Séance du
vendredi 15 mai 2009 à
20h45
56e
législature -
4e
année -
8e
session -
44e
séance
M 1879
Débat
Le président. Nous sommes en catégorie III: trois minutes par groupe.
Une voix. Quel point ?
Le président. Motion 1879. Il n'y a pas de point, c'est un ajout et une urgence, chère Madame ! La parole est à M. Slatkine.
M. Ivan Slatkine (L). Je ne crois pas que c'était un ajout puisque ce texte a été déposé.
Le président. Vous avez raison, c'est le point 71.
M. Ivan Slatkine. Tout à fait, je vous remercie. Je vais essayer d'être bref car l'objectif de cette motion est de ne pas tomber dans un débat qui corresponde à la guerre des transports. (Brouhaha.) Aujourd'hui, nous avons de grands chantiers dans notre canton, nécessaires pour développer des nouvelles lignes de trams. Tout le monde soutient ces nouvelles lignes; maintenant, ces chantiers causent quelques perturbations.
Le groupe libéral estime qu'il est nécessaire que le Conseil d'Etat prenne ses responsabilités et des mesures exceptionnelles pour faire en sorte que les perturbations découlant de ces chantiers soient gérées de la meilleure des façons et qu'elles n'entravent ni le transport public ni le transport privé. Il suffit de me référer à l'article paru dans le journal «20 Minutes» d'hier, jeudi 14 mai 2009: «Les horaires ne sont pas respectés». On parle des horaires des TPG, puisque les bus sont aujourd'hui bloqués dans les bouchons - nous nous retrouvons avec des bouchons de bus, nous nous retrouvons avec des bouchons de voitures - et tout cela est une perte de temps pour les citoyens de ce canton, pour les gens qui viennent y travailler, c'est une perte de temps et une perte d'argent pour notre économie. Dans une période de crise telle que nous la vivons, nous estimons qu'il est nécessaire que le Conseil d'Etat puisse prendre des mesures exceptionnelles afin de pallier les nuisances liées aux chantiers. Pour ces mesures, nous avons proposé quelques pistes mais elles ne sont certainement pas les seules, il y en certainement d'autres.
Le but de cette motion, que nous vous invitons à renvoyer au Conseil d'Etat, est simplement de demander à ce dernier de nous proposer des solutions, de telle sorte que les bouchons soient minimisés, bouchons de bus, bouchons de voitures, bouchons de scooters. Il ne s'agit nullement d'une motion «voiture contre transport public», il s'agit d'une motion pour améliorer la fluidité du trafic public et privé dans notre canton ! Nous vous invitons en conséquence, Mesdames et Messieurs les députés, à soutenir cette motion et à la renvoyer au Conseil d'Etat directement; en effet, quand on parle de mesures d'urgence, il ne s'agit pas de renvoyer une motion à la commission des transports qui l'inscrira à son ordre du jour dans quelques mois et en discutera après vingt-cinq auditions, pour ensuite rendre un rapport dont on débattra dans deux ans, c'est à dire quand les chantiers seront terminés. Il s'agit de trouver des mesures immédiates, et seul le Conseil d'Etat sera capable de répondre rapidement. Dans ce sens, je vous remercie de renvoyer cette motion au Conseil d'Etat.
Mme Elisabeth Chatelain (S). Voilà, on a voté pour les voitures un accès accru à la cité, maintenant il faut régler les problèmes relatifs aux véhicules en ville ! Je pense qu'il y a là un certain humour, d'ailleurs cela manque parfois dans ce parlement... Si l'on va en ville maintenant, c'est, il faut l'admettre, un petit peu plus compliqué de circuler qu'auparavant. Mais qui se trouve coincé dans cette ville ? Combien de personnes se trouvent dans les voitures qui y sont bloquées ? Quel est le pourcentage de voitures destinées à un usage professionnel ? Je parle là des pendulaires qui viennent juste pour travailler alors qu'ils pourraient éventuellement, en s'étant parqués préalablement dans un P+R, se déplacer d'une autre façon. Les voitures à usage professionnel, par contre, impliquent un trafic que nous ne souhaitons nullement gêner au centre-ville... D'ailleurs, s'il y avait moins de pendulaires, ce trafic serait moins entravé...
Il y a une certaine habileté dans cette motion à ne pas y mettre directement vos idées qui sont, ma foi, assez... étonnantes. La liste, comme je la conçois et comme je comprends le système de circulation en ville, est totalement défavorable aux transports publics, étant donné que les feux prioritaires... Dans tout ce que vous souhaitez, dans toutes les motions, dans tous les projets de lois, etc., vous n'êtes jamais favorables à la priorité aux transports publics ! Et la traversée de Vésenaz en est un exemple puisqu'un amendement dans ce sens avait été refusé.
Donc, c'est défavorable aux transports publics qui souffrent des bouchons. Quant aux vélos, ça leur est défavorable aussi, puisque vous voulez réintroduire les voitures sur le pont des Bergues, réservé aux cycles ainsi qu'aux piétons. Cela va bouchonner là aussi, même pour les vélos ! Je crois que c'est assez nouveau, mais on peut innover en ville de Genève... Bouchons pour les voitures: par exemple, le double sens au boulevard James-Fazy me semble assez intéressant, les voitures pourraient arriver sur la place des Vingt-Deux-Cantons, voire sur la place Cornavin... Je me réjouis de voir ce que ça pourrait donner, un cul-de-sac pour voitures ! On pourrait éventuellement réfléchir aussi à un carrousel: pont des Bergues, pont du Mont-Blanc et retour... Cela pourrait être assez intéressant: encore un bouchon ! Il manque le bouchon de champagne: que vous avez peut être fait sauter ou allez faire sauter maintenant par rapport à Vésenaz !
Je crois qu'il y a vraiment beaucoup de contresens dans cette motion et que, là encore, on manque de réflexion - d'une réflexion intelligente par rapport à la mobilité. Si on limitait l'accès en ville aux personnes qui en ont réellement besoin - je pense aux entreprises - on pourrait faire quelque chose de beaucoup plus intelligent. Le parti socialiste vous demande donc de rejeter cette motion. (Applaudissements.)
M. Roberto Broggini (Ve). Mesdames et Messieurs, de manière sous-jacente - on ne le lit pas dans les considérants de cette motion, mais bien dans l'exposé des motifs - il s'agit d'utiliser des voiries qui appartiennent non pas au canton, contrairement à ce qui se passe à Vésenaz, mais à un propriétaire qui s'appelle la Ville de Genève. Et je me suis renseigné auprès de cette dernière: les motionnaires ne se sont pas enquis de savoir ce que le propriétaire voulait faire de ses chaussées - cela m'étonne d'un parti qui défend la propriété privée et la primauté du droit privé ! Et là, tout d'un coup, on vient squatter... Le Grand Conseil arrive de manière un peu cavalière, sans avoir demandé au propriétaire de ces chaussées ce qu'il entendait en faire. Cela, c'est le premier point qui m'étonne de votre part, Mesdames et Messieurs les libéraux !
Je m'étonne encore de ce que vous ne soyez pas coordonnés avec les libéraux de la Ville de Genève, qui ont déposé très récemment - le 10 mars 2009 - une motion afin de fluidifier le trafic des cyclistes et des piétons sur le pourtour du pont des Bergues et du pont du Mont-Blanc. Je m'étonne donc de cette dichotomie au sein d'un même parti, entre la section municipale de la Ville de Genève et celle du canton.
Pour revenir un peu sur le fond, il faudrait quand même considérer que si nous avions, jusqu'à ce jour, respecté les rues marchandes qui, actuellement, sont la rue du Rhône, la rue Coutance et la rue de la Corraterie, on n'aurait pas ces problématiques, car les automobilistes auraient choisi d'autres parcours et s'y seraient déjà habitués - mais bien sûr, à Genève, lorsqu'on prend une décision, on ne sait pas l'appliquer !
Il faut se rendre compte que, tant dans le quartier de la Jonction que dans celui de Saint-Gervais - ce sont les deux qui sont principalement touchés par cette motion - nous atteignons des taux de pollution effarants - d'ailleurs, en 2003, la station ROPAG avait été installée à la rue Winkelried. Et cette manière de faire, d'intégrer encore plus de voitures dans le centre-ville, augmentera bien sûr la pollution, car on ne peut pas élargir les routes, à défaut de démolir les maisons qui les entourent ! Je ne vois alors pas très bien comment vous voulez résoudre cela.
Je vous rappellerai, Mesdames et Messieurs, que le 21 septembre 2007 ce Conseil a accepté, à l'unanimité et quelques abstentions, une pétition intitulée «Flâner à Saint-Gervais», afin d'empêcher tout transit à travers le quartier. Par la présente motion, vous vous contredisez de manière flagrante ! Et le Conseil d'Etat, suite à cette acceptation par ce Conseil, déclarait le 21 février 2008, soit au début de cette année, que «ce quartier mérite d'être libéré de l'emprise excessive des véhicules motorisés».
Le président. Il faudra terminer, Monsieur le député.
M. Roberto Broggini. Tout de suite, Monsieur le président ! Pour conclure, je vous proposerai, Mesdames et Messieurs - étant donné que vous avez déposé cette motion autour du 1er avril, bien entendu que nous avons pensé que c'était un gag - eh bien, je proposerai que l'on puisse finalement, dans un souci d'apaisement, transformer l'île Rousseau en petit parking ! Et que l'on y accepte seulement les voitures d'une certaine marque: Seat Toledo - chez Seat, ce sont les seuls qui avaient construit une voiture qui s'appelait «Toledo» - et, donc, qu'on puisse parquer sur l'île Rousseau uniquement des Toledo ! Voilà, je vous remercie ! Puisque nous avons commencé par un gag, finissons-en par un autre. (Applaudissements.)
M. Antoine Bertschy (UDC). Mon préopinant a dit trois ou quatre fois: «Vous vous contredisez»... Monsieur Broggini: vous vous contredisez ! En effet, l'une des mesures proposées dans l'exposé des motifs est l'amélioration de la synchronisation des feux. J'ai sous les yeux la motion 1850, lancée par les Verts, qui demande carrément une réduction des feux de signalisation: Monsieur Broggini, vous vous contredisez, vous aussi !
J'aimerais ajouter autre chose: je remercie nos amis libéraux d'avoir déposé cette motion qui est pleine de bon sens. On peut éventuellement regretter qu'ils l'aient élaborée entre eux et qu'ils ne l'aient pas ouverte à la signature d'autres partis, mais c'est un autre problème.
En outre, le seul argument que j'ai entendu de la part de la représentante socialiste, c'est celui faisant un lien avec la traversée de Vésenaz. Il n'y a aucun problème quant à la traversée de Vésenaz: puisque les travaux n'ont pas commencé, il n'y a pas plus de voitures qui arrivent.
Il faut dire ce qui est ! Pourquoi y a-t-il à l'heure actuelle des bouchons à Genève ? Parce qu'il y a des travaux pour le tram ! Ce sont eux qui causent des bouchons insupportables pour les citoyens ! Ce que vous demande cette motion c'est, pendant la durée de ces travaux, de trouver des solutions. C'est uniquement cela ! Je pense que pour le bien-être des citoyens - car lorsqu'il y a des bouchons, il y a de la pollution, il y a du bruit - et pour que les automobilistes puissent circuler plus aisément et arriver à leur travail plus rapidement, il faut accepter cette motion.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Slatkine, à qui il reste trois minutes.
M. Ivan Slatkine (L). Trois minutes ? Merci, Monsieur le président, je vais faire très court. Je suis quelque peu déçu d'entendre Mme Chatelain, M. Broggini... Mme Chatelain ne nous parle que du trafic privé... Mais non ! Cette motion concerne le transport public également ! Il ne s'agit pas de mettre en opposition les transports publics et les transports privés; il ne s'agit pas de plus polluer; bien au contraire, Monsieur Broggini ! Il s'agit d'améliorer la qualité de vie de tous les habitants de ce canton ! Cette motion appelle seulement le Conseil d'Etat à prendre des mesures temporaires urgentes pour résoudre des problèmes liés à des chantiers fondamentaux pour notre canton - et nous ne disons pas le contraire - mais qui sont ponctuels. Donc, il faut adapter les choses. On ne demande rien d'autre ! On n'est pas dans un conflit «transports publics contre transports privés» - on est pour tous les types de transports - on demande simplement que des mesures ponctuelles soient prises pour que les Genevois et ceux qui viennent travailler à Genève, et ceux qui viennent payer des impôts dans ce canton, puissent correctement se déplacer, parce que cela fait partie des libertés ! C'est uniquement cela qu'on demande ! Et il faut arrêter de mettre en opposition le public contre le privé. Il s'agit simplement de trouver des solutions pour améliorer la qualité de vie dans ce canton et faire en sorte que les gens puissent se déplacer librement; ça s'arrête là ! Merci, Monsieur le président. (Applaudissements.)
M. François Gillet (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, il est évident qu'un chantier aussi important que le TCOB entraîne des complications de circulation dans ce canton; il est évident que les automobilistes sont conscients de ces difficultés temporaires et il est évident qu'ils sont prêts à en supporter une partie des inconvénients. Nous voyons aussi que ce chantier est quand même particulièrement complexe puisqu'il démarre au coeur de la cité, avec la réfection des ponts de l'Ile, dans un endroit stratégique de la mobilité de ce canton. Il est évident aussi que les transports publics eux-mêmes, comme cela a été dit, sont prétérités par ce chantier.
La motion, Mesdames et Messieurs les députés, ne précise pas quels sont les itinéraires de délestage qu'il s'agit de rouvrir à la circulation, elle demande au Conseil d'Etat de faire des propositions concrètes. L'exposé des motifs cite un certain nombre de possibilités; le groupe démocrate-chrétien n'est pas convaincu que ces idées-là soient forcément les meilleures. Par contre, le groupe démocrate-chrétien considère qu'il y a urgence à trouver des solutions temporaires qui permettent d'améliorer la fluidité du trafic, tant privé que public, durant ce chantier. Pour toutes ces raisons, Mesdames et Messieurs les députés, nous vous invitons à renvoyer cette motion au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)
M. Roger Golay (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, je serai très bref. Je pense que tout a été dit au niveau de la droite, en tout cas ce qui pouvait être sensé par rapport à la fluidité du trafic et pour éviter certains taux de pollution. Nous soutiendrons cette motion 1879. Le groupe MCG la votera d'une manière positive et nous vous invitons à en faire autant.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Deneys, à qui il reste dix-huit secondes - mais on peut dire beaucoup de choses en dix-huit secondes.
M. Roger Deneys (S). Monsieur Slatkine, la différence entre vous et nous, c'est que nous, quand nous lisons un rapport de la Confédération qui relève que le rapport coût-utilité est insuffisant, nous l'écoutons. Et vous, vous prenez vos sources dans la presse «pipi caca», dans le «20 Minutes». C'est bien pour ça qu'on ne peut pas se comprendre ! (Applaudissements. Rires.)
Le président. Voilà qui est bien fait, bravo... Madame Künzler, vous avez la parole.
Mme Michèle Künzler (Ve). J'aimerais juste dire que nous sommes très attachés à la liberté, c'est vrai. La liberté de se déplacer existe et nous y tenons, mais elle n'implique pas de se déplacer avec un moteur. C'est évident que la liberté de se déplacer doit exister, mais elle ne doit pas non plus s'exercer au détriment des habitants et des autres...
Le président. Voilà, il vous faudra terminer, vous avez dix-huit secondes.
Mme Michèle Künzler. Alors, une seconde... Non à l'ouverture du pont des Bergues aux voitures, c'est exclu !
Le président. Monsieur Desbaillets, vous avez la parole. Il vous reste deux minutes.
M. René Desbaillets (L). Je souhaite juste répondre à Mme Künzler. Il faudrait alimenter la ville de Genève sans y pénétrer avec des véhicules à moteur... Cela semble très contraire aux principes des Verts. La proximité, alors, ce serait de transporter de l'alimentation en avion de l'Afrique du Sud à l'aéroport, et puis, on irait à Genève à vélo... (Brouhaha.) Mais nous, qui sommes des professionnels et qui devons alimenter deux ou trois fois par semaine les magasins du centre-ville pour que les citoyens puissent aller à pied y faire leurs commissions, il faut que nous puissions quand même descendre en ville. Et ce qui manque surtout, c'est de la signalisation ! J'ai toujours entendu dire que gouverner c'est prévoir, mais en ville de Genève, c'est «démerde-toi comme tu peux» ! Tu arrives en ville de Genève avec un véhicule de livraison, il n'y a aucune indication; il faut prendre le Natel, téléphoner à l'éventuel restaurant ou épicier pour lui demander: «Par où dois-je passer pour atteindre votre commerce ?» C'est grave ! De la signalisation, surtout en amont, cela simplifierait bien les choses et tout irait beaucoup plus vite. Mais si les citadins de Genève veulent manger à leur faim tout en allant à pied faire leurs commissions, eh bien, il faut laisser les livreurs pénétrer en ville ! Autrement, ils viendront à pied acheter leur vin à Choully ! Je les y attends demain toute la journée, il y a «Caves Ouvertes».
Une voix. Très bien ! (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. Monsieur Slatkine, il vous reste cinquante secondes.
M. Ivan Slatkine (L). Merci, Monsieur le président, je n'utiliserai pas mes cinquante secondes. En réponse à la proposition des Verts, «Le pont des Bergues, jamais !», le groupe libéral, simplement, voulait dire: le pont du Mont-Blanc, jamais ! Si, par hasard, nous voyions des lignes de bus tracées sur le pont du Mont-Blanc, sans que d'autres mesures soient prises pour fluidifier le trafic, nous serions dans la même opposition. Mais, une fois de plus, le but de cette motion n'est pas d'être en opposition et dans la guerre des transports. Le but de cette motion était uniquement - et est uniquement ! - de trouver des solutions pour fluidifier le trafic, améliorer la qualité de vie des citoyens et diminuer la pollution ! Parce que, jusqu'à nouvel avis, quand je fais des allers et retours entre trois feux rouges et que je suis pris dans des bouchons, je pollue plus que quand je roule en toute fluidité !
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le conseiller d'Etat Cramer.
M. Robert Cramer, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, tout d'abord: merci aux auteurs de la motion de m'attribuer la paternité de la ligne de tram qui est en train de se construire. Modestement, je dois vous dire que je partage cet honneur - et je peux continuer à employer le terme de «paternité» - avec tous mes collègues du Conseil d'Etat.
Au-delà de cela, voici ce que je peux vous dire: au fond, vous avez actuellement, très modestement, deux choix. Le premier, c'est d'être satisfaits d'avoir rédigé cette motion; cela implique que vous la renvoyiez au Conseil d'Etat. Et dans un délai de six mois, comme le prescrit la constitution - et le département se faisant un point d'honneur de répondre à vos questions - vous aurez un rapport du Conseil d'Etat. Je pense que ce rapport sera édifiant et qu'il fera considérablement progresser le débat ! Et puis, vous avez un autre choix, c'est celui que vous propose la loi portant règlement du Grand Conseil: renvoyer cette motion en commission.
Il me semble que si vous voulez être un peu concrets, vous devez privilégier la deuxième voie, et voici pourquoi: il y a eu un certain nombre d'études méritant d'être connues qui ont été effectuées, bien sûr, en vue d'éviter que les travaux du tram n'entraînent des nuisances trop grandes pour la circulation, car le fait que ceux-ci en occasionneraient était connu.
J'ai passé un peu de temps à ranger un certain nombre de papiers récemment, et je suis tombé sur une publication que je vous recommande: le journal du Touring Club. C'était le numéro de décembre, que je tiens à la disposition de chacune et de chacun d'entre vous qui ne l'aurait pas lu, dans lequel on annonçait dans le détail ce qui allait se passer. Et c'est à peu près ce qui est en train de se produire. Alors, qu'est-ce qui est en train de se produire ? Un certain nombre d'embarras, qui sont inévitables et qui sont liés à un chantier d'une telle importance en ville. Et puis, on y indique dans le même temps toutes les mesures qui ont été prises pour minimiser l'inconvénient que représente ce chantier; et l'on voit du reste que ces mesures sont relativement inefficaces dans les premiers jours, le temps que les automobilistes les comprennent et les appliquent, et que, ma foi, par la suite les choses commencent à se mettre en place. On circule moins bien en ville de Genève aujourd'hui qu'il y a quelques mois, mais on circule assurément mieux que lorsque l'on a ouvert le chantier, parce que chacun a compris, à peu près, comment cela fonctionne. Et au fond, pour ma part - moi qui n'ai pas de permis de conduire et qui, donc, me déplace assez souvent en taxi dans ce canton - je vois que la grogne des usagers est toute relative. Je vous renvoie à cet égard aux courriers de lecteurs de vos journaux favoris.
Au fond, j'ai le sentiment que les choses sont plus ou moins bien maîtrisées. Cela dit, Monsieur Slatkine, je suis d'accord avec vous: ce n'est pas parce qu'elles sont plus ou moins bien maîtrisées que l'on ne peut pas faire mieux, et c'est évident que si l'on peut trouver des meilleures solutions encore, il faut qu'on les trouve ! Alors, est-ce que cette solution c'est d'ouvrir le pont des Bergues aux déplacements professionnels ? Hurlements sur le banc des Verts... Est-ce que c'est créer une voie de transports publics sur le pont du Mont-Blanc ? Vociférations sur le banc des libéraux... Ou est-ce que c'est d'autres choses encore ? Je ne le sais pas...
Ce que je sais, en tout cas, c'est que l'administration - à la demande du Conseil d'Etat et notamment à la demande de la délégation du Conseil d'Etat aux transports, à laquelle nous participons avec mes collègues Pierre-François Unger et Mark Muller - cherche des alternatives. Jusqu'ici, les rapports qu'elle nous a faits nous ont semblé suffisamment convaincants pour que nous ayons le sentiment que la moins mauvaise des solutions, c'est celle qu'elle nous propose.
Alors, si vous voulez un rapport du Conseil d'Etat qui vous expose dans le détail pourquoi on fait très bien, on vous le fait volontiers. Si vous souhaitez que nous essayions de réfléchir ensemble - j'ai compris que c'était un petit peu la perche que tendait le député Slatkine - eh bien, dans ce cas-là, je vous suggère plutôt de renvoyer cette motion en commission. Nous vous dirons dans le détail ce qu'on a fait, ce qu'on n'a pas fait, et peut être qu'à l'arrivée vous nous direz que nous sommes aveugles, que, bien sûr, la bonne solution était sous nos yeux et que nous ne l'avons pas vue ! Et nous sommes preneurs !
Voilà ! Cela étant, l'alternative est entre vos mains; le Conseil d'Etat, bien sûr, est toujours votre humble et très dévoué serviteur. (Rires.)
Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Aucun groupe n'ayant proposé le renvoi en commission, est-ce que le Conseil d'Etat le demande formellement ?
M. Robert Cramer. Oui !
Le président. Alors nous allons voter, puisque le Conseil d'Etat prend part au débat. Celles et ceux qui acceptent ce renvoi en commission votent oui, les autres non ou s'abstiennent. Je laisse tranquillement les gens arriver...
Une voix. Renvoi à la commission des transports !
Le président. C'est donc un renvoi à la commission des transports. Nous passons au vote. (Brouhaha.)
Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 1879 à la commission des transports est rejeté par 57 non contre 14 oui et 4 abstentions.
Mise aux voix, la motion 1879 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 46 oui contre 28 non et 3 abstentions.