Séance du
vendredi 10 juin 2011 à
15h
57e
législature -
2e
année -
9e
session -
51e
séance
P 1725-A
Débat
M. René Desbaillets (L), rapporteur de majorité ad interim. Il s'agit tout d'abord, avec ce rapport, de remercier M. Marcel Borloz, notre ancien collègue, qui, peut-être, si Léman Bleu parvient jusqu'aux Alpes vaudoises, passe son après-midi devant la télévision... Mais cela m'étonnerait quand même.
En ce qui concerne la majorité, nous avons décidé de classer cette pétition, parce qu'elle arrive un peu comme la grêle après la vendange. En effet, au moment où nous questionnons les gens, nous auditionnons, etc., on s'aperçoit qu'un accord a été signé, entre le conseiller d'Etat - Robert Cramer, à l'époque - et M. Pagani, pour couper la rue de l'Ecole-de-Médecine en deux et supprimer cet axe qui permettait d'aller de Plainpalais jusqu'aux Vernets, notamment grâce à la nouvelle passerelle des Vernets que la Fondation Wilsdorf se plaît à offrir à la République et canton de Genève. Nous pensons que c'est quand même faire fi de tels donateurs ! Qui nous offrent une parcelle ! Qui nous offrent un pont ! Et ensuite, la rue permettant d'utiliser ce pont, on va la couper en son centre ?! Et obliger les gens à tourner - soit à droite, soit à gauche - sur le boulevard Carl-Vogt ?!
On ne peut donc faire qu'une chose. Des travaux sont réalisés, j'ai passé dernièrement dans cette rue, c'est quasiment tout fait... Là, les députés n'ont quasiment rien à dire, et ça a été signé sans même que la commission des transports en soit informée. C'est regrettable, or le travail est déjà effectué ! Espérons que le nombre de bouchons n'augmentera pas.
M. Roberto Broggini (Ve), rapporteur de minorité. Le rapporteur de majorité nous parle de bouchons. Il est bien placé pour en parler en tant que viticulteur... Néanmoins, je souhaite exprimer quelques considérations, Monsieur le président. Nous avons des obligations légales, fédérales - l'ordonnance sur le bruit, l'ordonnance sur la protection de l'air - que nous devons absolument appliquer, que les communes doivent appliquer d'ici à 2018 sur leurs routes. Nous savons que l'ensemble du réseau routier en ville, contrairement aux autres communes, appartient entièrement à la Ville de Genève et qu'il convient que ce soit l'Etat qui donne les autorisations de prendre les mesures drastiques permettant de diminuer le nombre de rues à Genève - il y en a 70 - où les valeurs limites sont dépassées.
Genève souffre du bruit, la Confédération en est tout à fait consciente, et nous savons que c'est à coups de milliards que se comptent les coûts de la santé qu'engendre le bruit, notamment le bruit routier. La Confédération et les cantons ont pris du retard par un manque d'engagement. Il convient d'encourager les communes, justement, à réaliser ces travaux d'assainissement, de manière que la population qui souffre - c'est notamment le cas vers l'Ecole de médecine - de trop de bruit, de trop de pollution - c'est également le cas vers l'Ecole de médecine... Eh bien, ces mesures doivent être prises ! Et il est difficilement compréhensible que ce Grand Conseil, la majorité de ce Grand Conseil, s'oppose systématiquement aux travaux qui se déroulent en ville de Genève alors que, par exemple, lorsque la commune de Versoix décide - il y a de cela une semaine - de refaire une place du village, aucune opposition ne se manifeste sur les bancs de la majorité de ce Conseil ! Il y a véritablement un acharnement de certains sur la ville de Genève. Qui, elle, devrait pouvoir continuer à être un grand boulevard pour que tout le monde puisse circuler à la vitesse qu'il veut et de la manière qu'il veut... Eh bien, simplement, cela n'est plus possible.
C'est pourquoi je vous recommande de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, afin qu'il puisse prendre la mesure des travaux qui seront nécessaires en vue de l'assainissement de l'ensemble des rues, non seulement sur la ville de Genève mais également sur le canton, pour l'ensemble de nos concitoyens. Je vous remercie, Monsieur le président.
M. Pascal Spuhler (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, je vous recommande de suivre le rapport de majorité, d'en suivre les conclusions, soit de demander le classement de cette pétition. Parce que ce quartier a déjà fait l'objet de mesures de sécurité par rapport aux gens qui y vivent: des ralentissements et des zones 30 ont été installés. Sur cette voie d'accès qui nous permet de traverser la passerelle des Vernets en direction de la zone industrielle des Vernets, il me paraît quand même important de maintenir un trafic normal, dans le sens où non seulement il y a toute une zone industrielle, avec des artisanats, des commerces et autres, mais, en plus de cela, il y a des manifestations aux Vernets, lesquelles drainent quand même un grand public. Et il faut, malgré tout, qu'une circulation puisse s'effectuer autour de ce quartier ! Et de tout vouloir boucher - cette manie Verte de vouloir boucher... Tout à l'heure, le rapporteur de minorité parlait d'un parking, il faisait des comparaisons entre des établissements publics et un parking; je pense que si l'on prévoyait des parkings - efficacement; dans les quartiers - on aurait peut-être moins de trafic, moins de bouchons qui se forment, puisque les gens tournent en rond désespérément pour trouver des places de parc.
Je ne peux donc que vous recommander de soutenir le rapport de majorité et la demande de classement.
M. Stéphane Florey (UDC). Monsieur le président, vous transmettrez au rapporteur de minorité qu'il ne faudrait pas confondre mesures d'assainissement - auxquelles nous pouvons largement adhérer - et mesures anti-voitures ! Parce que c'est clairement de cela qu'il s'agit, ce sont des mesures anti-voitures ! De plus, le principal pétitionnaire n'habite même pas la rue en question, il habite vers la pointe de la Jonction... Alors chacun ferait mieux de balayer devant sa porte ! Car cela ne concerne pas seulement la rue elle-même: on est sur des axes routiers importants qui touchent tout le canton !
C'est pour cette raison qu'il faut refuser cette pétition, la classer, comme cela a été demandé dans les conclusions du rapport. Je vous remercie.
Mme Prunella Carrard (S). M. Spuhler a dit qu'il y avait une manie Verte à tout vouloir boucher, moi je dirai qu'il y a une manie Verte, et rose en l'occurrence, à vouloir écouter la population qui vient de voter en faveur de l'initiative pour la mobilité douce. J'aimerais donc le rappeler ici: la population est en faveur de ce genre de mesures.
J'ajouterai que dans ce quartier de la Jonction, de l'Ecole de médecine - nous avons pu le voir en commission à plusieurs reprises, et sur plusieurs pétitions, d'ailleurs - il y a des indices de bruit particulièrement effrayants, donc des nuisances sonores qui sont extrêmement alarmantes pour la population et pour les habitants de ces quartiers. C'est pour cette raison qu'il y a lieu de se poser la question de la mobilité dans ces quartiers et de la qualité de vie des habitants.
La population a voté en faveur de la mobilité douce. Aussi, j'appelle ce Grand Conseil à écouter ce que la population a choisi très récemment en matière de mobilité et, donc, à suivre la position de la minorité. Je vous remercie.
Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)
M. Christian Bavarel (Ve). Il y a une manie Verte qui est très simple: c'est de demander qu'on puisse respirer et qu'on puisse vivre. Alors on avait déjà déposé une motion au niveau municipal, elle s'appelait «Solidarité avec Soral». Et il y a des gens qui sont au centre-ville et qui, comme les gens de Soral, ne supportent pas de vivre dans le bruit en dehors des limites légales fixées. Il y a des gens avec des enfants qui, après avoir respiré depuis quelques mois de l'air pollué, terminent en urgence à l'hôpital, pour des problèmes de faux-croup, pour des problèmes pulmonaires divers et variés ! Ces habitants vous demandent quelque chose de simple, c'est de respecter leur qualité de vie. Nous, on est juste pour cette «manie Verte» qui est de pouvoir vivre sur cette planète, de pouvoir y respirer - car il paraît que, quand on cesse de respirer, ça devient un petit peu compliqué - et puis, aussi, de pouvoir dormir la nuit, plutôt que d'être exposés au bruit.
On essaie donc de prendre des mesures qui soient adéquates, cela dans le respect de tous, aussi dans le respect des commerçants qui, nous le reconnaissons très volontiers, ont besoin d'être livrés par des véhicules à moteur. Il s'agit de dire chaque fois qu'on le peut: «Essayons d'améliorer la situation pour que ce soit juste agréable à vivre et convivial.» C'est simplement ce que demande cette pétition.
Mme Patricia Läser (R). Mesdames et Messieurs les députés, une fois encore, cette pétition nous démontre qu'il serait important et urgent de repenser la mobilité dans cette ville et qu'il faut cesser de faire du coup par coup, il faut arrêter de se contenter d'étudier un quartier, d'étudier une route, d'étudier un endroit. En effet, on se rend compte que ça ne cause que des difficultés et que les quartiers, les uns après les autres, vont déposer des pétitions demandant la fermeture de leurs routes. Il faut donc repenser en urgence la hiérarchie du réseau. On a des tas de solutions pour rendre les quartiers plus vivables, mais pas à n'importe quel prix.
Pour cette pétition, plusieurs chemins ont déjà été empruntés: la réponse du conseiller d'Etat au président de l'association, la convention entre l'Etat et la Ville et un schéma de circulation qui est à l'étude. Il y a donc déjà plusieurs choses qui sont en route. Les députés libéraux-radicaux vous demandent donc de classer cette pétition. Je vous en remercie.
Le président. Merci, Madame la députée. La parole est au rapporteur de minorité, M. Roberto Broggini, à qui il reste vingt secondes.
M. Roberto Broggini (Ve), rapporteur de minorité. Deux ou trois petits éléments: la Fondation Hans Wilsdorf qui a payé le pont n'a pas demandé que ce soit un pont routier. Par ailleurs, il y a un arrêt du Tribunal fédéral, de septembre 2010, qui stipule que, quelle que soit la hiérarchie du réseau routier, on peut prendre des mesures afin de restreindre le bruit causé et la vitesse autorisée, cela suite à un recours du TCS qui a été débouté. Nous pouvons tout à fait accepter cette pétition et la renvoyer au Conseil d'Etat, afin qu'il prenne la mesure du problème.
Le président. Merci, Monsieur le rapporteur. La parole est au rapporteur de majorité, M. Desbaillets, à qui il reste une minute vingt.
M. René Desbaillets (L), rapporteur de majorité ad interim. Merci, Monsieur le président. Je m'aperçois que la droite essaie de faire de la pratique, et puis que la gauche nous renvoie à des aspects juridiques et aux lois fédérales. Nous, on n'est pas contre la mobilité douce, or ce qu'on fait dans la rue de l'Ecole-de-Médecine, c'est surtout qu'on empêche le transit ! Et alors, là, c'est une mesure égoïste de la part des soi-disant 500 habitants de la rue de l'Ecole-de-Médecine. Parce que, pour rejoindre l'avenue du Mail et les Vernets - ou vice-versa - si l'on ne peut pas passer par la rue de l'Ecole-de-Médecine, il faut faire un détour de deux kilomètres par le boulevard Saint-Georges ! Ou en tout cas d'un kilomètre par le pont des Acacias, pour rejoindre les deux quartiers !
En définitive, au lieu de parcourir 500 mètres en voiture, à 30 km/h, de l'avenue du Mail aux Vernets, on va obliger toutes les automobiles à faire des trajets plus longs de deux kilomètres - et je pense que ce sera bientôt la rue permettant de récolter le plus de signatures qui va envoyer les véhicules vers la rue des Voisins ! C'est donc purement égoïste, car à 30 km/h sur cette rue il n'y a pas de pollution et pas de bruit. Mais, surtout, il faut que les habitants se rendent compte que quand ils veulent acheter des produits, ils aiment bien qu'on vienne les leur livrer, afin de ne pas avoir besoin de les balader dans des cabas sur des kilomètres... On doit donc classer cette pétition et arrêter de suivre ces mouvements égoïstes.
Le président. Merci, Monsieur le rapporteur. Nous sommes en procédure de vote et allons d'abord nous prononcer sur les conclusions de la majorité de la commission, à savoir le classement de cette pétition.
Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (classement de la pétition 1725) sont adoptées par 38 oui contre 26 non et 1 abstention.