Séance du jeudi 11 mars 2004 à 17h
55e législature - 3e année - 6e session - 26e séance

M 1579
Proposition de motion de Mmes Anne-Marie Von Arx-Vernon, Laurence Fehlmann Rielle, Françoise Schenk-Gottret, Marie-Françoise De Tassigny, Esther Alder, Marie-Paule Blanchard-Queloz, Michèle Künzler, Janine Berberat, Loly Bolay, Mariane Grobet-Wellner, Jacqueline Pla, Salika Wenger, Anita Cuénod, Marie-Louise Thorel, Jeannine De Haller, Anne Mahrer, Jocelyne Haller, Ariane Wisard-Blum, Sylvia Leuenberger, Stéphanie Nussbaumer, Janine Hagmann, Morgane Gauthier, Stéphanie Ruegsegger pour que des noms de femmes illustres figurent désormais au frontispice des établissements d'enseignement et de formation de notre canton

Débat

Mme Janine Hagmann (L). Vous souvenez-vous du slogan qui fleurissait sur les murs: «Soyons réalistes, demandons l'impossible» ? Réalistes, les femmes libérales le sont. Elles sont fières d'être représentées au gouvernement genevois par deux des leurs. Elles ne sont donc pas rouges de colères, ni acharnées à s'affirmer féministes. Et pourtant. L'Office fédéral de la statistique, qu'on ne saurait taxer de militantisme féministe, écrit que les femmes sont désavantagées à plus d'un égard. Si, même en Suisse, un tel constat est établi, que penser des autres régions du globe où la condition de la femme est parfois dramatique ? Que faire, dès lors, devant cet état de fait peu réjouissant pour les jeunes générations, qui se sont un peu assoupies pensant que l'égalité était acquise partout ? Se résigner, en espérant que la situation finira bien par évoluer dans un siècle ou deux ? Commençons par considérer le chemin parcouru qui, chez nous, est bien visible !

En 1846, il y a donc 158 ans, le peuple genevois luttait pour obtenir ses droits politiques. Sous la pression, la Vieille-Ville, centre du pouvoir aristocratique, cédait à la masse populaire. La citoyenneté fut attribuée aux hommes, tandis que les femmes restèrent exclues sur tous les plans des acquis des temps modernes. Une femme comme Albertine-Adrienne Necker de Saussure préconisait un enseignement supérieur pour les jeunes filles, mais elle définissait la place de la femme uniquement au sein de la famille - alors que c'est justement à cette époque que se situe l'ouverture des écoles publiques et gratuites. Une Jeanne Mussard, maîtresse d'école et écrivain, quittait la ville car Genève n'offrait guère de subsistance à une femme divorcée. Une Amélie Munier-Romilly, femme d'un pasteur qui était aussi recteur de l'académie universitaire genevois, était la portraitiste de la bonne société. Malgré son talent et ses expériences dans la vie artistique, elle n'a jamais été admise à l'académie des Beaux-arts.

En 158 ans, des femmes et des hommes ont su incarner des projets collectifs et proposer des solutions novatrices. C'est pourquoi les femmes libérales se sont associées aux autres femmes du parlement pour apporter une pierre à la construction de l'équité. Femme et homme sont complémentaires. A défendre une valeur humaniste, qui prône l'équité entre la partie féminine et la partie masculine de l'humanité, tout le monde gagnera: femmes et hommes, familles et entreprises, sociétés civile et politique. De larges parties du globe vivent, actuellement, la situation de la Genève de 1846 que j'ai décrite. C'est même parfois pire: pensons aux femmes afghanes, aux femmes rwandaises. Faisons-donc des envieux !

Le principe de l'égalité entre femme et homme est inscrit dans notre constitution fédérale depuis 1981. Soyons réalistes, il n'est que partiellement appliqué ! Demandons le possible, c'est-à-dire qu'il le soit complètement !

Mesdames et Messieurs les députés, une charte vous a été proposée. Les députés libéraux, présents mardi soir, l'ont toutes et tous signée. Messieurs, la motion 1579 vous est soumise. Faites, avec les femmes du parlement, un geste symbolique: acceptez son renvoi au Conseil d'Etat ! (Applaudissements nourris.)

Des voix. Bravo !

Mme Anne-Marie Von Arx-Vernon (PDC). Vous savez ce que j'ai envie de dire, maintenant ? «Liberté, égalité, sororité !» (Manifestation dans la salle.)Oui, sororité par analogie avec fraternité. Que vous connaissez si bien, Messieurs !

Oui, «sororité» pour dire que les femmes, partenaires solidaires entre elles, sont, pour l'essentiel de notre société, toutes remarquables. Oui, «sororité» pour cette motion qui propose de mettre des noms de femmes en valeur, au frontispice des établissements chargés de transmettre le savoir, la connaissance de ce qui constitue notre patrimoine à tous, que ce patrimoine soit intellectuel, culturel ou humaniste ! Cette motion est un symbole fort, positif, et vise à faire reconnaître la place des femmes illustres et remarquables dans l'histoire de notre société.

Mesdames et Messieurs, les jeunes gens et les jeunes filles fréquentant ces établissements sont à la recherche de valeurs et de modèles, et ne trouvent pas de modèles toujours très valorisants... Eh bien, nous sommes persuadées que le fait de donner des noms de femmes exemplaires à des cycles et collèges peut aussi servir les hommes, qui ne peuvent qu'être fiers que les 51% de l'humanité soient enfin reconnus à leur juste valeur !

Merci de soutenir cette motion des femmes parlementaires et de la renvoyer au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)

Mme Salika Wenger (AdG). Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les conseillers et conseillères d'Etat, Mesdames et Messieurs les députés, toute la journée, je me suis demandé si je prendrais la parole sur cette motion. En effet, je trouve extrêmement humiliant d'être obligée de demander ou même de justifier... je dirai: un droit. Or cette humiliation est permanente. Néanmoins, je savais aussi que, compte tenu du contexte dans lequel cette motion est présentée, il vous serait difficile de la refuser. Par conséquent, je n'avais pas de réelles raisons d'intervenir.

Tout en vous parlant, je suis en train de vous montrer le fonctionnement des femmes: elles sont extrêmement attachées à l'efficacité - et bien plus à l'efficacité qu'aux effets de manche. Il serait aisé de pouvoir vous dire que c'est le choc électoral du 10 décembre qui a poussé les femmes de ce parlement à regrouper leurs forces - c'est peut-être vrai pour certaines d'entre elles, d'ailleurs.

Cependant, en ce qui me concerne, j'ai encore en tête une certaine séance de commission des affaires régionales, durant laquelle nous avons traité une pétition sur les publicités sexistes. Là, je dois dire que devant la mauvaise volonté, les ricanements de potaches, les blagues salaces, et la dérision qu'on montrée les députés hommes durant le traitement de cet objet, j'ai pris conscience une fois de plus que l'égalité entre hommes et femmes ne représentait, pour certains, qu'un argument électoral qu'ils n'avaient jamais pris au sérieux ! Le sort qui a été fait à cette pétition, à savoir le classement, ce qui veut dire, dans notre langage, la poubelle, m'a donné raison. J'avoue en passant que je me réjouis par avance de voir arriver le rapport et d'entendre les arguments qui justifieront ce traitement.

Cependant, je ne peux pas croire au hasard lorsque je constate que, dans l'attribution des commissions parlementaires, on voit le reflet caricatural de la division sexuée du travail qui prévaut encore dans notre société: les femmes aux affaires sociales, à l'enseignement ou à la santé; les hommes à l'économie, aux finances, à l'aménagement du territoire ou aux transports... Vous trouverez que j'exagère, j'en suis certaine ! J'ai cependant un exemple très manifeste à vous soumettre: au moment de nos travaux, nous avons émis l'hypothèse de pouvoir prendre la parole pendant les deux premières heures de la première session de ce Grand Conseil, aujourd'hui. Quand nous avons vu arriver l'ordre du jour, nous avons constaté que le DAEL était traité, et nous nous sommes posé la question de savoir s'il y aurait assez de femmes pour tenir la parole pendant deux heures sur ces objets. Le fait même que nous ayons dû nous poser la question constitue le problème. Effectivement, nous aurions pu bavarder, comme les uns et les autres sont capables de le faire. Mais cela ne reflète pas le mode de fonctionnement des femmes. Je ne veux pas dire que nous sommes exclues directement, ça n'est pas ça du tout. Je crois simplement qu'il survit encore, au sein de notre parlement, des automatismes sexistes qui sont difficiles à «décoller». Cela est très dommageable, puisque notre parlement devrait être la première institution à mettre en pratique les lois dont elle dote la République !

Je reviens sur notre motion. Elle est bien modeste. Les femmes demandent que désormais les établissements d'enseignement et de formation - et, ici aussi, ça n'est pas un hasard si nous avons choisi ces établissements-là - portent des noms de femmes remarquables. Nous n'avons pas écrit «illustres ou exceptionnelles»; nous les voulons seulement «remarquables» ! Notre proposition n'est, certainement pas, de reproduire au féminin le monde que vous avez construit. Nous voulons juste y participer pleinement. Non plus en retrait, dans l'ombre, mais côte à côte. Nous savons toutes et tous, dans ce parlement, que l'Histoire a retenu plus de noms d'illustres guerriers que de mères de familles... Mais nous savons toutes et tous, aussi, que l'héroïsme qui consiste à faire en sorte que la vie perdure est peut-être moins spectaculaire que celui de tuer un ou plusieurs ennemis, mais qu'il est encore plus nécessaire.

C'est dans ce sens que nous pensons que toutes les femmes sont remarquables et que la nouvelle génération aurait tout à gagner à s'identifier à des modèles de paix et de partage. C'est pourquoi j'espère que vous réserverez un bon accueil à cette motion, que toutes les femmes députées demandent de voter sans autre état d'âme que celui de la justice !

Avant de conclure... (Commentaires.)... j'aimerais préciser que c'est la seconde fois que j'ai le plaisir et l'honneur de travailler en même temps avec toutes les femmes députées de ce parlement. Chaque fois, il a été pour moi réjouissant de constater que les femmes excellent à trouver des solutions pour aller au-delà des clivages politiques habituels sans rien perdre de leur spécificité ni de de leurs convictions. Et le fait que nous ayons réalisé ce travail dans une atmosphère joyeuse et jubilatoire me laisse penser que bien des hommes auraient beaucoup à apprendre de nos méthodes. Même si elles ne sont pas traditionnelles, elles ont au moins l'avantage de nous procurer du plaisir, en plus d'être efficaces.

Je dois dire aussi que cette petite fronde des femmes n'est pas seulement un mauvais moment à passer, et que tout reviendra dans l'ordre cette année, qu'il suffit d'être un peu patients et que cela s'arrangera jusqu'au prochain 8 mars. J'ai bien peur, Messieurs, qu'il vous faille apprendre à vivre avec des femmes qui revendiquent enfin cette moitié du ciel qui leur revient de droit.

Enfin, je mettrai quand même un peu de baume sur vos petits coeurs meurtris en vous rappelant que, si le rouge est la couleur de la colère, il est aussi celui de l'amour et de la passion, et nous en avons à revendre, ce qui permettra de travailler en paix avec vous. (Applaudissements.)

Mme Anita Cuénod (AdG). Au-delà de la symbolique des noms de femmes «remarquables», qu'elles soient«illustres» ou non, j'aimerais citer l'exemple d'une femme «remarquable» en la personne de Mme Aimée Stitelmann, dont j'aimerais voir le nom figurer au frontispice d'un collège ou d'un cycle.

L'importance de notre intention réside dans la volonté politique de donner plus de visibilité aux femmes. Les écoles, lieux de savoir, sont des lieux où l'on se doit de tendre vers cette égalité, qui n'est encore réalisée ni dans les faits, ni dans les mentalités, malheureusement. La construction identitaire se forge sur des modèles. Ceux-ci ne se limitent pas à la famille. L'éducation publique a un rôle important à jouer pour que les petites filles se projettent dans des figures dépassant les schémas vieillots qui les cantonnent souvent dans des activités subalternes.

Paradoxalement, lorsqu'on demande à des petites Afghanes, que j'ai rencontrées, à quelle carrière elles se destinent, elles répondent: «médecin, avocate, juge, professeur, pilote.» Pourquoi, chez nous, cette réponse est-elle le plus souvent: «maîtresse d'école, infirmière, coiffeuse» ?

Je vous remercie de renvoyer cette motion au Conseil d'Etat.

Mme Anne Mahrer (Ve). Comme vient de le rappeler Mme Anita Cuénod, nous venons d'accueillir Mme Stitelmann avec une immense émotion, et je me souviens, pour l'avoir invitée au collège du Foron, du silence observé et des visages des élèves qui l'écoutaient. Je sais qu'elle est et qu'elle sera un modèle pour ces générations futures.

Mme Hagmann a rappelé l'histoire et les figures genevoises qu'on oublie ou qu'on ne connaît pas. Il est vrai que l'émergence des citoyennes genevoises sur le plan social, politique, scientifique et artistique n'a guère été encouragé par le passé, et que le rôle joué par les pionnières dès le début du XIXe siècle doit être mis plus en évidence. Il est sûr que la seule inscription de leur nom au fronton des lieux de formation ne suffira pas à faire sortir leur histoire de l'ombre.

Cependant, il est vrai que - cela tombe bien - plusieurs cycles d'orientation et collèges doivent prochainement être construits et les noms de femmes genevoises que l'on pourrait voir figurer sur leurs façades ne manquent pas.

Nous vous remercions de soutenir cette motion et de la renvoyer au Conseil d'Etat.

Mme Françoise Schenk-Gottret (S). Cette proposition de motion est l'illustration parfaite d'une démarche symbolique. Cela permettra de mieux faire connaître les femmes qui ont contribué à la vie et à l'histoire de Genève. En effet, la part qui leur est attribuée dans les noms de rues, d'établissements publics, de lieux d'enseignements est pauvre. Il sera facile d'y remédier par le biais de cette motion.

Cette démarche des femmes députées n'est qu'un début. Nous sommes confiantes dans la suite de nos travaux, dont certains vous réserveront des surprises, Messieurs ! (Applaudissements.)

M. Claude Blanc (PDC). J'ai entendu avec intérêt tout ce qui a été dit, et, puisqu'il faut commencer à donner plus de noms de femmes à des lieux de notre République, je vous ferai une proposition - dont vous me direz qu'elle est très démocrate-chrétienne: je propose que la place Cornavin devienne la place Notre-Dame. (Rires.)

M. Jacques Pagan (UDC). J'ai appuyé tout à fait par erreur sur le bouton, Madame la présidente. Toutefois, puisque j'ai la parole, je félicite ces dames pour leur motion. Je les félicite également pour la charte de bonne conduite parlementaire - qui n'est pas à l'ordre du jour de notre session, mais j'aimerais dire que depuis que vous avez adopté cette charte de bonne conduite on sent un vent nouveau qui, je l'espère, durera longtemps.

Nos félicitations à vous toutes, Mesdames ! Nous soutiendrons bien entendu votre motion.

M. Charles Beer, conseiller d'Etat. Le Conseil d'Etat tient à saluer la motion que vous vous apprêtez à lui renvoyer. D'abord parce que cette motion a été conçue dans un cadre constructif et consensuel, transgressant les camps, avec une volonté d'afficher davantage de justice et d'équité entre les sexes. A cet égard, et puisque cette motion est principalement destinée à interpeller le département de l'instruction publique, j'aimerais formuler un certain nombre de remarques, tout en me permettant d'élargir quelque peu le propos.

Au cours des dernières années, quatre établissements du secteur de l'enseignement postobligatoire ont été renommés: trois écoles de commerce et le Collège pour adultes. Le Collège pour adultes est devenu le Collège Alice-Rivaz, écrivaine vaudoise ayant vécu à Genève, que je n'ai pas besoin de présenter ici. L'Ecole de commerce de Malagnou est devenue le Collège et Ecole de commerce Emilie-Gourd; le Collège de Staël est devenu le Collège et Ecole de commerce Madame-de-Staël; l'Ecole de commerce de Saint-Jean, par contre, est devenue le Collège et Ecole de commerce Nicolas-Bouvier.

On le voit donc, au cours de ces dernières années, trois établissements sur quatre ont été renommés avec des noms de femmes, ce dont on peut se féliciter. Et je me le permets avec d'autant plus d'enthousiasme que je n'y suis pour rien; je ne relate donc pas mon bilan, mais bien celui de ma prédécesseure !

Maintenant, vous ne m'invitez pas, puisque c'est ma réaction - que je me permets de faire connaître - à établir ici un bilan; nous devrons donner suite à cette motion, et je me ferai un plaisir d'y répondre dans le délai imparti, soit six mois.

J'aimerais vous signaler qu'au-delà de cette période les deux prochains établissements de l'enseignement postobligatoire qui seront ouverts sont respectivement Le Rolliet, prévu pour 2008, et la Tulette, prévue pour 2010. On peut d'ores et déjà vous dire que le Conseil d'Etat se fera non seulement un plaisir, mais un devoir de suivre votre invite concernant ces établissements.

En revanche, en ce qui concerne les cycles d'orientation, laissez-moi vous dire que les choses sont plus compliquées. Jusqu'ici, une logique prévalait à l'attribution des noms aux établissements, et il ne convient pas forcément de rompre avec cette logique - bien qu'on puisse la revoir. Je précise ainsi, si besoin est, que les cycles d'orientation ne portent pas de noms de personnes illustres, célèbres, remarquables, ou tout simplement intéressantes, mais des noms permettant de localiser l'endroit où ils se situent, que la référence ait trait au quartier ou à une implantation plus large de caractère régional. Ainsi, sur ce point, si le Conseil d'Etat entend suivre les recommandations et l'invite de la motion, que vous ne manquerez pas de lui renvoyer lors du vote, il conviendrait de revoir l'ensemble de la logique des dénominations des cycles d'orientation. Cette motion est l'occasion de se pencher sur cette question, qui sera examinée.

Les établissements professionnels n'ont, à ce jour, pas de nom; ils portent uniquement l'indication du métier auquel ils forment, ou celui des disciplines auxquelles ils préparent les jeunes gens qui y sont inscrits.

Je me permets encore une fois de relever avec quelle ouverture le Conseil d'Etat entend traiter la motion; je vous ai cependant dit que je souhaitais élargir quelque peu le propos. La logique dont la motion entend témoigner a vu le Grand Conseil et le Conseil d'Etat être interpellés par le biais d'une pétition, par un certain nombre de jeunes femmes, inscrites dans l'enseignement postobligatoire, qui ont déploré que trop peu d'ouvrages d'écrivaines ou de femmes leur étaient proposés. Cette pétition fait l'objet d'un traitement par la commission de l'enseignement et de l'éducation, elle est également examinée par le département de l'instruction publique et s'inscrit dans les mêmes préoccupations que celles de la motion. Ainsi, nous devons non seulement rendre hommage aux femmes célèbres, mais nous devons aussi leur réserver une place plus importante dans l'enseignement que nous proposons, pour déterminer des références les concernant. Ces dernières sont indispensables à plus d'équité et de justice entre les sexes.

Puisqu'il s'agit pour moi d'élargir le propos, je me permets de vous signaler que je connais aujourd'hui d'autres soucis dans le fonctionnement des établissements. Ce n'est pas pour relativiser votre motion ou dire que ce à quoi vous nous invitez ne serait que du détail, bien au contraire ! Il s'agit d'éléments sérieux qui rejoignent l'élément que j'entends soulever ce soir: dans un certain nombre d'établissements, le comportement de jeunes gens, bien qu'il s'agisse de cas isolés, à l'encontre de jeunes filles est particulièrement inquiétant, parce qu'il s'inscrit dans une perspective dégradante du rapport homme-femme. Et la création de références féminines, dans notre société qui est en mutation, est indispensable à la conception du respect ! Il en va de même pour ce qui est du rappel des règles et, le cas échéant, des sanctions en la matière. Ces dernières doivent être lourdes, parce que les transgressions qu'elles punissent s'inscrivent dans la négation de la personne. (Applaudissements.)

La présidente. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Je remercie également tous les messieurs qui ont appliqué le point 3 de la charte en écoutant avec courtoisie les élues qui se sont exprimées sur cette motion.

Je vous soumets son renvoi au Conseil d'Etat. Le vote électronique est lancé.

Mise aux voix, la motion 1579 est adoptée par 69 oui (unanimité des votants). (Rires et commentaires à l'annonce du résultat.)