Séance du
jeudi 13 novembre 2008 à
17h
56e
législature -
4e
année -
1re
session -
1re
séance
E 1586
La présidente. Monsieur Guénat, vous avez demandé la parole: je vous la donne.
M. Philippe Guénat (UDC). Madame la présidente, c'est avec une certaine émotion que je prends la parole ce soir. En effet, c'est en tant que chef de groupe de l'Union démocratique du centre que j'ai cet honneur. A l'unisson, nous tenons, Madame la présidente, à vous féliciter de votre présidence 2008 ! Vous avez su diriger nos débats avec clarté, avec intelligence et parfois même, lorsque c'était nécessaire, avec fermeté ! Vous n'avez jamais cherché à avantager tel ou tel groupe politique ou une idéologie plutôt qu'une autre. Sachez que nous vous en remercions. En tout cas, en tout moment, vous avez mené nos débats avec une touche qui vous est tout à fait personnelle: l'humour ! Si vous me permettez d'en faire, je ne regretterai qu'une chose, Madame la présidente, c'est que vous n'ayez pas soutenu notre équipe nationale de football plus que vous ne l'avez fait ! (Rires.) Evidemment, votre coeur est en Espagne, et l'Espagne a vaincu ! Mais quand même, vous auriez pu faire un effort ! Nous aurions bien voulu voir la «Nati» aller un peu plus loin que là où elle est arrivée ! Nous ne vous en tenons tout de même pas rigueur.
Plus sérieusement, sous votre présidence nous avons voté des projets de lois essentiels pour le futur de notre chère République et canton de Genève. Je ne prendrai que quelques exemples: la réforme du cycle d'orientation, la loi sur la mendicité, qui nous était très chère, et la loi sur l'Université, qui va faire date.
Vous savez mieux que quiconque que la vie n'est pas un fleuve tranquille. Ici, sur les bancs de l'UDC, nous avons bien remarqué que cette année de présidence ne vous a pas apporté que des satisfactions. Oui, Madame la présidente, vous avez été victime d'une sorte de mobbing incessant de la part de certaines personnes au sein de ce Grand Conseil. Elles se sont permis les coups les plus bas, les plus odieux, dont elles seules sont capables - goujats irrespectueux de la république, de votre fonction, et de votre charme, Madame la présidente ! Mais peut-être que je m'emballe, c'est mon esprit d'homme latin qui prend le dessus à votre égard ! Sachez toutefois que, pour nous, à l'UDC, vous avez toujours eu notre confiance et notre estime.
Sur une note personnelle, je vous dirai qu'en tant que chef de groupe UDC j'ai eu beaucoup de plaisir à travailler à vos côtés, et ceci malgré nos différends politiques mais, et c'est l'essentiel, jamais civiques.
En tant que chef d'entreprise je salue le talent d'organisatrice avec lequel vous avez mené l'opération longuement secrète de Saint-Jacques de Compostelle qui fut le succès que l'on sait. A ce sujet, je tiens également à remercier chaleureusement Mme le sautier pour son travail, sa collaboration et sa perpétuelle bonne humeur.
En signe de gratitude et pour vous permettre d'arborer cette nouvelle année de législature en pleine forme, le groupe de l'Union démocratique du centre tient à vous offrir ce bon pour un week-end de remise en forme, valable pour deux personnes, à l'hôtel cinq étoiles et centre thermal «Les sources des Alpes» à Loèche-les-Bains. (Rires.) Les inscriptions sont ouvertes ! (Applaudissements.)
Madame la présidente, en mon nom et au nom du groupe de l'UDC, je vous remercie du travail que vous avez accompli durant cette année. Je me réjouis d'ores et déjà de pouvoir continuer à vous côtoyer, que ce soit durant nos séances de Grand Conseil ou lors de nos séances de commissions. Merci ! (Applaudissements.)
Puisque le micro est «chauffé», je le garde, je vais en profiter pour, si je peux, vous annoncer notre champion. Et je me tourne vers vous, très chers collègues députés ! Quand on a besoin de vous, vous êtes toujours «très chers»... (Exclamations.) Mesdames et Messieurs les députés du Grand Conseil du canton et de la République de Genève, je me présente devant vous humblement, pour une fois...
Une voix. A genoux !
M. Philippe Guénat. Je vous rappelle qu'il y a un an vous avez clairement élu un homme à la première vice-présidence de cette assemblée, tâche dont il s'est acquitté avec le brio que l'on sait. Aujourd'hui, en ce jour solennel, je vous demande de voter à nouveau pour lui, pour que cet homme apprécié de tous ait le privilège de mener nos débats pendant les douze prochains mois. Cet homme, c'est notre collègue Eric Leyvraz.
Si c'est en tant que chef du groupe UDC je m'adresse à vous, c'est au citoyen et à l'homme Eric Leyvraz, hors étiquettes partisanes, que je vous demande d'accorder votre confiance. Confiance que vous lui avez déjà accordée il y a un an, sachant que le rôle de premier vice-président préparait à la présidence et que ce dernier remplaçait, quand il le fallait, la présidente, et que, pendant toute cette année, il s'est préparé à sa tâche. Vous avez donc eu une pleine et entière année pour juger de la qualité du travail d'Eric Leyvraz ainsi que de son attachement profond aux valeurs de notre république.
Par votre vote ce soir, vous devrez répondre à une question: l'homme Eric Leyvraz est-il digne de devenir le premier citoyen de notre canton ? Pour ma part, j'en suis intimement convaincu. Jamais son comportement n'a pu éveiller une quelconque suspicion. Jamais il n'a provoqué de polémiques. Il a en lui la sagesse qui fait les bons présidents.
Sur une note plus légère, je dois vous avouer que je me suis bien renseigné sur l'état de santé de notre candidat - c'est très à la mode actuellement. Et cela n'a pas été aisé, tant cet homme sait faire preuve d'une grande discrétion. Bien des «no comment» m'ont été objectés par certains milieux fédéraux, alors c'est sous le sceau de la plus grande confidentialité que je peux vous confier ce soir les preuves que j'ai obtenues par l'un de ses fils, dentiste, qu'Eric Leyvraz possède une parfaite dentition. (Rires.) Et qu'il l'utilisera, pour mener clairement les débats du Grand Conseil, mais aussi pour mordre ceux qui ne respecteraient pas nos institutions. Toutefois, son coeur battant lentement et régulièrement, il saura rester zen longtemps, avant de sortir les crocs.
D'autre part, c'est très important, dans certains milieux bien informés, on m'a affirmé qu'il pourrait se révéler être le président le plus écologique de notre Grand Conseil, non pas pour son excellent vin, mais il est connu pour ne jamais sortir sans son célèbre papillon !
Vous l'aurez compris, Mesdames et Messieurs les députés, Eric Leyvraz possède toutes les qualités qui font un bon président du Grand Conseil. Ainsi je vous demande de bien vouloir lui offrir vos suffrages pour l'élection à venir. Merci ! (Applaudissements.)
La présidente. Merci, Monsieur le député. La parole est demandée par Mme Anne Emery-Torracinta.
Mme Anne Emery-Torracinta (S). Madame la présidente, chère Loly, habituellement il n'y a pas d'hommage au président ou à la présidente sortante. C'est vrai que l'année dernière les Verts ont instauré cette habitude, parce que c'était la première fois qu'on avait une présidente Verte. Cette année, c'est aussi un peu particulier. M. Guénat l'a rappelé, vous avez eu, Madame la présidente - peut-être pouvons-nous nous tutoyer maintenant ? Tu as eu, chère Loly, une année difficile, avec des pressions importantes - comme cela ferait un peu nécrologie, je ne vais pas refaire tout l'hommage qui t'a été rendu, tu m'excuseras ! - mais j'aimerais insister sur un point qui a été essentiel pour les socialistes, et c'était une première. En effet, c'est la première fois qu'une personne d'origine étrangère, née à l'étranger, est devenue la première citoyenne du canton ! Je ne sais pas si cet aspect-là plaît tellement à certains membres de ce parlement; pour nous c'est une source de fierté ! Loly, tu as porté haut et fort, et magnifiquement bien, les couleurs de notre république: nous t'en remercions aujourd'hui très chaleureusement ! (Applaudissements.)
La présidente. Merci beaucoup, Anne ! La parole est demandée par M. Pascal Pétroz.
M. Pascal Pétroz (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, il n'est pas tout à fait exact de prétendre que les groupes qui sont satisfaits de la présidence sortante entendent se manifester pour exprimer leur contentement. Au nom du groupe démocrate-chrétien, j'ai le plaisir, Madame la présidente, chère Loly - ou «Lolynette», c'est selon - de vous remercier infiniment et très chaleureusement de tout le travail que vous avez accompli durant l'année écoulée.
Je sais, nous savons tous à quel point cette charge a été difficile, mais vous avez su mener à bien les débats: avec compétence, avec honnêteté, et avec un coeur... Qui est ce que je préfère peut-être en vous, en plus de vos autres qualités. Car vous avez un coeur énorme, et vous êtes vraiment quelqu'un, une personnalité fantastique ! Je tenais à vous rendre hommage, voilà pour le premier point de mon intervention.
S'agissant de la prochaine présidence du Grand Conseil, je voudrais rappeler que, même si le groupe démocrate-chrétien a été battu l'année passée, puisque la candidature de M. Mettan a été écartée au profit de celle de M. Leyvraz, le parti démocrate-chrétien respectera deux choses: la démocratie et la tradition. Il ne faut pas vouloir vivre en démocratie si l'on ne peut pas accepter d'être battu ! Nous avons été battus l'année passée, nous respectons le choix de ce Grand Conseil et nous ne contesterons pas l'accession d'un membre de votre parti à la présidence, Mesdames et Messieurs les membres de l'UDC.
Respect de la tradition également, puisque notre tradition veut que, lorsqu'on passe l'écueil - si j'ose dire - de la première vice-présidence du Grand Conseil, on est élu à la présidence du Grand Conseil. Cela a toujours été comme ça, en tout cas depuis cent cinquante ans - nous avons fait des recherches à ce propos. Ce n'est pas aujourd'hui qu'on va changer cela et ce n'est pas notre parti qui remettra en cause la tradition bien établie de ce canton.
Raison pour laquelle je tiens à vous annoncer, même si le groupe démocrate-chrétien n'a pas été très content l'année passée du résultat du vote, qu'il soutiendra la candidature de M. Leyvraz. Je vous remercie. (Applaudissements.)
La présidente. Merci beaucoup, Monsieur le député. La parole est demandée par M. Frédéric Hohl.
M. Frédéric Hohl (R). Au nom du groupe radical, chère Loly, on tient à vous remercier. Nous, Mesdames et Messieurs les députés, sommes des politiciens de milice; mais vous, Madame la présidente, vous avez été une politicienne professionnelle, du premier jour jusqu'à aujourd'hui, et à chaque Grand Conseil vous nous avez impressionnés par la qualité des débats que vous avez su mener. Merci beaucoup ! En plus, vous avez amené un magnifique rayon de soleil dans ce parlement, on en a vraiment besoin !
Alors, notre cadeau, Madame la présidente, ce sera une bise, et on aura un vrai plaisir à vous la faire tout à l'heure ! (Applaudissements.)
La présidente. Merci infiniment. La parole est demandée par M. Rossiaud.
M. Jean Rossiaud (Ve). Les Verts seront brefs, Madame la présidente. Un mot: merci ! (Applaudissements.)
La présidente. Merci beaucoup. La parole est demandée par M. Ivan Slatkine.
M. Ivan Slatkine (L). Madame la présidente, on va être légèrement plus long que le groupe Vert: muchas gracias ! (Rires. Applaudissements.)
Une voix. Me gustas tu !
La présidente. Muchas gracias a vosotros por este mensaje que me dais que me llega al fondo del córazón ! Gracias ! (Applaudissements.)
Mesdames et Messieurs les députés, nous allons procéder au scrutin et je vous prie de regagner vos places. Je remercie les huissiers de bien vouloir distribuer les bulletins de vote. Je rappelle que M. Eric Leyvraz, vice-président, est le seul candidat à la présidence. Pendant la procédure de vote, je prie les photographes de ne pas prendre de clichés. Merci ! (Les députés remplissent leur bulletin de vote.) Je crois que c'est terminé... Le scrutin est clos. Je demande aux huissiers de bien vouloir récolter les bulletins de vote et je prie les scrutateurs de se rendre à la salle Nicolas-Bogueret pour le dépouillement. En attendant le résultat de l'élection, je propose une courte suspension de séance.
La séance est suspendue à 17h50.
La séance est reprise à 17h57.
La présidente. Mesdames et Messieurs les députés, nous reprenons la séance. Merci de bien vouloir prendre place.
Résultats de l'élection du président du Grand Conseil:
Bulletins distribués: 96
Bulletins retrouvés: 95
Bulletins blancs: 22
Bulletins nuls: 21
Bulletins valables: 52
Majorité absolue: 27
Est élu: M. Eric Leyvraz (UDC), avec 52 voix. (Longs applaudissements.)
(Mme Loly Bolay remet des fleurs à M. Eric Leyvraz et l'embrasse. Puis, un député de l'UDC remet au nouveau président un énorme pot de bonbons avec l'inscription «antistress: à consommer avec délectation».)
M. Eric Leyvraz. Je ne sais pas si ça suffira ! (Rires.)