Séance du
vendredi 14 novembre 2008 à
17h15
56e
législature -
4e
année -
1re
session -
4e
séance
RD 761
Le président. Nous avons reçu de notre collègue, M. François Thion, sa lettre de démission de son mandat de député, qui prendra effet à l'issue de cette séance. Je prie Mme la secrétaire de bien vouloir lire ce courrier 2709. (Applaudissements à l'issue de cette lecture.)
Lettre de M. THION François, député, à Mme BOLAY Loly, présidente du Grand Conseil, annonçant sa démission à l'issue de la séance du vendredi 14 novembre à 17h (C-2709)
Le président. Merci, Madame la secrétaire. Il est pris acte de cette démission. M. François Thion a siégé sur les bancs socialistes au Grand Conseil pendant plus de cinq ans. Devenu député le 30 janvier 2003 en remplacement de M. Dominique Hausser, il a été réélu en 2005. Au cours de son mandat, il a participé aux travaux des commissions suivantes: législative, pétitions, économie, enseignement, éducation et culture, grâce et réexamen en matière de naturalisation.
Cette année, il a conduit les travaux de la commission de l'enseignement supérieur et c'est sous sa présidence que la commission a achevé l'examen du projet de loi sur l'université.
Remarqué pour ses interventions concernant notamment les questions d'enseignement ou de mobilité douce, c'est en raison de son emploi du temps chargé et pour se consacrer davantage à sa famille que François Thion a décidé de mettre un terme à son mandat de député.
Nous le remercions du temps qu'il a consacré à la collectivité et lui souhaitons plein succès pour la suite de ses activités professionnelles et personnelles. Fidèles à la tradition, nous lui remettons un stylo souvenir.
Je voudrais ajouter un petit mot personnel. François, j'ai été très content d'être en ta compagnie à la commission des pétitions et à la commission de grâce. Je te souhaite bonne route ! (Applaudissements.)
Mme Virginie Keller (S). C'est avec beaucoup d'émotion que le groupe socialiste se sépare de François, du moins dans le cadre du Grand Conseil. Nous aimerions dire ce soir que François nous a fait un cadeau avant de partir. Ceux qui siègent à la commission des affaires communales, régionales et internationales s'en souviennent peut-être. Il n'y a pas si longtemps que cela, François Thion offrait à ce Grand Conseil une motion intitulée: «Solidarité internationale : 7 bonnes raisons d'atteindre le 0,7 à Genève en 7 ans». Avec cette motion, François nous a montré une dernière fois dans le cadre du Grand Conseil son souci de solidarité et de générosité. Et je crois que le plus beau cadeau que l'on pouvait lui faire pour son départ a été de voter à l'unanimité de la commission cette motion de solidarité internationale. Nous te remercions, François, parce que, durant les sept prochaines années, chaque fois au moment du budget, nous pourrons, nous les socialistes, dire: «Rappelez-vous, Mesdames et Messieurs les députés, vous avez voté cette motion proposée par François Thion; dans le budget, nous voulons voir la preuve que vous faites ce que vous dites.»
Mesdames et Messieurs les députés, pour conclure, j'aimerais vous donner sept des raisons qui font que l'on aime François Thion. Il y en a beaucoup d'autres, mais voici les sept que j'ai choisies. La première est certainement le sérieux de François dans tout ce qu'il entreprend. Et il nous montre, ce soir, que certains hommes sont capables de laisser - pour un moment, je l'espère - la politique afin de se consacrer un peu plus à leur famille. Je voulais le souligner, car c'est assez rare: bravo François !
Il y a évidemment son intelligence, vous l'avez tous appréciée dans les différentes commissions dans lesquelles il a siégé; son sens du dialogue, qui nous a été extrêmement précieux, notamment en ce qui concerne le domaine de l'enseignement, où il a su nous faire travailler en bonne intelligence et dans la modération; son sens de l'humour, qui a égayé nos repas, nos soirées socialistes, mais aussi les commissions; sa générosité, sa douceur - qui va de pair.
Et enfin, un dernier compliment, François: tu es un vrai homme de gauche. Et cela, pour les socialistes, reste une qualité irremplaçable. Nous sommes très tristes que tu partes et nous te souhaitons bon vent. (L'oratrice s'adresse aux personnes se trouvant à la tribune.) Vous avez de la chance, vous là-haut, de le récupérer un peu plus ! Nous, nous en perdons un bout !
Alors, à très bientôt, François, et, de la part des socialistes: Merci ! (Applaudissements.)
Mme Ariane Blum Brunier (Ve). Cher François, il y avait slogan socialiste: «La force tranquille». Je trouve que ce slogan colle bien à ta personnalité. «Force» pour tes convictions. Tu te bats inlassablement pour les plus défavorisés - qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs - pour une école de qualité, défendant aussi bien les intérêts des élèves que ceux des enseignants. Ton fil rouge: une société plus juste. «Tranquille» pour la manière. Tu ne te laisses jamais déborder par la colère ou l'impatience, te montrant toujours calme et constructif. Ces qualités ont suscité le respect de tous ceux qui ont eu la chance de travailler avec toi. Ton défaut: ne pas te ménager. Ainsi, en mettant tant d'énergie dans ces activités, en recherchant constamment la perfection, soit on s'épuise, soit on fait des choix. Entre ta fonction de député et ta vie familiale et professionnelle, tu as choisi.
Je profite de ce moment pour souligner que le temps immense consacré à assumer correctement la fonction de député, si nous l'offrons à la défense du bien commun, souvent nous le volons à ceux que nous aimons, à nos familles. L'organisation de notre Grand Conseil telle que nous la connaissons actuellement atteint ses limites et nous devons réfléchir rapidement à une organisation qui permette d'allier vie politique, vie professionnelle et vie familiale. Notre système démocratique en dépend.
Cher François, si aujourd'hui nous regrettons ton départ, nous le comprenons et respectons ton choix. Nous te souhaitons beaucoup de bonheur, de passions et de luttes. Car demain, si député tu ne seras plus, militant tu resteras ! (Applaudissements.)
Mme Janine Hagmann (L). Mesdames et Messieurs les députés, au nom du groupe libéral, j'aimerais me joindre aux propos déjà formulés pour te dire, cher François, que nous respectons ta décision de quitter cette enceinte, mais que nous la regrettons. Ayant siégé avec toi pendant plusieurs années dans les commissions s'occupant de formation, c'est-à-dire la commission de l'enseignement et la commission de l'enseignement supérieur, je sais comment tu fonctionnes. Nous n'avons pas toujours été tous les deux d'accord. Mais, toujours - toujours ! - tu as su écouter les autres. Tu as présidé avec calme et compétence la commission de l'enseignement supérieur alors que, parfois, il y aurait eu de quoi hausser le ton. Tu as aussi aidé à la réalisation du projet de loi sur l'université, voté à la quasi-unanimité, et je dis ce soir que nous gagnerons ce projet de loi le 30 novembre.
Tu as rempli ton mandat de député avec beaucoup de plaisir et de satisfaction, et je sais que ce n'est pas vraiment de gaieté de coeur que tu nous quittes. Mais tu as décidé de ne plus faire les choses à moitié. Ton métier de prof au cycle et au collège - on le sait ici - t'occupe énormément. Virginie a donné sept raisons pour lesquelles on t'aime bien, j'en ajouterai une huitième: tu fais partie du clan des enseignants; ce clan-là a quelque chose qui lie les gens entre eux et fait qu'ils se comprennent. Si bien que nous comprenons ta décision. François, je sais que tu auras du plaisir à faire de la montagne, à t'occuper de ta famille: profite vraiment de faire ce que tu as décidé ! Tu nous as beaucoup donné. Merci pour cela. (Applaudissements.)
M. François Gillet (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, nous avons, François Thion et moi, plusieurs points communs: non seulement nous nous appelons tous les deux François, mais nous sommes également tous les deux géographes et enseignants. J'ai eu plaisir de côtoyer François Thion en tant que collègue pendant près de vingt ans au cycle de la Florence. Donc, nous nous connaissons bien. Ce fut un grand plaisir de le retrouver à la commission de l'enseignement. Je sais combien il a apporté aux débats de cette commission; par son état d'esprit constructif, son expérience et ses compétences, dans le cadre de nombreux projets que nous avons étudiés. Il est clair que je vais, comme l'ensemble de mon groupe, beaucoup le regretter.
Je sais qu'il adore le calme, le grand air, les voyages, la marche: il aura davantage de temps pour ces passions-là.
Un certain nombre de projets auxquels il a collaboré sont maintenant devant le peuple, notamment le contreprojet sur le Cycle. Je sais que, comme nous, il continuera jusqu'au bout à défendre ce que nous avons construit ensemble. Merci pour tout ce que tu as fait ans ce parlement, François, et bon vent pour la suite ! (Applaudissements.)
M. Patrick Saudan (R). Cher François, le parti radical va évidemment s'associer à tous les hommages que l'on te fait. Tu ne m'en voudras pas d'être un peu plus bref: j'ai été pris au dépourvu. Je tenais à dire personnellement que j'ai beaucoup apprécié, durant cette dernière année, ta manière de présider la commission de l'enseignement supérieur. En effet, je me suis rendu compte, moi qui suis un petit nouveau, que l'on peut faire de la politique en restant calme, pondéré; on n'a pas besoin d'être vitupérant pour être persuasif. J'ai aussi beaucoup apprécié le débat auquel tu nous as invités à participer dans ton collège; je me suis rendu compte du lien fusionnel que tu avais avec tes collégiens.
Il est donc vrai que nous allons perdre un excellent collègue. Mais, au-delà de nos clivages politiques - et il y en a - je suis très content que Genève puisse compter sur des enseignants de ta trempe, parce que je pense que le challenge le plus important, c'est la formation de nos jeunes. Je te souhaite bon vent pour l'avenir. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme Bolay... La parole est à M. Thion. (Rires.)
M. François Thion (S). Voilà, Monsieur le président, j'ai pris pour un petit moment la place de Mme Bolay, afin de pouvoir sortir plus vite.
Je veux vous remercier, Mesdames et Messieurs les députés, pour ces paroles qui me touchent. Il est vrai que j'arrête une année avant la fin de la législature, mais je dois rappeler que j'ai été huit ans conseiller municipal à Bardonnex et presque six ans député au Grand Conseil. Et je crois que, à un moment donné, il faut tourner la page.
Je me suis, comme vous l'avez dit, beaucoup investi dans le domaine de l'enseignement, j'ai contribué au contreprojet sur le cycle d'orientation et, aussi, participé à la loi sur l'université. J'espère que ces deux projets seront acceptés le 30 novembre, car c'est extrêmement important pour Genève.
Quant à la motion sur le 0,7%, cela me ferait bien plaisir qu'elle passe, parce qu'il s'agit d'un engagement que j'ai eu tout au long de ma vie. Je crois que si l'on arrivait, à Genève, ville internationale, à donner 0,7% de notre budget pour l'aide au développement, ce serait fantastique. Je vous remercie beaucoup et vous souhaite une très bonne fin de législature. (Applaudissements.)