Séance du
jeudi 1 décembre 2011 à
17h
57e
législature -
3e
année -
2e
session -
6e
séance
M 2000
Débat
Le président. Nous sommes au point 19 de notre ordre du jour. La parole est à M. le député Daniel Zaugg.
M. Daniel Zaugg (L). Alain Meylan étant absent maintenant, c'est moi qui vous présente cette proposition de motion concernant l'électromobilité.
La mobilité individuelle, Mesdames et Messieurs les députés, n'est pas dans l'air du temps, aujourd'hui. Ce n'est pas politiquement correct de parler de mobilité individuelle. Aujourd'hui, il faut parler transports publics et mobilité douce. C'est cela qui est à la mode. C'est vrai, il y a des réflexions à mener dans ces domaines. Cependant, la mobilité individuelle existera toujours et, d'après les prévisions, elle n'est pas près de diminuer.
Aussi, regardons un peu d'où nous venons. Au XXe siècle, notre civilisation a connu un développement fulgurant. La science a fait des bonds en avant dans tous les domaines, que ce soient les biosciences, la médecine, la physique, la mécanique quantique, internet. Ce développement est toujours allé de pair avec celui de la mobilité individuelle. La mobilité individuelle a permis aux gens de s'affranchir des limites géographiques, de proposer leurs services là où ils étaient nécessaires. La mobilité individuelle, Mesdames et Messieurs les députés, est l'un des fondements de notre civilisation moderne. Aujourd'hui, pourtant, elle est menacée. A terme, les Verts nous le répètent, le pétrole, qui a permis le développement de cette mobilité, va se raréfier, il va devenir plus cher. Et, bien sûr, les moteurs à essence font du bruit et polluent, il y a beaucoup de nuisances.
Aussi, je suis convaincu que l'électromobilité est l'une des solutions. Notre avenir est certainement composé de voitures, de scooters, de vélos électriques. Mais, aujourd'hui, ils sont encore chers et difficiles d'accès. Les gens se posent des questions avant d'acheter une voiture ou un scooter électriques, notamment en ce qui concerne le rechargement de ces engins. C'est pourquoi le PLR vous propose aujourd'hui une motion pour favoriser l'électromobilité. Dans cette proposition de motion, vous trouverez un train de mesures, qui permet éventuellement l'installation de bornes de recharge, qui permet certains avantages fiscaux pour les gens - entreprises et particuliers - qui seraient prêts à faire le pas de l'électromobilité. C'est pourquoi, au PLR, nous vous recommandons de réserver un bon accueil à cette motion et nous vous proposons de la renvoyer à la commission des transports afin que nous puissions étudier cette problématique.
Mme Christina Meissner (UDC). Finalement, peut-être heureusement que je n'ai pas signé cette proposition de motion, puisque je dois être dans ce parlement la seule à avoir un véhicule 100% électrique, une petite Peugeot iOn.
Une voix. Bravo !
Mme Christina Meissner. On aurait peut-être pu me soupçonner de rouler pour moi-même ! En l'occurrence, je ne vous cache pas que j'aurais parfaitement signé cette proposition de motion de toute façon.
Il faut reconnaître, comme mon préopinant l'a dit, que, effectivement, le prix, aujourd'hui, représente le facteur majeur qui rebute les gens à passer à l'électromobilité, si l'on peut l'appeler ainsi. Si, pour ma part, je n'ai pas attendu que des bornes électriques soient installées partout, que l'on me donne une prime à la casse pour faire des choix et investir mon argent plutôt là que dans autre chose, je peux comprendre qu'il existe encore bien des contraintes et que tout le monde ne peut pas faire le pas pour passer à l'électromobilité. Dans ces contraintes, il y a notamment le problème de ces fameuses bornes. Je pense qu'il est absolument nécessaire de renvoyer cette proposition de motion en commission, pour analyser quels sont les efforts à faire et quels sont les problèmes que les gens rencontrent pour réellement favoriser l'électromobilité.
Pour la petite histoire, je rappellerai que, non, je ne fonctionne pas au nucléaire. J'ai des panneaux solaires sur le toit et je suis certifiée «Vitale Vert». En l'occurrence, et ainsi, l'électromobilité est aussi une manière... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...de s'engager contre le nucléaire.
Mme Emilie Flamand (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, on entend dans la bouche d'un député PLR: «Raréfaction du pétrole», «Nuisance de la mobilité individuelle»... Nous sommes le 1er décembre, mais pour nous aujourd'hui c'est déjà Noël ! (Remarque.) Alors certainement, l'électromobilité permet de prévenir la pollution de l'air et la pollution sonore. Il reste tout de même quelques questions, notamment la fabrication des batteries, étant donné qu'elles se font avec des métaux assez polluants qui ne sont pas non plus des types de ressources infinis. Il y a également le problème de l'espace public, puisqu'on se plaint de la saturation du trafic à Genève... Si vous remplacez toutes les voitures dans un embouteillage par des voitures électriques, l'embouteillage, lui, ne disparaît pas.
Cela dit, la démarche, cette proposition de motion, est constructive. C'est une question très intéressante et nous l'étudierons bien volontiers à la commission des transports.
M. Florian Gander (MCG). Quel plaisir d'entendre un léger soutien des Verts sur l'automobile ! Très léger, très léger, je maintiens. Par contre, comme vous le savez, le MCG a plutôt une vision d'avenir. A l'heure où l'on décide de modifier l'utilisation de nos véhicules, de les électrifier pour les rendre plus conviviaux et moins polluants, il est intéressant pour nous, maintenant, d'étudier cette question profondément. Alors beaucoup de choses ont déjà été dites; tout ce que le groupe MCG veut, c'est renvoyer la proposition de motion à la commission des transports, afin de pouvoir l'étudier. Et malgré le fait que les véhicules prennent de la place, je suis désolé pour vous, chers collègues Verts, il y en aura toujours. Alors faisons en sorte que cela se passe mieux pour tout le monde.
M. Philippe Morel (PDC). Nul ne doute que la voiture à essence arrive bientôt à échéance; nul ne doute non plus que les autres sources d'énergie pour propulser nos véhicules comprennent l'électricité. Mais tout le monde sait que l'électricité dans les véhicules pose encore un certain nombre de problèmes techniques, touchant tant à la réalisation des batteries - qui font appel à des éléments rares et qui deviennent donc chers - qu'à l'autonomie de ces batteries, qui est relativement limitée, et à leur temps de chargement, qui s'améliore mais n'est pas encore optimal.
Cela dit, le nombre de problèmes restant à résoudre nécessitent certainement un appui. Pour résoudre ces problèmes et avoir un appui, nous vous recommandons de soutenir cette proposition de motion qui, finalement, nous demande de chercher les pistes permettant, à l'avenir, dans les années qui viennent, de développer la voiture électrique, même si les sources d'électricité, actuellement, sont encore difficiles d'accès et relativement rares.
Certaines études ont été faites, et je ne vous en citerai qu'une, pour dire que si, dans dix ans, 15% des véhicules privés en Suisse étaient des véhicules électriques, nous baisserions les émissions du trafic routier de 10%, ce qui correspond exactement aux objectifs de réduction - cela les satisfait - auxquels la Suisse a souscrit dans le cadre des accords de Copenhague. Nous vous demandons donc de soutenir cette proposition de motion pour encourager la recherche, le développement, dans le domaine de la propulsion électrique.
M. Roger Deneys (S). Mesdames et Messieurs les députés, les socialistes ont accueilli avec un intérêt tout à fait ouvert cette proposition de motion. C'est vrai que la mobilité à Genève doit être envisagée différemment de la façon dont on a pu la connaître jusqu'à aujourd'hui, notamment pour ce qui concerne le trafic motorisé, parce qu'ici il s'agit plutôt de la question du trafic motorisé que du trafic individuel ou de la mobilité individuelle. Et puis, comme il s'agit peut-être aussi de considérer la mobilité des cyclistes différemment, on peut imaginer que l'on envisage d'encourager d'autres types de véhicules que ceux qui fonctionnent aux énergies fossiles. Et je n'ai pas dit que les conducteurs étaient des fossiles, mais bien qu'ils fonctionnaient aux énergies fossiles !
Je me suis demandé, Monsieur Zaugg, si vous n'étiez pas concerné par l'article 24 sur cet objet. Mais je vous accorde le bénéfice du doute.
Les socialistes sont tout à fait conscients que la mobilité électrique peut être intéressante. Elle permet effectivement de réduire les émissions de CO2. Mais, en même temps, elle accroît les besoins en électricité. Et, quelque part, elle fait peut-être aussi le jeu des «nucléocrates» que l'on compte en nombre dans certains parlements, tant en Suisse qu'à l'étranger. Donc il s'agit évidemment de faire une pesée d'intérêts sérieuse avant de donner un blanc-seing à ce type de mobilité. C'est pour cela que nous sommes tout à fait favorables à un renvoi à la commission des transports... (Remarque.) Ou de l'énergie, exactement ! Peut-être faut-il un premier rapport de la commission des transports avant de renvoyer l'objet à la commission de l'énergie.
Enfin, l'une des invites semble particulièrement inquiétante aux yeux des socialistes, parce qu'elle promet un beau chaos en ville de Genève: c'est celle qui demande d'accorder la gratuité du stationnement en surface, au centre-ville, pour les véhicules électriques. Je ne suis pas certain que ce soit une mesure très sensée. Evidemment, quand cela représente quelques pourcents du parc automobile total, cela ne pose aucun problème. Mais on peut imaginer que l'extension de cette mesure aurait des conséquences assez intéressantes. Or nous vous accordons le bénéfice du doute et nous vous proposons donc de soutenir le renvoi à la commission des transports.
Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs, nous serons très heureux de vous présenter en commission tout ce qui a déjà été fait par l'Etat de Genève. En effet, il existe - peut-être est-ce le moment aussi de vous informer - déjà un groupe de réflexion qui regroupe à la fois les SIG, les TPG, le groupe Ecomobilité de l'Etat, le service de l'énergie, la FSASD et d'autres partenaires. La réflexion que l'on a menée porte justement sur une diversification des moyens de transport. Nous pensons aussi à une mutualisation, parce que, au fond, l'un des problèmes, qu'il s'agisse de l'automobile, du scooter ou d'autres modes de transport, est que, l'immense majorité du temps, ils sont stationnés et non pas utilisés. L'idée, c'est la mutualisation. Nous pensons qu'il y a un avenir pour l'électromobilité urbaine, et cela est déjà testé actuellement à Paris; ils ont une sorte de Vélib' - qui s'appelle Autolib' - pour les voitures. C'est très pertinent en milieu urbain pour des endroits limités. Nous serons très heureux de vous présenter cela.
Je dis déjà avoir un gros doute sur l'une des invites quand je lis qu'il faudra offrir une prime à la casse pour les véhicules. Non, nous n'aurons pas les moyens de payer cela. Et comme on n'a pas, comme la France, d'industrie automobile, ce n'est pas forcément un bon plan économique non plus. A part cela, nous accueillons avec bienveillance cette motion.
Le président. Je vous remercie, Madame la conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, nous nous prononçons sur le renvoi en commission de la proposition de motion 2000.
Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2000 à la commission des transports est adopté par 68 oui (unanimité des votants).