Séance du
jeudi 11 octobre 2012 à
17h
57e
législature -
3e
année -
12e
session -
66e
séance
RD 942
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous avons reçu une lettre de M. Claude Aubert nous informant de sa décision de démissionner de son mandat de député à l'issue de la présente séance. Je prie M. le député Droin de bien vouloir nous lire le courrier 3124. (Applaudissements à l'issue de la lecture.)
Le président. Il est pris acte de cette démission.
M. Claude Aubert a siégé dans notre Grand Conseil pendant près de onze ans. Elu pour la première fois en 2001 sur la liste du parti libéral, il a été réélu en 2005 et en 2009. Au cours de son mandat, il a assumé la présidence des commissions de l'enseignement, de la santé et de l'enseignement supérieur. Il a en outre participé aux travaux des commissions des pétitions, des affaires communales, des visiteurs officiels et de réexamen en matière de naturalisation. Il s'est également investi dans la collaboration intercantonale, notamment comme délégué au sein de la commission transfrontalière. Il a de plus fait partie de la délégation de contrôle des HES-SO et HES-S2. Dans le cadre de ces différentes commissions, M. Aubert a rédigé un grand nombre de rapports.
Fin connaisseur du monde médical, M. Aubert a suivi attentivement son fonctionnement, n'hésitant pas à exercer la haute surveillance du parlement au travers d'interpellations urgentes et de questions écrites. Il a également appelé de ses voeux par une motion une meilleure transparence des caisses maladie. Claude Aubert a aussi contribué au traitement plus rapide des pétitions par un projet de loi dont nous avons pu voir les effets tangibles au cours de ces dernières années.
A titre personnel, Claude, comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire en commission de l'enseignement, j'ai toujours vivement apprécié votre contribution lors des séances de commission où nous siégions ensemble. Le Grand Conseil se verra privé d'un excellent député aux avis pondérés et toujours pertinents.
Pour reprendre la conclusion de votre lettre, je me permets de vous dire «adieu», au sens genevois du terme, car vous serez toujours le bienvenu dans la proximité immédiate de notre salle des débats.
Je vous souhaite de profiter à loisir du nouveau «palier» que vous venez de franchir et le Grand Conseil s'associe à moi pour former nos voeux les meilleurs pour la suite de vos activités. J'ai le plaisir de vous remettre, fidèle à la tradition, un stylo souvenir. Un hommage vous sera rendu par vos collègues après la remise de ce cadeau. (Applaudissements. Le président descend de l'estrade, donne l'accolade à M. Claude Aubert et lui remet le stylo souvenir.)
M. Ivan Slatkine (L). Cher Claude, élu en 2001 sur la liste libérale, réélu avec succès en 2005 puis en 2009, tu fais aujourd'hui partie des anciens de notre grande école. En onze ans, tu as fait le tour de la cour de récréation, tu as passé à travers presque toutes les classes, tu as fréquenté tous les élèves, et je dois dire que tu as été un excellent camarade de jeu. Attentif, discipliné, à l'écoute de tes camarades, tu as toujours su amener ce petit plus dans nos longs débats. Ton avis éclairé a permis à notre groupe de retrouver son chemin quand il s'égarait dans de hasardeuses discussions, nous rappelant souvent par la métaphore les choses simples de la vie. Humaniste, tu as toujours défendu des valeurs nobles, qui sont celles qui devraient guider tous les bons élèves de notre grande école. Ce n'est donc pas par hasard que je t'ai demandé, de 2007 à 2009, de m'assister dans la fonction de délégué de la classe bleue, la classe des libéraux. Je me souviens de nos petits déjeuners du mardi matin où, autour d'un café et d'un croissant, nous arrivions en moins d'une heure, avec notre camarade Alain, à passer en revue l'ensemble de nos tâches mensuelles de manière studieuse et efficace. Mais à chaque fois, l'heure du caucus venue, nous nous étonnions de l'indiscipline qui pouvait régner dans notre groupe et du temps incroyable qu'il fallait pour terminer nos devoirs. C'est un peu en qualité de grand frère que tu intervenais pour remettre de l'ordre dans nos échanges passionnés mais trop dilués, et je dois dire que tu me fus d'une très grande aide durant cette période chahutée mais ô combien passionnante.
Et il me restera aussi en souvenir ton sens de la discipline et ton intransigeance face aux fumeurs que certains d'entre nous étions. Sans jamais te fâcher, tu as su nous faire comprendre ce que signifiait le terme «respect», avec toute la psychologie qui est la tienne. Bravo, car cela n'était pas gagné d'avance, avec des enfants terribles comme nous autres les libéraux.
Cher Claude, pour conclure, je dirai que tu as été non seulement un excellent élève, mais qu'au surplus tu as été un camarade de classe apprécié tant en interne qu'au niveau des autres classes de notre grande école. Grâce à l'ensemble de tes qualités, tu as non seulement permis à notre groupe de vivre dans la meilleure harmonie, mais tu as aussi contribué au rayonnement de notre république. Un grand merci à toi pour ton engagement sans faille.
Enfin, sache, cher Claude, que grâce à toi je comprends mieux aujourd'hui le sens de ce proverbe chinois: «On reconnaît un oiseau en écoutant son chant, on reconnaît un homme en écoutant ce qu'il dit.» Cher Claude, au nom du groupe libéral, je te souhaite le meilleur pour les années à venir, après ces onze années baignées dans la grande école de la politique et qui furent, à n'en point douter, une belle école de la vie. (Applaudissements. M. Ivan Slatkine donne l'accolade à M. Claude Aubert.)
M. Patrick Saudan (R). Cher Claude, au nom de mes collègues du groupe radical, j'aimerais te remercier pour ce que tu as fait durant toutes ces années passées sur les bancs de ce cénacle. J'ai eu la chance de te côtoyer dans deux commissions et j'ai pu t'apprécier et estimer tes qualités, des qualités qui sont essentielles pour être un bon parlementaire. Si je ne devais en citer que trois, je dirais que ces qualités sont la clarté, la courtoisie et la constance. La clarté, parce que tes propos sont toujours très clairs et que tu as fait tienne la devise selon laquelle ce qui s'énonce clairement se comprend aisément. La courtoisie, parce que tu es un parlementaire à dix mille lieues des gesticulations ou des vociférations qui trop souvent parsèment certains discours de tes collègues. Et cette courtoisie que tu manifestes dans toutes tes interpellations, je ne crois pas qu'elle soit simplement le reflet de ta bonne éducation: c'est aussi le témoignage de l'affection profonde que tu portes au genre humain, même si je pense que tu es sceptique sur sa capacité à se transcender. Quant à la constance, elle te caractérise parce que tu es toujours resté fidèle à tes idées. Tu as toujours défendu les valeurs de ta famille politique et tu les as toujours exprimées avec conviction. Et un parlementaire qui s'exprime clairement, qui reste courtois avec ses interlocuteurs, même quand ce sont des contradicteurs, et qui a des convictions fermes, c'est un parlementaire qu'on écoute. Du reste, dans les commissions où nous avons eu la chance de siéger ensemble, j'ai toujours été frappé de voir - comme l'a dit Ivan - que chaque fois que tu prenais la parole, les membres de l'exécutif, les hauts fonctionnaires et tes pairs prêtaient toujours une attention particulière à tes propos.
Je vais bientôt arrêter ce panégyrique, parce que c'est peut-être dur pour toi et que je ne veux pas être un thuriféraire trop zélé. J'aimerais cependant mentionner encore un mérite, qui n'est pas le moindre, mais qui n'est peut-être pas si évident, c'est celui au sein de ta famille politique: elle est caractérisée, comme tu le sais, par de très fortes personnalités et des égos très affirmés, et je pense que ta formation de thérapeute de famille a dû éviter pas mal de scènes de cannibalisme ! (Rires.)
Cher Claude, tu es le fils d'une vieille famille protestante genevoise, alors je pense que tu crois à la prédestination; j'ai donc trouvé un quatrain d'un auteur que tu affectionnes particulièrement, Omar Khayyam, et qui illustre un peu l'attitude que nous devrions tous avoir dans la vie:
«Amuse-toi ! D'avance on régla ton destin
En marquant pour tes voeux un mépris souverain.
Vis donc joyeux ! Hier, sans que tu le demandes,
On a déjà fixé tes actes de demain.»
Alors, cher Claude, profite de la vie, merci pour tout et j'espère que l'on te reverra dans d'autres cénacles. (Applaudissements. M. Claude Aubert serre la main de M. Patrick Saudan.)
M. Christian Bavarel (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, rencontrer Claude Aubert a permis à nous les Verts de rencontrer le libéralisme à l'ancienne. Si, si, je vous promets, à une époque le libéralisme croyait à la liberté - mais c'était il y a longtemps - croyait à la responsabilité individuelle, valeur aujourd'hui totalement dépassée, et croyait qu'il fallait juger l'être humain sur ce qu'il fait, ce qu'il est, et non pas sur ses apparences, ses origines ou son passeport. C'était il y a très très longtemps, on nous l'a dit, on le lisait dans les livres d'histoire, on a su que ces notions avaient été des valeurs du libéralisme et on les cherchait désespérément dans cette salle, alors merci, Claude, de les avoir incarnées.
Et Claude a aussi un autre côté dans la mesure où c'est quelqu'un qui incarne l'une des traditions immatérielles de Genève, à savoir la botanique et l'amour de la botanique; on l'a peu pratiquée dans cette salle mais on en a souvent discuté à la buvette, avec en même temps un amour du jardin. Alors je dois dire que l'on voit que certaines traditions qui semblaient immatérielles sont incarnées et que certains partis qui semblaient avoir disparu existent encore à travers lui. Et je tiens simplement à te remercier, Claude, de m'avoir permis de discuter avec toi et d'évoluer dans mes positions. Mesdames et Messieurs, je vais le regretter, parce que c'est peut-être l'un des derniers libéraux qui s'en va de ce parlement. (Applaudissements.)
M. François Gillet (PDC). Il me revient le plaisir de rendre hommage à Claude Aubert au nom du groupe démocrate-chrétien. Cher Claude, depuis sept ans nous avons le plaisir de travailler ensemble en commission de l'enseignement et je crois que nous avons pu tous apprécier ce que tu appelais tout à l'heure, si j'ai bien entendu, «les mouvements de ton esprit». Effectivement, ces mouvements de ton esprit ont souvent permis de calmer précisément les esprits de la commission de l'enseignement et ont régulièrement amené des solutions qui n'étaient pas forcément envisagées au départ. Toujours empreints de sagesse et de bon sens, tes propos ont permis d'avancer sur des projets importants que nous avons ensemble menés à bien dans cette commission; je pense à la formation professionnelle, à la réforme du cycle d'orientation et, plus récemment, à la petite enfance. A chaque fois, cher Claude, tes interventions - parfois décalées, c'est vrai - ont permis d'amener la petite touche qu'il fallait pour trouver des solutions. Je t'en suis, au nom je crois de la commission, reconnaissant, et je te souhaite bon vent non pas pour la suite de ta carrière politique, parce que j'ai cru comprendre que tu y mettais un terme, mais pour tout ce que tu vas pouvoir encore apporter autour de toi grâce à ta riche personnalité. Cher Claude, merci de tout ce que tu as fait pour ce parlement. (Applaudissements.)
Mme Loly Bolay (S). Cher Claude, je salue ici ton fair-play, puisque, comme tu le dis dans ta lettre, tu laisses la place aux plus jeunes, ce qui est tout à ton honneur.
Figurez-vous, chers collègues, que lorsque je suis sortie de mon caucus lundi soir, il sortait du sien. On s'est rencontrés sous la pluie battante, il est venu vers moi et il y avait dans son regard beaucoup de malice... (Exclamations.) ...mais aussi du bonheur, et surtout du soulagement ! Je comprends, hein, ce soulagement. (Rires.) Cela dit, Claude, lorsque tu siégeais à la commission des visiteurs officiels, je me souviens très bien que lorsqu'il y avait des détenus un peu spéciaux, dirons-nous, tu étais toujours de la partie, parce qu'il y avait ce regard, cette attitude et cette approche professionnelle qui nous étaient si précieux au sein de la commission. Et de nouveau par fair-play, tu as voulu laisser la place à ta camarade Christiane Favre, aujourd'hui présidente, alors que tu aurais pu accéder à cette fonction. Cela dit, nous on adore Christiane, une présidente remarquable et un personnage haut en couleur de la république. Mais à ce moment-là déjà, tu avais ce fair-play.
Alors vois-tu, Claude, moi je suis triste; je suis triste car nous aussi on a besoin de gens comme toi, parce que quand on pète un câble, on aime bien aller vers toi pour te demander ce que l'on doit faire. D'accord, tu es pédopsychiatre, mais on est tous des petits et des grands enfants ! Donc on a toujours besoin de ces conseils. Alors, cher Claude, je te remercie de tout ce que tu as fait et, je le répète, j'ai beaucoup apprécié de siéger avec toi à la commission des visiteurs officiels. Viens nous voir de temps en temps, parce que l'on a toujours besoin d'un petit psychiatre chez soi ! (Rires. Applaudissements.)
Mme Christina Meissner (UDC). Cher Claude, je ne pourrai malheureusement pas parler de toutes ces extraordinaires qualités que tu as parce que, finalement, moi ça ne fait pas si longtemps que je te connais. Mais à l'évidence, après toutes ces magnifiques choses qui ont été dites sur toi, je te regrette déjà, et je regretterai vraiment ces qualités dont nous avons besoin dans notre parlement: écoute attentive, respect, politesse, sagesse, constance, fair-play. Nous avons finalement partagé ensemble pas grand-chose, mais les quelques moments passés en commission interparlementaire dans le train entre Genève et Lausanne m'ont permis de constater que, au-delà de ton intérêt pour la botanique - que j'ignorais - tu avais aussi une oreille attentive pour les gens, pour l'humain en général, et même pour les animaux. Alors tu penses bien que pour toutes ces qualités-là aussi je te dis merci. Bon vent pour la suite, et je suis sûre que, dans toutes tes autres activités, tu jouiras de la même appréciation que celle que nous avons eue de toi ici au parlement - en tout cas que les autres ont à l'évidence eue. Merci à toi, Claude, et bon vent. (Applaudissements.)