Séance du
vendredi 14 octobre 2011 à
20h30
57e
législature -
2e
année -
12e
session -
75e
séance
PL 10827-A
Premier débat
Le président. Nous entamons le point 21 de notre ordre du jour. Auparavant, je tiens à remercier la seule et unique représentante du Conseil d'Etat à être présente ce soir... (Applaudissements.) J'ai donc le plaisir de lui offrir un sujet qu'elle apprécie particulièrement: la renaturation de l'Aire. Monsieur le rapporteur, vous avez la parole.
M. Guy Mettan (PDC), rapporteur. Merci, Monsieur le président. Eh bien, écoutez, je vous propose de quitter les doux rivages de la mer Egée et du détroit de Corinthe pour revenir à un sujet bien de chez nous, je veux parler de la renaturation de l'Aire.
La commission des travaux a examiné ce projet de loi pendant deux ou trois sessions avec beaucoup d'attention et l'a accepté à l'unanimité. Ce projet présente deux avantages: le premier, c'est d'embellir cette région, qui a été sinistrée, comme on le sait, suite aux inondations qui ont eu lieu à Lully il y a quelques années; le deuxième, c'est de permettre la renaturation de tout ce secteur et la sécurisation du quartier Praille-Acacias-Vernets, actuellement menacé par les inondations qui pourraient se produire dans ce secteur. Il faut noter aussi que la Confédération apporte sa contribution à raison de 10 millions de francs de subventions fédérales pour ce projet. L'enveloppe globale de ce projet se monte à 40 millions et la participation du canton pourrait atteindre 25 millions.
Comme je l'ai déjà indiqué, la commission s'est prononcée à l'unanimité, et je vous invite, Mesdames et Messieurs les députés, à suivre cette recommandation.
Il faut savoir que l'adoption de ce projet de loi était liée à l'adoption d'une motion concernant le pont de la Praleta. Cette motion ayant été acceptée hier soir par notre Grand Conseil, il n'y a plus aucune raison de rejeter ce projet de loi qui présente un immense avantage pour tout le secteur: Champagne, Confignon, Lully, Bernex, Acacias.
M. Pierre Weiss. Soral !
M. Guy Mettan. Soral, effectivement ! Du point de vue des affluents un peu plus lointains de l'Aire.
Présidence de M. Pierre Losio, premier vice-président
M. Christo Ivanov (UDC). Le projet de loi 10827 traite de la troisième étape de la renaturation de l'Aire et de ses affluents. Comme l'a indiqué notre collègue Guy Mettan, ce projet a été accepté à l'unanimité de la commission des travaux, car il est excellent. Et son financement est assuré.
Il convient de remercier ici les services de l'Etat en charge du dossier, MM. Wisard et Delavy, du service de renaturation des cours d'eau, qui effectuent un travail remarquable. Pour ceux qui se promènent vers la Seymaz ou dans la région de la Carisaie, allez aussi vers Choulex: vous verrez, tout a été fait dans les règles de l'art, avec la récupération des cailloux qui ont été traités sur place, et c'est une réussite fantastique.
Mais ce projet comportait un bémol, soit la suppression de la route de la Mourlaz qui reliait la route de Base à Confignon; hier soir, en votant la motion concernant le pont de la Praleta, cette affaire a été réglée. Par conséquent, le groupe UDC vous demande d'accepter le projet de loi 10827.
M. Serge Dal Busco (PDC). Depuis que les travaux de la deuxième étape - nous parlons maintenant de la troisième - ont été réalisés, c'est-à-dire ces dernières années, les rivages de cette rivière capricieuse qu'est l'Aire sont presque aussi doux que ceux de la mer Egée... Nous aspirons évidemment à ce que le prolongement de ce projet en direction de la ville, pour la concrétisation de cette troisième étape telle qu'elle est proposée par ce projet de loi, se réalise rapidement. L'hypothèque - la légère hypothèque ! - que nous avons évoquée hier concernant la coupure de la circulation ayant été levée, c'est avec un enthousiasme sans réserve que le groupe démocrate-chrétien vous invite à adopter ce projet de loi.
Je saisis cette occasion pour vous signaler que demain, à 11h, aura lieu sur le site, à proximité des tennis de Perly-Certoux, l'inauguration d'un ouvrage marquant de la deuxième étape, à savoir une magnifique passerelle en bois qui relie, et ce n'est pas si courant que cela, deux communes genevoises, celle de Perly-Certoux et celle de Bernex. Ce sera l'occasion, pour celles et ceux d'entre vous qui êtes disponibles, de voir sur le site cette magnifique réalisation, laquelle anticipe celle qui va faire l'objet de ce projet de loi. Donc, demain à 11h, inauguration de la passerelle des Bis entre Perly-Certoux et Bernex.
Mme Anne Mahrer (Ve). Effectivement, la renaturation de l'Aire est un succès, comme c'est un succès pour la Seymaz. Les très nombreux promeneurs qui y viennent chaque week-end nous le prouvent. C'est un succès pour les habitants, c'est un succès pour les communes, c'est un succès pour les pêcheurs; c'est un succès pour la faune et pour la flore, et nous nous en félicitons. La rivière a retrouvé un cours, elle s'étend à son aise. On pourrait dire qu'elle «se la coule douce», et nous nous en réjouissons. (L'oratrice est interpellée par un député.) Oui, et c'est une bonne chose ! Mesdames et Messieurs les députés, je vous engage donc à voter ce projet de loi.
Mme Christiane Favre (L). J'ai eu le privilège, à l'époque, en tant que maire de Perly-Certoux, de faire partie du jury qui a récompensé le projet mis en oeuvre pour la renaturation de l'Aire. Les premiers tronçons qui ont été construits, notamment celui qui concerne le territoire de ma commune, que je connais particulièrement bien, est extrêmement réussi. C'est une réalisation magnifique, et je vous encourage, comme mon collègue Dal Busco, à venir voir cela sur place, demain samedi.
Mais il a fallu se battre, à l'époque, pour que ce projet ne soit pas seulement une réserve naturelle et qu'il profite aussi aux humains qui cohabitent dans cette région depuis toujours avec les hérons et les grenouilles... (L'oratrice est interpellée.) Certainement aussi avec les hérissons ! Il a fallu se battre pour conserver les équipements sportifs, existants, que les concepteurs du projet voulaient sacrifier sous prétexte que la sauvegarde du martin-pêcheur était plus importante que les Perlysiens qui pratiquent le tennis... C'était évidemment un point de vue, mais il n'était pas question que l'on sacrifie le bien-être des gens, des sportifs, des familles, pour le seul aspect écologique d'une réalisation - dont le but premier est la préservation des biens et des personnes contre les crues de l'Aire. Et nous avons bien fait de nous battre, à l'époque, parce qu'aujourd'hui cette réalisation fait l'unanimité. Elle remporte une adhésion complète: l'adhésion des usagers des lieux, mais aussi - j'ai eu le plaisir de le lire dans le rapport - celle des oiseaux. J'ai en effet appris que des espèces rares d'oiseaux commençaient à nicher dans les environs. Ce qui veut dire que le tennis et l'ornithologie ne sont pas incompatibles.
Le problème du pont de Mourlaz est finalement du même ordre. Il est très vite apparu, à l'époque, qu'on ne pouvait pas sacrifier une voie de communication à la renaturation sans proposer une solution de rechange. Et le pont de la Praleta avait été envisagé, à l'époque déjà, par M. Cramer aussi, comme un itinéraire possible de remplacement.
Je suis donc un peu sidérée qu'il ait fallu une motion - traitée hier - pour demander cette réalisation, alors que les maires des communes concernées sont demandeurs, et ont toujours été demandeurs de cet équipement.
Ce projet est magnifique, Mesdames et Messieurs les députés, mais, pour qu'il le reste, il faut qu'il s'adapte aux nécessités du bassin de population qu'il sert ! La population qu'il sert est importante; avec les projets d'urbanisation en cours, elle va augmenter encore et, avec ce que nous promettent les PACA, elle va exploser.
Le président. Madame la députée, il vous reste vingt secondes !
Mme Christiane Favre. Merci, Monsieur le président ! Il est donc indispensable que ce tronçon de renaturation tienne compte de tous ces paramètres.
C'est donc extrêmement rassurés par l'envoi de la motion 2020 au Conseil d'Etat que les libéraux et les radicaux voteront ce projet de loi avec enthousiasme - avec un enthousiasme sans réserve, comme le disait mon collègue Dal Busco. (Applaudissements.)
Présidence de M. Renaud Gautier, président
Mme Christina Meissner (UDC). En 2002, nous avons commencé la renaturation de l'Aire, modestement, avec un tronçon pilote de 600 mètres. Il s'agit de l'une de nos rivières qui nous tient le plus à coeur, une rivière transfrontalière.
Nous allons franchir aujourd'hui une étape importante, parce qu'il s'agit du tronçon le plus long. De la sécurisation des biens sur une petite parcelle du territoire de Lully, nous allons passer à la sécurisation d'un grand territoire: Praille-Acacias-Vernets.
En ce qui concerne les humains, c'est un travail conséquent et d'importance. La nature va en bénéficier, car cette réalisation va permettre aux éléments de reprendre leur place. Nous avons notamment retrouvé dans cette rivière des truites et des blageons. C'est toute la faune et la flore qui vont en profiter; cela va évidemment améliorer la qualité de vie de la population qui viendra s'installer au bord de cette rivière. Ce sera évidemment une rivière urbaine, mais elle restera naturelle et gardera toute son âme.
Je tiens à remercier aussi - je ne peux m'empêcher de repenser au travail auquel j'ai contribué - toutes les personnes qui ont oeuvré pour sauver cette rivière et les autres. Par conséquent, je vous encourage à voter ce projet magnifique !
M. Jean-Louis Fazio (S). C'est avec enthousiasme que les socialistes voteront la troisième étape de cette renaturation. Celle-ci constitue un nouveau parc... (Remarque.) ...pour les Genevois, dans un quartier qui va beaucoup s'urbaniser. Donc, nous... (Un instant s'écoule.) Nous... J'ai perdu le fil ! Désolé, j'ai perdu mes mots ! (Brouhaha.)
Je vous invite donc à soutenir ce projet de loi. Néanmoins, le groupe socialiste regrette que cette zone soit coupée en deux par un magnifique pont en béton à trois voies.
Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. C'est l'un des projets majeurs de Genève concernant la renaturation, puisqu'il s'agit du tronçon le plus important de l'Aire. Nous avons réalisé des projets très importants sur la Seymaz, mais ce projet représente l'une des dernières très grandes étapes de l'histoire des renaturations. C'est un projet magnifique.
J'aimerais remercier les associations qui ont oeuvré depuis fort longtemps pour réaliser ces projets, de même que les communes ayant participé avec enthousiasme à l'élaboration de ces derniers tout en étant parfois critiques. Quoi qu'il en soit, c'est une réalisation commune, et il faut souligner que ce travail extrêmement important reprend tous les éléments du développement durable. Il prend en compte le côté écologique - ce sera une des parties les plus importantes, la plus naturelle. Certains avaient l'air sceptiques en entendant parler de truites... Eh bien oui, il y a déjà actuellement des truites dans l'Aire, et nous espérons qu'avec le nouveau bassin elles pourront mieux prospérer encore.
Ce projet prend en considération le côté social, cela a été évoqué. Cette renaturation s'inscrit dans un périmètre qui va s'urbaniser de façon importante. On a beaucoup parlé des corridors biologiques... Voilà un espace naturel, un corridor biologique, qui permet un développement urbain à proximité. Ces deux éléments doivent aller de pair. Si nous faisons de la renaturation, ce n'est pas seulement pour les grenouilles, nous la faisons surtout pour nous, pour la survie des êtres humains.
Enfin, ce projet tient compte d'un élément économique très important: je veux parler de la sécurisation du nouveau quartier de la Praille-Acacias-Vernets. Ce projet relie donc toutes les fonctions du développement durable: écologiques, sociales et économiques. Ce projet est fédérateur pour les Genevois - cela ressort de toutes les interventions - et enthousiasmant: ce sera un cadeau pour les générations futures.
Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, nous sommes en procédure de vote. Je vous soumets la prise en considération du projet de loi 10827.
Mis aux voix, le projet de loi 10827 est adopté en premier débat par 81 oui contre 2 non.
La loi 10827 est adoptée article par article en deuxième débat et en troisième débat.
Mise aux voix, la loi 10827 est adoptée en troisième débat dans son ensemble par 77 oui contre 2 non et 2 abstentions.