Séance du
vendredi 19 mars 2010 à
15h30
57e
législature -
1re
année -
6e
session -
28e
séance
M 1829-A
Débat
Le président. Nous sommes au point 137 de notre ordre du jour. Le rapport est de Mme Amaudruz, qui se rend paisiblement à la table des rapporteurs... Elle ne souhaite pas s'exprimer. La parole est demandée par M. Jornot, à qui je la cède tout à fait provisoirement !
M. Olivier Jornot (L). Je vous la rendrai, Monsieur le président, je vous le promets ! Tout aussi provisoirement !
Il s'agit en effet d'une proposition de motion libérale, déposée il y a de nombreux mois, concernant l'engagement de la police judiciaire dans la lutte contre l'insécurité et la criminalité de rue. La commission l'a étudiée et, si je prends la parole, c'est simplement pour dire qu'il fut un temps, qu'il fut une législature où les députés de ce Grand Conseil étaient contraints, s'ils avaient l'intention de faire bouger les choses, de déposer des motions de toutes sortes dans le domaine de la sécurité, parce que le département donnait tout simplement l'impression de ne pas se préoccuper du problème.
Alors, j'ai parfois entendu dans ce parlement des gens dire que ces motions s'occupent trop de l'opérationnel alors qu'on ne devrait pas s'intéresser à l'organisation des brigades, qu'on ne devrait pas s'occuper du détail. C'est vrai, c'est une motion qui s'intéressait à un détail, au fait que la Task Force Drogue perdait ses effectifs, et qu'on avait l'impression que la police judiciaire n'était pas suffisamment engagée sur le terrain. C'est pourquoi on demandait la création d'une brigade anti-criminalité pour lutter contre l'insécurité dans les rues, avec des inspecteurs en civil.
La commission a tenu compte du contexte pour demander de manière beaucoup plus générale un engagement renforcé de la police judiciaire contre l'insécurité sur le domaine public. De ce point de vue là, le département a retrouvé la marge de manoeuvre qui doit être celle du gouvernement dans l'organisation de l'engagement de la police. C'est la raison pour laquelle je vous recommande de voter cette motion, Mesdames et Messieurs les députés, comme un signe marquant la volonté de ce parlement de lutter contre l'insécurité dans les rues de notre canton.
M. Roberto Broggini (Ve). Je constate que le député Jornot, qui est l'un des auteurs de cette motion, a compris que ce n'était pas au Grand Conseil de s'occuper du côté opérationnel de la police. Il s'agit peut-être de donner des indications et nous, les Verts, sommes également favorables à une présence physique de la police dans nos rues, une présence visible.
Maintenant, est-ce que c'est le rôle du Grand Conseil de dire à la cheffe de la police de quelle manière elle doit organiser cela ? Je crois que cela dépasse nos attributions. Laissons la cheffe de la police faire ce travail ! C'est bien pour cela que nous nous sommes abstenus sur cette motion, car il y a certainement d'autres travaux auxquels nous devons nous atteler, qui sont plus importants que de donner des directives à la police !
M. Eric Stauffer (MCG). Vous transmettrez à notre collègue Vert que, bien sûr, il y a d'autres travaux dont on doit s'occuper ! (Commentaires.) Mais la sécurité, je m'excuse, est un sujet extrêmement important pour Genève. Franchement, si vous pouviez de temps en temps, comme nous, vous rendre compte dans quelle ville vous vivez et être à l'écoute de nos concitoyens, je pense que cela aiderait aussi ce parlement, au lieu de nous combattre chaque fois que nous voulons poursuivre tout ce qui est criminel et donner les moyens à l'exécutif de remplir la mission qui est la sienne.
Donc, oui, nous soutiendrons cette motion pour donner ce signal, mais il faut constater, Mesdames et Messieurs les députés, qu'en un petit peu plus de cent jours, nous n'avons pas remarqué beaucoup de changements. Ce serait donc une bonne chose que ce gouvernement se réveille un peu et prenne conscience de la situation !
Le président. Merci, Monsieur le député. Monsieur Golay, une seule intervention par groupe est autorisée, vous ne pouvez donc pas intervenir ! Je donne la parole à Mme Künzler.
Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Monsieur le député Stauffer, je crois que le Conseil d'Etat est parfaitement réveillé et il prend des mesures ! Evidemment, nous ne disposons pas de la même baguette magique que vous pour tout transformer en quarante-cinq jours. Toutefois, les choses étant ce qu'elles sont, il y a maintenant plus de candidats à l'école de police, il y a plus d'engagements et il y a une réelle volonté du gouvernement d'obtenir une meilleure sécurité à Genève et d'engager les forces de police nécessaires pour cela. Je crois que le gouvernement est unanime dans cet engagement !
Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Exceptionnellement, Madame Emery-Torracinta, je vous donne la parole après la conseillère d'Etat, mais ça ne se fait pas !
Mme Anne Emery-Torracinta (S). Merci, Monsieur le président ! Je regardais avec amusement un projet de loi qui a été déposé sur nos tables hier. Il s'agit du PL 10644, qui vise à limiter et à empêcher le Conseil d'Etat d'engager des forces de sécurité. Et il a été déposé par le MCG ! (Commentaires.) Cherchez l'erreur, Mesdames et Messieurs les députés ! (Applaudissements.)
Le président. Merci, Madame la députée. La parole n'étant plus demandée, nous allons voter le renvoi de cette proposition de motion au Conseil d'Etat, comme le demande le rapport.
Mise aux voix, la motion 1829 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 50 oui et 9 abstentions.