Séance du
jeudi 10 mai 2012 à
20h30
57e
législature -
3e
année -
8e
session -
43e
séance
R 693
Débat
Le président. Nous avons encore le temps de traiter la proposition de résolution 693, en catégorie II: trente minutes. Je vous donne la parole, Madame la première signataire.
Mme Anne Emery-Torracinta (S). Merci, Monsieur le président. On va revenir un peu en arrière. Avant de s'occuper des nouvelles entreprises qui pourraient être créées sur le site de l'actuel bâtiment de Serono, on va peut-être se préoccuper des personnes qui y travaillent.
Je vous invite tous à faire comme le personnel et à dire: «Aujourd'hui, la classe politique se rebiffe.» Elle se rebiffe contre la décision de la direction générale de Merck Serono. Elle se rebiffe pour soutenir le Conseil d'Etat dans ses démarches auprès de la direction générale, à Darmstadt; pour demander au Conseil fédéral d'intervenir; et pour demander aussi le soutien de nos voisins français, puisque, je vous le rappelle, plusieurs centaines d'employés, peut-être faute de logements dans notre canton, logent en France voisine et vont donc dépendre du chômage en France voisine. Aujourd'hui, c'est donc unanimement que la classe politique doit dire: «Nous souhaitons maintenir ces emplois à Genève.» Voilà la seule chose que je souhaitais ajouter par rapport à ce que je vous avais dit tout à l'heure. Je vous remercie de voter ce texte - à l'unanimité, je l'espère. (Applaudissements.)
M. Eric Stauffer (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, comme je l'ai dit préalablement, le groupe MCG va soutenir la proposition de résolution socialiste - qui nous paraissait la plus cohérente - dans un élan de solidarité et de respect pour les 1250 personnes licenciées.
En revanche, je dois dire que je fais miens les propos du député Weiss. Pourtant, vous savez combien nos relations sont un peu «humides» ces temps ! (Rires.) Mais je dois dire, Mesdames et Messieurs, que la récupération politique que vous avez faite au travers d'un syndicat de gauche, qui vient conspuer la majorité de ce parlement, n'est pas respectueuse du pouvoir législatif et ne sert en tout cas pas la cause des employés de Merck Serono.
Alors je vous le dis, Mesdames et Messieurs, et je vous le répète, nous ne sommes plus dans une cour d'école, nous ne sommes plus dans des jeux anodins: nous parlons ici avec des multinationales qui pèsent des milliards. Nous sommes dans une économie de marché. Vous devez respecter ce qui a fait la grandeur et la qualité de vie que nous avons en Suisse. Maintenant, demander à notre gouvernement d'essayer de plaider la cause de la biotechnologie, pour garder ce pôle d'excellence à Genève, oui, c'est une bonne idée ! Et, oui, nous la soutiendrons. Mais, de grâce, ne faites pas de récupération politique avec des textes parlementaires qui sont plus démagogiques que réalistes.
Mme Christina Meissner (UDC). Monsieur le président, comme Mme Emery-Torracinta le répétait, on remonte le temps avec ce texte. Je me plais à rappeler que, oui, il y a dans ce parlement des personnes qui ont essayé de dire: «Attention, gouverner, c'est prévoir.» (Brouhaha. Le président agite la cloche.) En novembre de l'année passée, les socialistes - mais le groupe UDC aussi - ont voté deux résolutions pour dire: «Attention, ce qui se passe avec Novartis risque de nous arriver ici.» Nous avons demandé et renvoyé ces résolutions UDC et socialiste au Conseil d'Etat, pour qu'il agisse, qu'il établisse un plan d'action, et que la Confédération le fasse aussi. Que s'est-il passé ? Rien. Aujourd'hui, le mal est fait.
Les PDC se préoccupaient plus de promouvoir de nouvelles entreprises, des start-up, avec l'espoir - j'espère que c'est vrai - que, un jour, les chercheurs qui, aujourd'hui, sont bientôt des ex-employés et futurs chômeurs, puissent retrouver une place digne dans la recherche. Il s'agit surtout de trouver des idées dans cette recherche, parce que chercher c'est bien, mais trouver c'est mieux.
Mme Emery-Torracinta, ainsi que tout son groupe socialiste, a bien raison aussi de se préoccuper des droits des travailleurs. C'est aussi important aujourd'hui de leur donner le temps, le temps de la réflexion, afin qu'ils trouvent d'autres voies dans la vie. Donnons-leur ce temps et arrêtons, par pitié, de nous quereller sur un groupe ou l'autre. Aujourd'hui - je le répéterai trois fois - c'est au Conseil d'Etat d'agir. Nous ne pouvons que donner un signal ! Que ce Conseil d'Etat agisse, lui qui connaît les enjeux, qui a les cartes en mains et qui est notre exécutif ! Qu'il agisse aux niveaux cantonal, interrégional - pourquoi pas au niveau de la France voisine ? - et surtout fédéral !
En ce qui nous concerne, nous remercions une fois de plus tous les groupes qui se sont préoccupés du sort de ces employés, chacun à sa manière. Nous renverrons sans attendre ce texte au Conseil d'Etat.
M. Patrick Saudan (R). Mesdames et Messieurs les députés, le groupe PLR accepte également de renvoyer cette proposition de résolution au Conseil d'Etat. Mais je crois que, si l'on doit un respect aux employés de Merck Serono, c'est d'avoir quand même des textes législatifs qui se tiennent et qui disent la vérité.
Par rapport à vos invites, Madame Emery-Torracinta, je relèverai ceci. Le Conseil d'Etat, heureusement, n'a pas attendu ce texte pour les réaliser, puisqu'il s'est sacrément démené. Même le Conseil fédéral est intervenu auprès de Merck Serono. Quant à votre exposé des motifs, Madame Emery-Torracinta, je suis désolé: cet exposé des motifs est trompeur ! Vous affirmez que, sur le plan mondial, Merck Serono se porte bien... C'est faux. C'est faux ! La pharma est quelque chose de très particulier ! Parce que c'est la seule industrie dont on peut prévoir les échecs ou les succès dans les années qui viennent, puisque les pharmas sont obligées de mettre des médicaments dans des essais cliniques. Donc, on est au courant de la situation !
Je vous ai parlé de Merck, qui a raté son pari avec Serono. Mais, de l'autre côté, vous avez Sanofi, qui a racheté Genzyme, et, il y a quatre jours, le Lemtrada, médicament contre la sclérose en plaques qui va être homologué. Ce sont deux injections par année; c'est deux fois plus efficace que le Rebif. Alors vous nous demandez de nous rebiffer, mais le Rebif va disparaître dans cinq ans de notre pharmacopée ! Même si, maintenant, c'est toujours en première ligne, il faut reconnaître que le sort de Serono comme compagnie de biotechnologies dans le marché de la sclérose en plaques, c'est foutu ! Or cela représentait 95% de son chiffre d'affaires.
Il faut donc regarder la réalité en face. Nous faisons confiance au Conseil d'Etat, qui s'est bougé au maximum pour essayer de sauver ce qui peut l'être. Il est vrai qu'il faut créer les meilleures conditions-cadres pour continuer dans cette voie du développement de la biotechnologie, parce que nous avons un terreau extrêmement fertile entre Genève et Lausanne, avec de Hautes écoles. C'est pour cela que, par rapport à l'esprit de votre proposition de résolution, nous pouvons la renvoyer au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)
Mme Brigitte Schneider-Bidaux (Ve). Merci, Monsieur le président. Effectivement, Merck Serono a envoyé, le 24 avril, une lettre à tout son personnel, ne lui annonçant pas seulement 1250 licenciements, mais bien 1980, plus 180 dans une autre institution, à savoir Ares Trading SA. Tous ces licenciements sont sur Genève, sans parler de tous ceux qui ne sont pas comptés sur le canton de Vaud... On ne nous dit qu'une partie des choses, pas toute la vérité. C'est fort dommage, parce que cela représente plus de 2000 personnes qui font l'objet d'un licenciement. Il s'agit, pour un certain nombre d'entre elles, de familles qui n'auront plus du tout de revenus. C'est le cas si travaillent à Merck Serono soit les deux membres du couple, soit - pour une autre grande partie - des mères célibataires, qui se retrouvent strictement sans aucun revenu. On leur propose un mois de salaire par année de travail dans l'entreprise, ce qui signifie, pour certains employés, neuf mois de salaire, peut-être au maximum une année. Que faites-vous avec cela ? Eh bien, effectivement, vous allez pointer au chômage; vous n'avez aucune autre possibilité, sauf si vous retrouvez un emploi, ce qui est, dans certaines professions, fort difficile, puisqu'il n'y a pas forcément d'entreprises pouvant engager les personnes en question sur le canton de Genève. Donc la solution est de quitter. Quitter quoi ? Quitter Genève, avec des enfants, des adolescents qui ont peut-être passé toute leur vie ici. Voilà tout ce que cela implique. Par conséquent, la seule chose que nous avons à faire est effectivement de nous mettre tous ensemble derrière une résolution pour soutenir le gouvernement, tout comme l'a fait le parlement du canton de Vaud quand il s'est agi de la fermeture de Novartis à Prangins. A Prangins cela a marché, parce que le personnel s'est «Rebif-é» et que le canton, le parlement, tout le monde est venu défendre les employés de Novartis. La seule chose que nous avons à faire est de tous nous unir derrière les employés de Merck Serono pour les soutenir, et donc d'appuyer cette résolution.
M. Ivan Slatkine (L). Mesdames et Messieurs les députés, je vais être très bref, car mon collègue Patrick Saudan a dit l'essentiel. Je m'interroge simplement, dans ce parlement, parce que, tous les jours, il y a des PME qui ferment; tous les jours, il y a des licenciements. Or je n'entends jamais le PS réagir... (Exclamations.) ...à ce genre de licenciements. Jamais ! Mais là, parce qu'il y a un effet de masse, on vient; on est en période électorale, cela peut servir. D'ailleurs, on a vu la manipulation que vous faites des syndicats, et je le déplore, parce que les syndicats sont là pour le partenariat social et non pour qu'on les politise comme vous le faites. Je pose juste une question, et le PS en fera ce qu'il veut. Mais, en attaquant les multinationales comme vous le faites, régulièrement, depuis de nombreuses années, il ne faut pas vous étonner des conséquences telles qu'elles arrivent aujourd'hui.
Mme Anne Emery-Torracinta (S). Qu'est-ce que l'on n'entend pas dans ce parlement ?! Vous parlez de récupération. Si vous regardez bien le titre de cette proposition de résolution, vous lisez: «Merck Serono: un nouveau cas d'école !» Pourquoi ? Parce que, il y a quelques mois, j'avais déposé - ce parlement l'avait acceptée à l'unanimité, Mme Meissner l'a rappelé - une proposition de résolution, la R 681, qui s'appelait: «Novartis: un cas d'école !» Pourquoi est-ce un cas d'école ? Précisément parce que le canton de Vaud nous a montré - alors que personne... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...même si la situation n'est pas comparable, personne n'imaginait, au départ, que la direction de Novartis allait plier. Eh bien, le canton de Vaud nous a montré que la volonté du personnel, des syndicats et de la classe politique vaudoise, unanime, a cependant permis de trouver des solutions. Ce n'est pas seulement moi qui le dis, c'est un éminent membre du PLR - conseiller d'Etat, de surcroît - dans un canton voisin; il a même été président du Conseil d'Etat, c'est M. Broulis. A «Infrarouge», que nous disait M. Broulis ? «Je ne peux que féliciter les employés de se fédérer.»
Mesdames et Messieurs les députés, ce que j'aimerais dire aujourd'hui ne consiste pas à condamner le Conseil d'Etat. Si vous lisez cette proposition de résolution, vous voyez qu'il n'y a aucun mot - aucun mot - qui dit quoi que ce soit par rapport à l'attitude du gouvernement. Mais elle dit simplement que le seul moyen d'essayer de sauver ce qui peut éventuellement l'être, c'est de rester unanimes et de soutenir nos autorités.
Voici ma dernière remarque, par rapport aux manipulations dont vous dites qu'elles ont été faites à propos des syndicats. S'il n'y avait pas eu les syndicats - notamment le syndicat Unia - qui s'étaient mobilisés, la loi prévoyait que se produise une procédure de consultation par mail, Mesdames et Messieurs les députés ! Autant dire que rien ne pourrait sortir de cette consultation-là. C'est pourquoi j'insiste aussi sur l'une des invites, que le PDC avait d'ailleurs reprise dans sa résolution, soit de demander - c'est important aussi - que la procédure de consultation soit prolongée au-delà de mercredi prochain, au-delà du 16 mai prochain.
Ainsi, cette proposition de résolution n'est rien d'autre qu'une volonté de montrer que la classe politique, unanime - je l'ai dit - se rebiffe, se rebiffe face à quelque chose que l'on peut considérer comme étant inadmissible, compte tenu de la situation particulière de cette entreprise. (Applaudissements.)
Mme Nathalie Fontanet (L). Mesdames et Messieurs les députés, c'est très favorablement que nous - en tout cas moi et la majorité des membres du groupe PLR - accueillons la proposition de résolution du groupe socialiste. Cela pour plusieurs raisons. D'abord, il ne s'agit pas seulement des 1250 emplois perdus dont on a parlé; il y a aussi toutes les personnes engagées temporairement, mais encore tous les gens qui gravitent autour, à savoir les fournisseurs et, pourquoi pas, les employés que certains de ces employés peuvent avoir eux-mêmes; il y a également les restaurants et les hôtels qui vivaient de tout ce que Merck Serono pouvait apporter.
Nous trouvons que c'est un événement dramatique qui arrive ici, qui arrive au canton de Genève; c'est probablement l'un des pires événements de ce genre qui va devoir être supporté par le canton. Il faut savoir que ces chômeurs en paieront un prix qui est dramatique, sans compter l'effet sur leur famille, sur les enfants et sur les gens qui vivent cela au quotidien. On sait que le travail, si cela représente bien évidemment le salaire, c'est aussi l'intégration et la possibilité d'avoir une vie, d'exister, de se faire féliciter et d'avoir du plaisir à passer la journée quelque part. Pour tous ces motifs, nous, membres du PLR, nous étions tout à fait favorables à cette proposition de résolution, et le sommes toujours, nonobstant ce que je vais dire maintenant.
Dès le départ, on a été extrêmement surpris d'une chose, et peut-être pas de l'attitude des syndicats. En effet, heureusement qu'ils ont été là, qu'ils ont travaillé de façon à fédérer ces employés et qu'ils se sont rendus immédiatement sur place, pour faire en sorte que ces gens sachent qu'ils ont des droits et que, si l'on ne peut effectivement pas racheter pour 1 F l'établissement de Merck Serono, on peut en tout cas se battre pour que leurs droits soient respectés. On peut se battre pour que des pressions soient faites, au niveau tant du Conseil fédéral que de notre Conseil d'Etat.
En revanche, il n'est pas admissible que, pour certains, le PLR ou d'autres partis ne puissent pas, à un moment donné, se trouver du côté des travailleurs. J'aimerais rappeler ici que ce n'est pas le PLR qui a fait des remarques sur les cols blancs, mais que c'est l'un - l'une - de vos représentants, Mesdames et Messieurs des bancs d'en face ! Pour nous, tout travailleur - qu'il soit en col blanc, qu'il soit formé, qu'il soit non formé - lorsqu'il se trouve dans des situations pareilles, a besoin de l'appui des syndicats. Les syndicats l'ont reconnu: ils défendent l'ensemble des travailleurs. Et il est encore plus inadmissible que, ce soir, lorsque nous sortons du parlement et que nous, la plupart d'entre nous, signons la pétition de Merck Serono - parce que, Mesdames et Messieurs, nous avons fait la différence...
Le président. Il vous faut conclure, Madame la députée.
Mme Nathalie Fontanet. ...entre la grève des fonctionnaires et la situation des employés de Merck Serono - eh bien, il est inadmissible que nous soyons hués ! A titre personnel ! Comme cela a été le cas ce soir ! C'est proprement inadmissible !
Nonobstant tout cela, nous renverrons votre proposition de résolution au Conseil d'Etat, parce que nous sommes honnêtes ! Et parce que nous souhaitons défendre les travailleurs de Merck Serono ! Et nous battre à vos côtés, que vous nous vouliez ou non, pour faire en sorte que leurs droits soient respectés !
Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)
M. Philippe Morel (PDC). Je trouve indécents, profondément choquants, les sous-entendus de certains membres de ce parlement concernant l'intérêt que nous aurions, ou plutôt que nous n'aurions pas, vis-à-vis de ceux qui sont de futurs chômeurs de Merck Serono. Penser que l'on ne s'occupe pas d'eux et que, dans le fond, nous avons d'autres préoccupations, c'est faux ! Je trouve également indécente cette récupération politique par l'intermédiaire des syndicats. Elle est opportune, bien sûr, dans les circonstances actuelles ! Elle est inadéquate ! Et si j'étais à la tribune ce soir, je serais affligé de voir que certains membres de ce parlement s'occupent plus de politique qu'ils ne s'occupent réellement des problèmes de Merck Serono et des futurs 1250 chômeurs !
Qu'avons-nous fait pour eux jusqu'à maintenant ? Des invites du groupe socialiste qui sont simplement irréalistes ! Mon préopinant du groupe MCG l'a bien dit. Irréalistes, parce que l'économie a sa propre loi et que la loi ne peut influencer celle de l'économie ! Alors, la seule chose que nous pouvons faire de constructif ce soir, c'est essayer de sauver ce qui peut encore l'être, sans démagogie et sans politique, et prévoir pour l'avenir ! Or prévoir pour l'avenir, c'est développer l'avenir, c'est prévoir des problèmes et des situations fiscales différentes, et c'est prévoir d'accueillir des entreprises dans notre canton, au lieu de les faire fuir comme cela a été fait !
Oui, nous nous préoccupons des travailleurs de Merck Serono et de leur futur problème de chômage ! Et pour cette raison-là - uniquement pour cette raison-là - nous allons voter cette proposition de résolution en leur faveur, pour leur avenir ! (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Eric Stauffer, à qui il reste une minute et vingt secondes.
M. Eric Stauffer (MCG). Monsieur le président, vous transmettrez au député Morel que je suis parfaitement d'accord avec ce qu'il vient de dire. (Commentaires.) Vous voyez ! Comme quoi, tout arrive ! Finalement, les grands esprits se rencontrent. (Commentaires.)
Mesdames et Messieurs, j'aimerais encore, avant que nous concluions ce débat et que nous renvoyions cette résolution au Conseil d'Etat, rappeler quelques petites vérités, simplement pour rétablir un certain équilibre. Déjà ceci - vous transmettrez à Mme Emery-Torracinta, Monsieur le président - lorsqu'il s'est agi de faire pression sur Novartis, nous parlions d'une société suisse qui touche des centaines de millions en subventions pour la recherche dans le domaine pharmaceutique. Evidemment, il était beaucoup plus aisé pour les instances politiques, et notamment fédérales, de faire pression sur une entreprise suisse ! Ce qui n'est pas le cas avec une entreprise allemande.
J'aimerais quand même vous dire une chose... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ... concernant la question selon laquelle le parlement genevois voudrait demander une prorogation du délai. N'oubliez pas, Mesdames et Messieurs, que vous vous adressez à un groupe qui réalise plusieurs milliards de chiffre d'affaires ! Bien au-delà - bien au-delà ! - du budget genevois ! Alors j'aimerais quand même que l'on ne se méprenne pas sur notre action, ce soir, en tant que pouvoir législatif de la République et canton de Genève. Encore une fois, j'ai été le seul ici à dire merci à Merck Serono d'avoir donné des emplois pendant autant d'années à Genève. Ils ont fait un pari, ils l'ont loupé; d'accord, ça c'est la loi du marché, c'est un marché d'économie. Mais, de grâce, ne tombez pas dans les travers inverses, qui pourraient décourager d'autres entreprises à venir à Genève, tant la réaction de ce parlement pourrait être disproportionnée par rapport à une économie de marché !
En conclusion, nous confirmons que nous renvoyons cette résolution au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. M. Claude Jeanneret, vous n'avez plus de temps de parole, votre groupe l'a épuisé. Il reste cinquante secondes à Mme Prunella Carrard, avant que nous passions au vote et au traitement de la dernière proposition de motion.
Mme Prunella Carrard (S). Merci, Monsieur le président. Je n'en aurai pas pour plus longtemps. J'aimerais juste mentionner que j'ai grandi à Nyon; j'ai donc suivi d'assez près, parce que mes parents résident toujours à Nyon, la question et le cas Novartis. Ce que je sais, c'est que l'implication politique, l'implication de la classe politique, aux côtés des syndicats a eu son poids dans la discussion et dans l'aboutissement d'une solution finale possible, acceptable pour les travailleurs. (Brouhaha.) C'est la raison pour laquelle, même si cela ne semble pas vraiment vous intéresser, puisque vous êtes tous en train de causer... (Brouhaha.)
Une voix. Chut ! (Le président agite la cloche.)
Mme Prunella Carrard. C'est la raison pour laquelle je pense que nous avons le pouvoir de faire quelque chose. Il s'agit de donner des messages politiques; nous n'avons pas à nous référer qu'aux lois, mais à faire de la politique.
Je finirai en disant ceci: vraiment, je trouve inadmissible d'entendre qu'il y a de la récupération des syndicats de cette thématique... (Commentaires. Brouhaha.) Les syndicats, pour le coup, Mesdames et Messieurs... (Brouhaha.) Les syndicats défendent les travailleurs, et c'est cela que nous devons retenir ! (Commentaires. Le président agite la cloche.) Sans les syndicats, les travailleurs ne sont pas représentés dans les commissions tripartites...
Le président. Il vous faut conclure, Madame la députée.
Mme Prunella Carrard. ...et c'est cela que nous devons retenir. Merci à eux !
Le président. Merci, Madame la députée. Mesdames et Messieurs les députés, je mets aux voix la proposition de résolution du groupe socialiste.
Mise aux voix, la résolution 693 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 72 oui et 13 abstentions.