Séance du vendredi 2 décembre 2011 à 17h
57e législature - 3e année - 2e session - 9e séance

R 633
Proposition de résolution de Mmes et MM. Prunella Carrard, Antoine Droin, Marie Salima Moyard, Roger Deneys, Elisabeth Chatelain, Anne Emery-Torracinta pour des bains publics le long du Rhône

Débat

Le président. Nous sommes au point 21. Le débat est classé en catégorie II: trois minutes par groupe. Madame la députée, vous avez la parole en tant que première signataire de la proposition de résolution.

Mme Prunella Carrard (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, durant l'été, si vous vous promenez vers le pont Sous-Terre, sur le sentier des Saules, vous vous rendrez vite compte du succès que remporte ce lieu de baignade sauvage auprès de la population genevoise. C'est un endroit de retrouvailles avec ses amis après le travail; on y trouve de la fraîcheur lors des chaudes journées d'été, tout cela avec le courant du fleuve qui fait un peu de cet endroit un Aquaparc genevois. C'est vraiment sympa.

Cependant, le manque d'infrastructures dans cette zone la rend insalubre et la baignade peut être dangereuse. Malgré tout, les gens continuent à se baigner à cet endroit. Il est donc important à notre sens que les autorités genevoises prennent des mesures afin de protéger les habitants et d'aménager les berges.

Le long des cours d'eau, si vous ne le savez pas, le premier mètre est géré par les autorités cantonales, et ce qui vient ensuite est de la compétence communale. La création de bains fluviaux publics le long du Rhône relève donc de la responsabilité tant de l'Etat que de la Ville de Genève. C'est la raison pour laquelle la seule invite de cette proposition de résolution consiste à demander au Conseil d'Etat de «collaborer étroitement avec le Conseil administratif de la Ville de Genève, afin que ce dernier puisse proposer un projet de construction de bains publics le long du Rhône et d'aménagement des rives de la pointe de la Jonction dans les meilleurs délais». Dans de nombreuses villes, cela se fait déjà. C'est le cas à Bâle, Berne et Zurich avec les différents fleuves qui traversent ces villes.

Ce parlement semble conscient qu'il est nécessaire de donner un signe clair en faveur de ce type de projets à Genève car, lors des débats du 14 octobre sur la pétition traitant du même sujet, le rapporteur de majorité avait curieusement appelé au dépôt de la pétition sur le bureau du Grand Conseil mais imaginait possible le renvoi au Conseil d'Etat de la résolution dont nous débattons aujourd'hui.

Nous saluons la politique des petits pas du Conseil d'Etat et de la Ville de Genève, qui semblent avoir lancé une réalisation par étapes de bains fluviaux le long du Rhône, comme nous avons pu le voir cet été. Toutefois, nous appelons de nos voeux que cela ne s'arrête pas en si bon chemin et que les ébauches d'aménagement mises en place durant l'été ressemblent plus à de vrais bains l'année prochaine, avec des toilettes, des zones de verdure épargnées par les crottes de chiens où l'on puisse s'allonger et une passerelle qui permette de passer facilement d'une rive à l'autre et ainsi de faire de belles promenades à pied ou à vélo.

J'ajouterai encore que le Forum pointe de la Jonction, composé de l'association des habitants de la Jonction, des artistes de Kugler - donc de l'usine Kugler - de l'association Ecoquartiers-Genève et de la maison de quartier de la Jonction, vient de lancer une nouvelle pétition allant dans le sens de la création de bains fluviaux dans cette zone. C'est donc important également pour les gens qui résident dans le quartier.

Le président. Il vous faut conclure, Madame la députée.

Mme Prunella Carrard. Je conclus. Nous vous demandons donc de renvoyer cette proposition de résolution au Conseil d'Etat, afin que le parlement donne un signe clair de sa volonté politique d'aller de l'avant sur ce dossier, tant aux habitants qu'au Conseil d'Etat.

M. Christian Bavarel (Ve). Les Verts saluent cette proposition de résolution, mais surtout remercient Michèle Künzler d'avoir déjà pratiquement réalisé le tout. Alors peut-être que Michèle Künzler a quelques problèmes de communication, parce qu'on ne le sait pas. Mais, lors de sa campagne, elle avait dit qu'elle voulait faire des bains à cet endroit. Elle est arrivée à la tête du département et a simplement donné des instructions pour faire des choses légères afin que l'on puisse aller se baigner. On n'a pas vu passer de ligne budgétaire et on n'a pas pu faire un projet avec des oppositions et des choses très compliquées, parce que c'est juste une infrastructure légère. Alors si la construction de bains publics consiste à aménager des toilettes qui manquent encore à cet endroit, il n'y a aucun problème, et nous l'entendons comme cela.

Nous n'avons aucune envie, nous, de bétonner totalement la rive. Je trouve que l'aménagement qui est là a cette qualité d'être un aménagement léger, qui ne dénature pas le lieu et qui permet de régler les problèmes de sécurité et de capacité de baignade avec un coût moindre. Il permet, l'hiver, aux oiseaux migrateurs - qui sont là dans une zone de protection des oiseaux migrateurs - de pouvoir occuper tranquillement les lieux, parce que l'infrastructure est légère. C'est dans ce sens que nous pensons que l'on peut continuer le projet, mais sans faire des bains publics, sans faire une piscine au bord du Rhône, ce qui serait regrettable.

Encore une fois, nous tenons vraiment à remercier Michèle Künzler pour le très beau travail qu'elle a accompli avec ses services, en collaboration avec la Ville de Genève. Je pense que l'on peut poursuivre l'effort s'il y a encore des choses - il y en a toujours - à améliorer. Mais, de grâce, ne bétonnons pas tout. Installons les sanitaires qui manquent mais gardons cette zone ainsi. Je dois dire que, pour y avoir traîné quelques fois cet été, le plaisir de la population à utiliser ce lieu est maintenant décuplé par rapport à ce qui pouvait se faire auparavant.

Mme Christina Meissner (UDC). Cette proposition de résolution arrive trop tôt ou trop tard. En l'occurrence trop tard: on l'a déjà dit et, à l'évidence, ce parlement semble au courant, les bains existent. Les plates-formes ont été installées par la conseillère d'Etat, avec ses services, de manière légère, sans faire, comme M. Bavarel disait, des bains publics bétonnés, mais en respectant le site. Les travaux continuent pour que justement des aménagements tels que des toilettes, etc., puissent aussi être installés avec la Ville de Genève. Alors que reste-t-il à faire de cette résolution ? La renvoyer en commission ? Certainement pas, on n'y apprendra rien du tout. La renvoyer au Conseil d'Etat, pour qu'il nous dise ce que nous savons déjà ? Je suis désolée, mais l'analyse de l'UDC est que, finalement, vous auriez mieux fait de retirer cette proposition de résolution, qui n'a véritablement plus lieu d'être.

Mais si vous souhaitiez un mégaprojet beaucoup plus ambitieux que ce qui a été réalisé, alors vous arrivez trop tôt, parce que la pointe de la Jonction fait l'objet en ce moment de beaucoup de réflexions. Donc là aussi, de nouveau, la proposition de résolution n'a pas lieu d'être. En ce qui concerne le groupe UDC, nous sommes satisfaits de ce qui a été réalisé. Nous remercions les services de l'Etat ainsi que la conseillère d'Etat et nous rejetterons cette proposition de résolution.

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à M. le député Pascal Spuhler, qui aura trois minutes à se partager avec sa collègue Mme Marie-Thérèse Engelberts.

M. Pascal Spuhler (MCG). Merci, Monsieur le président. Chers collègues députés, effectivement, cette proposition de résolution arrive un peu tard. Nous avons déjà traité une pétition dans ce sens, et il a également été beaucoup question de ces bains publics à la Ville de Genève. Il faut faire très attention. Nous ne sommes pas contre un renvoi à l'aménagement pour étudier ce que nous pouvons améliorer, comme des toilettes ou le confort, mais il faut faire quand même attention. Du moment que l'on entre en matière sur un réel confort, sur de réelles installations publiques, cela sous-entend une responsabilité de l'Etat et de la Ville. Cela sous-entend qu'il faut faire attention à la sécurité des gens qui vont fréquenter les lieux. Je vous rappelle également qu'il y a un trafic fluvial sur cette partie du Rhône. Donc cela sous-entend beaucoup de choses, ce qui pourrait effectivement s'étudier à la commission d'aménagement, où je vous propose de renvoyer cette résolution afin d'examiner réellement quelle est la collaboration Ville-Etat pour ces bains publics.

M. Ivan Slatkine (L). J'aimerais vous dire que, pour le parti libéral-radical, nous soutiendrons le renvoi de cette proposition de résolution au Conseil d'Etat, comme nous l'avions dit en effet le 14 octobre dernier quand nous traitions de la pétition. Pour une raison étrange, le Bureau du Grand Conseil n'a pas voulu lier les deux points, ce qui fait que nous nous répétons six semaines après, mais ce n'est pas bien grave.

Nous sommes favorables à ces bains et nous remercions Mme la conseillère d'Etat pour les démarches qu'elle a entreprises. Nous estimons que, aujourd'hui, ce qui a été mis en place est satisfaisant. Il y a en effet des problèmes, peut-être, au niveau de l'hygiène, mais qui nous semblent être de la compétence de la Ville de Genève. Cependant, il faut donner ici un signe positif, un signe clair. Nous sommes en faveur des bains le long du Rhône, c'est pourquoi nous soutiendrons cette proposition de résolution.

Néanmoins, je tenais simplement aussi à ajouter un petit point. Il ne faudrait pas que l'aménagement de ces bains devienne un frein au développement de la pointe de la Jonction. Donc je me réjouis d'entendre Mme la conseillère d'Etat nous confirmer qu'il n'y aura pas de problème à ce niveau.

Enfin, je voulais rappeler à l'auteure de cette résolution que nous avons proposé de déposer la pétition sur le bureau du Grand Conseil parce que, si elle demandait des bains, elle demandait aussi la construction d'une passerelle. Or c'était précisément la construction de cette passerelle qui posait un petit problème, raison pour laquelle nous avons dit le 14 octobre dernier que nous soutiendrions la proposition de résolution mais pas la pétition. Vous voyez que nous tenons parole ! Nous vous remercions de ce texte et je conclurai par là.

M. Vincent Maitre (PDC). Concernant cette proposition de résolution, le PDC avait eu l'occasion de s'exprimer lors du débat sur la pétition qui traitait du même sujet. Il avait eu l'occasion de s'exprimer pour l'applaudir des deux mains. C'est une bonne idée, et nous l'avons accueillie avec bienveillance. Nous continuerons ainsi en renvoyant cette proposition de résolution au Conseil d'Etat, aussi bien sûr pour donner le message qu'il convient d'adresser à Mme la conseillère d'Etat, qui est de poursuivre dans cette voie. Les aménagements qui ont déjà été réalisés au bord du Rhône sont en quelque sorte victimes de leur succès, puisqu'ils sont déjà saturés et énormément fréquentés. Il serait à notre avis totalement souhaitable, et cela répondrait à une demande de la population, de continuer sur cette voie et - pourquoi pas ? - d'essaimer même un peu plus loin, jusque dans notre belle rade, comme l'ont fait par exemple les Zurichois, et c'est une réussite absolue. Nous renverrons donc cette proposition de résolution au Conseil d'Etat.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Stéphane Florey, à qui il reste une minute et trente secondes.

M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. A entendre les positions qui viennent d'être évoquées, les bras m'en tombent ! (Remarque.) Non, parce que je trouve cela simplement effarant. On avait déposé la fameuse pétition sur le bureau du Grand Conseil - je ne reviendrai pas là-dessus - pour de justes motifs. Ici, la résolution propose exactement la même chose.

Je regrette surtout la position du Conseil d'Etat. On a déposé cette pétition sur le bureau du Grand Conseil parce que nous ne voulions pas de bains sur les bords du Rhône.

Une voix. A cause de la passerelle !

M. Stéphane Florey. Le Conseil d'Etat, premièrement, n'a pas tenu compte de l'avis de ce Grand Conseil. En plus de cela, il devance cette proposition de résolution, qui, comme cela a été relevé, ne sert plus à rien, puisque tout a été fait. Alors justement, comme elle ne sert à rien, nous la refuserons de toute façon.

Mais on voit en plus que les rangs d'en face, qui militent contre la nouvelle plage - pour des raisons de biotopes, disant que l'on va tout bouleverser - appuient ce genre de demandes, qui provoqueront des dégâts pires...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député.

M. Stéphane Florey. ...que ce que pourrait éventuellement faire la nouvelle plage aux Eaux-Vives. Là, j'ai vraiment de la peine à comprendre. Cela dit, l'UDC refusera cette proposition de résolution pour les motifs que je viens d'exposer.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme la députée Marie-Thérèse Engelberts pour une minute.

Mme Marie-Thérèse Engelberts (MCG). Merci, Monsieur le président. Nous sommes tout à fait favorables. Finalement, nous avons vu que les travaux qui ont déjà été aménagés cet été sont justement légers. Et nous sommes très favorables parce que ce coin reste assez informel. Or c'était la volonté de la population et des jeunes qui s'y rendent. En fin de compte, cela nous plaît énormément.

C'est vrai que les questions de sécurité et d'hygiène vont être débattues avec la Ville de Genève, mais la progression des travaux montre bien qu'il y a une très bonne collaboration. Nous soutiendrons donc finalement cette proposition de résolution et son renvoi au Conseil d'Etat.

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à Mme la députée Prunella Carrard, qui s'exprime désormais sur le temps de parole de son groupe.

Mme Prunella Carrard (S). Merci, Monsieur le président. Très rapidement, je vous rappelle juste que, en fait, on a déposé cette proposition de résolution le 6 septembre 2010; donc ce n'était pas trop tard. Aujourd'hui, oui, on la traite trop tard, je suis bien d'accord. Mais enfin, il y a quand même encore des points pertinents, parce qu'elle demande notamment également un aménagement de la pointe de la Jonction et qu'il y a là-bas beaucoup de choses à faire. Ce serait très agréable de pouvoir sortir de l'eau plus confortablement qu'en s'accrochant aux rochers ! Et puis notre proposition de résolution ne demande certainement pas de bétonner - soyons bien clairs - les rives du Rhône, mais bien plus de continuer et de faire davantage, parce que les aménagements actuels sont effectivement déjà saturés, et il serait intéressant de faire un peu plus. Restons dans le bois, mais nettoyons un peu l'herbe des crottes de chiens, etc.

Je pense qu'il y a aussi ici la volonté de donner un message aux habitants de la Jonction, qui ont relancé une pétition sur la question. C'est dire: oui, dans ce parlement, nous sommes favorables, nous vous entendons, nous poursuivons, nous suivons la conseillère d'Etat qui a déjà lancé des aménagements dans ce sens. Nous l'en remercions et nous continuons d'être favorables à ce type de projets.

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Pour une fois que le Conseil d'Etat va plus vite que les auteurs de la résolution, il faudrait le saluer. On vous remercie de nous avoir dit merci ! Mais je crois que le mérite en revient surtout au travail des fonctionnaires qui ont avancé sur ce projet de manière tout à fait simple et légère. C'était notre volonté de le faire. Nous pourrons, s'il y a encore un budget, continuer très simplement la suite de cet aménagement - en concertation avec la Ville de Genève, évidemment.

D'autre part, je tiens à rassurer Mme Carrard. L'histoire de la salubrité a bien avancé: les crottes de chiens, c'est fini; on a remis de l'herbe fraîche; on a complètement aménagé. Effectivement, il existe des conflits. Il n'y a pas de toilettes publiques, mais c'est vraiment du ressort de la municipalité, qui doit prendre ses responsabilités.

Par ailleurs, cela empêchera-t-il un aménagement ultérieur de la Jonction ? Evidemment que non ! C'est un aménagement qui améliore dès maintenant cet endroit. C'est un lieu magnifique, qui était délaissé. C'est une première piste pour l'aménagement de cette Jonction. L'autre piste consiste à voter pour le dépôt «En Chardon» afin de sortir une partie des bus de la Jonction, ce qui permettra d'aménager la pointe, la première partie de la pointe. Ensuite, on viendra pour le reste. Mais la première partie, c'est cela.

Quant à la proposition de M. Maitre d'essaimer sur le lac, c'est comme pour la pétition; on y a déjà répondu: c'est la plage. Le crédit est là, vous l'avez déjà voté. Nous n'attendons qu'une chose: que le tribunal tranche enfin le recours du WWF. Nous pensons que c'est un projet vraiment bénéfique, quelque chose de très positif pour la population. On a constaté le succès de la Jonction. Nous avons été dépassés par ce succès. On voit bien que c'est un manque à Genève; on a besoin d'avoir un accès à l'eau, d'avoir des activités simples et qui ne sont pas trop codifiées. Nous avons des possibilités d'aménagement et nous pourrons le faire. On aurait déjà dû le faire. Nous devrions inaugurer bientôt cette plage; nous n'attendons qu'une chose, c'est de la faire et de vous inviter à nous y rejoindre ! (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, nous allons d'abord voter le renvoi de cette proposition de résolution à la commission d'aménagement. Dans un deuxième temps, nous voterons éventuellement le renvoi au Conseil d'Etat.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de résolution 633 à la commission d'aménagement du canton est rejeté par 69 non contre 8 oui.

Mise aux voix, la résolution 633 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 71 oui contre 7 non.

Résolution 633