Séance du
jeudi 15 novembre 2012 à
17h
57e
législature -
4e
année -
1re
session -
1re
séance
RD 949
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous avons reçu une lettre de M. François Gillet nous informant de sa décision de démissionner de son mandat de député à l'issue de la présente séance. Je prie M. le député Forte de bien vouloir nous lire le courrier 3138. (Applaudissements à l'issue de la lecture.)
Le président. Il est pris acte de cette démission.
M. François Gillet a siégé dans notre Grand Conseil pendant sept ans. Elu en 2005 sur la liste du parti démocrate-chrétien, il a été réélu en 2009. Durant son mandat, M. Gillet a assumé la présidence des commissions de l'enseignement, de l'environnement et des transports. Il a en outre participé aux travaux de la commission de l'énergie et fut membre de la commission de l'environnement du Comité régional franco-genevois.
M. Gillet s'est particulièrement investi dans les domaines de l'énergie, de l'éducation et des transports en favorisant l'adoption de solutions consensuelles. Il s'est aussi engagé en faveur des jeunes et de la culture par le biais de motions pour lutter contre le chômage ou encourager le sport et la musique, motions qui furent toutes adoptées et renvoyées au Conseil d'Etat. On relèvera encore qu'il fut l'auteur d'une motion visant à construire des gratte-ciel à la Praille.
Désigné récemment par le Conseil d'Etat comme membre du conseil d'administration des Services industriels de Genève, M. Gillet a choisi de renoncer à son mandat de député.
Je passe maintenant la parole à Mme Marie Salima Moyard.
Mme Marie Salima Moyard (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, cher François, c'est un député du centre mais surtout un député central de ce Grand Conseil qui nous quitte ce soir.
Ayant partagé avec lui trois des quatre commissions où il a siégé jusqu'à aujourd'hui - comme vous l'avez rappelé, Monsieur le président - à savoir celles de l'enseignement, de l'environnement et de l'énergie, j'ai toujours pu considérer François Gillet comme un député consciencieux, travailleur, appliqué et surtout, loin des effets d'annonce, allant au coeur des dossiers, qu'il a maîtrisés à merveille. Député engagé, il a toujours cherché le consensus au-delà des clivages politiques pour faire avancer de grands dossiers, parmi lesquels je ne citerai que la loi sur le cycle d'orientation, la loi sur les gravières ou encore celle sur les chiens.
Toujours consensuel, François Gillet ? Certes non, quand il a défendu par exemple le contreprojet sur la petite enfance contre l'initiative rose-verte.
Toujours aligné sur le PLR, François Gillet ? Pas toujours non plus. On repensera à la centrale chaleur-force contre l'avis des radicaux ou à la position de son parti - le PDC - sur l'IN 145 socialiste pour les allocations familiales acceptée par ce Grand Conseil.
Car François Gillet est bien dans son parti, travaillant avec tous les bords, même s'il a parfois été considéré comme étant trop à gauche par le PLR, et quelquefois trop à droite par les socialistes. Quoi de plus normal, il est PDC !
Mais au-delà de la boutade, et ayant été tour à tour chef de groupe et président de son parti, François Gillet aura également su fonder des positions politiques globales et larges sur un travail de fond de qualité, en les transmettant dans cette salle ou à l'extérieur sans aucune agressivité mais avec calme et respect de l'adversaire politique.
François, tu nous quittes aujourd'hui et tu vas nous manquer, mais c'est pour une bonne cause - que j'ai largement partagée avec toi - celle de faire continuer à avancer les SIG sur le chemin des économies d'énergie et des énergies renouvelables en intégrant aujourd'hui leur conseil d'administration.
Au nom du groupe socialiste, je te dis merci pour tout ce que tu as apporté à ce Grand Conseil et te souhaite bon vent sous d'autres cieux, mais toujours dans l'intérêt de la république, comme enseignant toujours, comme député hier, comme gestionnaire d'une grande régie publique demain.
Tout de bon pour la suite, François ! (Applaudissements.)
Mme Nathalie Fontanet (L). Mesdames et Messieurs les députés, cher François, le groupe libéral gardera un souvenir ému de nos collaborations et un souvenir peut-être un peu plus différent des sujets sur lesquels nous n'avons pas partagé les mêmes positions, notamment l'IN 144, mais également l'initiative sur les allocations familiales qui, comme tu le sais, nous est restée passablement en travers de la gorge. Mais ce que l'on retiendra surtout de toi, cher François, c'est qu'il est possible de travailler avec toi, qu'il est possible de négocier avec toi et que, même si nous ne sommes pas toujours d'accord, eh bien tu es un homme loyal: les débats ont toujours été loyaux, sans jamais d'attaques personnelles, et il n'y a jamais eu de différends autres que sur des idées, et c'est finalement ce qui fait le plaisir de faire de la politique ensemble, parce que débattre d'idées de façon loyale est toujours très intéressant.
Nous regretterons aussi évidemment ton rôle extrêmement important à la commission de l'enseignement, de l'éducation, de la culture et du sport, où tu as fait beaucoup en matière de petite enfance - et là, avec les libéraux et les radicaux, ce dont nous sommes extrêmement satisfaits - mais également dans le domaine de l'enseignement, au niveau du cycle d'orientation.
S'agissant de la commission de l'énergie, je crois que nous avons souvent été d'accord. Il est évident que, aux transports, les choses ont été un tout petit peu plus difficiles, la vision du PDC ne correspondant pas toujours à celle des libéraux, notamment en matière de pistes cyclables, mais là également les débats sont toujours restés très loyaux et nous avons eu beaucoup de plaisir à travailler avec toi.
Cher François, nous te souhaitons beaucoup de bonheur dans tes fonctions à venir et nous te regretterons, nonobstant le fait que nous n'avons pas toujours été d'accord avec toi. A bientôt, François ! (Applaudissements.)
M. Charles Selleger (R). Monsieur le président, vous me permettrez, en dérogation aux règles habituelles de notre Conseil, de m'adresser directement au député Gillet.
Cher François, je ne ferai pas le panégyrique de ton engagement décisif dans des dossiers que je n'ai pas directement connus, à savoir la réforme du cycle d'orientation et l'adaptation de la loi sur l'énergie afin de réduire l'utilisation des énergies non renouvelables. D'autres l'ont fait ou le feront mieux que moi. En revanche, j'ai pleinement pris conscience de tes grandes qualités dans le dossier ô combien complexe et important de la petite enfance. Ayant pris le train en marche lorsque je suis arrivé à la commission de l'enseignement en 2009, j'ai eu la chance de pouvoir lire ton rapport sur les trois motions qui ont débouché sur la motion 1952. Ce rapport démontre ta connaissance du dossier et révèle tes capacités d'analyse et de synthèse.
En commission comme en plénière, tes interventions ont toujours été marquées par l'expression de tes qualités humaines, que je résumerai de la manière suivante: capacité d'écoute, respect des opinions des autres, même celles de tes opposants, calme imperturbable, consensualité - cela a été abondamment relevé avant moi - pragmatisme et souci de l'intérêt général. En plus de ces qualités humaines, je te connais des qualités sportives, dont tu as fait preuve par exemple lorsque tu as participé avec bonheur à l'équipe de football du Grand Conseil.
Enfin, j'aimerais quand même relever ta capacité à faire des grands écarts, notamment lors de ton discours sur l'IN 145. J'ai beaucoup apprécié, et d'aucuns pourront relire dans le Mémorial cette intervention mémorable.
Ton départ, cher François, va créer un grand vide à la commission de l'enseignement, qui vient de rouvrir le dossier de la petite enfance dans lequel tu es très très impliqué. Tu en étais la mémoire vivante et, je dirais, l'un des rouages essentiels. Notre groupe te souhaite, cher François, plein succès dans tes nouvelles activités. (Applaudissements.)
M. Hugo Zbinden (Ve). Cher François, quand on était jeunes, on disait: «Only the good die young.» Ce soir, j'ai envie de dire au Grand Conseil: «Seuls les bons démissionnent !» C'est dommage, pas seulement parce que les mauvais ne démissionnent pas... (Rires.) ...mais parce que ce soir, effectivement, on perd un excellent député et collègue.
J'ai commencé au Grand Conseil en même temps que François et j'ai eu la chance de tomber sur lui dans les deux commissions dans lesquelles je siégeais, à savoir la commission des transports et celle de l'énergie. Et je peux vous dire que, quand on débarque dans cette commission des transports qui est, comment dirais-je, une espèce de champ de bataille de cette guerre des transports, si en face on trouve quelqu'un qui ne vous attaque pas tout de suite mais qui vous écoute... Parce qu'effectivement François a cette capacité d'écoute; il va donc vous écouter et dire: «Oui, oui, tu as raison, quoique... Mais enfin, euh... on a quand même besoin de cette traversée de la rade !» (Rires.) C'est juste pour dire qu'on n'était pas toujours d'accord ! Mais François a aussi la grande capacité de pouvoir changer d'avis: maintenant il n'est plus pour la traversée de la rade mais pour la traversée du lac... (Rires.)
En outre, il est devenu carrément cycliste au fil des années, et nous les Verts avons évidemment beaucoup apprécié son engagement pour l'IN 144 - et celui de tout son groupe, d'ailleurs.
Au niveau plus personnel, François, le meilleur souvenir que je garde, c'est quand même celui de notre collaboration en commission de l'énergie lors du traitement de la nouvelle loi sur l'énergie, où ta contribution à l'élaboration du compromis qu'on a trouvé a vraiment été essentielle. D'ailleurs, on a ensuite non seulement gagné la majorité au Grand Conseil, mais le peuple a lui aussi voté pour ce nouveau projet de loi. Les Verts te remercient donc de ton grand travail et de ton amitié, et on espère te revoir au plus vite. Ce ne sera vraisemblablement pas au sein de cette salle du Grand Conseil, puisque tu es l'un des seuls démocrates-chrétiens à ne pas être candidat au Conseil d'Etat... (Rires. Applaudissements.) ...mais on trouvera sûrement une autre occasion. Bonne chance pour la suite ! (Applaudissements.)
M. Eric Leyvraz (UDC). Cher François, j'ai eu le plaisir de siéger avec toi au sein des commissions de l'environnement et de l'énergie. Entre le PDC et l'UDC ce n'est pas toujours l'amour parfait, bien entendu, mais j'ai reconnu en toi des qualités qui sont tout à fait exceptionnelles et qu'on aimerait rencontrer plus souvent, c'est-à-dire l'écoute, la politesse et le calme. On peut donc très bien défendre ses idées avec politesse et calme mais de façon énergique, et c'est ce que tu as fait notamment à la commission de l'énergie, où tu as pu prouver, avec les autres membres de cette commission, que l'on était capable de travailler pour la république tous ensemble, en se mettant d'accord et en mettant sur pied une loi sur l'énergie qui est certainement en Suisse la plus moderne et l'une des meilleures lois qui soit maintenant pour l'environnement et les énergies renouvelables. Alors je te remercie de ce travail particulièrement, ainsi que de ton rapport qui était lui aussi tout à fait remarquable; grâce à cela je pense qu'on a fait un bon pas en avant.
Moi j'ai le plaisir de te dire bonne chance pour la suite, mais surtout le plaisir de siéger avec toi au conseil d'administration des Services industriels de Genève, ce qui fait que nous pourrons continuer à travailler ensemble sur un sujet qui nous intéresse, l'énergie. Le groupe UDC te souhaite une excellente suite ! (Applaudissements.)
M. Philippe Morel (PDC). Monsieur le président, chers collègues députés, cher François, aujourd'hui je voudrais être l'auteur d'une motion invitant le Conseil d'Etat à réfléchir à la possibilité de pérenniser de manière indéfinie comme députés au Grand Conseil les individus dont la valeur, l'expérience, l'amabilité et l'humanité font qu'ils sont indispensables, afin que dans les situations difficiles, les conflits et les divergences de vues une solution soit trouvée qui satisfasse les différentes parties et les habitants de Genève.
Tu l'as compris, cher François, tu serais dans mon esprit aujourd'hui l'exemple numéro 1 que l'on pourrait donner pour justifier une telle motion, ainsi que le dépôt éventuel d'un projet de loi ultérieurement. Avec cet exemple, avec ton nom comme bénéficiaire, je suis certain que ma motion serait massivement votée et que le projet de loi serait vite déposé. Ce dernier devrait également envisager que les personnes présentant les qualités décrites dans la motion se voient condamnées à les garder à travers le temps, à les perpétuer et à les diffuser au sein de leur parti. Dans ce projet de loi, on ajouterait bien sûr l'indispensable respect de l'autre, l'ouverture d'esprit et l'appréhension complète des problèmes comme des caractéristiques indispensables pour les heureux élus. On mentionnerait encore que le député doit travailler et que, au prix de ce travail, il devrait être respecté par les autres. Le cadre de ce projet de loi, mon cher François, te correspondrait parfaitement, et à nouveau cette loi pourrait certainement être votée sans référendum et sans polémique.
Aujourd'hui, cependant, je me bornerai à une simple interpellation à nos autorités, au Conseil d'Etat, dont l'unique question - puisque c'est la règle pour une interpellation - serait la suivante: mesurez-vous, Mesdames et Messieurs les conseillères et conseillers d'Etat, l'importance de la perte que nous allons subir aujourd'hui avec le départ du député François Gillet ?
Cher François, au-delà de ces propositions législatives, au-delà de ta qualité unanimement reconnue de député, je voudrais saluer en toi l'être humain à l'intelligence perspicace, à la générosité d'esprit, à l'ouverture intellectuelle et à la disponibilité si appréciables. Hier encore, à la commission de l'enseignement, tu nous as démontré que, jusqu'à la dernière minute, tu étais préoccupé du fonctionnement de nos institutions; tu nous as fait part de ton souci de les mettre au service de nos concitoyens et de ton attachement aux détails, détails si importants dans les textes que nous métabolisons.
Sur le plan personnel, mon cher François, je te suis infiniment reconnaissant de ce que tu m'as appris, de ce que tu m'as donné et de l'exemple parlementaire que tu as constitué pour moi. A bientôt, François ! (Applaudissements. M. François Gillet se retourne et donne l'accolade à M. Philippe Morel.)
Mme Anne-Marie von Arx-Vernon (PDC). Vous voyez, Mesdames et Messieurs, chers collègues, qu'il y a la parité au parti démocrate-chrétien... (Commentaires.) Cher François, il m'est difficile de faire ton hommage au nom du groupe démocrate-chrétien, parce que je n'aurais pas voulu que tu démissionnes, même si je me réjouis tout particulièrement - vous l'aurez compris - que Béatrice Hirsch prête serment tout prochainement.
Mais c'est un plaisir et un honneur pour moi de relever les grandes compétences et les immenses qualités qui ont été les tiennes durant tout le temps où tu as été notre collègue. D'autres les ont déjà évoquées, ces qualités sont la rigueur, le sérieux, la recherche permanente de consensus ainsi que ta capacité à écouter et à prendre en considération tous les avis avec respect et attention, mais ce n'est rien en regard de ta bienveillance, de ta gentillesse, de ta courtoisie et de ton soutien sans faille envers tes collègues. Et ça c'est extraordinaire, c'est quelque chose d'extrêmement important et que tu as pu incarner de manière magnifique.
Alors c'est en t'exprimant toute notre reconnaissance pour tout ce que tu as fait et tout ce que tu as été que nous te disons au revoir comme député, mais à très bientôt comme ami. Cher François, à très très bientôt ! (Applaudissements.) Et pour casser les clichés, c'est mon collègue qui offre les fleurs à François, et moi la bouteille ! (Rires. Applaudissements. M. Philippe Morel offre un bouquet de fleurs à M. François Gillet, qui lui donne l'accolade, puis Mme Anne-Marie von Arx-Vernon embrasse M. François Gillet et lui remet une bouteille.)
Le président. Monsieur le député François Gillet, cher François, je voudrais te dire très sobrement, en paraphrasant un philosophe français qui relevait que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée, que je crois que, à ta naissance, à ton baptême et à ta communion, tu as été largement servi. Merci ! (Applaudissements.) Le Grand Conseil forme ses voeux les meilleurs pour la suite de tes activités et nous te remettons avec plaisir, fidèles à la tradition, un stylo souvenir. (Longs applaudissements. M. François Gillet salue les conseillers d'Etat, donne l'accolade au président, descendu du perchoir pour lui remettre le stylo souvenir, puis embrasse les différents députés qui se sont exprimés.)