose, c'est que le législatif est une délégation de la suprême autorité du peuple ! C'est-à-dire que nous sommes les représentants du peuple ! Et lorsque nous proposons une résolution, qu'elle est adoptée au sein de ce parlement et puis que rien n'est fait deux mois après, on peut se plaindre ! Et à juste titre ! Et quand les citoyens le font également et qu'ils complètent cette résolution par une pétition, c'est un acte démocratique pour nous dire que ça ne va plus ! Mais rien n'est toujours fait ! En plus de cela, il est clair que le gouvernement va nous dire qu'il ne peut rien faire parce qu'il y a la Ville, et qu'il y a des conventions.

Mais je rappelle que l'autorité en matière de circulation c'est le gouvernement, ce n'est pas encore la Ville de Genève - pour ceux qui veulent en prendre connaissance, c'est dans la constitution. (Brouhaha.) Alors je pense qu'aujourd'hui le Conseil d'Etat, particulièrement la DGM, mélange les rôles: il est l'exécutif, nous sommes le législatif. Vous devez, Messieurs dames du gouvernement, appliquer les décisions du parlement, ce que vous ne faites pas. Et ça, c'est indigne de notre institution, de notre démocratie. Je vous appelle donc à revenir le plus vite possible à d'autres décisions et à rétablir la circulation comme elle était auparavant, simplement en remettant - et nous l'avons tous déjà dit - les doubles sens de circulation dans la rue de l'Ecole-de-Médecine, pour la fluidité du trafic et pour décharger toutes les artères parallèles qui absorbent cette circulation qui ne peut pas se faire sur le pont Hans-Wilsdorf. Concernant la motion qui a aussi été déposée, je pense que c'est une excellente chose et que nous aurons l'occasion de nous exprimer à ce sujet, avec le temps de parole nécessaire à cela. Puisqu'il s'agit de deux objets, on a droit à deux fois trois minutes. J'en terminerai donc là: simplement, je suis indigné par la façon dont cet objet est traité au niveau du gouvernement.

Présidence de M. Gabriel Barrillier, président

M. Christian Bavarel (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, les Verts apprécient le pont Hans-Wilsdorf, qui est un objet superbe d'architecture et qui est un extraordinaire cadeau à notre collectivité. (Brouhaha.) Nous considérons aussi qu'à certains moments le peuple a le droit de choisir ! Alors j'imagine que c'est le but pour tout le monde que dorénavant on fasse de ce quartier une pénétrante, puisqu'à cet endroit-là on a un bel axe - vous voyez que la perspective est parfaite - qu'on peut mettre un double-sens à 50 km/h, et qu'on va pouvoir garer les voitures à la place des terrasses des bistrots, parce que les trottoirs sont larges. D'ailleurs, une limite à 50 km/h nous va très bien aussi, je pense qu'une circulation dans les deux sens à cet endroit-là, à 50, sera beaucoup plus agréable, ce sera plus fluide. Je crois qu'il ne faut surtout pas entraver la circulation à cet endroit, je pense qu'on peut y mettre énormément de voitures.

Mais parallèlement, nous, nous faisons un rêve, un beau, rêve - et je suis sûr qu'il y aura d'autres habitants qui seront contents - c'est celui de prendre le pont des Acacias qui, lui, aujourd'hui, pourrait être réservé exclusivement aux tram, aux bus, aux vélos et aux piétions ce qui serait une très bonne chose, et de dévier la circulation à cet endroit-là; je pense qu'effectivement le quartier se portera mieux. Donc nous entendons, et c'est le cas à différents moments... (Brouhaha.) ...que les mesures... Nous ne voulons pas aller contre les habitants, les habitants choisissent de dire qu'ils veulent plus de voitures dans ce quartier, et il faut que nous les entendions, il faut que nous avancions... Simplement nous voyons qu'il y a des décisions qui sont prises à une certaine époque, avec des demandes des habitants et différents contrats qui sont passés, on les respecte, mais comme les mesures arrivent des années plus tard, effectivement on a oublié ce qu'on a signé ! Alors on peut le faire - puisque je vous entends aussi régulièrement réclamer que l'on rouvre des endroits à la circulation et qu'on évite les rues piétonnes - et je vous l'ai déjà proposé ici, sur la place du Bourg-de-Four ! C'est une place sur laquelle je rêverais, moi, de revoir une circulation dans les deux sens et des parkings ! Et je rêverais aussi de voir la rue Verdaine ouverte dans les deux sens. C'est un projet de société ! Les habitants le réclament, effectivement, et j'aimerais bien qu'on remette la vieille-ville à 50 km/h, tout comme la rue de l'Ecole-de-Médecine - si par hasard on pouvait, pendant ce temps-là, fermer le pont des Acacias à la circulation, nous serions ravis !

Mme Anne Marie von Arx-Vernon (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, le parti démocrate-chrétien relève que là, il est quand même difficile de faire mieux pour cristalliser les mécontentements. Il y a un pont sublime, tout le monde est d'accord de le reconnaître, le pont Hans-Wilsdorf. Et, au prétexte de ce pont, s'est organisée une mobilité qu'on pourrait qualifier de chaotique et instaurée, quand même, en dépit du bon sens ! Tout cela fait que les habitants sont excédés par la circulation bloquée; que les commerçants sont horripilés par la difficulté d'accès; que les usagers des parkings ne peuvent plus en sortir. Les utilisateurs des TPG sont vraiment minoritaires sur cette ligne 27, et il n'est pas justifié de donner la priorité à ce mode de transport à cet endroit-là de la ville.

Finalement, quand quelque chose ne fonctionne pas, Mesdames et Messieurs, Monsieur le président, eh bien on le change. C'est un non-sens, donc, sans jeu de mot ! Et la seule solution c'est de remettre du bon sens - toujours sans jeu de mot - dans cette rue, en restaurant la fluidité de la circulation ! Elle est possible cette fluidité, elle existait avant ! Il n'y a pas de raison de ne pas la laisser, il n'y a pas de raison de ne pas la remettre. Donc vraiment, vite, vite, vite, renvoyons cette pétition et cette motion au Conseil d'Etat, pour simplement rectifier ce qui est une erreur et qui ne doit rester qu'un mauvais souvenir. Et au moins le pont Hans-Wilsdorf, lui, restera. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Des voix. Bravo !

M. Guillaume Sauty (MCG). Je voulais revenir sur les propos de mon collègue Bavarel qui étaient, certes, très intéressants, mais qui ne reflètent pas la vision que je me fais de la mobilité à Genève. (Commentaires.) Je voulais aussi revenir sur quelques faits qui ont déjà été évoqués. Personne n'a reparlé de la réouverture du quai Ernest-Ansermet juste avant l'inauguration du pont, où finalement la circulation était encore plus fluide qu'elle ne l'était juste avant qu'on mette ces mesures en place. Une autre chose que je voulais relever et que je trouve déplorable, c'est la malhonnêteté intellectuelle dont font preuve certains acteurs dans la négociation qui a eu lieu, et je ne parle pas de la Fondation Hans Wilsdorf mais surtout de la Ville et du département. Quand quelqu'un vient à la commission des transports nous expliquer que ce n'est pas la faute de l'un, mais que c'est la faute de l'autre, et que l'autre vient nous dire que ce n'est pas sa faute mais que c'est celle de l'un, je trouve ça assez déplorable. Et je trouve assez lamentable, dans cette république, que l'on n'arrive pas à prendre des décisions et à se dire qu'il en va du bon sens, qu'il faut rétablir les choses qui étaient, comme l'a dit Mme von Arx-Vernon, une nécessité absolue, dans le sens où ça fonctionnait avant ! Pourquoi est-ce qu'on change quelque chose qui fonctionne ? Je suis le premier à dire qu'il faut aller vers l'innovation, mais l'innovation ne veut pas dire aller en arrière. Je vous remercie, Monsieur le président.

Une voix. Très bien.

Le président. Merci pour votre brièveté, Monsieur le député. La parole est à M. le député Thierry Cerutti.

M. Thierry Cerutti (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés...

Le président. Vous avez vingt secondes, il paraît, mais allez-y tranquillement !

M. Thierry Cerutti. Vingt secondes ? Bon. J'aimerais simplement rajouter qu'on a omis de parler de la décision des Transports publics genevois, qui n'ont effectivement pas demandé à ce que cette voie propre et ce site soient créés pour eux, pour cette fameuse ligne 27. Cela pour des raisons très factuelles, c'est que cette ligne, elle est vide, elle est sous utilisée voire pas utilisée du tout. Ça n'a jamais été une demande des utilisatrices et des utilisateurs, et finalement cette situation porte même préjudice au bon fonctionnement de la ligne 27 et à l'image de marque des Transports publics genevois, parce qu'aujourd'hui tout le monde pense que c'est de leur faute si ce pont est à sens unique et si on bloque la circulation privée, dite circulation automobile. (Brouhaha.) Donc la demande de la population elle est simplement juste et légitime. Les TPG n'osent pas aller contre l'Etat puisque l'Etat finance cette aberration, finance cette prestation, et les Transports publics genevois, malgré le fait qu'il s'agit d'une régie autonome, acquiescent et obéissent au Conseil d'Etat alors qu'ils devraient, à mon sens, oser lui dire non. Malheureusement ce n'est pas le cas, donc naturellement cette pétition a tout son sens et nous la soutiendrons extrêmement vigoureusement et vivement.

M. Michel Ducret (R). Mesdames et Messieurs, je ne vais pas en rajouter une couche, mais je vous invite simplement, et le gouvernement avec vous, à regarder tout cela dans des perspectives un peu plus larges. On peut discuter de la qualité de la circulation à la rue de l'Ecole-de-Médecine, de la manière dont on y vit. Le résultat de la mesure qui a été prise, c'est de reporter du trafic à d'autres endroits, notamment sur le carrefour des Vingt-Trois cantons, où passent des axes majeurs de transports publics. Et la conséquence, c'est qu'à cet endroit-là cette mesure a généré des encombrements supplémentaires. Et je ne pense pas - et certainement beaucoup avec moi dans cette salle - qu'encombrer des axes et des carrefours utilisés par les transports publics soit très favorable à leur circulation. Premier constat.

Deuxième constat: dans ce Grand Conseil, nous avons décidé à une très large majorité de soutenir le développement d'un quartier qui s'appelle Praille-Acacias-Vernets, le PAV. On nous a dit que ça allait être un nouveau bout de ville, une nouvelle partie du centre-ville de Genève. Mesdames et Messieurs, ce Grand Conseil a accepté cette idée, sur proposition du gouvernement. Nous devrions donc tous aller dans cette direction. La vérité, c'est que si on veut que cette partie de Genève existe un jour, il est important qu'elle soit reliée au reste de la ville. Et ce n'est pas en créant des bouchons artificiels pour privilégier quelques-uns qui sont sur des axes permettant de coudre cette nouvelle partie de ville avec la partie existante, que nous générerons un véritable quartier urbain qui fasse réellement partie de Genève. Mesdames et Messieurs, c'est là une vision totalement fausse des possibilités de développement, et je vous invite aussi à réfléchir dans ce sens-là par rapport aux possibilités de circulation sur cet axe. Je vous remercie.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Stéphane Florey. Je donnerai ensuite la parole au rapporteur M. Jean Romain ou éventuellement à Mme Baud, vous verrez. Monsieur le député Florey, vous avez la parole.

M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. A en croire le plan directeur du réseau routier 2011-2014 - à moins que par un coup de baguette magique ça n'ait changé, on ne sait jamais - le pont et la rue de l'Ecole-de-Médecine se situent sur le réseau secondaire. Ça, c'est la première chose.

Deuxième chose, ce quartier, comme on l'a dit tout à l'heure, on l'a complètement bloqué en voulant faciliter le passage des bus ! Mais vous pouvez créer n'importe quelle voie de bus, n'importe où, si le bus, que ce soit d'un côté ou de l'autre, se retrouve pris dans les bouchons - parce que c'est véritablement ce qui se passe, vous avez la rue de l'Ecole-de-Médecine, et quand le bus traverse cette rue, eh bien il se retrouve bloqué au bout, et il ne peut plus passer par le boulevard pour rejoindre le pont... Donc ça ne sert à rien ! Cette mesure qui a été instaurée est vraiment contreproductive, elle bloque tout le monde, et en plus - et ça c'est étonnant de la part des Verts, qui soutiennent cette mesure - en créant des bouchons, elle augmente la pollution, elle augmente le bruit, et elle augmente les mécontentements. C'est pour cela que, comme on l'a dit tout à l'heure également, il est important de rétablir la situation, d'écouter le message de la population et des habitants, de renvoyer vite fait la pétition et la motion au Conseil d'Etat en espérant que d'ici la rentrée, tout soit rentré dans l'ordre et qu'on puisse circuler librement à nouveau dans le quartier.

Je finirai juste par une petite anecdote: environ une semaine après l'entrée en vigueur de la mesure pour restreindre la circulation, nous nous rendions, avec la commission de l'enseignement, au MAMCO. Je n'ai mis même pas dix minutes depuis Lancy jusqu'à Uni Mail - grosso modo dix minutes, ça roulait bien, pas de problème. En revanche, j'ai mis plus d'un quart d'heure d'Uni Mail jusqu'au MAMCO. Cherchez l'erreur. Merci !

Mme Catherine Baud (Ve), rapporteuse de minorité ad interim. J'aimerais juste répéter qu'il s'agit d'un test sur une voie secondaire, et qu'il faut quand même laisser passer du temps. Alors oui il y a des problèmes, mais je suis sûre qu'ils vont être résolus, et il est évident que, lorsqu'il y a des modifications de circulation, les automobilistes ont du mal à s'adapter; naturellement, ils vont souvent s'engager dans le mauvais sens. Ça peut créer des problèmes et ça surajoute des bouchons. Donc il faut juste laisser les choses se faire, et arriver à pouvoir tirer des conclusions qui soient correctes. Mais j'observe quand même que dans cette enceinte il y a cent députés, mais il y a aussi cent ingénieurs en circulation et cent urbanistes ! (Protestations.) Il faut peut-être aussi laisser les spécialistes travailler, spécialistes qui prennent en compte des éléments techniques qui nous échappent. Il faut bien le reconnaître, quels que soient notre bonne volonté et notre intérêt pour la circulation et l'urbanisme genevois, nous n'avons pas toutes les compétences pour décider, et je crois que les spécialistes sont aptes à faire des plans corrects. Donc observons ce qui se passe, tirons les conclusions qui en découlent tel que c'est écrit dans ce qui a été préparé, et je crois que les choses reviendront à la normale dans ce sens-là.

M. Jean Romain (R), rapporteur de majorité. Chers collègues, on a accusé la commission des pétitions d'avoir mal travaillé parce qu'il fallait auditionner beaucoup plus, il fallait auditionner la Ville, la DGM, le département, les TPG, tout le monde ! Avec son sens du latin mon collègue Weiss a dit «subito», et c'est un petit peu dans ce sens-là que nous voulions aller; aller plus vite, parce qu'il faut rendre aux citoyens leur capacité, leur pouvoir de libre disposition de leurs déplacements, et ne pas les coincer chez eux tous les matins pendant, pour certains, une demi-heure. C'est pire maintenant qu'avant la destruction de la passerelle.

La deuxième chose, c'est que justement, comme a dit ma collègue, c'est un réseau secondaire ! Eh bien, selon la hiérarchisation des réseaux, le réseau secondaire devrait notamment faire le lien entre deux quartiers, et ce double sens unique empêche, en réalité, de relier deux quartiers, deux routes principales. C'est le fait d'un double non-sens !

On nous dit aussi - et c'est la dernière chose sur laquelle j'insisterai - qu'au fond il y avait un test d'une année. Oui, c'est vrai, il y a un test d'une année ! Mais à ce sujet, je vais terminer par une petite confidence personnelle, vous m'excuserez: je suis allé chez mon opticien pour faire changer mes verres de lunettes. Après de savants calculs - vous savez comment sont les opticiens - il m'a donné une paire de lunettes à l'essai. Le lendemain, je me suis senti mal, je me suis plaint de douleurs oculaires ainsi que de maux de tête. Mais l'essai était prévu pour un mois entier, donc l'opticien m'a dit de garder mes lunettes pour un mois ! (Rires. Applaudissements.)

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs, effectivement il s'agit d'un essai. Mais un essai qui a été voulu d'une part par les citoyens... (Brouhaha.) ...puisque je vous rappelle qu'une pétition demandait exactement cela à la Ville de Genève. Il y a eu l'inauguration du pont à laquelle j'ai participé, et où j'ai dit clairement que nous allions respecter la volonté des citoyens mais aussi la volonté de Wilsdorf ! Et j'aimerais juste vous lire un petit passage de la convention qui a été signée par Rémy Pagani...

Des voix. Ah !

Mme Michèle Künzler. ...Pierre Mottu, Christian de Saussure, Henri Turrettini, mais aussi Jacques Roulet, David Amsler et Jean-Bernard Haegler, l'ancien ingénieur cantonal. Je pense qu'on a là tout un panel d'hommes qui ont signé, et qui ne se souviennent pas qu'ils l'ont fait. Selon cette convention, le tronçon de la rue de l'Ecole-de-Médecine compris entre la plaine de Plainpalais et le boulevard Carl-Vogt doit être mis en sens unique du nord au sud, ce qui permet de supprimer le trafic de transit tout en conservant l'accessibilité au quartier de la Jonction. En outre, le tronçon de l'Ecole-de-Médecine entre Carl-Vogt et Ernest-Ansermet doit être mis en sens unique du sud au nord ! (Brouhaha.) On a mis exactement en oeuvre ce qui avait été convenu en 2009. (Commentaires.) On aurait même pu aller plus loin puisqu'il y avait une proposition de supprimer ou de mettre en sens interdit une partie du boulevard Carl-Vogt. Mais nous avons estimé que ça allait trop loin. Donc cette mesure... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...a été souhaitée par les principaux protagonistes. J'ai permis de la mettre en oeuvre, parce que c'est une mesure à l'essai, et elle a le même fonctionnement que les autorisations de construire; si on n'est pas d'accord avec une autorisation de construire on fait opposition. Mais je n'ai jamais entendu quelqu'un contester ou discuter une autorisation de construire pour un immeuble ou autre chose, ici, en plénière ! Ce n'est pas le lieu ! Ce n'est pas le rôle du parlement de discuter des autorisations de construire ou des autorisations à l'essai. Même si je veux bien entendre qu'il y a cette pétition, qui va à l'encontre d'une autre pétition qui demandait l'inverse. Maintenant, où en est-on ? Effectivement, pendant une ou deux semaines, il y a eu de l'agitation et des bouchons, le temps que tout le monde reprenne un peu sa place. (Remarque.) Il y a maintenant des comptages qui ont été faits, il y a une diminution de la circulation sur cette rue... (Protestations. Brouhaha.)

Le président. S'il vous plaît, Mesdames et Messieurs... (Brouhaha.) S'il vous plaît ! Madame la conseillère d'Etat, poursuivez !

Mme Michèle Künzler. Je poursuivrai quand il y aura du calme ! (Un instant s'écoule.) Voilà. Donc je répète, le pont n'est pas fermé ! (Commentaires.) On peut circuler sur le pont dans les deux sens et il est hors de question qu'on change les gabarits, même les bus et les camions peuvent croiser s'ils roulent doucement. (Protestations.)

Le président. Mesdames et Messieurs les députés ! Je trouve votre attitude inadmissible ! Laissez parler la magistrate ! Poursuivez, Madame la conseillère d'Etat.

Mme Michèle Künzler. Donc la possibilité existe de croiser, et les TPG ont un système qui permet d'informer les conducteurs. De toute façon, quoi qu'il en soit, ce bus n'est en rien concerné dans l'affaire, c'est une proposition qu'on a anticipée qui devrait desservir le quartier de la Tambourine. Ce bus n'est donc absolument pas en cause. On a mis en place cette mesure, qui a été souhaitée par tout le monde, et il faut l'étudier. Le bruit a diminué, et moi j'aimerais vraiment insister sur une chose: oui, c'est une route secondaire, elle doit permettre de relier les quartiers, c'est ce qu'elle fait, et le trafic est tout à fait fluide. Si vous y allez maintenant, c'est tout à fait possible de circuler - et j'y ai été à midi, le matin, à plusieurs endroits. (Commentaires.) Forcément, pour voir c'est mieux d'être à pied qu'en voiture, parce qu'on observe mieux ce qui se passe.

Il n'y a pas de bouchons à cet endroit, après deux mois ce n'est pas le cas, et il faut vraiment regarder la réalité en face. On peut soit continuer l'essai soit attendre de la Ville qu'elle renonce à ce dernier. Posément, on voit qu'il n'y a pas de grand problème, et mon action c'est clairement la route des Acacias qui, elle, est une route principale ! La route principale des Acacias, elle, bouchonne, et ce n'est pas normal ! Nous avons un projet, depuis deux ans, pour élargir cette route et permettre au flux sortant de s'écouler et de ne pas bloquer le trafic du tram. Cette rue principale, elle, doit jouer son rôle, et il ne doit pas y avoir de report de circulation sur le quartier. Non, arrêtons de diaboliser les gens... (Commentaires.) ...je pense que ceux qui ont signé cet accord - je n'en faisais pas partie, je n'étais même pas élue - doivent aussi, eux-mêmes, se demander s'il faut continuer dans le sens de ce qu'ils ont convenu ou pas. Ils n'ont pas pris de mesures et ils n'ont fait aucune demande. (Remarque.) J'ai les meilleurs rapports avec la Fondation Wilsdorf - je suis en lien avec eux et je les remercie pour leur soutien dans tout ce qui concerne la renaturation des rivières et d'autres actions que nous menons avec eux - et jamais je n'ai mis en cause leur action. J'ai simplement suivi ce qu'ils ont convenu, et je pense que c'est ce qu'il faut faire. Je l'ai demandé récemment à la Ville, lors de notre dernière rencontre avec le conseil administratif - mes collègues peuvent le confirmer - M. Pagani s'est engagé à enfin déposer le projet d'arrêté pour faire de la route des Acacias le flux principal et dégager ainsi la circulation à cet endroit.

Nous vous entendons, mais je pense qu'il faut vraiment réfléchir à la possibilité que vous voulez tout le temps utiliser, que ce soit moi ou quelqu'un d'autre à ma place. J'insiste sur ce point: est-il vraiment utile que le Grand Conseil se prononce sur des mesures de circulation et intervienne sur des micro-mesures ? Je rappelle... (Brouhaha.) ...que vous avez refusé de voter le budget, il y a trois ans, parce qu'on proposait une mesure provisoire dans le quartier des Eaux-Vives, devant une école. Ce n'est toujours pas fait, et je pense que c'est un abus de pouvoir que vous commettez. Franchement... (Commentaires.) ...vous n'avez pas cette possibilité-là, donc je pense qu'on doit vraiment, maintenant pouvoir... (Vives protestations. Le président agite la cloche.)

Le président. Mesdames et Messieurs les députés ! Mesdames et Messieurs les députés, s'il vous plaît ! On va jusqu'au bout, on écoute la magistrate... (Commentaires.) Jusqu'au bout ! Continuez et terminez, Madame la conseillère d'Etat.

Mme Michèle Künzler. Bon ! Je pense qu'il faut vraiment que nous réfléchissions à comment on peut aller de l'avant pour avoir une vision globale de la mobilité et pouvoir prendre des mesures; elles sont très minimes, on n'a quasiment établi aucune mesure de circulation. Celle du pont Wilsdorf m'importe peu, ce n'est pas moi qui l'ai choisie, ce n'est pas moi qui la met plus ou moins en vigueur, ça m'est parfaitement égal. Je respecte simplement une procédure; si vous voulez vous aussi la respecter, je crois qu'on sortira tous gagnants et qu'on évitera des débats, ici, sur des mesures de circulation, qui ne devraient pas avoir lieu. Et je pense que c'est important qu'on voie qu'il y a une bonne répartition - peut-être ai-je été trop loin en vous parlant d'abus de pouvoir - et qu'on peut prendre des mesures provisoires, parce que je vous rappelle juste qu'on peut aussi supprimer ces mesures provisoires et prendre tout de suite les mesures définitives ! Et je signale que les mesures définitives sont souvent contestées jusqu'au Tribunal fédéral. Si vous trouvez qu'on circule bien à Genève, que c'est merveilleux, eh bien continuons comme ça puisque vous ne voulez prendre aucune mesure ! Moi je pense que l'heure des choix a sonné... (Brouhaha.) ...et que ça veut dire qu'il faut prendre des décisions ! (Protestations.)

Le président. S'il vous plaît, s'il vous plaît ! On arrive au bout.

Mme Michèle Künzler. Et les décisions, elles doivent être prises ! Pour avoir une meilleure mobilité il faut avoir une hiérarchisation du réseau routier, et ce n'est pas ce que vous souhaitez; vous souhaitez intervenir tout le temps en modifiant la hiérarchie du réseau routier. Appuyez-moi plutôt pour appliquer la hiérarchie que vous avez votée à l'unanimité en soutenant mes démarches auprès de la Ville pour augmenter le réseau routier...

Le président. Madame la conseillère d'Etat, j'aimerais que vous puissiez terminer votre intervention.

Mme Michèle Künzler. ...pour avoir un vrai réseau routier, avec une hiérarchie qui soit appliquée. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Le président. Bien, nous allons passer au vote concernant la pétition 1868-A.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 1868 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 51 oui contre 20 non et 5 abstentions. (Applaudissements.)

Le président. Je mets maintenant aux voix la motion 2247... (Commentaires.) Non, la motion 2147 !

Mise aux voix, la motion 2147 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 49 oui contre 22 non et 6 abstentions.

Motion 2147