Séance du
vendredi 8 juin 2012 à
20h30
57e
législature -
3e
année -
9e
session -
51e
séance
M 2075
Débat
Le président. Nous sommes au point 30, proposition de motion 2075. Elle nous est présentée par M. Pascal Spuhler, à qui je donne la parole. Je rappelle que nous sommes en catégorie II, soit trente minutes de débat.
M. Pascal Spuhler (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, la motion que vous propose ce soir le MCG a pour but de vous décider à prendre des mesures de protection face à la criminalité qui envahit la zone de Cornavin, la gare et ses environs. Cette zone, comme vous le savez, est hautement importante pour Genève, puisque y circulent tous les jours des dizaines de milliers de personnes, qu'il s'agisse de touristes, qu'il s'agisse de pendulaires - qui viennent du canton de Vaud ou d'ailleurs - ou qu'il s'agisse de Genevois qui prennent les TPG et passent par cet endroit, et cela sans parler de nos concitoyens qui habitent dans le secteur. Cette zone est donc hautement importante.
Vous savez comme moi, par les informations fournies par les médias et par les statistiques de la police, que de nombreux criminels agissent dans ce secteur où règnent vols à l'arraché, vols à la tire et autres arnaques de type mafieux. On se rappellera également cet homme qui s'est fait assassiner - il y a quelques mois, en plein jour - d'un coup de pistolet, dans un centre commercial proche de Cornavin, à une heure de grande affluence, ce qui a traumatisé la population des alentours. Evidemment que Cornavin, à proximité des Pâquis, ce n'est pas pour améliorer l'aspect touristique, puisque nous savons également qu'aux Pâquis règnent les dealers et la prostitution. Il est vrai que cette image «de marque» n'est pas excellente pour le tourisme. Toutefois, ce n'est pas une raison pour laisser, dans un climat délétère et ignoré de notre Grand Conseil, cette partie de notre territoire se détériorer davantage.
Je vous demande donc, Mesdames et Messieurs les députés, de décider de prendre des sanctions de prévention au sujet de Cornavin. En effet, il y a déjà longtemps que nous aurions dû adopter des mesures comme l'ont fait d'autres grandes villes, par exemple à Paris ou d'autres villes en France, lesquelles font intervenir des cars de CRS. Bien que nous n'ayons pas de CRS, nous pourrions nous inspirer de ces exemples. Nous devrions pouvoir compter sur une patrouille de police qui se trouverait en permanence sur le site concerné, donc un secteur bien défini, et sa présence préventive dissuaderait tout acte de criminalité. Une telle patrouille doit être présente 24h/24, car ce n'est pas le matin ou le soir que les criminels agissent, c'est bien 24h/24 ! Mesdames et Messieurs, je vous demande donc de faire bon accueil à cette motion, et si vous voulez que l'on puisse en débattre, nous pouvons la renvoyer à la commission de justice. Merci.
M. Michel Forni (PDC). Vous serez peut-être un peu étonnés qu'un médecin intervienne ce soir dans un plan de sécurité. Cette motion pourrait faire penser à un nouvel acte dans le fiasco sécuritaire, qui est un thème bien développé dans ce parlement, tantôt populo, tantôt démagogique, et qui a souvent été utilisé par les ténors, pour faire le coup de sang, et par les stratèges, pour faire le bluff ! Mais, en période électorale, il convient de se remettre à un bon niveau et - loin de critiquer ou de banaliser l'énoncé des faits, et après avoir recouru à une contre-expertise honnête auprès des voyageurs et des employés des CFF - il nous paraît impossible, sur la base de leurs critiques et de leurs craintes, de ne pas illustrer la dangerosité du périmètre de Cornavin. Ce serait une politique dissimulatrice que de se voiler la face et de négliger l'insécurité qui y règne, dans les alentours également.
Nous pouvons faire usage, dans ce parlement, des grands discours, des grandes propositions, mais les discours-écrans ne pardonnent pas l'excès ! Et actuellement, il convient aux groupes politiques mêmes ayant un certain lyrisme éclairé de revenir à une vérité: ce périmètre de Cornavin doit disposer d'actions dissuasives - et ce projet y répond partiellement - mais aussi de mesures d'intervention de la police qui appartiennent à la police ! Cependant, nous ne pouvons pas hésiter à fustiger l'impunité de ceux qui rackettent, qui font peur, qui restent les champions du palmarès de l'insécurité, et il convient, d'autre part, d'activer les tournevis permettant d'obtenir des sanctions. Attention aux statistiques: comme je l'ai déjà dit une fois, on leur fait dire beaucoup de choses; et pour certains, je le répète, la statistique est ce que le réverbère est à l'alcoolique. Dans ces conditions, nombreux sont nos concitoyens qui n'acceptent plus de s'accommoder à une peur, à l'intérieur et à l'extérieur de cette gare, et qui expriment ouvertement leur ras-le-bol face aux stratégies actuelles. Il est vrai que les policiers sont surchargés, il est vrai que la stratégie leur appartient - je l'ai déjà dit et le répète - mais nous, PDC, demandons simplement que cette loi - la loi de la sécurité, la loi de la sécurité de tous les citoyens - soit respectée, qu'il y ait un rétablissement de l'ordre et qu'on vienne à bout de cette insécurité. Cela veut dire qu'il y a bien sûr une police; il y a un état-major de la police, qui a ses responsabilités; il y a les plans d'engagement que tout officier qui a servi notre armée connaît, et ceci ne doit pas changer de l'ordinaire. Il y a donc un scénario de base qui n'est pas du tout transcrit dans ce petit scénario qui nous est proposé ce soir, mais qui exige une riposte proportionnée à ce qui doit exister ! Nous ne demandons pas la tolérance zéro, mais nous n'acceptons pas non plus l'amalgame des critiques ou du petit chaperon rouge. Alors, nous...
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député. !
M. Michel Forni. Merci, Monsieur le président, je conclus. ...nous voulons un calendrier et une proportionnalité: nous voulons que cette police reste notre police, qu'elle soit en mesure de diriger ce qu'il faut faire. Et c'est la raison pour laquelle nous demandons le renvoi à la commission judiciaire, afin de reprendre ce scénario, le mettre au point et l'appliquer ! Merci.
Mme Jacqueline Roiz (Ve). Voilà beaucoup de tapage pour rien de neuf. Cette motion offre une solution qui n'est vraiment pas viable à long terme: elle propose qu'une horde d'agents provenant de services de sécurité privés viennent patrouiller à la gare, genre «rencontre du troisième type»... En fait, elle consiste à repousser le problème ailleurs, dans d'autres quartiers. En gros, elle équivaut à cacher la poussière sous le tapis !
Cette motion part d'un constat plus ou moins objectif de la situation à la gare. J'habite à proximité et j'ai pu observer certains éléments qui, c'est vrai, ne concernent pas seulement les personnes. Par exemple, il y a de la saleté; il y a des restes de bouteilles - ou de mini-cannettes distribuées par les publicitaires à l'intérieur de la gare - il y a aussi les journaux gratuits qui traînent... C'est désagréable. Et il y a aussi la présence de ces gens, des marginaux, qui sont là, et qui restent là. D'un point de vue physique, ils ne sont pas dangereux, mais ils renforcent une sorte de sentiment désagréable, on en convient. Mais on se rend compte aussi que, lorsqu'ils se bousculent, c'est entre eux; ils peuvent nous impressionner parce qu'ils parlent fort. Ils ont aussi une façon de tituber... Bref ! Mais ai-je vu des zizous ? Non ! Ai-je vu, même très tard dans la nuit, des gens avec des couteaux, des gens dangereux, etc. ? Non ! (Brouhaha.) Mais je veux bien croire que cela existe ! Cependant, je suis quand même assez dubitative en lisant les considérants de cette proposition de motion, lesquels dépeignent les lieux comme le pire enfer. Or, à lire les invites de plus près, on se rend compte du flou existant... Et ce n'est pas anodin, puisque ce texte sert finalement à troubler les esprits. Cela permettra à certains d'arriver par la suite, tels des Zorros sur de beaux chevaux, pour sauver la population !... C'est peut-être porteur lors d'une campagne, mais je pense que les Genevois ne seront pas dupes de ce stratagème. Cette motion ne propose donc rien. Rien qui puisse vraiment résoudre les problèmes sociaux, urbanistiques et environnementaux de la zone, problèmes qui conduisent à cette situation ! Et rien de plus que ce que proposent déjà les autorités, avec les moyens qui leurs sont donnés en hommes et en finances. Tant le département que la cheffe de la police travaillent déjà sur plus de présence policière, plus de cohérence entre les différentes fonctions, mais les ressources manquent, là est le problème. Les candidats à une carrière dans la police sont peu nombreux, on le sait; de plus, on les décourage lors d'examens d'entrée. Là, il faudrait peut-être voir avec - je crois que c'est le syndicat de la police qui gère ces examens...
Le président. Il vous faut conclure, Madame la députée !
Mme Jacqueline Roiz. Oui, Monsieur le président. Je pense que si zone de non-droit il y a, c'est près de l'Hôtel de Ville, lorsqu'on y voit des voitures parquées sans être jamais amendées - comme par hasard ! - des voitures de candidats au Conseil d'Etat.
Mme Nathalie Fontanet (L). On vient de voir l'illustration de ce que représente la zone de non-droit pour certains groupes. La zone de non-droit, Mesdames et Messieurs, ce sont les voitures garées devant l'Hôtel-de-Ville ! (Applaudissements.) Je pense que la population appréciera de savoir que ce qui se passe dans le quartier de la gare, à Cornavin, avec, malheureusement, pas seulement certains marginaux qui ne se bousculeraient qu'entre eux, pas seulement certaines personnes qui utilisent des stupéfiants et qui ne seraient pas méchantes vis-à-vis des autres... Mais où vit-on Mesdames et Messieurs ? La gare, et Cornavin, j'y travaille ! Je m'y rends tous les jours ! Malheureusement, de temps en temps, je dois y aller à 7h du matin ! Et je vous assure qu'à 7h du matin, en plein hiver, eh bien on en croise des énergumènes ! Et, les zizous, ils y sont, Madame, je regrette ! - vous transmettrez, Monsieur le président. Ils y sont toute la journée: ils y travaillent ! Le simple risque de se faire voler son porte-monnaie n'est pas le pire qui puisse nous arriver, à la gare... Parce que la gare de Cornavin, comme toutes les gares du monde, réunit une série d'individus qui sont effectivement pour certains d'entre eux seulement des marginaux, pour d'autres des criminels, pour d'autres des délinquants; et nous avons aujourd'hui un réel problème autour de Cornavin, problème qui s'étend et s'amplifie au fil des années.
Peut-être que cela arrange d'aucuns de se dire qu'au moins on sait où se trouvent ces gens-là... Je peux vous dire que la population du quartier, cela ne l'arrange pas ! Il en va de même pour la population qui y travaille. Quant aux touristes, cela les désespère. S'il n'est pas grave pour certains de se faire voler leurs papiers, leur porte-monnaie, voire de se faire agresser, pour d'autres cela a des conséquences plus importantes, notamment psychologiques.
Mesdames et Messieurs, je ne partage pas les invites de cette motion et je ne suis pas persuadée que les solutions proposées soient les meilleures. Mais - en tout cas, et de tous ses voeux - le groupe PLR renverra cette motion à la commission judiciaire, afin de l'étudier, d'examiner ce qu'il est possible de faire et quels sont les moyens pouvant être mis à disposition pour améliorer la situation dans cette zone de non-droit qu'est devenue la gare Cornavin.
Des voix. Bravo ! (Applaudissements.)
M. Patrick Lussi (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, qu'ajouter après ce que vient de dire ma préopinante ? Il s'agit tout à fait des préoccupations du groupe UDC. Permettez-moi - puisque je ne suis pas en campagne électorale - de dire ceci à l'attention des gens qui nous regardent: vous avez pu voir, ce soir, la thématique exacte de la création des dysfonctionnements dans notre canton ! On nous dit que la droite fait des motions qui ne servent à rien, qui ne contiennent pas de solutions... Ce ne sont pas des solutions que nous proposons, ce sont des antidotes ! Antidotes à l'obstruction permanente que vous faites à l'application des lois actuelles, en tenant des propos tels que ceux qu'on a entendus - «Ils ne sont pas méchants; ils ne sont pas ci, ils ne sont pas ça»... Peut-être que les invites de cette motion ne sont pas le canon de ce que vous souhaiteriez, cependant le problème existe, nous ne pouvons pas le nier ! Les habitants en souffrent, ceux qui travaillent en souffrent. C'est la raison pour laquelle le groupe UDC vous invite à renvoyer ce projet de motion en commission.
Mme Lydia Schneider Hausser (S). Mesdames et Messieurs les députés, vous voilà encore devant une personne qui habite une zone de non-droit... et qui ne se porte pas trop mal. Mais on sent bien que, ce soir, le MCG fait mousser son thème principal: l'insécurité. (Commentaires.)
Alors, qu'en est-il de la gare ? Il est vrai qu'on peut parler de crimes de sang, de fréquentation, de prostitution, de tout - voilà, on peut faire un melting-pot. Mais, la gare, c'est aussi autre chose. La gare, c'est une vie, comme dans toutes les gares. Il y a des choses positives - des gens vont prendre leur train, se rencontrent - et il y a des choses négatives. Et comme dans toutes les gares, il y a - Cornavin n'est pas en reste - des problèmes, des problèmes qu'il faut résoudre. Mais ces derniers ne concernent pas seulement les marginaux, les voleurs ou les délinquants, il y a aussi des problèmes d'insécurité qui sont dus aux travaux ayant lieu autour de la gare, de même qu'au mouvement qui en découle, soit de nombreux éléments qui font la gare est en chantier, au sens propre comme au sens figuré.
Mais revenons aux invites. «Mettre en place une patrouille 24h/24»... Mais, Mesdames et Messieurs, il me semble qu'il faut un peu regarder ! Il y a déjà un poste de police à la gare ! Et je puis vous assurer que, des cars de police, il y en a relativement souvent devant la gare ! Passez-y plus souvent pour le constater, mais c'est déjà en route. Là, nous nous référerons au rapport.
Je poursuis: «Faire appel à toutes les forces de sécurité»... (Brouhaha.) Je sais que le MCG est présent dans ce parlement depuis six ans - six ans qu'il dit travailler à la sécurité. Mais alors, vous n'avez pas encore réussi à mobiliser toutes les forces de police ? au niveau municipal ? au niveau cantonal ? Je ne comprends pas. Quant à l'invite suivante, «Informer et diffuser les messages préventifs aux habitants du quartier, aux touristes et aux gens qui transitent à Cornavin [...]», je crois que les gens du quartier savent ce qu'est la gare et ce que c'est que de la traverser. D'autre part, vous citez - dans les considérants - le Quai 9... Heureusement que le Quai 9 est là ! Car on peut aussi faire appel à lui en cas de souci aux alentours de la gare et dans le quartier.
Ce qui est frappant, dans votre motion, c'est qu'elle demande uniquement un arsenal d'uniformes... Qu'il faille intensifier, lors certaines périodes - durant les vacances, lorsqu'il y a beaucoup de monde à la gare - la présence de policiers, c'est une chose, mais...
Le président. Il vous faut conclure, Madame la députée.
Mme Lydia Schneider Hausser. Mais ce qui ne convient pas au parti socialiste, c'est qu'aucun autre programme n'est prévu pour la gare, tel qu'un meilleur accueil - plus convivial - pour les touristes. Quant aux locaux, il y aurait des efforts à faire, soit quelque chose qui ne marquerait pas un sentiment d'insécurité que cette proposition de motion va encore renforcer avec des mesures basées uniquement sur la présence d'uniformes. Pour ces raisons, Mesdames et Messieurs les députés, le parti socialiste ne soutiendra pas cette motion qui est unilatérale... (Brouhaha.) ...et ne tient pas suffisamment compte de la situation beaucoup plus complexe d'une gare telle que Cornavin.
M. Eric Stauffer (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, nos collègues du parti socialiste et des Verts sont au pays des Bisounours ! La seule insécurité, c'est ceux qui se stationnent mal devant l'Hôtel-de-Ville... A la gare, certes, ce sont des jeunes un peu chahuteurs, n'est-ce pas, et tout va bien dans le meilleur des mondes ! C'est pathétique, Mesdames et Messieurs ! Et j'espère - je souhaite sincèrement ! - que des dizaines de milliers de gens regardent ce soir le Grand Conseil sur Léman Bleu ! (Commentaires.) Car venir dire ici qu'il n'y a encore qu'un sentiment d'insécurité... ! Venir exprimer les énormités que l'on vient d'entendre, en disant qu'à Cornavin le poste de police est ouvert 24h/24... C'est faux, il ferme à 2 h. Seul le poste des Pâquis est ouvert 24h/24. Quant au département de la sécurité et de la police, Madame la conseillère d'Etat, je ne vais pas vous complimenter ! Parce que, finalement, vous nous avez inventé Figaro, l'opération Patrol, l'opération Barbe-Blanche, l'opération Mousquetaires... ! Et dernièrement la BAC, la brigade anti-criminalité. Vous savez à quoi ça sert, tout ça ? Cela ne sert à rien ! Parce qu'il s'agit toujours des 450 mêmes individus, qu'on arrête le lundi, qu'on libère le mercredi, qu'on arrête à nouveau le samedi ! Et voilà Genève, voilà la sécurité que l'on veut pour les Genevois !
Finalement, Mesdames et Messieurs, je vais vous dire, il est grand temps de changer ! Et ce changement passe par le peuple, par les bulletins de vote, et par l'élection du 17 juin ! Il y en a assez... (L'orateur est interpellé. Exclamations. Applaudissements.) ...de ce pays des Bisounours ! (Chahut. Le président agite la cloche. Commentaires.)
Une voix. Et le PLR soutient Eric Stauffer ! (Exclamations.)
M. Eric Stauffer. Et je vous remercie, au PLR, de soutenir ma candidature, c'est très appréciable !
Vous avez compris, Mesdames et Messieurs, que finalement Genève doit prendre un virage, doit appliquer la loi, sans haine et sans passion, mais simplement la loi ! Il faut à présent rendre les rues de Genève aux Genevois ! Et ça suffit d'être au pays des Bisounours ! Non, Mesdames et Messieurs les socialistes et les Verts, il n'y a pas un sentiment d'insécurité: il y a de l'insécurité à Genève ! Les statistiques le démontrent, elles sont disponibles sur internet. En ville de Genève, 2011: augmentation de 22%, 40 686 infractions sur la ville de Genève, Mesdames et Messieurs ! Alors ne venez plus nous bassiner avec un «sentiment» d'insécurité ! Et «Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil» ! Vous vivez en dehors des réalités de la population genevoise ! Et j'en appelle au peuple, aujourd'hui, afin de changer la destinée des Genevois le 17 juin ! Merci. (Exclamations. Applaudissements.)
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous sommes dans la salle du Grand Conseil, je vous prierai donc de ne pas manifester comme si vous vous trouviez dans un préau d'école - ou devant le Grand Conseil, pour une manifestation organisée. Je donne la parole au député Jean Romain.
M. Jean Romain (R). Nous avons entendu une stéréophonie rose-verte tout à fait sidérante. Au fond, pour le parti socialiste, il n'y a pas d'agresseur, il n'y a que des victimes qui répondent à une agression de fait: les travaux autour de Cornavin ! (Rires. Applaudissements.) Pour les Verts, on a entendu qu'il y avait beaucoup de tapage pour rien de neuf. I'm dreaming ! C'est justement parce qu'il n'y a rien de neuf qu'il faut faire quelque chose, et c'est justement pourquoi cette motion est bienvenue.
Mesdames et Messieurs, elle est bienvenue pour plusieurs raisons, d'abord parce que le constat est réel: il y a des voyous, et ces voyous ne sont pas simplement des marginaux bien sympathiques; ce sont des gens qui en veulent à ce que les honnêtes gens font et portent sur eux en traversant cette place de Cornavin. La deuxième raison pour laquelle cette motion est bienvenue c'est que les gares sont des lieux tout à fait particuliers - pas plus, il est vrai, Cornavin qu'une autre gare. Dans une gare, comme dans un aéroport, c'est comme si le temps et l'espace étaient pressés. Il se passe quelque chose qui accélère aussi l'agressivité, comme s'accélère le pas des gens. Il s'agit d'une zone tout à fait spécifique, et l'invite numéro trois insiste sur cette spécificité. Je crois donc qu'il faut traiter cette zone différemment d'autres rues. La motion est bienvenue en outre pour les hôtels, car nous avons entendu les responsables de ces hôtels qui disent combien ils sont en proie à ces voyous, parce que ces derniers entrent dans les halls d'hôtels. Il en va en définitive non seulement de quelques clients auxquels on vole des bagages, mais il en va de la crédibilité d'une ville qui a une vocation internationale. Cette motion est bienvenue en outre, parce que les commerçants autour de la place Cornavin en ont assez d'être en butte à ce harcèlement perpétuel; bienvenue aussi et enfin, car l'entrée touristique de Genève, au même titre que l'aéroport, donne de notre ville une vision catastrophique - vols, agressions. Je crois que certaines invites de cette motion ne sont pas exactement celles que nous aurions attendues nous autres radicaux-libéraux, mais nous proposons, comme l'a dit Mme Fontanet, de renvoyer ce projet de motion à la commission judiciaire. (Applaudissements.)
M. Stéphane Florey (UDC). Comme vient de le dire M. Romain, bien qu'il n'en ait pas précisé les teneurs exactes, la commission des pétitions s'était, à l'appel des hôteliers, effectivement penchée sur cette question, une pétition ayant été envoyée au Conseil d'Etat il y a un an environ. On voit qu'une année après la situation n'a absolument pas évolué, les difficultés sont toujours les mêmes, malheureusement. C'est pour cela qu'il est important de traiter cette motion avec diligence et de se pencher une fois pour toutes sur ce problème en étudiant ce texte, quitte à l'amender pour en accentuer encore l'efficacité; la commission judiciaire sera à même de traiter cette problématique.
Mme Isabel Rochat, conseillère d'Etat. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, 55% des infractions sont effectivement commises à la gare. Monsieur Stauffer, vous avez parlé de la ville, laissez-moi vous parler du canton et de ce que je connais. Je n'ai pas attendu d'apprendre les états d'âme du directeur de Genève Tourisme, qui se laisse émouvoir par l'ambassadeur du Japon, pour me rendre compte que la situation genevoise est infernale. Vous le savez bien, des moyens sont mis à disposition; dire que Genève est la ville la moins sûre au monde, Mesdames et Messieurs, c'est anxiogène, c'est faux, et cela propage tout ce que l'on déteste, c'est-à-dire le fait que les gens n'osent plus sortir dans la rue. La situation réelle est extrêmement préoccupante et elle est l'objet de toutes les attentions de mon département, de ma politique publique de sécurité, et vous le savez bien. La situation est difficile dans la mesure où nous sommes en train de donner à la police les moyens de répondre à cette situation pénible et préoccupante et nous sommes aussi en train de donner les moyens au pénitentiaire de conclure cette chaîne sécuritaire qui est défaillante d'un bout à l'autre, de la prévention à la répression. Mesdames et Messieurs, la situation est beaucoup trop préoccupante pour que l'on se contente de lire les journaux ! Tous les jours, je reçois des informations m'indiquant que le quartier de la gare est difficile... Depuis 2010, je reçois deux fois par année les hôteliers; deux fois par année également Genève Tourisme, avant la saison et après la saison. L'année dernière, le directeur de l'Office du Tourisme peignait le diable sur la muraille - «C'était horrible, l'Arabie saoudite ne viendrait plus, les Moyen-Orientaux non plus, il y avait le ramadan, il y avait une série d'incidents qui faisaient que rien n'allait à Genève...» - pourtant Genève Tourisme a enregistré, comme résultat des comptes 2011, une saison excellente ! Pour moi, la meilleure des réponses à Genève Tourisme et à ceux qui propagent des informations anxiogènes, ce sont les résultats constatés à la fin de la saison 2012.
Cela dit, je salue cette motion et son renvoi en commission, puisqu'elle permettra de développer une fois de plus ce qui est mon credo, à savoir la réorganisation de la police, de façon à mettre plus de policiers dans la rue et, surtout, à leur donner, indépendamment des effectifs que je me fais fort d'augmenter, les moyens de s'organiser, pour être à pied, en uniforme, visibles ! Partout ! Partout, c'est-à-dire essentiellement dans les quartiers où la majorité des infractions sont commises. Et c'est traditionnellement, dans toutes les villes du monde, dans le quartier de la gare ! Il est donc essentiel que le poste de Cornavin, qui est organisé comme un poste de proximité, ne soit pas le seul poste à pouvoir offrir ce service de proximité que le projet Phénix se propose de mettre en place. Ni plus, ni moins ! Je ne suis pas convaincue que c'est en commission judiciaire que nous pourrons préparer l'organisation de la police; en revanche, c'est là que je pourrai enfin vous expliquer en quoi nous donnons à la police les moyens d'agir sur le terrain et particulièrement à la gare Cornavin.
Des voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs, je mets aux voix, comme il l'a été demandé, le renvoi en commission de cette motion. (Remarque.) Le vote nominal est demandé. (Appuyé.) Nous procédons donc par appel nominal et nous prononçons sur le renvoi de cet objet à la commission judiciaire.
Mis aux voix à l'appel nominal, le renvoi de la proposition de motion 2075 à la commission judiciaire et de la police est adopté par 53 oui contre 10 non et 14 abstentions.