Séance du
vendredi 25 janvier 2013 à
17h
57e
législature -
4e
année -
4e
session -
20e
séance
RD 963
Le président. Je vous informe que nous avons reçu la démission de M. Guillaume Barazzone de son mandat de député. Je prie M. le député Florey de bien vouloir lire cette lettre 3169.
Le président. M. Guillaume Barazzone a siégé dans notre Grand Conseil pendant plus de sept ans. Elu en 2005 sur la liste du parti démocrate-chrétien, il a été réélu en 2009.
Durant son mandat, il a participé aux travaux des commissions de l'enseignement, de contrôle de gestion, de grâce, de contrôle de la Fondation de valorisation des actifs de la BCGe ainsi que des commissions fiscale, ad hoc sur le personnel de l'Etat et, enfin, législative, qu'il présida de 2006 à 2007.
Parmi les nombreux textes parlementaires qu'il a déposés, on relèvera plusieurs objets au sujet de l'école et de la petite enfance - notamment un projet de loi constitutionnelle pour plus de places de crèches - ainsi que des textes relatifs à l'écologie, tel un projet de loi visant à favoriser les énergies renouvelables. Il fut également à l'origine de la résolution demandant le rétablissement de la prise en charge partielle des verres de lunettes et des lentilles de contact par la LaMal.
Elu le 4 novembre dernier au Conseil administratif de la Ville de Genève, M. Barazzone souhaite renoncer à son mandat de député afin de se consacrer à cette nouvelle fonction, pour laquelle nous lui souhaitons plein succès. Le Grand Conseil prendra acte, le cas échéant, de sa démission après le traitement du point suivant.
La parole est à M. le député Vincent Maitre.
M. Vincent Maitre (PDC). Je vous remercie, Monsieur le président. Deux ou trois petits mots pour rendre hommage à mon collègue et ami Guillaume Barazzone, en retraçant quelques points, disons, de son parcours politique.
D'abord quelques mots pour vous dire que Guillaume est bien plus qu'un simple collègue et ami politique, c'est un ami tout court, un ami d'enfance, que j'ai pu fréquenter depuis mon plus jeune âge. Ensuite nous avons connu des parcours relativement identiques sur les bancs de l'Université, mais je dois vous avouer très sincèrement qu'il m'a toujours profondément agacé, tant il était toujours plus rapide que moi et plus précoce que moi. (Rires.) Et je vois que sa réputation le précède. Effectivement... (Brouhaha.) ...effectivement, Guillaume Barazzone a la réputation d'avoir une énorme... ambition. (Rires.) Ambition qu'il a réalisée au quotidien, d'abord en réussissant brillamment ses études de droit - avant moi d'ailleurs, alors qu'on les avait commencées en même temps, il avait déjà le bras tellement long à cette époque que je me demande même s'il n'y est pas pour quelque chose - puis en accédant au Conseil municipal, où il a été très vite élu, sauf erreur en 2005...
M. Guillaume Barazzone. 2003 !
M. Vincent Maitre. ...2003, vous voyez, c'est dire s'il est rapide, je n'y suis pour ma part parvenu qu'en 2007, toujours à la traîne, éternel second..
Des voix. Poulidor !
M. Vincent Maitre. Voilà, l'éternel Poulidor ! Il en fut exactement de même pour le Grand Conseil: alors que j'y accédais péniblement en 2009, Guillaume avait déjà rempli plus d'une législature, c'est dire ma frustration. On a également siégé ensemble à la commission fiscale, par exemple, et là aussi il était toujours en avance sur moi quant aux sujets fiscaux. Bref, là où je rêvais de me faire une place au soleil je n'ai été qu'un éternel frustré, n'en déplaise au MCG. Pour d'autres raisons. (Rires.)
Je dois vous dire que Guillaume a la réputation d'être connu pour ses penchants... économiques, on dit de lui qu'il soutient facilement les milieux affairistes. Il faudra d'ailleurs qu'on m'explique ce que veut vraiment dire affairiste, parce que connaissant Guillaume de près, je lui sais plutôt un vrai caractère et un vrai engouement pour la démocratie chrétienne. J'en veux pour preuve son acharnement, ou plutôt son souci de pouvoir honorer ses multiples prétendantes lors de tout son parcours, qu'il soit universitaire ou politique. (Rires.) Parce qu'en plus d'avoir, je l'ai dit, une énorme ambition, il était doté également... (Commentaires.) ... d'une très grosse... expérience... (Rires.) ...en matière féminine. De là à dire que Guillaume Barazzone était un séducteur il n'y a qu'un pas, je vous laisserai le soin de le franchir. Et c'est là que s'inscrit, je dirais, véritablement la passion et le goût de la démocratie chrétienne, le besoin du travail bien fait, du travail accompli, le goût du bel ouvrage, puisque Guillaume n'a jamais rechigné à poursuivre ce but absolument louable qu'était d'honorer les nombreuses filles qui lui couraient après. (Rires.) Il est d'ailleurs allé pour cela jusqu'aux Etats-Unis, pour satisfaire enfin la dernière en date, celle qui je crois partage sa vie maintenant, enfin je ne voudrais pas être trop indiscret... (Rires.) ...raison pour laquelle je m'arrêterai là. (Rires.) J'ai évidemment l'air de vous choquer, je vois des sourires bien malicieux dans cette salle.
Non, plus sérieusement je voudrais vraiment saluer Guillaume pour tout ce qu'il apporte au PDC, pour nous avoir permis notamment de reconquérir un siège en Ville de Genève, pour de nombreux projets qui ont fait avancer ce canton, et notamment pour sa défense - on en parlait pas plus tard qu'hier - du système fiscal genevois qui, pour nous, est indispensable, évidemment toujours perfectible. Guillaume est non seulement un connaisseur mais est évidemment extrêmement expérimenté dans ce domaine, son parcours professionnel en tant qu'avocat dans une des plus prestigieuses études de Suisse l'a démontré jusqu'à son élection. Voilà, Guillaume merci, et puis bon vent, et je ne doute pas une seconde que tu porteras haut et fort les couleurs du PDC et du centre droit au Conseil administratif. Je te souhaite bon courage, et merci d'avoir partagé un peu de ton temps sur les bancs du Grand Conseil. (Applaudissements.)
M. Christian Bavarel (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, cher Guillaume, c'est vrai que nous avons rarement été d'accord, à part dans la défense des cyclistes et des rues piétonnes en Ville de Genève; il se trouve que c'est aussi l'une des raisons pour lesquelles tu as été élu au Conseil administratif. (Commentaires.) Mais je me rappelle surtout, moi, du jeune avocat encore stagiaire qui est arrivé ici, et qui n'avait pas de chance car il avait son patron dans la salle, pas sur les mêmes bancs que lui. Et je me rappelle très très bien d'un objet pour lequel Guillaume avait dû faire le rapport de minorité qui était le sien, mais pour lequel il avait dû faire aussi le rapport de majorité pour son patron... (Rires.) ...qui s'était assis en face de lui et qui avait regardé, par là, si c'était un avocat crédible ou pas. Et je dois dire que les deux rapports étaient très bien rédigés, on aurait pu croire que c'était son patron qui les avait faits, mais on savait nous, dans la salle, que c'était Guillaume qui les avait écrits.
Je me rappelle aussi de Guillaume quand nous étions partis du côté de Valence, à l'époque où il y avait Alinghi - moi je représentais la Sgipa, qui s'occupe de personnes en situation d'handicap. On était avec différents milieux économiques genevois, et le but était de pouvoir montrer que l'arc lémanique était une région où se développaient aussi des technologies de pointe, et que les ateliers protégés étaient partie prenante dans cette aventure. Dans le cas d'Alinghi, il se trouve que la Sgipa avait fait les maquettes des bateaux. Mais ce qui m'avait marqué à ce moment-là, c'était de voir que Guillaume avait un goût vestimentaire extrêmement particulier - je le vois sourire. On avait fait des emplettes et j'avais pu observer cette application qu'il avait à choisir des pulls qui ne pouvaient séduire que des belles-mères... (Rires.) ...la belle-mère idéale, d'ailleurs à tel point que le matin on s'était demandé s'il n'avait pas une ou deux belles-mères accrochées à son pull, au petit-déjeuner. Je crois que ce pull il n'a jamais osé le porter... (Rires.) ...parce qu'on s'était fichu de lui du début jusqu'à la fin. Mais je dois dire...
M. Guillaume Barazzone. Je te l'offre !
M. Christian Bavarel. Volontiers, ça me fera plaisir, celui-là il finira au mur chez moi ! Je dois dire aussi, plus sérieusement, que j'ai vu récemment Guillaume prendre un cours de politique à la buvette. On croit toujours que la buvette ne sert à rien, mais au moment où il fallait se décider pour les élections, pendant une séance du Grand Conseil, nous avons vu revenir un vieux député PDC, et je dois dire qu'il y a un moment où on a tous pris un peu de distance et où on a écouté le vieux maître donner un cours de politique à Guillaume et lui expliquer pourquoi il devait être candidat au Conseil administratif de la Ville de Genève. Je sais qu'il y a eu d'autres facteurs qui l'ont poussé à cette décision, mais, à ce moment-là, dans cette buvette-là, on a eu un cours de politique comme nous en avons eu peu. Nous avons vu notre ancien collègue, Claude Blanc, redescendre de Meyrin pour s'occuper des choses importantes, et je dois dire que j'ai rarement vu quelqu'un prendre un cours de politique de cette ampleur. C'est dire que parfois la buvette du Grand Conseil sert à autre chose que s'envoyer des seaux d'eau, ça peut aussi déterminer des carrières. Donc Guillaume, du côté des Verts nous te souhaitons d'avoir énormément de plaisir en Ville de Genève et de continuer ton travail au service des Genevois. Merci. (Applaudissements.)
M. Patrick Saudan (R). Cher Guillaume... (Rires.) Moi, personnellement, je me fais du souci pour toi. Je me fais vraiment du souci pour toi. C'est dur de faire l'hommage d'un wonderking de la politique: conseiller municipal à 21 ans, député au Grand Conseil à 23 ans, conseiller administratif à 30 ans... Moi je crois que tu n'as qu'une solution, c'est de franchir rapidement les Alpes si tu veux postuler à la présidence de l'Union européenne à 40 ans ! (Rires.) Parce qu'avec un tel parcours, hyperbolique, exponentiel, tu n'as pas d'autre choix !
Alors moi je ne vais pas faire le panégyrique de toutes tes initiatives politiques parce que généralement tu t'en charges très bien tout seul... (Rires.) ...et tu le fais à merveille. Mais j'ai quand même relevé que, pour «Le Courrier» tu étais le gendre idéal, le profil parfait. Alors je ne vais pas revenir sur ce qu'a dit ton ami Vincent... (Rires.) ...mais en tout cas moi, politiquement - je parle en mon nom, hein, je ne peux pas engager tout le groupe radical - politiquement je me pacse avec toi ! (Rires.) Je l'avoue, parce que tes idées sur le type d'économie qui doit prévaloir dans notre société ou tes idées sur les problèmes de société sont aussi mes idées. Donc je n'ai aucun problème à ce niveau-là.
Voilà, alors on doit bientôt prendre congé de toi, on va te regretter. Est-ce que tu seras le nouveau Kurt Furgler lémanique ? Je crois que c'est tout le mal que te souhaite le groupe radical. A bientôt Guillaume. (Applaudissements.)
Une voix. Bravo.
Mme Fabienne Gautier (L). Cher Guillaume, il m'a été donné l'honneur aujourd'hui, par mon chef de groupe, de te rendre cet hommage; puisque j'étais ta responsable de campagne, c'est peut-être un petit peu de ma faute si tu nous quittes. Tu as été brillamment élu au Conseil administratif, en portant fièrement les couleurs PLR jointes à celles du PDC, et nous te félicitons pour cela. Guillaume, tu es définitivement PLR-compatible mais tu ne lui es en tous les cas pas inféodé. Nous gagnons un brillant conseiller administratif mais ton départ est une perte pour le Grand Conseil, particulièrement pour les femmes de ce bac à sable - pour utiliser le nouveau langage masculin - car nous perdons certainement l'un des plus sexy... (Exclamations.) ...éléments de cette salle ! (Applaudissements.)
Pour parler un petit peu de ce que tu as fait, tu as déposé des projets de lois qui me tiennent à coeur et desquels je suis proche - tu connais mes affinités avec les milieux économiques - notamment celui de la vidéosurveillance. On en a encore parlé dans la presse aujourd'hui, tu sais que le commerce genevois soutient la vidéosurveillance, projet de loi que tu avais déposé. Pour faire honneur à tes couleurs PDC, tu as aussi déposé un projet de loi sur la baisse des impôts pour les familles. Je le salue, nous le saluons, car effectivement vous êtes le parti de la famille et il ne faut pas charger ces dernières si on veut qu'elles continuent à avoir des enfants, et plus que 1.9 - je crois que c'est le taux moyen - car on aimerait bien les voir s'agrandir. Ensuite, pour être plus proche des commerçants, tu leur as permis - à ceux qui sont propriétaires de leur commerce ou aux gérants pour les sociétés anonymes - de travailler le dimanche. Tu leur as permis d'ouvrir, sans personnel naturellement, mais c'est un plus que tu leur as offert. Et enfin ton fameux projet de loi JEDI, qui pousse des start-up à voir le jour et leur permet une défiscalisation à leur naissance pendant quelques années.
On te félicite donc pour tout ce que tu fais, ce que tu as fait et ce que tu vas continuer à faire pour l'économie, parce que je pense que c'est quand même quelque chose d'important pour Genève et pour son développement. Pour le PLR, Guillaume, tu es sans aucun doute notre Lex Skywalker, celui qui va lutter contre les étoiles rouges. Nous te souhaitons bon vent, bon succès dans ta nouvelle mission de conseiller administratif. Merci pour ce que tu fais pour nous. (Applaudissements.)
Mme Loly Bolay (S). La première image que j'ai de Guillaume Barazzone c'est quand il est venu à la commission législative. J'étais tout étonnée parce que le commissaire de la commission législative était Pascal Pétroz. Alors on était tristes parce qu'à la commission législative, pendant des années, on avait une pratique: celui qui arrivait en retard devait payer 20 F. Naturellement, c'était toujours Pascal. Et alors, une fois par année, on se payait un de ces gueuletons ! On était contents. Quand on a vu débarquer Barazzone, on s'est dit qu'il remplaçait peut-être Pétroz, qu'il y avait un problème. J'ai demandé à Pascal, il m'a dit: «Tu ne peux pas savoir, il voulait la commission législative, au caucus il n'a rien lâché !» Et alors maintenant, les repas ? C'est fini ! Donc je t'en veux quand même un peu pour ça, je t'en veux quand même un peu. (Rires.)
Ensuite j'ai siégé avec toi à la commission ad hoc justice 2011. J'ai beaucoup apprécié de travailler avec toi, quoique, parfois, tu étais un peu un courant d'air. Un gentil courant d'air. Maintenant tu pars définitivement dans un collège de formation de très fortes têtes qu'est la Ville de Genève. Alors je serai brève pour te dire courage, et tout de bon pour la suite. Merci Guillaume. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Madame la députée. Je salue à la tribune notre ancien collègue député Thierry Apothéloz. (Applaudissements.)