Séance du
jeudi 15 mars 2012 à
20h30
57e
législature -
3e
année -
6e
session -
29e
séance
M 2058
Débat
Le président. Nous sommes au point 50, traité en catégorie II: trois minutes. Je donne la parole au premier motionnaire, M. Sandro Pistis.
M. Sandro Pistis (MCG). Merci, Monsieur le président. Nous demandons le renvoi sans débat à la commission des transports de la proposition de motion 2058: «Pour une fluidité du trafic aux carrefours, développons les feux orange clignotants !» Je demanderai également le vote nominal.
Mme Emilie Flamand (Ve). Quelques mots sur cette proposition de motion, qui paraît a priori être une très bonne idée. C'est tellement vrai que les Verts avaient eu la même idée il y a quelques années... (Exclamations. Applaudissements.) Si, si ! (Commentaires.) Avec Mme Sylvia Leuenberger, dont nous regrettons qu'elle ne soit plus parmi nous... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...nous avions déposé la proposition de motion 1850, qui avait été renvoyée à la commission des transports. Je crois que Mme Favre s'en souvient, parce qu'elle était rapporteure de cette proposition de motion.
A la commission des transports, portés par l'enthousiasme lié à cette proposition de motion, nous avions demandé l'audition du service des routes et de la mobilité de la Ville de Lausanne, qui, croyions-nous, appliquait cette mesure. Alors nous avons effectivement fait venir de Lausanne un technicien en transport; il nous a expliqué que les feux clignotants avaient été supprimés à Lausanne depuis déjà de nombreuses années, car ils causaient trop d'accidents. Deux essais ont été faits en ville de Lausanne et, à chaque fois, le nombre d'accidents prenait l'ascenseur. Donc ils ont dû renoncer à cette mesure. Tout cela pour vous dire que cette idée qui paraît si bonne en apparence ne l'est peut-être pas tant que cela.
A l'époque des débats de commission, nous avions fait plusieurs auditions. Donc nous avions étudié le problème assez à fond. Les TPG avaient également dit que cela pouvait poser des problèmes par rapport aux priorités de leurs véhicules et donc à la vitesse commerciale.
En revanche, une piste intéressante qui était apparue durant nos débats est celle de la réduction du nombre de feux de circulation, en particulier au centre-ville. C'est d'ailleurs le sens de l'amendement que nous avions déposé sur notre proposition de motion, lequel avait été rejeté par deux tiers de ce parlement en novembre 2010. Alors ce sujet ayant déjà été étudié il y a moins de deux ans, nous refuserons cette proposition de motion ainsi que son renvoi en commission, tout en restant ouverts à d'autres propositions futures visant à diminuer le nombre de feux de circulation. (Brouhaha.)
Le président. Merci, Madame la députée. Je rappelle aux interpellants voire aux quérulents que, lorsqu'il s'agit d'une proposition de motion, si est formulée une demande de renvoi, cette dernière se vote à la fin du débat. Quand il s'agit d'un projet de loi, la demande de renvoi interrompt le débat, raison pour laquelle nous votons en pareil cas directement après la demande de renvoi. La parole est donc à M. le député Philippe Morel.
M. Philippe Morel (PDC). Merci, Monsieur le président. Nous sommes en face d'un dilemme, en fait, et de deux dynamiques qui sont probablement antagonistes. La première est bien sûr la fluidité du trafic, que nous voulons tous. La deuxième, à laquelle nous ne voulons pas renoncer, est bien sûr la sécurité. Alors il est indiscutable que les feux - rouges, verts, orange - ont amélioré la sécurité. C'est vrai que, comme utilisateur du circuit routier, on voit les feux rouges plus souvent que les feux verts. Mais ils ont indiscutablement amené une sécurité, diminuant très clairement le nombre d'accidents, de blessés et de morts aux carrefours.
L'autre élément, la fluidité du trafic, ne dépend certainement pas uniquement des feux, mais plus de la densité du trafic. Il ne suffit pas de mettre des feux clignotants en ville, à midi ou aux heures de pointe, pour que le trafic soit plus fluide. Il faut qu'il y ait moins de véhicules ou qu'il y ait des «sensors» sur le sol pour que les feux deviennent verts au moment où des véhicules se présentent, respectivement rouges.
Nous voulons donc conserver la sécurité et l'alternative des feux, mais augmenter la fluidité du trafic. Alors quand pouvons-nous l'augmenter ? Cela est dit dans la proposition de motion: la nuit et à certaines heures du jour, ou éventuellement le week-end. Mais c'est justement le moment où il y a peu ou moins de trafic et où le problème de fluidité se pose beaucoup moins. Il est par ailleurs démontré - et ma préopinante l'a dit - que, dans la ville de Lausanne, la tentative de mettre des feux orange clignotants s'est soldée par un nombre de blessés et de morts significativement plus grand, qui a vite interrompu cette expérience.
Nous pensons cependant que des pistes doivent être ouvertes dans la direction d'une augmentation de la fluidité du trafic, tout en conservant la sécurité, et que cette proposition de motion doit être rediscutée, non pas seulement dans l'alternative des feux orange clignotants, mais dans d'autres alternatives qui augmentent la fluidité du trafic sans pour autant diminuer la sécurité des utilisateurs de la route.
M. Stéphane Florey (UDC). Mme Emilie Flamand a parfaitement résumé ce que je voulais dire sur le fond. Effectivement, notre groupe, à l'époque du dépôt de la proposition de motion 1850, s'était empressé de cosigner le texte, tellement l'idée d'une ville sans feux, avec des feux clignotants, nous paraissait l'idée de la législature précédente ! (Rires.) Donc nous nous étions empressés de la signer. Or, comme Mme Flamand l'a également dit, non seulement le principe des feux clignotants ou de la suppression des feux augmentait les accidents - c'était une mesure dangereuse - mais supprimer totalement les feux occasionnait aussi des dépenses supplémentaires, parce que ce serait bien évidemment autant de carrefours à réaménager.
Enfin, Monsieur le président, vous transmettrez ceci au groupe MCG. Je trouve quand même un peu limite de laisser un collègue déposer un texte qui lui paraît si bon que cela alors qu'ils étaient parfaitement au courant de l'ancien débat que nous avons eu. Personnellement, si quelqu'un de mon groupe avait fait cette proposition, je l'aurais fortement déconseillé de la déposer, parce que relancer exactement le même débat que l'on a eu il y a quelques années ne sert strictement à rien. En commission, il a été totalement prouvé que ces mesures étaient dangereuses et ne servaient à rien. C'est pour cela que nous refuserons également cette proposition de motion.
Mme Patricia Läser (R). Mesdames et Messieurs les députés, en effet, cette proposition de motion est semblable à celle de novembre 2010. Néanmoins, il nous semble que certaines pistes pourraient être à nouveau étudiées concernant la fluidité du trafic, par exemple les feux clignotants... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...pour tourner à droite ou les feux déclenchants lorsqu'une voiture arrive à un feu rouge et qu'il n'y a personne en face. C'est la raison pour laquelle le PLR vous demande de renvoyer cette proposition de motion à la commission des transports.
Le président. Merci, Madame la députée. Mesdames et Messieurs les députés, nous nous prononçons sur le renvoi de la proposition de motion 2058 à la commission des transports.
Mis aux voix à l'appel nominal, le renvoi de la proposition de motion 2058 à la commission des transports est rejeté par 45 non contre 40 oui et 1 abstention.
Mise aux voix, la proposition de motion 2058 est rejetée par 68 non contre 16 oui et 3 abstentions.