Séance du vendredi 22 février 2013 à 20h30
57e législature - 4e année - 5e session - 26e séance

R 702
Proposition de résolution de Mmes et MM. Anne Emery-Torracinta, Marie Salima Moyard, Roger Deneys, Prunella Carrard, Irène Buche, Lydia Schneider Hausser, Jean-Louis Fazio, François Lefort, Melik Özden, Sophie Forster Carbonnier, Olivier Norer, Mathilde Captyn, Jacqueline Roiz, Christine Serdaly Morgan : Merck Serono : la classe politique doit continuer à soutenir les employé-e-s et les démarches du gouvernement

Débat

Le président. Nous passons maintenant au point 31 de l'ordre du jour, la résolution 702. Catégorie II, trente minutes. La parole est à la première signataire, Mme Emery-Torracinta. (Un instant passe.) Non, c'est M. Deneys qui prend le relais. Monsieur le député, vous êtes prêt ?

M. Roger Deneys (S). Oui merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, c'est un peu comme au théâtre de boulevard, je sors par une porte, j'entre par une autre, je change de place... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...j'étais la minorité et je suis maintenant l'intervenant qui présente la résolution. Même si je suis en campagne, je pense qu'au bout d'un moment ça va être dissuasif, parce que je crois que les gens ont aussi envie d'entendre d'autres députés - qui s'expriment très bien - dans ce parlement. (Brouhaha.)

Le président. Merci, Monsieur le député.

M. Roger Deneys. Mesdames et Messieurs les députés, les socialistes avaient déposé, le 25 juin dernier, une résolution qui visait à soutenir les démarches des employés de Merck Serono pour pouvoir trouver des emplois de remplacement et, si possible, sauver le fleuron que représentait cette entreprise de biotechnologie. Malheureusement, aujourd'hui, une entreprise comme Merck Serono qui fait 750 millions de bénéfices annuels passe à la trappe 1 500 emplois du jour au lendemain. (Commentaires.) Et le Conseil d'Etat, au prétexte que nous n'avons pas beaucoup de moyens, qu'il y a un déficit, qu'on a baissé les impôts, ne se donne pas beaucoup de peine pour retrouver des débouchés aux employées et employés de cette entreprise. Voilà pourquoi les socialistes ont déposé une résolution, qui comprend trois invites.

Cela étant, il est vrai qu'aujourd'hui certaines d'entre elles sont tout simplement obsolètes. Nous vous encourageons donc à voter un amendement qui ne conserve que la deuxième invite, disant qu'il faut tout entreprendre pour qu'une task force puisse concrétiser, dans les meilleurs délais, la création d'un institut de biotechnologie à Genève. Nous avons une université extrêmement compétente, nous avons des chercheurs extrêmement compétents en matière de biotechnologie, et donc nous vous invitons à favoriser par tous les moyens le développement d'un pôle de biotechnologie. L'Etat doit s'engager plus activement pour garantir des emplois dans le secteur, ce sont aussi des emplois d'avenir, et donc nous vous recommandons fermement de soutenir cette résolution amendée, qui ne conserve que la deuxième invite.

Le président. Merci, Monsieur le député. J'ai une question à vous poser. Vous mettez dans l'amendement: «remplace toutes les invites.» Est-ce que c'est bien ça ?

M. Roger Deneys. C'est bien ça, exactement, il n'y aura plus qu'une invite.

Le président. Très bien, voilà qui est clair. La parole est à Mme la députée Christina Meissner.

Mme Christina Meissner (UDC). Merci, Monsieur le président. Vous savez très bien, Mesdames et Messieurs les députés, que l'UDC a été la première à déposer une motion qui demandait de réaliser ce pôle de recherches en biotechnologie, et qui demandait aussi de trouver les financements nécessaires pour le faire, en donnant quelques pistes. Il est évident qu'aujourd'hui cette question est toujours d'actualité, car ces chercheurs sont arrivés à la même conclusion que nous, au parlement, c'est qu'un pôle de biotechnologie était une bonne idée, parce qu'il y avait clairement... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...à Genève, des chercheurs, de la matière grise qu'il ne fallait pas laisser partir ailleurs en raison de la valeur qu'ils représentent. Aujourd'hui, nous devons continuer à soutenir ces chercheurs, cette biotechnologie à Genève, et cette résolution nous en donne l'occasion. Alors certes, Mesdames et Messieurs les députés socialistes, vous auriez pu être suffisamment sympathiques pour rappeler que nous étions, de ce côté, tout aussi enthousiastes que vous pour faire ce travail, pour soutenir les employés. Mais nous ne vous en tiendrons pas rigueur, car notre objectif c'est de soutenir l'emploi, soutenir la recherche et donc de soutenir cette résolution pour Genève, pour ses travailleurs et pour le futur de notre canton. Donc avec l'amendement général que vous nous proposez, c'est très volontiers que nous vous soutiendrons.

Présidence de M. Antoine Droin, premier vice-président

M. Alexis Barbey (L). Cette proposition de résolution est pleine de beaux sentiments, mais en même temps c'est une vieille proposition. Pourquoi ? Parce que dans une situation comme celle d'Ares-Serono, les choses vont très vite, les choses ont été très vite, et la situation n'est plus du tout la même que celle qu'évoque la résolution, qui remonte pourtant à peine à quelques mois, soit au 25 juin 2012. A l'heure actuelle, des négociations assez actives ont permis, d'une part, de recycler un certain nombre d'employés à l'intérieur de l'entreprise pour les déplacer à l'étranger, d'autre part de les replacer dans d'autres entreprises, et enfin, pour toute une partie d'entre eux, de monter des projets de micro-entreprises qui vont être soit localisées dans le même immeuble, soit à d'autres endroits de la ville, du canton, ou de l'Arc lémanique. Alors que reste-t-il ? Il reste en fait un magnifique immeuble, qui était emblématique pour Ares-Serono et pour Merck, mais qui se trouve être un immeuble extrêmement cher à entretenir, dont les frais de chauffage et les frais de climatisation se montent à des millions par année. Est-ce que c'est à l'Etat de financer ce genre de frais d'entretien qui sont, je dirais, démesurés par rapport au projet ? Bien sûr, l'immeuble est magnifique, mais ce n'est pas à l'Etat de l'exploiter.

Par ailleurs, dans l'exposé des motifs de cette résolution, il est fait état de plusieurs articles qui essaient de définir combien couterait la création d'un pôle de biotechnologie comme celui dont il est question, et les estimations vont jusqu'à 300 millions de francs. Est-ce que l'Etat de Genève a, à l'heure actuelle, les moyens de se lancer dans un tel projet ? Cela serait-il souhaitable ? Est-ce que ce sont des emplois étatiques que souhaite l'Etat de Genève, ou est-ce que ce sont des emplois durables, entraînés par des sociétés qui ont une vitalité, qui ont un pouvoir d'adaptation et qui ont une réalité dans le marché qui n'est pas celle que la fonction publique est amenée à promouvoir ?

Le président. Il vous reste trente secondes, Monsieur le député.

M. Alexis Barbey. En conséquence, je pense que ce qui est souhaitable pour Genève c'est d'avoir un projet qui s'adapte à la réalité, et un projet qui soit à la mesure des moyens de l'Etat. C'est pourquoi je vous invite, avec le groupe libéral, à refuser cette proposition de résolution. Je vous remercie.

Une voix. Bravo !

M. Patrick Saudan (R). Mesdames et Messieurs les députés, mon intervention va être complémentaire à celle de mon préopinant, parce que le groupe radical, lui aussi, s'interroge beaucoup sur l'opportunité de cet amendement général. Il enfonce un peu des portes ouvertes, car, contrairement à ce qu'a dit M. Deneys, nous sommes très contents du travail de notre gouvernement, qui a oeuvré en créant cette task force et qui a permis que 60% des emplois soient conservés, c'est la première chose.

La deuxième chose, c'est que nous nous interrogeons sur les conditions cadres qui permettraient à la biotechnologie de se développer sur l'Arc lémanique. Parce que c'est vrai qu'implicitement, nous rêvons tous d'une Silicon Valley européenne. Alors c'est intéressant de voir comment ça s'est passé là-bas. Parce que depuis trente ans, un tiers des emplois et des entreprises liés au high-tech et au biotech se trouvent aux Etats-Unis, dans une petite langue de terre au-dessous de San Francisco. Alors qu'ont-ils là-bas que nous n'aurions pas ici ? Ils ont un environnement académique de haut niveau; nous l'avons également avec l'Université de Genève, et là je suis d'accord avec M. Deneys, nous avons une université de très haut niveau. Nous avons également le Polytechnicum de Lausanne, donc les conditions académiques sont réunies. Nous avons aussi de bonnes conditions cadres. Mais quel est l'environnement économique qui permet à la biotechnologie de prospérer ? Eh bien là, je suis désolé de vous décevoir, c'est un peu le principe de Schumpeter, la destruction créatrice ! Parce que, dans la Silicon Valley, vous avez 250 000 emplois. Mais savez-vous combien il y a de faillites par année, Mesdames et Messieurs les députés ? Entre 6 000 et 10 000. Et autant de nouvelles entreprises créées. Pourtant l'Etat n'intervient pas, l'Etat ne vient pas faire un plan pour chaque entreprise qui est en faillite. Donc qu'est-ce qui profite à la biotechnologie ? Une économie libérale, une économie qui est débarrassée de contraintes administratives, et qui permet la création de start-up. (Brouhaha.) C'est pour cela que cet amendement général nous paraît beaucoup trop dirigiste. On nous promet des solutions de financement complémentaires, mais ce n'est pas comme ça que ça marche. Pour faire un institut de biotechnologie il faut des capitaux au départ, mais ensuite les financements s'acquièrent sur une base compétitive, qu'ils soient privés ou qu'ils soient publics. C'est pour cela que, dans le groupe radical, cette résolution nous inspire assez peu et, comme mon préopinant l'a dit, nous n'allons pas la voter. Je vous remercie.

M. François Lefort (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, un peu d'archéologie: au printemps dernier, nous avions renvoyé, dans l'urgence, deux résolutions et une motion au Conseil d'Etat, pour le soutenir et l'encourager dans la recherche de solutions face à la crise unique que représentait la perte de 2 000 emplois à Genève. Et cette dernière résolution que nous traitons ce soir, la 702, s'inscrit toujours dans ce même esprit de soutien et d'encouragement au gouvernement, avec des pistes que nous pensions, à l'époque, et en accord avec les principaux concernés, être des éléments praticables ! Une solution permettant de sauver le maximum d'emploi, et surtout de retenir la richesse de formation et d'expérience des employés de Merck Serono pour notre canton, permettant ainsi de sauver le potentiel d'emplois durables que représentait justement cette richesse...

Sept mois ont passé depuis le dépôt de cette résolution, les employés ont accepté le plan social amélioré en août 2012, ils l'ont accepté grâce au soutien et à la mobilisation de leur syndicat Unia et, parallèlement, quatre à cinq jeunes pousses en biotechnologie ont vu le jour, avec le soutien financier, il faut le dire, de Merck Serono. Mais quatre à cinq jeunes pousses, ce n'est pas beaucoup d'emplois. Par ailleurs, un groupe conséquent de 150 chercheurs de Merck Serono a élaboré un projet d'institut en biotechnologie centré sur la recherche sur les maladies orphelines. On a aussi appris récemment que l'ancien actionnaire majoritaire de Serono, Ernesto Bertarelli, avait un projet de rachat du bâtiment de Merck Serono avec Hansjörg Wyss, le milliardaire suisse, pour y installer un centre de recherche en médecine transactionnelle. Un autre projet qui, peut-être, pourrait s'accommoder d'une collaboration avec le projet d'institut en biotechnologie.

Alors il se passe quelque chose, il y a peut-être moyen de conserver un peu de richesse, de formation et d'expérience des anciens chercheurs de Merck Serono, et pour que cela ait une chance d'aboutir, il faut du temps, il faut un soutien politique, il faut un soutien opérationnel, et dans le même sens que nous avions proposé en juin la création d'une task force - task force dont le Conseil d'Etat avait concrétisé l'idée - nous pensons que cette task force, qui existe toujours, devrait continuer d'accompagner les anciens employés de Merck Serono dans ce projet d'institut de recherche centré sur les maladies orphelines. C'est le sens de l'amendement général...

Le président. Il vous reste trente secondes, Monsieur le député.

M. François Lefort. ...que nous vous proposons ce soir, ce n'est pas un plan de soutien à une entreprise en faillite, bien sûr, comme M. Saudan le disait, il s'est certainement trompé, c'est un coup de pouce dans un cadre qui n'est pas celui de la Silicon Valley, c'est un coup de pouce à un projet qui possède déjà des financements ! Des financements propres apportés par les employés de Merck Serono, avec les moyens que Merck Serono a mis en place dans le paquet de licenciement, et puis d'autres moyens qu'ils ont réunis. Il manque quelque chose, il manque de l'argent pour un financement...

Le président. Il vous faut conclure.

M. François Lefort. ...et c'est le sens de cet amendement général. Et je conclus, Monsieur le président, en recommandant à tout le monde de le soutenir. Merci.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme la députée Christina Meissner, à qui il reste une minute vingt-cinq.

Mme Christina Meissner (UDC). Merci, Monsieur le président. Je signalerai à mes préopinants qu'il ne s'agit pas, aujourd'hui, de soutenir une entreprise en faillite, et encore moins de racheter un immeuble - je vous rappelle que l'un de nos députés ici avait même proposé 1 franc symbolique, tant il est vrai que c'était un gouffre d'énergie et qu'il ne valait pas la peine de mettre davantage. Il s'agit de sauver, surtout, de la matière grise, des chercheurs qui ont eu des idées, qui sont là, pour certains, depuis 25 ans. Et non, Monsieur Barbey, ils n'ont pas tous été replacés, ils ont encore besoin d'aide. Il y en a qui sont encore sur le carreau, et adopter deux résolutions et une motion - dont l'UDC avait été à l'origine en mai 2012, je l'ai mentionné - pour un pôle de biotechnologie... (Brouhaha.) ...ne suffit pas ! Il faut continuer à accompagner, continuer à rappeler que nous nous intéressons au sort de ces chercheurs, que nous voulons qu'il y ait quelque chose qui se fasse. Et quant à dire que ça coûte trop cher...

Le président. Il vous reste trente secondes, Madame la députée.

Mme Christina Meissner. ...je suis désolée, mais un chimioscope ou un physioscope à 600 millions sont aussi des projets qui ont été proposés. Donc à un moment donné, un projet en vaut un autre, soutenons ceux qui ont une véritable chance d'aboutir. Nous appuierons l'amendement de cette résolution.

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à M. le député Pascal Spuhler, qui a trois minutes.

M. Pascal Spuhler (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, le MCG soutiendra la résolution avec l'amendement général, qui remplace donc toutes les invites. En effet, nous pensons qu'il faut saisir la moindre chance de pouvoir construire quelque chose dans ce bâtiment Merck Serono plutôt que de le laisser à l'abandon ou qu'il serve à d'éventuelles spéculations immobilières, et de pouvoir développer la biotechnologie avec ces chercheurs qui sont prêts à travailler à nouveau. Nous voulons donc donner ce signal au Conseil d'Etat, afin qu'il puisse déclencher la task force, faire le nécessaire pour les démarches et aider ces gens à développer des petites entreprises, pour faire en sorte que ce bâtiment puisse servir et non pas rester une épave au milieu de Sécheron. Merci !

M. Guy Mettan (PDC). Le parti démocrate-chrétien soutiendra également cette résolution, et au passage je tiens à remercier, au nom du groupe, l'action du Conseil d'Etat, même si au début il a effectivement été pris de court - comme nous tous - devant la violence de la décision prise par Merck Serono de fermer abruptement ce siège à Genève et de licencier 1200 personnes. Dans les semaines qui ont suivi, on a tout de suite vu se mettre en place une task force, qui a été efficace puisque la majorité des employés licenciés ou menacés de l'être par Merck Serono ont pu retrouver du travail grâce à elle. Et, au fond, le message contenu dans cette résolution c'est de dire qu'il faut soutenir cette action, continuer à faire des efforts pour que celles et ceux qui n'auraient pas encore trouvé d'emploi puissent y parvenir, en mettant l'accent - comme nous le propose l'amendement général de M. Lefort - évidemment sur les biotechnologies, sur les recherches de pointe qui sont menées par Merck Serono. Nous soutiendrons donc ce projet.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Patrick Saudan, à qui il reste trente secondes.

M. Patrick Saudan (R). Je serai très rapide, mais je ne voudrais pas avoir été mécompris et je vais donc répondre à Mme Meissner: notre proposition n'est pas liée au fait que nous ne voulons pas soutenir une entreprise qui aurait été en faillite. Simplement, le principe de cet amendement général, revient, d'après nous, à mettre la charrue avant les boeufs ! On va promettre des financements... (Brouhaha.) ...pour un institut de biotechnologie, alors que ces financements devraient être acquis sur la base de projets qui remportent des concours. C'est comme ça que ça marche, dans ce monde ! C'est comme ça que vous avez une biotechnologie active...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député.

M. Patrick Saudan. ...et florissante. Nous sommes donc très dubitatifs sur le principe de cet amendement général, et c'est pour ça que nous ne le voterons pas. Voilà.

M. Pierre-François Unger, conseiller d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je ne me prononcerai pas sur cette résolution qui est gentillette, qui représente un soutien, mais enfin qui correspond à la situation, en gros, au milieu du mois d'août de l'année dernière. (Brouhaha.) Depuis, des collaborateurs ont passé des milliers d'heures à travailler, bien sûr, avec la task force - on s'est réunis probablement une douzaine de fois en tout - bien sûr avec de nouveaux partenaires, bien sûr pour un grand projet. Ce grand projet, c'est effectivement un campus biotech. Ce campus biotech, Mesdames et Messieurs les députés, il ne peut se faire, à l'heure actuelle, que si ceux qui veulent participer à son financement - M. Bertarelli, M. Wyss, l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, l'Université de Genève - peuvent acquérir les bâtiments. Et à ce jour, la grande discussion est de savoir qui sont les acheteurs potentiels, et à qui Merck veut vendre. Il n'y a, à la connaissance du gouvernement, qu'un acheteur ayant un projet, c'est le groupe dont je vous parle. C'est un projet exceptionnel. Exceptionnel parce qu'il permettrait de remettre en marche l'immeuble quasiment dans les 24 heures et de libérer une vingtaine de chaires professorales de recherche de l'Ecole polytechnique et de l'Université de Genève, pour mettre en route un programme de recherche translationnelle, qui est, au fond, la recherche d'avenir dans le cadre des biotechnologies. C'est un institut qui serait financé par un donateur, Hansjörg Wyss - je peux maintenant prononcer son nom bien que je sois au courant depuis très longtemps - parce que lorsque l'Ecole polytechnique et l'Université de Genève ont fait acte de candidature à l'achat, M. Hansjörg Wyss a dit être prêt à mettre 125 millions sur cinq ans pour faire démarrer cette affaire. Nous n'attendons plus qu'une chose, c'est que Merck soit d'accord de leur vendre l'immeuble. Nous ne pourrons pas les forcer, nous sommes dans une économie libérale, vous l'avez dit. Néanmoins, j'espère tout de même que Merck, qui a gardé d'énormes intérêts en Suisse romande - on est évidemment très choqués à Genève, mais ils ont inauguré, dans l'intervalle, un centre à Saint-Léger, près de Vevey, qui leur a coûté 450 millions, ils ont agrandi Aubonne, c'est vrai qu'ils vont fermer Coinsins, mais ce sont des gens qui restent très actifs, qui financent toujours des chaires professorales aussi bien aux Hôpitaux universitaires de Genève qu'à l'Ecole polytechnique, donc ce n'est pas une maison ennemie, même si elle a fermé dans des conditions qu'on a eu l'occasion de discuter des centaines de fois.

Alors Mesdames et Messieurs, cette résolution, encore une fois, elle est gentillette, mais elle est d'un autre temps ! Elle est du temps de ceux qui allaient griller des saucisses en gesticulant pour savoir ce qu'il fallait faire ! Nous avons aidé les partenaires sociaux à trouver un plan social convenable; nous l'avons fait avec Unia, nous l'avons fait avec Serono. Nous avons trouvé des partenaires fiables pour générer un projet magnifiquement ambitieux. Et ce projet il est maintenant sur la table de Merck, à Darmstadt, avec probablement d'autres dossiers, sachant qu'on a tout de même précisé que le Conseil d'Etat était depuis le départ - et sera toujours - opposé à toute transformation de la zone en autre chose qu'une zone industrielle. Il n'est pas question d'imaginer pouvoir spéculer sur cette zone, elle a un historique, c'est celui de Sécheron. On a vu ce que ça avait donné quand M. Gaon en était devenu le propriétaire, c'est retourné à l'industrie et ça restera à l'industrie. Cette conviction-là est forte, c'est la raison pour laquelle nous espérons que les vendeurs, comprenant cela et l'expliquant à leurs acheteurs potentiels, verront qu'il n'y a qu'un seul bon projet. Il n'y en a pas cinq mille, c'est celui-là et c'est celui-là que l'Etat soutient de toutes ses forces. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. La parole n'étant plus demandée, nous sommes en procédure de vote. Je mets aux voix la proposition d'amendement de M. Lefort et consorts dont voici la teneur: «à tout entreprendre pour que la task force aide à concrétiser le projet d'Institut de biotechnologie porté par une centaine d'anciens chercheurs de Merck Serono en présentant notamment des solutions de financement complémentaire.»

Mis aux voix, cet amendement général est adopté par 56 oui contre 21 non et 1 abstention.

Mise aux voix, la résolution 702 ainsi amendée est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 53 oui contre 20 non et 2 abstentions.

Résolution 702