Séance du
vendredi 13 octobre 2006 à
17h
56e
législature -
1re
année -
12e
session -
60e
séance
RD 652
Le président. Nous avons reçu de notre collègue, M. Pierre-Louis Portier, sa lettre de démission de son mandat de député qui prendra effet à l'issue de la séance de ce vendredi 13 octobre à 17h. J'invite M. le secrétaire à bien vouloir lire le courrier 2296.
Le président. Il est pris acte de cette démission.
Mesdames et Messieurs les députés, Pierre-Louis Portier a remplacé dans cette assemblée, en 1999, M. Pierre-François Unger, alors député démissionnaire pour raisons professionnelles. Il semble que ce soit un poste particulièrement exposé, Monsieur Portier, aux raisons professionnelles... Visiblement, tous ceux qui occupent ce siège sont happés tôt ou tard par leurs occupations professionnelles. Faites attention, voyez où cela peut vous conduire ! (Rires.)
M. Pierre-Louis Portier a été réélu en 2001 et en 2005, ce qui n'a rien de surprenant. Il le doit à son charisme autant qu'à son engagement politique. Il a donc passé sept ans et demi sur nos bancs et a siégé dans de nombreuses commissions, notamment les droits politiques, la législative, la judiciaire, la grâce, l'aménagement, les affaires communales, régionales et internationales, la commission ad hoc sur le personnel de l'Etat et celle traitant du réexamen en matière de naturalisation. Il a été président de deux de ces commissions: celle de l'aménagement et celle des affaires communales, régionales et internationales, où il a pu apporter - notamment dans cette dernière - la très précieuse expérience qu'il avait acquise et développée au cours de son activité communale, en particulier au sein de l'exécutif de Veyrier, auquel, nous le savons, il est resté très attaché.
Comme nous l'a appris la lettre de démission que vous a lue M. Cerutti, c'est l'activité professionnelle de M. Portier qui le détourne de nos travaux parlementaires. Je suis persuadé qu'il y fera face avec la même énergie, le même entregent, la même gentillesse et la même intelligence que celle qu'il a mise au service de la défense de ses idées politiques.
Outre ses qualités intellectuelles et sa force de travail, M. Portier s'est signalé au sein de cette assemblée par son caractère chaleureux et amical. C'est probablement la raison pour laquelle, malgré tous ses efforts, il n'a pas réussi à se faire des ennemis politiques...
Je l'en félicite et je lui souhaite, pour la suite de sa carrière professionnelle, pour sa santé et pour sa vie familiale, très bon vent en cette journée porte-bonheur de vendredi 13. (Applaudissements.)
Pendant que les applaudissements se tarissent, je vous apporte le stylo, modeste contribution au souvenir de votre présence parmi nous. (Le président descend du perchoir et remet le traditionnel stylo souvenir à M. Jean-Louis Portier. Applaudissements.)
M. Guy Mettan (PDC). Au nom du groupe démocrate-chrétien, je me réjouis d'avoir à faire l'éloge de mon camarade et ami de banc Pierre-Louis Portier, qui a émis le respectable, mais regrettable, souhait de quitter notre Grand Conseil pour se consacrer entièrement à ses nouvelles activités professionnelles à la tête de l'une des plus grandes compagnies d'assurance de notre canton.
Pierre-Louis Portier siège dans notre parlement - cela a été dit - depuis le 29 avril 1999, jour où il a succédé à un autre éminent député PDC, je veux parler de l'actuel président du Conseil d'Etat, Pierre-François Unger. Durant ces sept années de députation, Pierre-Louis Portier a eu l'occasion de mettre ses talents au service de deux grandes causes: celle de l'aménagement du territoire, dont il a présidé la commission, et celle des affaires communales, dont il a également présidé la commission.
Comme vous le savez, Pierre-Louis est quasiment tombé dans le chaudron de la politique quand il était petit, puisqu'il est entré en politique, en 1979 déjà, comme conseiller communal de la commune de Veyrier, puis, dès 1991, comme conseiller administratif et quatre fois maire de cette agglomération de 9750 habitants. On les a comptés: c'est précis ! Il y a notamment occupé les fonctions de responsable des dicastères des finances, des bâtiments, de la sécurité, de l'état civil et du fonds de décoration. S'il fait aussi bon vivre à Veyrier aujourd'hui, c'est en grande partie grâce aux deux décennies que Pierre-Louis a consacrées à sa commune.
Au Grand Conseil - je l'ai dit - Pierre-Louis s'est d'abord battu pour défendre les prérogatives communales, mais, aussi, en faveur du logement. Il a livré des batailles mémorables en faveur de la construction de logements, à Meyrin, dans le quartier de la Tulette, à Thônex, aux Acacias. Il a même le premier émis l'idée de construire une tour de logements, d'activités commerciales et de loisirs, à la pointe de la Jonction. Et cela pour ne citer que les combats auxquels j'ai personnellement assisté.
Il s'est aussi battu pour que l'on ne considère pas les zones commerciales et les zones industrielles comme des sujets politiques d'importance secondaire, comme cela a été le cas, par exemple, avec le projet d'implantation d'IKEA à Vernier. Ces exemples montrent que Pierre-Louis a toujours eu une haute opinion du bien public et du service à la communauté et, contrairement à beaucoup d'entre nous, il n'a jamais fait passer l'estime de soi avant l'estime des autres.
Je ne veux pas prolonger la liste des hauts faits qui ont jalonné sa carrière politique, mais j'aimerais encore ajouter une remarque qui me semble importante. A toutes est à tous, indistinctement des opinions politiques et des appartenances partisanes, Pierre-Louis laisse le souvenir d'un homme engagé et passionné, mais toujours courtois et respectueux des autres. La passion politique ne l'a jamais entraîné à mépriser son adversaire ou à le traîner dans la boue. Il a toujours su entretenir des relations amicales et chaleureuses, même avec celles et ceux qui l'ont attaqué durement. Cette qualité - qui vaut parfois aux membres de notre parti qui la revendiquent les quolibets des esprits prétendument forts qui prennent le respect de l'adversaire pour de la mollesse et considèrent la courtoisie comme une faiblesse - nous autres démocrates-chrétiens, nous la tenons en très haute estime. Je peux donc affirmer que Pierre-Louis, qui a d'ailleurs failli devenir conseiller d'Etat, est de ceux qui anoblissent la politique et permettent aux élus de conserver la considération et l'estime du public.
Aujourd'hui, il a décidé de donner une nouvelle orientation à sa carrière. Il a aussi décidé de se donner du temps pour lutter contre la maladie. Il le fait avec succès et courage, sans rien perdre de son énergie et de sa bonne humeur. Il est évident que nous respectons ce choix et que nous lui adressons nos meilleurs voeux pour la suite de sa carrière et la réalisation de ses projets.
Pour toutes les raisons que je viens d'invoquer, permets-nous de te dire que nous te regretterons. (Applaudissements.)
Mme Morgane Gauthier (Ve). Monsieur le député, cher ami, au nom du groupe des Verts, j'ai le grand honneur de te rendre hommage, et c'est peut-être le seul moment où l'on peut officiellement se tutoyer dans cette enceinte.
Que tu changes de travail, passe encore, mais que tu quittes notre enceinte du Grand Conseil, quelle tristesse ! L'annonce de ta démission rend les personnes qui te connaissent très malheureuses. Bien sûr, je pourrais rappeler, comme mes préopinants, que tu es l'un des piliers de notre assemblée tant par ton engagement profond et sérieux au sein des diverses commissions dont tu es membre - particulièrement de celle de l'aménagement - tant par la qualité de tes interventions ou celle de tes rapports.
Bien que nos différends aient pu parfois être conséquents, tu as été l'un des artisans ou, plutôt, l'un des maçons des ponts à jeter entre nos deux partis. Tu as souvent plaidé pour un rapprochement entre nos deux groupes parlementaires en posant les bases du dialogue constructif, mais pas toujours serein. Ce n'est qu'un début, et nous souhaitons que tu restes un interlocuteur de poids !
Ce que tu as su construire au niveau politique, tu l'as aussi réussi sur le plan personnel. Tu es l'un des piliers des moments agréables et de détente de ce parlement. Tu es devenu un ami pour certains d'entre nous.
J'espère que, malgré tes engagements professionnels, tu trouveras encore le temps de cultiver cette amitié et de venir nous retrouver lors de nos séances, lors d'événements festifs ou, parfois, sportifs.
Nous, le groupe des Verts au grand complet, te souhaitons, cher Pierre-Louis, beaucoup de bonheur dans l'accomplissement de tes tâches professionnelles et te remercions pour tout ce que tu nous as apporté. Bon vent et, surtout, bon galop ! (Applaudissements.)
M. Gabriel Barrillier (R). Je me tourne vers Pierre-Louis... La première fois que nous nous sommes rencontrés, je dois le dire, c'était plutôt tumultueux. Cela se passait dans sa mairie où il régnait - si je peux dire - non pas en monarque... (Rires.) ... mais en homme d'action. Très rapidement, après quelques minutes, le contact a eu lieu et j'ai découvert un caractère bien trempé.
Mais ce qui m'a surtout frappé - après toutes ces années, notamment à la commission de l'aménagement où il a apporté toute son expérience de magistrat communal - en dehors de bien d'autres qualités, comme la fidélité en amitié, c'est son sens de l'intérêt général. Chacun d'entre nous sait ce qu'est l'intérêt général... C'est cette faculté, ce courage à un moment donné de trancher en faveur de la meilleure solution ! En commission de l'aménagement, nous sommes confrontés à des problèmes de déclassement; eh bien, je dois dire que Pierre-Louis a présidé cette commission avec beaucoup de hauteur d'esprit ! Il y a des moments difficiles où l'on prend des coups... Et Pierre-Louis Portier a toujours montré un sens de l'intérêt général ! Au nom du groupe radical, je l'en remercie. Je lui souhaite un avenir radieux ! Merci, Pierre-Louis ! (Applaudissements.)
M. Pierre Weiss (L). Beaucoup de choses ont été dites sur l'amitié que l'on peut porter à Pierre-Louis... Je dirai tout d'abord que Pierre-Louis est un homme de conviction, il l'a encore montré hier soir dans un débat important pour notre République. C'était peut-être le point d'orgue d'une longue carrière au service public, il a toujours fait part de ses convictions avec une grande constance, avec pénétration, avec profondeur et avec respect pour autrui.
Pierre-Louis, c'est aussi un homme de terrain - même, du centre-droit du terrain - un homme qui a les pieds sur terre et qui nous fait toujours prendre conscience de ce que les solutions que nous devons adopter ne doivent pas être des solutions théoriques et qu'elles doivent contribuer au bien-être de nos concitoyens.
Pierre-Louis est un homme de concertation. Nous nous étions rencontrés sur le plan politique la première fois dans le cadre des relations entre communes, dans le cadre de l'Association des communes genevoises, et ce lien qu'il a essayé, lui aussi, et avec talent, d'exercer entre les communes, l'ACG et ce parlement, il a réussi à l'établir avec solidité. Sur ce plan-là, il nous manquera, même si les qualités de son successeur sont évidentes. Mais, après tout, chacun est aussi irremplaçable, et toi, Pierre-Louis, tu l'es !
C'est un homme d'amitié, cela a été dit, c'est un homme qui a une grande capacité à nouer des relations humaines chaleureuses et parfois même d'une amitié ironique. Qui s'est déplacé avec lui Outre-mer sait combien l'on peut rire en sa compagnie, et peut-être aussi de soi-même... Et Pierre-Louis a su rire de lui-même lorsque, comme d'autres, il est entré dans l'histoire de la République ! Il sait très bien à quoi je me réfère...
Pierre-Louis, c'est un homme de coeur, et lorsque nous avons su sa maladie nous avons certainement été nombreux à penser à lui, nombreux à lui écrire. Nous continuons de penser à lui et nous espérons qu'il saura se sortir des griffes de cette hydre qui l'a atteint.
Enfin, Pierre-Louis, c'est tout simplement pour moi un ami. (Applaudissements.)
Mme Laurence Fehlmann Rielle (S). Le groupe socialiste s'associe à l'ensemble de ce parlement pour regretter également le départ de notre collègue Pierre-Louis Portier.
Nous avons tous, à différentes occasions, apprécié ta façon de travailler, ta franchise. Et même lorsque nous étions en opposition - ce qui était souvent le cas - nous avions toujours en face quelqu'un à qui parler, parfois un adversaire politique, mais aussi, souvent, un ami. J'ai moi-même eu l'occasion de te côtoyer dans le cadre de la commission de l'aménagement - j'étais présidente et toi vice-président - pour organiser des séances, c'est ainsi que j'ai pu apprécier ta collaboration.
Nous te souhaitons bon vent, plein succès pour la suite de ta carrière et beaucoup de belles escapades au sud de la France. Nous aurons plaisir à te retrouver à la buvette, chaque fois que cela sera possible. (Applaudissements.)