Séance du
jeudi 28 juin 2007 à
17h
56e
législature -
2e
année -
10e
session -
46e
séance
RD 691
La présidente. Nous avons reçu de notre collègue, Mme Marie-Françoise de Tassigny, sa lettre de démission de son mandat de députée, qui prendra effet à l'issue de cette séance. Je prie Mme la secrétaire de bien vouloir lire le courrier 2453.
La présidente. Nous prenons acte de cette démission. Mme Marie-Françoise de Tassigny a participé aux travaux de notre parlement pendant plus de douze ans. Entrée au Grand Conseil comme vient-ensuite du parti radical en 1995, elle a été réélue en 1997, 2001 et 2005. Mme de Tassigny a siégé à la commission de la santé, aux droits politiques, à la commission de contrôle de gestion, à la commission fiscale, à la grâce et à la commission de réexamen en matière de naturalisation. Elle a siégé et présidé la commission de l'enseignement supérieur en 2002, la commission de l'enseignement et de l'éducation en 2000, la commission de l'économie en 1997 et la commission des affaires sociales à deux reprises, en 1998 et en 2004.
De plus, son intérêt marqué pour les questions de collaboration intercantonale l'a conduite à présider actuellement la commission des affaires communales, régionales et internationales, et à représenter de façon assidue notre Grand Conseil au sein du Forum des présidents et présidentes des commissions des affaires extérieures de Suisse romande, ce qui est particulièrement à relever.
Première vice-présidente en 2004, Mme de Tassigny a présidé notre Grand Conseil en 2005, lors de la dernière année de la précédente législature. Faisant preuve de ténacité, elle est parvenue à obtenir la modification d'une partie de la salle du Grand Conseil par le dépôt de la tapisserie tourmentée, prélude à des débats plus apaisés.
Toujours curieuse des initiatives d'autrui, c'est en regardant au Canada les modules pédagogiques précédant les sessions du parlement québécois qu'elle a fait partager son enthousiasme au Bureau, afin de mettre au point nos propres séquences didactiques qui ont vu le jour en septembre 2006.
Appelée à de nouvelles fonctions électives au sein du Conseil représentatif des Français de l'étranger, elle nous quitte à regret, mais nous savons qu'elle continuera à entretenir des liens étroits avec notre parlement, au service du renforcement de la bonne coopération qui règne déjà des deux côtés de notre frontière.
Mme le sautier nous prie de transmettre de sa part ses remerciements à Mme de Tassigny pour l'excellente collaboration qui a été entretenue avec elle au Bureau et au cours de sa présidence. Son enthousiasme et son optimisme sans faille nous manqueront, et c'est non sans une certaine émotion que nous lui remettons le traditionnel stylo souvenir. (Applaudissements nourris. La présidente descend de l'estrade et remet le stylo souvenir à Mme Françoise de Tassigny.)
M. Gabriel Barrillier (R). Mesdames et Messieurs les députés, chère Marie-Françoise, c'est avec une très grande émotion que je prends congé de toi, au nom du groupe radical, après douze années d'intense activité politique et parlementaire, comme vient de le rappeler notre présidente.
Le parcours de vie de Mme Marie-Françoise de Tassigny, sa personnalité, la solidité de ses convictions, son énergie inépuisable ne la prédestinaient bien sûr pas à ne faire que de la figuration, ni dans cette enceinte, ni ailleurs. Son engagement et les résultats qu'elle a obtenus en faveur de la petite enfance auraient pu la confiner dans les seules affaires sociales. Elle ne s'est pas contentée de cette monoculture politique, puisqu'elle a élargi son action en siégeant dans la plupart des commissions et qu'elle a présidé le parlement avec autorité.
Elle ne l'a pas fait par éclectisme ou activisme, mais mue par un sens prononcé d'agir dans l'intérêt général, avec pragmatisme et équilibre. En cela, Mme de Tassigny se situe bien dans la lignée des politiciennes radicales, qui ont jalonné l'histoire de Genève depuis l'instauration du suffrage universel au début des années 60. Qui, parmi les plus anciens d'entre nous, aurait oublié le rôle joué par Lise Girardin dans la cité, comme première maire de Genève et conseillère aux Etats ? Alors même que notre parti, à l'époque, n'avait pas brillé par son ouverture pour reconnaître l'évidence absolue que les hommes et les femmes ont strictement les mêmes droits dans notre société. Soyons honnêtes et réalistes: tout n'était pas balisé, tant s'en faut. Notre collègue, comme d'autres avant elle, a dû batailler ferme dans les caucus et les assemblées de partis pour infléchir certaines orientations politiques et faire disparaître certaines mauvaises habitudes, osons le dire, un peu machistes de leurs collègues masculins !
Marie-Françoise de Tassigny, chère amie, vous êtes toujours parvenue à vaincre les obstacles qui ont émaillé votre parcours politique, social et familial. Votre personnalité plonge ses racines dans un terreau politique et familial particulièrement fécond. Vous êtes une Glasson de Bulle, berceau du radicalisme gruyérien, un radicalisme de combat et d'autonomie, car enserré dans un canton resté longtemps conservateur. Vous devez beaucoup à votre père, disparu récemment, qui a marqué l'histoire de Nyon, après s'y être installé avec sa famille. Vous avez, tout comme moi, fréquenté le Collège Vaudois et peut-être nous sommes-nous croisés à la Fête du Bois ou encore au grabeau. Vous n'avez pas pu résister à la formidable attraction de la République de Genève, toute proche, dont les capacités d'intégration et de stimulation ont toujours été extraordinaires pour les confédérés.
La vie ne vous a pas épargnée. Vous avez fait face avec une volonté et un courage indomptables à la disparition de votre époux en conduisant, seule, l'esquif familial à bon port.
Maintenant, d'autres horizons se présentent à vous, non pas par hasard mais parce que vous avez voulu les découvrir et les atteindre.
Aussi, au nom des radicaux, je vous dis mon admiration et ma gratitude pour ce que vous nous avez donné. Votre exemple, votre amitié et votre générosité nous ont enrichis toutes et tous. Merci ! (Mme Michèle Ducret remet un bouquet de fleurs à Mme Françoise de Tassigny. Applaudissements.)
Mme Véronique Pürro (S). Permettez-moi de m'adresser directement à Marie-Françoise... Et une fois n'est pas coutume, je vais la tutoyer.
Ma très chère Marie-Françoise, une page se tourne ce soir pour notre parlement, pour toi, et un peu plus personnellement pour moi aussi. Pour notre parlement tout d'abord, qui voit l'un - l'une - de ses membres céder sa place à un nouvel élu. Nous garderons de toi le souvenir d'une personnalité rayonnante et, comme l'a dit M. Barrillier, débordante de vitalité... A tel point que certains d'entre nous se demandent encore aujourd'hui, après plusieurs années d'engagement politique partagé, quel est le carburant qui te fait fonctionner. Mais nous garderons aussi le souvenir d'une femme de droite, qui aura su parfois - peut-être pas assez souvent, selon certaines femmes - faire parler sa sensibilité sociale pour faire progresser des causes chères à la gauche, comme ce fut le cas pour l'assurance-maternité cantonale. Et enfin, nous garderons le souvenir d'une présidente de notre parlement, qui aura su faire honneur à Genève, tant tu nous auras montré à travers cette fonction tes talents d'organisatrice, de cheffe d'orchestre, ainsi que ton plaisir à nous représenter aux multiples événements de toutes sortes qui rythment l'année que dure une présidence.
Une page se tourne également pour toi. Je sais que ta décision n'a pas été facile à prendre et que ta vie, sans la politique cantonale, ne va plus tout à fait être pareille, même si ton virus pour la politique pourra encore se développer dans d'autres sphères, en particulier chez nos voisins et amis français. Pour cela, nous te faisons confiance.
Ce n'est un mystère pour personne, Marie-Françoise, notre engagement politique, nos responsabilités professionnelles et, surtout, les événements de la vie ont fait de nous de véritables amies. Avec une amitié que des convictions politiques adverses n'auront pas su perturber, malgré la petite ombre qui a plané quelque temps lors de la non-élection d'Antonio Hodgers à la présidence.
Ton départ, est très difficile aussi pour moi: finis les regards complices, les petits sms pour faire des commentaires durant les travaux... (Remarques.) Eh oui, Messieurs ! ...et les pauses bien méritées à la buvette. Mais nous nous sommes déjà organisées et je sais que notre amitié va se poursuivre.
Ce soir, Marie-Françoise, j'aimerais te remercier pour tout ce que tu as fait, mais aussi pour le talent que tu as - jusqu'au bout - de penser aux autres, de penser à moi: parce que jusqu'à la fin tu auras su me faire plaisir, puisque celui qui te succède, tu le sais, je le connais et l'apprécie. Alors merci, et bon vent ! (Applaudissements.)
Mme Janine Hagmann (L). Chère Marie-Françoise, c'est avec mélancolie que je te vois partir de cette enceinte. Je te souhaite, en mon nom et évidemment au nom du groupe libéral, bonne chance pour la suite de ton parcours politique hors de nos frontières.
Les nombreuses années passées côte à côte en commission, au perchoir et ici-bas, m'ont donné la chance d'apprendre à te connaître, de t'apprécier, et surtout d'échanger. Grâce à ces liens que la politique permet parfois de tisser, tu resteras une amie malgré ton départ.
Marie-Françoise, tu es notre Superwoman à toutes ! Côté organisation, tu es vraiment une championne et tu sais jongler ! Car avoir mené de front une carrière professionnelle qui t'a amenée à diriger un service aussi important que celui de la petite enfance, tout en étant mère de quatre enfants, veuve, et politicienne plus qu'active jusqu'à devenir première dame de Genève, en conservant en plus un nombre d'activités accessoires impressionnant, il faut le faire !
Au terme de notre année ensemble au Bureau, tu m'as offert un livre qui te tient à coeur. Il s'intitule «Les hommes aussi s'en souviennent». C'est la publication du discours prononcé par Simone Weil le 26 novembre 1974, argumentaire qui a permis l'adoption d'une loi qui a marqué l'Histoire, celle sur l'interruption volontaire de grossesse. Ce discours et les débats qui l'ont suivi ont révélé une personnalité courageuse et déterminée, défendant à la fois la dignité de la femme et l'intérêt de la nation. Un modèle que tu as suivi, Marie-Françoise. Certes, les mentalités ont évolué dans le combat vers l'émancipation de la femme, mais ces valeurs t'ont toujours guidée: tu crois en la solidarité féminine, tu fais avancer les causes auxquelles tu es attachée, sans appartenir aux Chiennes de garde, et tu as su enrichir la société d'idées et d'énergie. Tu as bénéficié, il est vrai, de modèles familiaux, modèles que tu as transmis plus loin - je me souviens de ton bonheur et de celui de tes parents lors du mariage de ta fille.
Aujourd'hui, une page se tourne. Le Grand Conseil continuera de débattre, entre autres, des problèmes de garde des jeunes enfants, il réclamera encore souvent plus de places d'accueil et il évoquera certainement «les interventions de Tassigny».
Bon vent, chère Marie-Françoise ! Tu éprouves un peu de nostalgie, c'est normal, mais tu es habituée à rebondir; la résilience, ça te connaît ! Et continue à cuisiner pour ceux qui t'entourent et tes amis le meilleur osso bucco de Genève ! (Rires. Applaudissements.)
Mme Anne-Marie Arx-Vernon von (PDC). Chère Marie-Françoise, chère collègue, chère amie, toi l'ambassadrice de la petite enfance, toi pour qui les bébés sont aussi importants que les universitaires, ton parcours politique a été un modèle pour moi. Je tenais à te le dire et, bien sûr, je prends la parole au nom du parti démocrate-chrétien.
Tu as été appelée à ces hautes fonctions en France, à Paris, et nous voulions que tu saches que nous te regretterons. Le parti démocrate-chrétien te regrettera particulièrement comme députée et alliée politique fiable, pragmatique, loyale, généreuse et passionnée.
Mon collègue Pascal Pétroz tient énormément à ce que je me fasse à mon tour l'ambassadrice de ses pensées, pour te dire qu'il avait trouvé que tu étais une vice-présidente géniale, une présidente formidable, et qu'il avait eu un infini plaisir à siéger à tes côtés.
Au nom des démocrates-chrétiens, nous te souhaitons de tout coeur le plus beau des succès dans tes prochaines fonctions électives et nous savons que nous resterons toujours très proches. Bonne chance, Marie-Françoise ! (Applaudissements.)
Mme Sylvia Leuenberger (Ve). Comme toutes mes collègues, je vais tutoyer Marie-Françoise.
Marie-Françoise, c'est avec une grande tristesse que nous avons appris ton départ, car tu nous as vivement plu et on t'a beaucoup aimée, pour toutes les bonnes raisons qui ont été citées tout à l'heure et qui sont pleinement justifiées.
Tu es une femme merveilleuse et libre de pensée. Souvent, on pouvait aller vers toi quêter un petit vote... Et tu osais le donner - malgré ton parti qui te regardait du coin de l'oeil - en gardant même le sourire.
Tu es très compétente, tu es aussi esthète - on ne l'a pas dit, mais tu es en toute occasion très jolie, bien habillée, bien maquillée, et cela nous a toujours fait plaisir de te regarder - tu es aussi très disponible - malgré tous tes engagements, ta grande famille, ta profession et la politique - et, surtout, tu es très chaleureuse. Vraiment, tu vas nous manquer ! L'émotion me prend un peu, je ne vais pas faire plus long, et j'espère qu'on aura l'occasion de se retrouver et de se revoir au travers de nombreux combats. Bon vent ! (Applaudissements.)