Séance du vendredi 25 avril 2008 à 15h
56e législature - 3e année - 7e session - 35e séance

P 1466-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la pétition : La population défend sa police
P 1518-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la pétition pour un vrai poste de police à la Pallanterie

Débat

Mme Janine Hagmann (L). Le groupe libéral tient à remercier le Conseil d'Etat de son rapport et en prend acte. Vous savez combien le groupe libéral est attaché au concept de sécurité, et si je dis que le groupe prend acte du rapport, je ne suis pas sûre, Monsieur le président, que les pétitionnaires se satisfassent des réponses que vous leur donnez. En effet, vous donnez comme argument qu'en Arve-Lac le taux de cambriolage n'a pas augmenté. C'est possible ! Je pense que vous savez de quoi je parle, Monsieur le conseiller d'Etat, quand on dit que, lorsqu'on est soi-même cambriolé, on se fiche complètement de savoir que le taux de cambriolage ait augmenté ou pas: c'est chez nous, et à ce moment-là c'est très, très, désagréable... Et je crois que, dans cette enceinte, d'ailleurs, une députée de Cologny s'est fait cambrioler il y a un mois; il y a une semaine, une conseillère administrative de Collonge-Bellerive s'est aussi fait cambrioler... Au moment où vous téléphonez au poste de la Pallanterie et que vous tombez sur son répondeur, ce n'est pas vraiment agréable !

Alors je sais, Monsieur le conseiller d'Etat, quels sont vos problèmes d'effectif, mais ce que je vous demande, c'est de prendre votre bâton de pèlerin et d'aller expliquer la situation avec clarté. Parce que les communes d'Arve-Lac ont quand même l'impression d'être abandonnées dans ce domaine... Peut-être que ce n'est pas le taux d'infractions le plus élevé de Genève, mais ce sont quand même des communes limitrophes de la France et il y a un sacré paquet de cambriolages. Je pense que le poste de la Pallanterie, qui n'emploie que huit personnes - et, comme je l'ai appris ce matin, l'une d'entre elles va prendre sa retraite sans être remplacée... Eh bien, le poste de la Pallanterie ne dispose pas d'un effectif suffisant ! Je suis d'accord que chacun défend ce qui est près de chez lui, mais là, en l'occurrence, je pense que vous devez des explications aux communes d'Arve-Lac.

M. Alberto Velasco (S). Je partage les soucis de ma préopinante, mais, chers collègues, il n'y a pas que le Conseil d'Etat qui devrait expliquer les choses... Nous, les députés, devrions aussi aller expliquer à ces citoyens et citoyennes d'Arve-Lac que, par exemple à chaque budget, c'est justement votre groupe et votre majorité qui coupez à ce Conseil d'Etat les moyens de doter la police du personnel nécessaire et, surtout, de maintenir certains postes de police ouverts 24h/24 ! La question est là: il y a aujourd'hui un manque de moyens financiers.

Ce qui m'interpelle dans ce Grand Conseil, c'est que des gens interviennent sur une motion, de manière... disons isolée, comme si tout ceci n'avait pas de lien avec le budget. Un exemple: vous avez voté l'autre jour - lors du budget, ici - une coupe de 25 millions de charges au Conseil d'Etat et vous avez intimé au Conseil d'Etat de trouver le montant ces charges... Mesdames et Messieurs les députés, le Conseil d'Etat a fait son travail comme un écolier: il a coupé partout ! Je peux vous dire qu'à la police il y a des coupes aussi... Oui, vous avez coupé 25 millions, eh bien il y a des coupes à la police ! Ensuite, vous vous adressez au Conseil d'Etat pour demander des effectifs ! Or on a besoin de beaucoup d'effectifs et de moyens ! Tout à l'heure, j'étais intervenu auprès du Conseil d'Etat pour dire qu'on manquait d'effectifs à Champ-Dollon dans le domaine de la santé, on m'a répondu «Mais oui, mais enfin, il faut nous en donner les moyens.» Et quand on demande les moyens, vous faites, la droite, une coupe au budget...

J'aimerais donc que l'on soit un peu plus cohérent dans ce Grand Conseil et que l'on n'interpelle pas le Conseil d'Etat quand on sait que c'est nous, ce parlement, qui avons une majorité - et qui avons le pouvoir ! - qui supprimons les moyens d'agir au Conseil d'Etat ! Parce que, comme je l'ai dit hier, l'argent, chers collègues, c'est le nerf de la guerre.

M. Laurent Moutinot, président du Conseil d'Etat. Madame la députée, les prières des communes d'Arve-Lac, que vous représentez toujours, ont été, je crois, entendues. Mardi soir, je suis allé à l'assemblée générale de l'ACG pour dire aux communes d'Arve-Lac, ou aux communes de la Champagne, ou à la commune de Versoix - qui toutes, individuellement ou par petits groupes, m'expliquaient combien elles étaient mal traitées par rapport aux quarante autres communes - que je refusais catégoriquement cette vision égoïste des choses. Je dois dire que l'ensemble des magistrats communaux qui étaient là ont fort bien compris cette démonstration et que nous avons convenu de renforcer les liens entre les communes et la police cantonale par la désignation d'un officier de gendarmerie de liaison entre les communes et la police cantonale. C'est une mesure qui a été bien accueillie, parce que je crois qu'elle est effectivement de nature à améliorer considérablement les choses.

En ce qui concerne le poste de la Pallanterie - et, de manière générale, tous les petits postes, cela concerne aussi Versoix - je suis d'ailleurs toujours prêt à aller discuter avec qui veut qu'on discute. Mais pas pour entendre: «Chez moi, on a besoin de plus qu'ailleurs», je ne viens pas dans ce genre de débat. Or pour aller parler de sécurité partout, même aux Eaux-Vives, il n'y a pas de problème, c'est normal, c'est mon travail.

Il y a notamment une explication à donner. S'il y a un cambriolage, on ne va pas à pied au poste de police pour dire: «Venez, il y a eu un cambriolage»... Il y a le 117, c'est Police Secours, c'est là qu'on téléphone ! Par contre, quand un chat est coincé derrière un radiateur, on ne téléphone pas au 117 pour faire venir une patrouille de police: là, on se rend peut-être à pied chez les sapeurs-pompiers volontaires de la commune ! On a un vrai problème de tri. Or s'agissant de toutes les interventions où la police doit aller d'urgence, elle y va, elle est capable de joindre n'importe quel point du territoire cantonal en quelques minutes. Il faut juste éviter de l'engorger avec des choses qui ne sont pas urgentes. (Brouhaha.)

Et puis, la police de proximité, dont on dit dans ces pétitions qu'elle est abandonnée: c'est faux, elle ne l'est pas ! Il y a quarante-neuf îlotiers sur l'ensemble de la gendarmerie aujourd'hui, ce n'est donc pas «abandonné». Quant à la présentation que nous avons faite à l'attention de l'Association des communes genevoises, je suis prêt à vous en remettre le document au format PowerPoint - que vous retransmettrez à la commune de Vandoeuvres et aux autres, je n'en doute pas.

Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur les pétitions 1466 et 1518.