Séance du
vendredi 24 septembre 2010 à
15h
57e
législature -
1re
année -
11e
session -
58e
séance
RD 841
Débat
M. Eric Stauffer (MCG). Chers collègues, évidemment, ce sont tous des sujets de prédilection du Mouvement Citoyens Genevois; la Fondation des parkings est un vaste sujet en relation avec les P+R. Je maintiens ici, devant vous et devant la population qui nous regarde, que c'est la stricte vérité. Un P+R est facturé pour les frontaliers 110 F par mois, montant qui se décompose ainsi: 40 F pour la place de parking et 70 F pour l'abonnement TPG. Ceux qui possèdent un véhicule et vont se parquer de temps en temps au parking Saint-Antoine sauront qu'une demi-journée - une demi-journée ! - va leur coûter 20 F à la caisse... (Commentaires.) ...alors que nos amis frontaliers, eux, payent 40 F - par mois ! - pour avoir une place de parking dans ces parkings-relais. (Brouhaha.)
Ensuite, Mesdames et Messieurs, il vous faut savoir ce que ces parking-relais coûtent en réalité. Si les frontaliers devaient payer le juste prix, afin de ne pas être subventionnés par nous autres, Genevois, il serait de 470 F par mois, alors qu'ils ne payent que 110 F, selon les chiffres divulgués par Mme Künzler - je parle sous son contrôle, elle me corrigera si je me suis trompé de 10 F. Mais j'affirme ceci: 470 F, c'est ce que coûterait normalement un P+R.
Etant donné que ces parkings essuient des pertes, Mesdames et Messieurs, il fallait trouver un moyen, pour la Fondation des parkings, de pouvoir combler ces dernières. Eh bien, qu'est-ce qu'on fait ? Evidemment, on ne va surtout pas taxer les frontaliers ! Mon dieu, que pourraient penser nos voisins ? Nous qui voulons protéger à Genève les grenouilles et les frontaliers... Eh bien, on a inventé cette «supertaxe»: le macaron pour les zones bleues ! Alors, sous prétexte de limiter les voitures ventouses, on a mis des zones bleues. Et, compte tenu que l'on a instauré une zone bleue pour le résident, le pauvre citoyen genevois qui se parquait en bas de chez lui doit mettre le disque ! Mais quand il va travailler, lui, en bus, en payant plein pot - parce qu'il n'est pas subventionné et pas frontalier - il ne peut pas revenir chez lui pour enlever le disque ! Donc il se prend encore une contravention, bien sûr de la Fondation des parkings !
Alors on a mis des macarons, lesquels coûtent 180 F. Nous savons de source bien informée que la Fondation des parkings imagine, pour l'année prochaine déjà, d'augmenter le prix de ce macaron. Il sera fixé à 220 F ou 230 F pour les citoyens genevois. Et vous savez à quoi sert ce paiement ? Eh bien, il sert précisément à financer les pertes générées par les P+R pour les frontaliers ! Donc on a mis des zones bleues pour éviter les voitures ventouses des frontaliers, ceux qui ne veulent pas payer les 110 F et qui squattent nos places de parc dans toutes les communes suburbaines, et on met des macarons pour rendre illimité le temps de stationnement pour les résident ! Et finalement, ce que les macarons rapportent entre dans les caisses pour financer les P+R, lesquels génèrent des pertes absolument abyssales ! Ainsi, c'est le serpent qui se mord la queue.
J'en reviens toujours à le dire: à Genève, mieux vaut être un frontalier ou une grenouille, parce que les Genevois sont laissés pour compte, et tout ce que l'on viendra vous dire après - on viendra vous dire: «Mais non, ce n'est pas vrai»... Eh bien si, c'est la vérité ! Démontrez-moi que les P+R ne sont pas à 110 F par mois ! Démontrez-moi qu'ils sont bénéficiaires ou que leurs comptes sont équilibrés. Je vous lance un défi, Monsieur le député Weiss, vous qui aimez bien les chiffres: je vous demande, devant cette assemblée, de venir dire si les comptes relatifs aux 110 F facturés aux frontaliers présentent une perte ou s'ils sont équilibrés. Là, on verra les vrais visages de cette démocratie qui veut prétendument s'occuper des intérêts des Genevois ! Finalement, on s'occupe des intérêts économiques et des frontaliers. Et puis, pour les Genevois, c'est du genre: «Ferme ta gueule et paie tes impôts !»
Une voix. Bravo ! (Commentaires.)
Le président. Merci, Monsieur le député. Je vous rappelle aussi que nous en sommes toujours aux extraits et qu'il n'est pas nécessaire d'intervenir sur chaque sujet, surtout pour finir par prendre acte. La parole est à M. Broggini.
M. Roberto Broggini (Ve). Après la logorrhée... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...fatigante de mon prédécesseur, je propose que l'on passe au travail. Tout d'abord, sur cet objet, qui est extrêmement intéressant et que nous attendions depuis longtemps, je remercie le Conseil d'Etat de nous fournir ce document extrêmement précieux, intéressant, qui ne répond pas forcément à toutes les attentes, mais qui constitue une bonne base de travail. C'est ainsi que, en l'absence du président de la commission des transports et en tant que vice-président de cette dernière, je vous demande le renvoi de cette proposition à la commission des transports, afin que l'on puisse travailler et non pas écouter des propos qui sont hors cadre.
M. François Gillet (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, le groupe démocrate-chrétien voit évidemment d'un très bon oeil l'étude en commission de ce plan directeur du stationnement, cela fait des années que nos commissaires aux transports demandent que nous puissions avoir un plan directeur du stationnement. Il est vrai que c'est le pilier qui manquait à la politique de mobilité de ce canton, et nous sommes impatients, je dirai, de pouvoir en débattre.
Cela dit, puisque les P+R et les frontaliers sont visiblement, de l'avis de M. Stauffer, au coeur des problématiques de stationnement, j'aimerais simplement rappeler une chose: si des mesures incitatives sont aujourd'hui mises en oeuvre pour faire en sorte que les gens laissent leurs voitures dans ces parkings d'échange, ce n'est pas réservé aux frontaliers ! J'aimerais rappeler aussi à M. Stauffer que ces milliers de frontaliers qui traversent la frontière tous les jours sont en grande majorité de bons Genevois, qui n'ont pas trouvé à se loger, qui paient des impôts à la source, qui contribuent donc largement au financement de toutes ces infrastructures.
Tout à l'heure, nous parlerons - je sais que vous soutenez ce projet - du déclassement des Cherpines-Charrotons; c'est un moyen, peut-être, d'éviter ce flot de véhicules qui vient de l'autre côté de la frontière.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Weiss, pour une brève intervention.
M. Pierre Weiss (L). Bien sûr ! Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le président, par bonheur, Fernand Raynaud avait d'autres plaisanteries à son répertoire. Par exemple, le sketch du douanier. (Brouhaha.) Et il me semble que, dans la casuistique qui nous intéresse ici, le douanier - qui n'est pas un imbécile, je le dis tout de suite - serait tout à fait approprié. Je ne veux pas vous lasser avec mes plaisanteries, mais je continuerai de répéter tout le temps que le prix est de 110 F, que l'on soit frontalier ou genevois ou résident dans le canton. Dès lors que l'on habite à 2 km d'un park and ride, on y a droit ! Les park and ride ne sont pas exclusivement pour les frontaliers, ils sont aussi pour les habitants de ce canton.
Cela étant, je note avec quelque intérêt l'incohérence, toujours renouvelée, de l'un des orateurs qui m'a précédé, qui à la fois ne veut pas qu'il y ait de park and ride à des prix tels qu'ils ont été énoncés pour les frontaliers, mais qui, d'autre part, ne veut pas qu'il y ait des frontaliers qui viennent sur les routes du canton ! Alors il faut savoir ce qu'il veut ! En réalité, on le sait: il a une haine viscérale des frontaliers, y compris des Suisses... (Remarque.) Y compris des Suisses ! Des vingt et quelques milliers de Suisses qui habitent de l'autre côté de la frontière ! Parce que l'on n'a pas encore déclassé suffisamment de terrains, y compris aux Cherpines-Charrotons, en faveur des Genevois dans ce canton. Il hait ces gens ! Il n'y a qu'une ambition: accumuler des voix basées sur la haine...
Le président. Voilà, Monsieur le député...
M. Pierre Weiss. Ce monsieur avait sa place en d'autres lieux ! (Applaudissements.)
Le président. La parole est à Mme Bolay.
Mme Loly Bolay (S). Merci, Monsieur le président. Deux remarques, si vous me le permettez. Tout à l'heure, M. Stauffer a critiqué les zones bleues. Moi, quand je suis arrivée ici comme députée, j'avais un exemple, celui de la Galice - certains connaissent la Galice, désormais. Eh bien, en Galice, cela fait vingt ans qu'on a mis les zones bleues. Pourtant, en Galice, on n'a pas de frontaliers, Mesdames et Messieurs les députés. On n'en a pas un seul ! En plus, avec les zones bleues, tout le monde est ravi ! Demandez aux habitants des Eaux-Vives, de Châtelaine, de la Jonction: avant les zones bleues, ils avaient la possibilité de laisser la voiture pendant quinze heures. Vous vous souvenez de ces fameuses quinze heures: les gens devaient prendre leur voiture, sinon ils écopaient d'une amende au bout de quinze heures. Or, aujourd'hui, les gens sont ravis d'avoir ces zones bleues, pas seulement les habitants, mais également les commerçants, qui peuvent aussi laisser leurs véhicules.
Le prix de 110 F - M. Weiss l'a indiqué tout à l'heure, et Mme la conseillère d'Etat Künzler ne va pas me contredire - est valable pour tous les Genevois, on l'a dit, qui habitent à plus de 2 km de la zone où ils travaillent. Donc, ces mensonges du MCG, de M. Stauffer, on en a marre.
J'aimerais dire à M. Weiss que M. Stauffer, je crois, ne hait pas tous les frontaliers - il y a 35 000 Genevois, il le sait probablement aussi - mais, quand cela l'arrange, il les engage même, Mesdames et Messieurs les députés ! J'en ai la preuve, il en a engagé un comme assistant parlementaire, et il a placé une collègue - lorsqu'il a fait un mois et demi dans une régie - dans une CODOF ! (Remarque.) Je peux le prouver, j'ai les lettres à la maison. Donc, M. Stauffer hait les frontaliers sur certaines choses, mais, quand il peut les engager à bas prix, il les engage ! (Huées. Applaudissements.)
Une voix. C'est pas beau !
M. Stéphane Florey (UDC). Comme on peut le constater, un rapide tour de chaque groupe démontre clairement que ce rapport, en l'état, n'est pas acceptable. On le voit quant aux P+R, qui déjà posent problème. Et quand je lis la page 46, ce n'est carrément plus acceptable du tout ! C'est une déclaration de guerre directe aux deux-roues motorisés. C'est pour cela que je demande le renvoi illico presto au Conseil d'Etat, pour qu'il revoie sa copie et que l'on puisse travailler avec un document convenable en commission.
Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Je suis très fière de présenter, au nom du Conseil d'Etat, le premier plan directeur du stationnement. Il est certainement perfectible, mais, en l'occurrence, cela fait des années que vous le demandez: vous l'avez enfin. C'est l'un des piliers - Monsieur, vous l'avez dit, c'est l'un derniers - puisque le plan directeur de la mobilité douce devrait aussi être déposé cette année. Afin d'avoir la vision d'ensemble de la mobilité, je vous avais promis les quatre plans directeurs: vous avez déjà vu le plan des transports collectifs; vous avez maintenant celui du stationnement; la hiérarchie du réseau routier est à bout touchant; celui de la mobilité douce aussi.
Au vu de la discussion, je pense qu'il est important que les personnes prennent enfin connaissance des diverses actions et de tout ce qui concerne le stationnement. Il y a plusieurs opinions; on se pose des questions sur les P+R, qui ne sont pas la solution.
Il y a les macarons et il y a, dans ce rapport, en résumé, sept objectifs. Premièrement, l'espace public, c'est-à-dire comment retrouver l'espace public dans les zones urbaines; puis, l'amélioration du stationnement pour les habitants, notamment avec les macarons; ensuite, tout ce qui concerne les pendulaires, suisses ou frontaliers, avec les P+R et d'autres mesures; il y a la problématique des visiteurs - il faut permettre l'accès au centre-ville aux visiteurs qui viennent pour les commerces et les activités; la problématique du parcage des cyclistes - on l'a vu, des pesées d'intérêts doivent parfois être effectuées entre parquer des cyclistes et des voitures; l'objectif de trouver des emplacements pour les scooters - on sait très bien qu'actuellement c'est l'un des gros problèmes, et je crois que l'on voit partout en ville des scooters parqués sur les trottoirs... Cela ne va pas, puisque toutes les personnes à mobilité réduite n'ont plus accès à la ville. Et si vous voyez des places tout près d'ici envahies de scooters, ce n'est pas possible d'y assurer simplement la fluidité du trafic des piétons... Il faut trouver des solutions. Et il y a en dernier quelque chose que l'on n'oublie pas: tous les autres usagers, c'est-à-dire le trafic professionnel, pouvant être divers: les camions, les livraisons, les activités artisanales. Pour toutes ces activités, lesquelles doivent être réglées différemment, on a présenté des solutions. Comme vous le voyez, ce projet est ambitieux. Je vous engage à le lire, cela permettra peut-être d'avoir des discussions plus fondées.
On se penchera aussi sur les P+R, on n'exclut pas de les augmenter. Quant à dire que le prix réel est de 470 F... Cela dépend. Cela peut être 60 F la place, quand elle est à l'extérieur, comme près de l'aéroport; cela peut-être une place souterraine, dont la construction a coûté 60 000 F ou 70 000 F. Et c'est vrai qu'il faut avoir une réflexion sur ce point. Ces P+R sont ouverts à toutes les personnes domiciliées à plus de 2 km de l'endroit. Personnellement, je pense que l'on pourrait réfléchir aussi à un équilibrage en faveur des personnes qui viennent à plusieurs dans un véhicule. Pour l'instant, le seul critère est la distance de 2 km. C'est insuffisant. Certes, on n'exclut pas d'augmenter un peu, mais, au prix coûtant, cela me paraît impossible, puisqu'il ne sera aucunement incitatif de venir parquer sa voiture en payant 300 F. Simplement, les parkings resteront vides, et c'est encore moins soutenable économiquement.
Donc, je vous engage vivement à lire ce document, à le renvoyer en commission. Et nous aurons enfin des discussions fondées. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vous soumets le renvoi de ce rapport à la commission des transports...
Une voix. Et le renvoi au Conseil d'Etat ?!
Le président. D'abord aux transports, et ensuite au Conseil d'Etat. (Remarque. Commentaires.) C'est l'article 174 de la LRGC.
Mis aux voix, le renvoi du rapport du Conseil d'Etat RD 841 à la commission des transports est adopté par 57 oui contre 9 non.