Séance du
vendredi 12 octobre 2007 à
15h
56e
législature -
2e
année -
12e
session -
61e
séance
M 1551-A
Débat
M. Alberto Velasco (S). Je trouve la réponse du Conseil d'Etat très intéressante. On y apprend qu'on a accordé des indemnités pour un montant total de 3,8 millions de francs, que toutes les victimes de dégâts à Genève ont été indemnisées, que notamment tous les invendus des magasins ont pu être remboursés, etc. En quelque sorte, le petit commerce s'est bien porté et il n'y a pas de problème ! Je dis cela parce qu'on a entendu dans ce Grand Conseil des gens pleurer et dire que ce sommet d'Evian avait provoqué la faillite du commerce dans notre canton ! Or qu'apprend-on dans ce rapport ? Que tout le monde a été remboursé convenablement, et que Genève a reçu 2 432 700 euros ! C'est une bonne affaire ! Donc ce genre de manifestation permet non seulement aux altermondialistes de s'exprimer, mais aussi aux petits commerçants de faire de bonnes affaires ! (Rires. Protestations.) Je veux dire par là que les menuisiers ont eu beaucoup de travail, que la police a pu faire des heures supplémentaires assez intéressantes... (Rires.) ...et que les petits commerçants ont pu écouler leurs invendus - c'est très pratique - alors franchement, remercions M. Jacques Chirac et les altermondialistes pour ce sommet d'Evian !
Par ailleurs, j'aurais souhaité connaître l'identité des personnes qui ont notamment porté atteinte à la porte du Grand Conseil - puisque des cocktails Molotov ont été lancés ici - et incendié un certain petit magasin. Je suis intervenu à plusieurs reprises dans cette enceinte pour savoir si la police avait fait son enquête afin de déterminer qui avait attenté aux institutions et causé cet incendie. Mais on n'a aucune information ! Par contre, on sait ce que tel père de famille, tel gosse de 16 ans - que j'ai vu d'ailleurs à Champ-Dollon - avait fait dans tel petit magasin ou dans la rue. Cela, on le sait, mais pour ce qui est des gros dégâts, des questions importantes, de l'atteinte aux institutions, des affaires où la police aurait dû être présente, on ne sait toujours rien après quelques années !
Et je le regrette énormément, parce que moi je me pose beaucoup de questions sur ces actes. Je me demande aujourd'hui qui les a fomentés, qui avait intérêt à ce qu'on jette un cocktail Molotov ici, dans le bâtiment de l'Hôtel de Ville, ou qu'on incendie ce petit commerce à la Jonction. Ce sera un jour intéressant que notre police rouvre ce dossier et se penche sur la question. Je le dis en tant qu'altermondialiste, à l'époque, et homme de gauche !
J'aimerais donc vraiment connaître l'identité de ceux qui sont derrière ces actes et j'encourage le Conseil d'Etat à examiner cette question, parce que maintenant que les dégâts ont été payés et que tout le monde y a trouvé son compte, on peut s'intéresser à l'affaire en elle-même. J'espère que je serai entendu.
Mme Fabienne Gautier (L). J'ai, comme petite commerçante et représentante des commerçants en général, énormément de peine à entendre ce qui vient d'être dit par M. Velasco...
Une voix. Il ne sait pas ce qu'il dit !
Mme Fabienne Gautier. Non, il ne sait pas, mais enfin on pourrait se demander... Il tient des propos qui dépassent les limites et cela fait rire les socialistes, ce que je trouve encore plus déplaisant.
Les commerçants ont vécu un week-end très pénible, mais je ne suis pas ici pour faire de l'histoire ou nous rappeler des mauvais souvenirs, j'aimerais au contraire vraiment les oublier définitivement.
Je tiens à saluer la police qui a fait un énorme travail et surtout le Conseil d'Etat qui, par la suite, a très bien collaboré avec les commerçants et les associations des commerçants et les a énormément aidés, notamment en les représentant.
Je vous rappelle qu'un petit commerce qui se trouve dans le quartier de Plainpalais a été complètement détruit et que son propriétaire a perdu énormément d'argent. Il possédait des vieilles motos, Monsieur, c'était toute sa fortune, et il l'a perdue ! Je n'admets donc pas qu'on se rie ici des commerçants, car on a passé un week-end extrêmement pénible. Peut-être que vous n'étiez pas dans la rue lorsque nous, nous étions dans nos commerces barricadés ! (Chahut.) En tout cas, je tiens ici à remercier le Conseil d'Etat pour ce qu'il a fait et la façon dont il a collaboré avec nous dans cette affaire.
M. Philippe Guénat (UDC). J'aimerais m'adresser à vous parce que les propos de M. Velasco sont absolument scandaleux ! Si M. Velasco souffre d'Alzheimer et de sénilité précoce, c'est son problème ! Mais les insultes qu'il a proférées aujourd'hui vis-à-vis des commerçants sont absolument ignobles, Madame la présidente ! Je fais partie de ces nombreux responsables de petites et moyennes entreprises qui ont dormi dans la rue devant leur établissement pour le protéger ! Et plusieurs de mes collègues hôteliers ont dû vider leurs établissements afin que leur clientèle ne soit pas mise en danger. Alors quand ce sénile de député... (Protestations. Huées.) ...nous dit... Je dis «sénile» parce qu'il n'a plus de mémoire !
La présidente. Non, non ! Monsieur le député, vos propos vont trop loin !
M. Philippe Guénat. Il n'a plus de mémoire, ce brave monsieur ! Il se demande qui a fomenté les contre-manifestations, mais il me semble qu'il était dans la rue ! Il me semble que le groupement politique auquel il appartient a appelé à la manifestation ! Et je pense d'ailleurs que l'Etat français a été, chers collègues, bien gentil de dédommager les victimes ! Pourquoi n'a-t-on pas demandé aux gens qui manifestaient dans la rue ? Une fois de plus, Madame la présidente, ce qu'a dit M. Velasco, même si l'on est en pleine campagne nationale, ce sont des ordures ! Et je ne l'accepte pas ! (Brouhaha.)
La présidente. Monsieur Guénat, Vous devez modérer vos propos ! Monsieur Velasco, je vous passe la parole parce que vous avez été mis en cause. (Commentaires.) Monsieur le député, vous avez quinze secondes pour répondre.
M. Alberto Velasco (S). Je vois que ce jeune député ne connaît pas très bien les règles de notre Grand Conseil, notamment de la bienséance ! Car on peut échanger des propos, mais pas s'invectiver !
Moi, Monsieur, je n'ai pas injurié vos collègues les commerçants. Moi, Monsieur, je n'utilise pas le Grand Conseil pour le commerce de mes cigares ! J'ai beaucoup de respect pour les institutions, beaucoup ! Et c'est vrai que j'ai manifesté, comme tous les citoyens, car j'en suis un moi aussi !
La seule chose que j'ai dite, Monsieur, vous auriez dû écouter, c'est que je constate d'après le rapport du Conseil d'Etat - ce n'est pas le mien - que les commerçants ont tous été indemnisés. Peut-être que c'est faux, mais cela figure dans le rapport.
Quant au reste, tout comme vous, j'aimerais savoir qui a incendié ce commerce de Plainpalais. Mais la police ne s'est pas occupée de cela ! (Exclamations.) Oui, j'aimerais le savoir, il n'y a pas que vous qui vous préoccupez des petits commerces ! Moi aussi, Monsieur ! Et j'étais aussi patron, alors taisez-vous !
Quant à la question de la sénilité...
La présidente. Monsieur le député...
M. Alberto Velasco. Madame la présidente, j'aimerais que ce monsieur retire ses propos !
Une voix. Et les tiens aussi !
La présidente. Je crois que nous n'allons pas poursuivre le débat dans cet état d'esprit, ce n'est pas possible, la soirée d'hier nous a suffi !
Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la motion 1551.