Séance du
jeudi 13 octobre 2011 à
20h30
57e
législature -
2e
année -
12e
session -
72e
séance
M 2029
Débat
Présidence de M. Pierre Losio, premier vice-président
M. Ivan Slatkine (L). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, il y a un mois, nous avons débattu dans cette salle du rapport du Conseil d'Etat concernant la traversée du lac. Lors de ce débat, nous avons pu constater que les positions ne variaient guère entre les pro-voitures, les pro-TPG et les pro-vélos. Nous étions dans un débat stérile et de nombreux spectateurs et Genevois n'ont pu que déplorer notre incapacité à trouver ensemble des solutions aux problèmes que nous connaissons aujourd'hui en matière de mobilité.
Depuis ce débat, il semble que de l'eau ait coulé sur les ponts... Sous les ponts, pardon ! (Exclamations.) Est-ce que ce sont les effets de la campagne pour les élections fédérales ? Nul ne le sait ! Mais il faut relever qu'en l'espace de moins d'un mois, nous avons été les spectateurs de nouvelles encourageantes. Quelles sont ces nouvelles ?
La première, c'est que l'Office fédéral des transports a reconnu la problématique du goulet d'étranglement genevois en lançant une étude sur les diverses variantes pour résorber ce goulet. La deuxième nouvelle, c'est que le Tribunal fédéral a permis de débloquer enfin le projet du CEVA, projet qui va donc devenir concret dans les semaines qui viennent. Troisième bonne nouvelle, le Touring Club Suisse a pris une position favorable à l'élaboration d'une ligne de bus sur le pont du Mont-Blanc, sous certaines conditions. Quatrième bonne nouvelle, l'ensemble des candidats au Conseil des Etats, dont Mme Liliane Maury Pasquier et M. Robert Cramer, se sont prononcés en faveur de la traversée du lac, sous certaines conditions.
Il y a un mois, je vous parlais dans cette enceinte d'un rêve, et j'ai l'impression qu'aujourd'hui ce rêve peut devenir réalité, car il semblerait que tout le monde s'accorde à reconnaître qu'il y a un réel problème en termes de mobilité dans notre canton et qu'il faut que nous trouvions ensemble une solution pour le résoudre. Pour ce faire, sachant que la traversée du lac - plus précisément le bouclement de l'autoroute de contournement - sera défendue par tous nos candidats à Berne et que ce projet relève aujourd'hui de la compétence fédérale, nous devons ici à Genève, au niveau cantonal, montrer dès à présent notre soutien à la réalisation de mesures d'accompagnement fortes qui devront à l'évidence accompagner le bouclement de l'autoroute de contournement de Genève.
Une voix. Très bien !
M. Ivan Slatkine. Moins de voitures en ville avec plus de transports publics performants et la réalisation de parkings d'échange ! Moins de voitures en ville, pour améliorer la qualité de vie de tous les Genevois et habitants de notre agglomération, avec le développement de zones piétonnes et de pistes cyclables en application de l'IN 144 soutenue par la population. La réalisation du bouclement autoroutier de Genève, avec un plan de mesures d'accompagnement fort, privilégiant les transports publics et la mobilité douce, est la pierre angulaire pour un changement de paradigme en matière de mobilité.
Le président. Monsieur le député, j'ai une mauvaise nouvelle: votre temps de parole est écoulé. (Commentaires.)
M. Ivan Slatkine. Vous me permettrez de terminer ! Soutenir cette motion, c'est donc soutenir la politique que prônent tous les candidats genevois au Conseil des Etats, Verts et socialistes inclus ! Soutenir cette motion, c'est montrer qu'on peut avoir une approche globale de la mobilité à Genève, de toutes les mobilités, en faveur de tous les habitants de notre région, sans dogme, sans préjugé et sans hypocrisie.
Mesdames et Messieurs les députés, ce soir nous avons une occasion rêvée d'enterrer la hache de guerre en matière de transports et de proposer des solutions qui satisferont tous les bords politiques de notre canton. Refuser cette proposition qui se veut constructive et sans dogme, c'est désavouer l'ensemble des candidats qui se présentent au Conseil des Etats et qui sont censés représenter nos idées - vos idées - à Berne ! Refuser cette proposition, c'est désavouer ceux qui se soucient du bien-être de tous les Genevois. Ou alors faudrait-il penser que certains de ces candidats, Mme Maury Pasquier et M. Cramer, pour ne pas les citer, ne seraient que des menteurs... (Protestations. Exclamations.) ...qui utilisent de simples slogans électoralistes et opportunistes voyant leur siège vaciller ?
Le président. Voudriez-vous conclure, Monsieur le député ?
M. Ivan Slatkine. Personnellement, je n'ose pas y croire et c'est pourquoi je suis certain que vous allez tous nous démontrer ce soir votre esprit d'ouverture en renvoyant cette motion au Conseil d'Etat.
Des voix. Bravo ! (Applaudissements.)
M. Eric Stauffer (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, comme vous l'avez vu, le MCG non seulement soutient ce texte, mais il en est aussi cosignataire. Aujourd'hui, il faut que la population sache si nous avons des menteurs au Conseil des Etats ou si nous avons des élus qui sont francs et qui disent la vérité lors de débats télévisés !
Mon préopinant a expliqué que, lors d'un débat télévisé, les candidats Mme Maury Pasquier et M. Robert Cramer s'étaient dits favorables à la traversée du lac. Eh bien, aujourd'hui, Mesdames et Messieurs les Verts et Mesdames et Messieurs les socialistes, vous allez pouvoir démontrer devant les médias et devant les citoyens que vous êtes cohérents et que vos deux magistrats ne sont pas des menteurs ! Faute de quoi j'espère que vous serez durement sanctionnés lors des élections fédérales, parce qu'il y en a assez de ces discours de pacotille pour faire des promesses tous les quatre ans, mais qui ne sont pas suivies d'effets. (Commentaires.) Alors, Mesdames et Messieurs les Verts, vous êtes face à vos responsabilités: allez-vous ou non soutenir les textes en faveur de la traversée du lac, comme l'ont fait vos candidats au Conseil des Etats ? Eh bien, nous allons voir et nous allons pouvoir constater ensemble si, effectivement, vous soutenez vos candidats ou s'il s'agit juste de déclarations de façade, auxquelles vous nous avez trop souvent habitués !
Et je vous le dis toujours, Mesdames et Messieurs, mesurez votre échec à la puissance du Mouvement Citoyens Genevois qui, en six ans, est devenu la deuxième force du canton !
Des voix. La troisième !
M. Eric Stauffer. Oui ! Ah ! Criez, Mesdames et Messieurs les Verts ! Avec ce qui se passe ce soir, je pense que vous allez redescendre d'en tout cas trois ou quatre places dans le hit-parade ! Il y en a assez de prendre les Genevois pour des imbéciles ! Alors, je vous le dis, Mesdames et Messieurs, encore une fois, si vous avez un doute, regardez-nous bien: nous grignotons des places à chaque élection, grâce à votre incompétence, grâce à votre hypocrisie envers les citoyens genevois ! Maintenant, ce soir, vous avez une possibilité de prouver que Genève est unie pour cette traversée du lac, pour désengorger réellement la ville de ses bouchons insupportables pour les résidents.
Nous nous réjouissons de voir ces votes et nous demandons d'ores et déjà, Monsieur le président, l'appel nominal pour tous les votes sur cet objet. (Applaudissements. Exclamations.)
Le président. Est-ce que vous êtes suivi ? (Plusieurs mains se lèvent.) Il y aura donc vote nominal. La parole est à Mme la députée Anne Mahrer.
Mme Anne Mahrer (Ve). Merci, Monsieur le président. J'ai fait un rêve: celui que l'on parle doucement... (Brouhaha.) Mesdames et Messieurs les députés, je ne sais pas si vous avez réellement lu le rapport du Conseil d'Etat RD 870 que nous avons traité lors de notre session de septembre. Ce rapport est long, précis, complet, et il donne exactement toutes les mesures d'accompagnement dont vous parlez. Faut-il donc demander au Conseil d'Etat de recommencer le travail et de faire prendre du temps à l'administration pour répéter ce qui est écrit dans le RD 870 ? Je ne le pense pas, ce serait un travail totalement inutile.
Cela dit, l'invite que vous proposez est bonne, ce sont les considérants qui ne tiennent pas la route. Il faut peut-être se rappeler que la Confédération a établi des directives extrêmement claires quant à la réalisation de nouvelles structures routières: ces dernières doivent avoir démontré un bilan écologique positif, ce qui signifie que les mesures d'accompagnement ou de compensation doivent être intégrées au projet. Il ne s'agit donc pas seulement d'une demande guidée par le bon sens des Verts, c'est avant tout une exigence fixée par la Confédération, qui est quand même le principal financier des routes nationales. C'est donc au porteur de projet de proposer ces mesures, qui sont nécessaires, notamment des mesures conséquentes de diminution du trafic motorisé sur l'ensemble du canton. Par conséquent, je vois que le PLR et la majorité de ce Grand Conseil deviennent des ardents défenseurs des transports publics et de la mobilité douce. Bravo !
Une voix. On l'a toujours été ! (Commentaires. Le président agite la cloche.)
Mme Anne Mahrer. La Confédération rappelle aussi, elle l'a toujours stipulé, qu'elle n'entrera pas en matière pour imposer un quelconque tracé au peuple genevois ou pour rechercher un consensus. En conclusion, Mesdames et Messieurs les députés, pour épargner un travail inutile et redondant au Conseil d'Etat, les Verts ne voteront pas cette motion ! (Applaudissements.)
Des voix. Ouh !
Mme Anne-Marie von Arx-Vernon (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, cette motion n'est pas du tout inutile. Elle sert de piqûre de rappel. Vous savez, Mesdames et Messieurs les députés, lorsqu'on parle de la traversée du lac depuis dix ans, vingt ans, trente ans, quarante ans, il faut des piqûres de rappel ! Alors, oui, c'est une piqûre de rappel, parce qu'il est important qu'on puisse continuer à se battre pour la paix des transports. C'est joli de parler de se battre pour la paix des transports, mais ça a du sens ! Parce que cette paix des transports, nous la voulons tous ! Mais là, nous espérons, en signant cette motion de type «piqûre de rappel», souligner que cette paix des transports, c'est la clé de voûte de l'avenir de Genève. Parce qu'avec toutes les oppositions qu'on connaît, il n'y a pas de paix des transports, et ceux qui aujourd'hui trouvent ça admirable sont les mêmes qui bloquent le projet du CEVA, voyez-vous ! Il y a des choses parfois un peu contradictoires ! (Remarque.) Mais pour le parti démocrate-chrétien, il n'y a aucune contradiction, Monsieur le président ! Nous sommes dans la même cohérence et nous voulons tout ensemble, que ce soit à pied, que ce soit à vélo, que ce soit en voiture, que ce soit en bus, que ce soit en tramway et même en scooter !
Une voix. Et en bateau !
Mme Anne-Marie von Arx-Vernon. Et même en bateau, mais pour passer par-dessus le lac, c'est peut-être mieux un tunnel... Non, un tunnel, c'est dessous ! Alors un pont, éventuellement ! (Exclamations.) Nous, nous sommes convaincus que nous devons remettre régulièrement le métier à l'ouvrage ou l'ouvrage sur le métier... C'est dans ce sens-là ! Nous sommes convaincus de la nécessité de cette piqûre de rappel. Peut-être que nous en aurons encore besoin mais, Monsieur le président, vous pouvez être sûr que le parti démocrate-chrétien sera toujours au rendez-vous pour rappeler combien la traversée du lac est essentielle pour désengorger Genève et pour faciliter la fluidité de tous les moyens de transport ! Et ça, nous pouvons y arriver tous ensemble ! C'est pourquoi le parti démocrate-chrétien vous invite à soutenir cette motion et à la renvoyer au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)
M. Roger Deneys (S). Mesdames et Messieurs les députés, les socialistes accueillent avec intérêt cette motion...
Une voix. Ah !
M. Roger Deneys. Même si, pour les socialistes, ce n'est pas la paix des transports qui compte dans l'absolu, ce sont les solutions intelligentes ! Faut-il réaliser une traversée du lac ? S'agit-il d'une mesure intelligente ? (Commentaires.) On peut se poser la question ! Certains d'entre vous en sont convaincus, et d'ailleurs, quels que soient les résultats des études, je pense que certains en seront toujours convaincus, même si les études sont négatives !
Les socialistes aimeraient simplement pouvoir discuter de ces sujets - y compris les propositions que vous évoquez dans cette motion - en commission des transports. Parce que renvoyer ce texte au Conseil d'Etat, qui a osé prétendre lors du dernier débat que, pour réaliser une voie de bus au centre-ville, sur le pont du Mont-Blanc, il faudrait construire cette traversée du lac à 4 milliards de francs... C'est tout simplement un manque de compétences flagrant !
Des solutions pragmatiques peuvent certainement être trouvées, des débats peuvent être menés, sereinement je l'espère, mais pour cela il faudrait pouvoir en discuter en commission et non pas s'affronter sur des dogmes, comme ici en plénière. (Commentaires.)
M. Patrick Lussi (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, que dire de plus face aux arguments pertinents présentés par les dépositaires de la motion dont nous sommes aussi signataires ?
Vous le savez, ce n'est pas un secret, cela nous a même été parfois reproché, l'Union démocratique du centre est très attachée à toutes les solutions - dont notre traversée de la rade, et non du lac - qui vont permettre non pas de faire la guerre aux moyens de transports publics, mais de fluidifier la circulation que certains partis - excusez-moi, les bancs d'en face ! - s'ingénient à congestionner, empêchant de manière générale de circuler librement, si ce n'est avec un vélo électrique qu'il faut recharger tous les trente kilomètres ou avec un tramway qui prend trois fois plus de temps que votre voiture, notamment quand vous faites des déplacements en étoile. (Brouhaha.)
Bien sûr, ma préopinante PDC a dit que c'était une piqûre de rappel. Oui, une piqûre de rappel de plus ! Il est certain que le groupe UDC aurait préféré même que l'on s'attelle à un autre projet. Au lieu de faire des pistes cyclables sur tout le canton, une traversée de la rade - et non du lac - aurait peut-être été plus judicieuse. Pour finir, quand on regarde ce que ça va nous coûter, on n'en est pas très loin... C'est la raison pour laquelle je suis bref, et le groupe de l'Union démocratique du centre vous demande de soutenir fermement cette motion.
Le président. Merci, Monsieur le député. Monsieur le député Eric Stauffer, vous avez la parole pour vingt secondes.
M. Eric Stauffer (MCG). Vingt secondes, Mesdames et Messieurs, c'est largement suffisant pour dire que le groupe des Verts et le candidat Robert Cramer sont des menteurs et qu'ils ne veulent pas de cette traversée du lac. Finalement, j'espère que les médias relaieront ce mensonge d'Etat d'un homme d'Etat qui a fait campagne en mentant à la population lors d'un débat télévisé ! Nous en prenons acte. Merci !
Le président. Merci, Monsieur le député. Les médias feront comme ils l'entendent ! La parole est à Mme la députée Loly Bolay, pour une minute quarante-cinq.
Mme Loly Bolay (S). Merci beaucoup, Monsieur le président, ce sera largement suffisant. Mesdames et Messieurs les députés, mon collègue Robert... Non, Robert, c'est mon mari ! Lui, c'est Roger ! (Rires. Applaudissements.) Mon collègue l'a dit, le parti socialiste est d'accord de renvoyer cette motion en commission. Pourquoi ? Parce que nous, ce que nous saluons dans l'invite de cette motion, ce sont effectivement des mesures d'accompagnement crédibles. On vous remercie d'avoir entendu le parti socialiste, parce que ces mesures d'accompagnement, on les avait toujours réclamées ! On ne peut pas voter pour un tel ouvrage sans le considérer dans sa globalité, avec les problèmes que cet ouvrage va provoquer.
Donc regarder, étudier et faire des propositions concrètes pour ces mesures d'accompagnement, c'est effectivement quelque chose de concret que le parti socialiste salue, Monsieur le président. C'est la raison pour laquelle je confirme, puisqu'il me reste très peu de temps, que nous voterons le renvoi de cette proposition de motion 2029 en commission. (Commentaires.)
Le président. Merci, Madame la députée. Monsieur le député Alain Meylan, vous avez la parole pour deux minutes.
Présidence de M. Renaud Gautier, président
M. Alain Meylan (L). Merci, Monsieur le président. Je vais répondre à M. Deneys qui demandait le renvoi de la proposition de motion à la commission des transports. Le groupe libéral-radical s'opposera à cette demande de renvoi en commission. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu'actuellement c'est la commission des transports du Conseil des Etats qui s'occupe du dossier, respectivement le Conseil national si c'est accepté, parce qu'il s'agit d'une prérogative fédérale et que cela doit déboucher sur un projet du département de la conseillère fédérale Mme Doris Leuthard sur le développement du réseau des routes nationales.
On doit donc tout faire à Genève pour soutenir cette motion, de manière constante et avec une grande majorité, comme on l'a fait notamment avec la résolution 666, qui vise justement à démontrer l'intérêt et l'importance d'un développement des moyens de transport par une traversée du lac. Améliorer les moyens de transports individuels a des conséquences, ce qu'on a toujours dit et toujours soutenu, dans tous les cas. Je vous rappellerai simplement le projet de la place Neuve pour laquelle nous avions dit oui à un parking, oui au tramway, mais avec des places piétonnes, or cela n'a pas été fait, à cause du groupe des Verts de la Ville de Genève, malheureusement, et je le dis très clairement ici. C'est malheureux, parce qu'on aurait maintenant un centre-ville convivial, avec des places piétonnes, avec la rue de la Corraterie piétonne. Mais ça, les Verts ne l'ont pas voulu ! (Protestations.) Ils en portent donc la responsabilité ! Cette responsabilité-là, maintenant, je suis partisan de la tenter une nouvelle fois. Plaçons ce capital confiance dans le développement de l'agglomération qui prend forme, qui doit prendre forme en matière de transports individuels, qui doit prendre forme aussi en termes d'amélioration de la qualité de vie, avec des mesures d'accompagnement au centre-ville.
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député.
M. Alain Meylan. C'est pour cette raison-là que cette motion est essentielle et qu'il faut la renvoyer directement au Conseil d'Etat et non pas à la commission des transports, de façon que le Conseil d'Etat puisse marquer très clairement la vision et la vue de Genève, comme Mme Künzler l'a d'ailleurs répété l'année dernière, lors du vote du budget.
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député !
M. Alain Meylan. Il s'agissait de développer aussi cette manière de voir la mobilité à Genève...
Le président. Vous devez conclure, Monsieur le député !
M. Alain Meylan. Ce vote est essentiel pour montrer la vision de Genève au Conseil fédéral et l'inciter à choisir cette solution de la traversée du lac.
M. Jacques Jeannerat (R). Permettez que mon intervention ressemble à une revue de presse car, dans les médias de ce canton, le 29 septembre, on a beaucoup parlé de la traversée du lac. Je cite Mme Maury Pasquier et M. Robert Cramer: «Nous sommes en faveur d'une traversée du lac, à condition que des mesures d'accompagnement soient prises conjointement.» Fin de citation ! Or c'est ce que propose la motion. Quant au président des Verts, M. Yvan Rochat, il a précisé, je cite: «Une réflexion est en cours.» Fin de citation. S'agissant du président du parti socialiste, M. René Longet, il dit: «Le non ferme est une position révolue, car l'offre des transports a évolué.» Alors, quand j'entends dire sur les bancs d'en face qu'ils ne peuvent pas accepter cette motion directement, je m'étonne ! M. René Longet continue en disant que la traversée du lac devra être couplée à des mesures d'accompagnement pour passer la rampe. Mais c'est le texte de la motion que le PLR vous propose !
Je peux comprendre, Madame la représentante des Verts, que les considérants vous gênent un petit peu aux entournures, mais ce qui compte dans une motion, Madame la députée, c'est l'invite ! Or l'invite est soutenue, et par le président Rochat et par le président Longet ! Donc votez cette motion, avec le PLR et avec ce parlement !
Cela fait dix ans que je suis député au Grand Conseil et c'est au moins la vingt-cinquième fois que je m'exprime en faveur de la complémentarité des transports. Les députés de vos partis qui me connaissent savent qu'en commission des transports je me suis toujours battu pour le développement du réseau des tramways. Il faut que nous ayons une vision globale des transports dans ce canton, et la motion PLR ne demande rien d'autre que ça, ce soir: une traversée du lac, avec un programme de P+R qui tienne la route, avec un développement des transports publics qui soit efficace, avec un réseau de tramways que nous sommes en train de reconstruire. S'il vous plaît, votez avec nous cette motion !
Des voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme la députée Emilie Flamand, à qui il reste quarante secondes.
Mme Emilie Flamand (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, et Messieurs les députés du PLR qui vous êtes exprimés, nous sommes très heureux d'apprendre que vous avez d'éminentes sources: Yvan Rochat, René Longet, Liliane Maury Pasquier, Robert Cramer. C'est excellent, mais peut-être devriez-vous aussi lire les rapports de votre magistrat, Mark Muller. Il parle déjà de ces mesures d'accompagnement ! Elles sont prévues et doivent être unies avec ce projet: on ne doit pas prévoir, d'un côté, le pont ou le tunnel, et de l'autre les mesures d'accompagnement. Ce sont deux choses qui doivent aller ensemble.
Comme l'a très bien dit Mme Mahrer tout à l'heure, ces mesures d'accompagnement sont déjà prévues: il me semble que le DCTI a suffisamment à faire pour qu'on ne lui renvoie pas des motions qui l'obligent à répéter quelque chose qu'il a déjà dit dans un autre rapport ! Nous maintiendrons donc notre position et je vous remercie. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à M. le député... Les candidats sont priés d'arrêter de taper dans les mains ! La parole est à M. le député Roger Deneys, à qui il reste trente secondes.
M. Roger Deneys (S). Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais simplement rajouter une chose: il n'y a pas que la traversée du lac comme problème à Genève aujourd'hui ! (Commentaires.) Je vous rappelle que nous avons un budget avec 400 millions de francs de déficit, nous avons une dette de plus de 10 milliards de francs et vous voulez faire des économies sur à peu près toutes les mesures sociales possibles dans le cadre du budget, mais vous proposez un tel projet ! Nous pouvons certes en parler, mais je pense qu'il faut relativiser l'enjeu de ce problème...
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député !
M. Roger Deneys. Les questions d'emploi, de chômage, de santé et de logement sont aussi certainement bien plus importantes pour l'ensemble des habitants de ce canton. Je tenais à le rappeler. (Commentaires.)
Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, le Conseil d'Etat a déjà anticipé. Je crois que certaines députées particulièrement attentives ont lu les rapports présentés par le Conseil d'Etat. Les mesures d'accompagnement sont déjà dans le projet de traversée du lac. Il y a trois possibilités: des rétrécissements sur les chaussées qui bordent le lac, une diminution des voies, des diminutions des voies de circulation pour les ramener à une voie dans chaque sens, comme sur la route de Vernier, par exemple. Toutes ces mesures sont détaillées dans le plan lié à la traversée du lac.
Par ailleurs, il vous a peut-être aussi échappé que le Conseil d'Etat a récemment mis à l'étude toute la planification des tramways pour ces vingt ou trente prochaines années. Donc, là aussi, nous avons anticipé avec cette étude et cette vision globale sur ce mode de transport. Très prochainement, vous obtiendrez également tout ce qui concerne le plan directeur du réseau routier. Cette vision globale, elle existe donc, et peut-être est-il important de souligner que, dans la vision 2030 intégrant la traversée du lac, il y a des étapes, des étapes qui doivent commencer dès aujourd'hui, parce que ce que le Conseil d'Etat n'aimerait pas, c'est dormir pendant vingt ans et prendre des mesures seulement quand la traversée du lac aura été réalisée !
C'est dès maintenant que nous anticipons, que nous commençons à faire des projections, que ce soit pour le réseau routier, que ce soit pour le réseau de tramways, que ce soit pour la mobilité douce et, évidemment aussi, concernant les parkings, puisqu'une proposition sera faite en commission la semaine prochaine pour présenter une vision en matière de compensation des parkings, comme à Zurich.
Je crois que le Conseil d'Etat est bien au clair sur les mesures à prendre, elles sont déjà détaillées, mais c'est bien volontiers que nous rédigerons un petit rapport pour vous en faire le résumé ! (Exclamations.)
Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Nous sommes donc saisis d'une demande de renvoi à la commission des transports, assortie d'un vote nominal.
Mis aux voix à l'appel nominal, le renvoi de la proposition de motion 2029 à la commission des transports est rejeté par 76 non contre 10 oui.
Le président. Nous votons maintenant sur la proposition de motion elle-même.
Mise aux voix à l'appel nominal, la motion 2029 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 61 oui contre 18 non et 8 abstentions. (Applaudissements. Exclamations.)
Le président. Dans la mesure du possible, je vous saurai gré de garder un peu d'énergie pour demain. Ce sera nécessaire pour que nous puissions continuer le traitement de notre ordre du jour !