Séance du jeudi 28 avril 2005 à 17h10
55e législature - 4e année - 7e session - 42e séance

P 1417-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition concernant le soutien aux associations et artistes installés dans l'ancienne usine Kugler
Rapport de M. Alain Etienne (S)

Débat

M. Alain Etienne (S), rapporteur. L'usine Kugler est un lieu important pour Genève, c'est un lieu culturel et artistique qui comprend de nombreuses activités très intéressantes, les commissaires ont pu s'en rendre compte de visu, lors de la visite du site et en écoutant les représentants des associations lors de leurs auditions.

Un incendie s'est déclaré en novembre 2002. Pour des raisons de sécurité, l'accès aux locaux a été limité selon des horaires stricts et le site était sous le contrôle d'une société de surveillance.

Ce rapport a été déposé en novembre 2003. A l'époque, nous étions dans l'attente d'un rapport d'évaluation sur la sécurité du site, notamment par rapport à la pollution du sol et au réseau électrique. Quelle est, aujourd'hui, la réponse du Conseil d'Etat ?

La pétition demande que l'Etat soutienne les activités qui ont lieu à l'usine Kugler et qu'il accorde des contrats de confiance. Le principe de l'aménagement de la pointe de la Jonction a été voté par ce Grand Conseil. Nous disposons ainsi d'un laps de temps qui permettrait justement de maintenir certaines activités sur place. La commission des pétitions est donc favorable au renvoi de cet objet au Conseil d'Etat.

Les besoins des associations en matière de lieux d'accueil sont en augmentation et nous demandons le maintien des activités artistiques, le temps qu'une décision soit prise au niveau de l'aménagement de la pointe de la Jonction.

Mme Esther Alder (Ve). Notre groupe approuve tout ce qu'a dit le rapporteur.

Il est vrai que le rapport a été déposé en novembre 2003, et j'imagine quand même que, depuis, il y a eu du nouveau. J'aurais aimé entendre M. le conseiller d'Etat Moutinot sur l'évolution de ce dossier, car, lors de notre visite, nous avons effectivement pu constater que l'usine Kugler était un espace magnifique, avec des surfaces exploitables au niveau artistique.

On sait aujourd'hui que la demande en matière d'espaces culturels alternatifs est énorme, et nous avons trouvé vraiment regrettable qu'à cause d'un petit feu - ce n'était finalement qu'un petit feu - toute l'usine ait été mise sous tutelle et sous surveillance de Securitas. Cela a d'ailleurs coûté 30 000 francs par mois - je ne sais pas pour quelle durée, toujours est-il que ce sont des sommes astronomiques. On ergote pour quelques dizaines de milliers de francs lors de notre débat de cet après-midi sur le subventionnement d'associations qui font un travail remarquable, mais, à propos de sommes extrêmement élevées dépensées pour la sécurité, je n'entends personne s'offusquer...

Alors, j'aimerais vraiment savoir où l'on en est: un partenariat existe-t-il avec la Ville ou avec la Délégation à la jeunesse qui est à la recherche de locaux - avec la maison de quartier de la Jonction qui cherche aussi des espaces pour les «rappeurs» ? Etc. On sait aussi que les projets futurs, s'il y en a, prendront quelques années pour se réaliser.

Par conséquent, nous voulons vraiment que ces superficies désaffectées soient optimisées et qu'elles profitent à tous les milieux demandeurs d'espaces, surtout dans le contexte de la crise actuelle en matière de surfaces commerciales, extrêmement coûteuses.

M. Jacques Baud (UDC). C'est vrai, cette usine est assez étonnante, ce sont des espaces fantastiques où des artistes pourraient faire oeuvre utile. Mais il est vrai aussi que cette bâtisse est dans un état relativement lamentable, qu'il y a des dangers au niveau de la structure, et pas seulement au niveau de l'électricité. Par conséquent, si elle est fermée, c'est pour des raisons de sécurité à l'égard de toutes les personnes qui pourraient être à l'intérieur de cette bâtisse. Il faut donc ne permettre à personne d'entrer dans cette bâtisse, il en va de la vie de chacun. Et l'Etat a raison de fermer la bâtisse en attendant qu'on la restaure.

Par ailleurs, tout l'aménagement du quartier est à revoir. Savoir ce que l'on va en faire sans avoir défini l'aménagement définitif du quartier n'est pas possible, il faut attendre.

Je propose donc le dépôt de cette pétition, car il est beaucoup trop tôt pour prendre une décision quelconque.

M. Laurent Moutinot, conseiller d'Etat. Un certain nombre de choses se sont passées depuis le dépôt de ce rapport, le 18 novembre 2003: des travaux de sécurisation ont été entrepris. Cela a conduit à la condamnation définitive des lieux qui ne pouvaient pas être sécurisés, en particulier le sous-sol, alors qu'en revanche le maximum de surface au rez-de-chaussée a pu être récupéré. A partir de là, des contrats ont été signés le 15 mars 2005, permettant à la majorité des anciens occupants de retourner dans l'ex-usine Kugler - évidemment avec des surfaces un peu limitées pour que tout le monde en ait une petite partie. Nous en sommes là, nous nous trouvons donc tout à fait dans le cadre de ce qui a toujours été annoncé et que nous avons fait.

Maintenant, cette situation est évidemment provisoire, dans la mesure où votre commission de l'aménagement et votre Grand Conseil souhaitent que nous parvenions à un aménagement de qualité de l'ensemble de la pointe de la Jonction. Parmi les éléments à prendre en compte, la situation des deux dépôts des TPG ne simplifie pas l'élaboration d'un projet, puisque l'usine s'y trouve au milieu. A cela s'ajoute le respect de l'extrême sud de la pointe de la Jonction qui est en zone de verdure et qui, pour l'instant, comprend plus de béton que de pâquerettes.

Toujours est-il que cet aménagement va prendre un certain temps jusqu'à ce que nous soyons d'accord avec vous et la Ville et que, par la suite, la phase de construction soit entamée puis finalisée. Il faut bien s'imaginer que cela va encore durer un certain temps.

Dans l'immédiat, la situation est stabilisée sur le plan de la sécurité et les surfaces qui pouvaient raisonnablement être remises à disposition - afin qu'elles ne soient pas gaspillées - l'ont été. A ma connaissance, elles l'ont été à satisfaction, puisque les contrats ont été signés le 15 mars et que je n'ai encore reçu aucune plainte à ce jour. S'il y avait eu un problème grave, j'en aurais été informé.

Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (renvoi de la pétition au Conseil d'Etat) sont adoptées par 37 oui contre 17 non et 9 abstentions.