Séance du vendredi 13 février 2004 à 20h30
55e législature - 3e année - 5e session - 25e séance

M 1573
Proposition de motion de MM. André Reymond, Robert Iselin, Yvan Galeotto, Jacques Baud, Gilbert Catelain, Georges Letellier en vue d'un changement dans le tracé du trafic motorisé à la place de Cornavin

Débat

Le président. Nous traitons maintenant la motion 1520, qui était le point 90 de notre ordre du jour. Il s'agit de la motion en vue de la modification du tracé motorisé à la place de Cornavin.

Cette motion a été retirée, hier, par M. Jacques Jeannerat. Elle a été reprise par MM. André Reymond, Robert Iselin, Yvan Galeotto, Jacques Baud, Gilbert Catelain et Georges Letellier. Elle est par conséquent désormais inscrite non plus sous le numéro 1520 mais sous le numéro 1573.

M. André Reymond (UDC). Cette motion a été déposée il y a plus d'une année, et aurait dû être traitée lors de la dernière session - par faute de temps, vous aviez décidé de ne pas l'aborder. Je suis étonné que certains groupes politiques se désintéressent de la mobilité à la place Cornavin.

Lorsqu'on voit le trafic qu'il y a en rue de Lausanne, en direction de la place des Vingt-Deux-Cantons, en passant par la place Cornavin, il y a de quoi se poser quelques questions.

Je sais que je vais déplaire à certains groupes de l'opposition, qui m'ont reproché de parler d'écologie cet après-midi, mais: oui, si nous voulons avoir moins de bouchons, il y a une question de mobilité qu'il faut résoudre à la place Cornavin. Cette exigence de mobilité, en faveur de laquelle l'UDC se prononce, se fait sentir, et est en accord avec l'engagement du Conseil d'Etat, au discours de Saint-Pierre, qui disait qu'il fallait non seulement des transports publics mais aussi des transports privés, avec lesquels il y avait une complémentarité.

Actuellement, sur la place Cornavin, entre l'arrêt des TPG et la gare Cornavin, trois voies de circulation sont inutilisées. Il y a deux lignes de bus qui passent par là - le 8 et le 5 - mais sur les deux autres voies, qui seront rendues à la circulation, il n'y a rien du tout. Il est même prévu, si j'ai bien compris le plan qui est apposé à la gare Cornavin, que la place, entre l'arrêt des TPG et la gare Cornavin, sera une zone piétonnière. (Brouhaha. Le président agite la cloche.)

Quand on pense que, dans le souterrain, deux accès avec escaliers mécaniques ont été construits pour accéder aux arrêts des TPG, je me demande pourquoi l'on ne veut pas, pour des questions de fluidité, rendre une voie de circulation à la circulation privée en direction de la place des Vingt-Deux-Cantons. (Le président agite la cloche.)Je me pose cette question, parce que, devant le cinéma Rialto, des travaux ont eu lieu il y a quinze jours: on a fini d'arracher les rails de tram - et je ne parle pas des rails qui ont été arrachés il y a cinquante ans mais des rails que l'on a posés il n'y a que quelques mois. Ces rails ont été arrachés tout simplement parce que l'on modifie le tracé devant le cinéma. En plus de cela, on veut, devant le cinéma Rialto, construire la sortie du parking Cornavin. Il y a un manque évident de planification. C'est pourquoi, pour que les différents usagers de la route puissent circuler, je propose que cette voie de circulation soit ouverte et qu'elle ne soit pas uniquement dévolue aux piétons. (Manifestation dans la salle.)

Il y aura ainsi deux voies de circulation. Il y aura par conséquent davantage de mobilité.

Pour ces raisons, et comme le temps presse, au nom du groupe UDC, je vous demande de ne pas renvoyer cette motion en commission, mais de la renvoyer directement au Conseil d'Etat.

M. Jean Spielmann (AdG). Il y a une série de problèmes importants dans la circulation des trams et des véhicules depuis la rue de Lausanne jusqu'à la gare. Il faut aussi savoir que des choix ont été faits, que ce Grand Conseil a pris ses responsabilités. On pourrait se poser des questions sur les choix qui ont été faits. Tous ceux qui ont un peu d'expérience vous auraient dit qu'il y a plus souvent des bouchons à l'entrée de Genève, par la rue de Lausanne, qu'à sa sortie. Or les responsables de la circulation ont décidé que le tram, en site propre, se ferait du côté de la sortie et non pas de l'entrée. Il est alors évident que les problèmes s'amplifient. Les bouchons actuels font que les trams, que l'on a mis à grands frais à la rue de Lausanne, ont systématiquement entre quinze et vingt minutes de retard.

L'autre problème, qui est plus important, et qui nécessitera, de la part du Conseil d'Etat et de ceux qui s'occupent de la circulation, des prises de décisions, c'est qu'on a décidé, dans le périmètre des Pâquis, de boucher les sorties - la place Chateaubriand et les autres. Les seules sorties possibles, accessibles en voiture, débouchent sur la rue de Lausanne. Il est clair que l'entrée et la sortie de ce périmètre posent des problèmes sur la rue de Lausanne et sur le tracé du tram. Les voitures qui entrent ou sortent des Pâquis bouchent les voies de tram, bouchent la circulation des voitures, dans un sens et dans l'autre. Il faudrait se pencher sur ce problème avec sérieux.

Aujourd'hui, cependant, il est prématuré de prendre des décisions définitives. En effet, il manque un élément essentiel à la mise en place du dispositif de circulation dans ce secteur: pour pouvoir réguler le trafic et les feux en fonction des flux de circulation, afin de donner la priorité aux transports publics, il faut mettre des capteurs au sol. Ces capteurs ne seront pas en place avant que le bitume terminal ne soit mis en place. Or cette place est encore en plein chantier, pour l'instant. Il s'agira d'examiner ces flux de circulation, d'observer la pertinence des différents «tournés à gauche», et de réguler le trafic une fois que ces capteurs au sol permettront de régler le flux de circulation. A partir de là, on pourra discuter à nouveau pour savoir si les options prises étaient bonnes ou mauvaises. Pour ma part, je pense qu'il y a un certain nombre de modifications qu'il conviendra de faire, mais en tout cas pas celles qui sont proposées dans cette motion.

Il convient donc de refuser cette motion, en attendant.

M. David Hiler (Ve). Ce qu'il y a de fascinant dans ce débat, c'est qu'on va tous pouvoir dire du mal de la place Cornavin, puisqu'en fait, jusqu'à présent, personne n'est content. A cela près que nous proposons tous quelque chose de différent. M. Spielmann nous a parlé - en nous dressant un bel historique, d'ailleurs - du débat d'il y a trois ans, qui concerne plus la rue de Lausanne que la place de Cornavin.

Aujourd'hui, le groupe UDC nous soumet une motion. Cette motion a été bricolée par le parti radical sur un coin de table... (Manifestation dans la salle.)...et je ne suis pas absolument sûr que ceux qui l'ont reprise aient compris ce qui se passerait si on appliquait leur schéma. (Rires.)Je ne suis pas sûr, Monsieur Reymond, que hier soir vous ayez eu en tête toutes les finesses de ce tracé. Je pense qu'une majorité votera - je ne sais à vrai dire pas pour quelles raisons - une motion que ses auteurs avaient très sagement décidé de retirer. On saura donc pourquoi la solution qui est proposée est extrêmement imaginative et totalement impossible à mettre en oeuvre. Ce qui est généralement le cas, lorsque, au Grand Conseil, on discute de points précis comme les tracés de circulation dans un périmètre de 500 mètres.

Maintenant, je dois quand même dire au Conseil d'Etat, puisqu'on peut parler de la place Cornavin en général, que, jusqu'à présent, et de l'avis général, le résultat est assez moyen...

M. Claude Blanc. C'est le moins que l'on puisse dire ! C'est du «petchi» !

M. David Hiler. L'aspect piétonnier de la place ne m'a pas frappé. On arrive vaguement à aller d'un arrêt TPG à l'autre, en se donnant de la peine. On peut par ailleurs ajouter que l'installation ne protège pas du froid. Pour le reste, je n'ai pas très bien compris pour quelle raison on n'avait pas déplacé l'entrée du parking en faisant les travaux, et je n'ai surtout pas compris pourquoi les travaux n'étaient pas finis.

Vous allez nous l'expliquer aujourd'hui, puis, de façon très docte, dans ce rapport. Je dois dire que je soupçonne qu'il y ait un problème de coordination entre la ville de Genève et l'Etat sur les travaux... (Rires.)...et je pense que les éclaircissements que vous nous donnerez nous permettront de supporter sereinement et stoïquement le «petchi» de cette place, pendant six mois.

Monsieur Reymond, je suis obligé de vous le dire, vous faites bien peu de cas des piétons ! Cela va très bien, avec les voitures, là-bas. La preuve, c'est que je passe mon temps à les éviter. (Rires.)Alors de quoi vous plaignez-vous ? Que voulez-vous, Monsieur Reymond, nous écraser tous ? (Rires.)

Mesdames et Messieurs les députés, nous avons besoin que cet équipement soit achevé, nous avons besoin que la sortie du parking soit déplacée, ce, urgemment.

Pour le reste, je crains que les «cents» ingénieurs, dont je fais partie...

Une voix. «Cent» ingénieurs !

M. David Hiler. Cent ingénieurs, merci Monsieur Blanc, qui font partie de cette docte assemblée, seraient plus inspirés d'aller boire un verre que de continuer à donner d'excellents conseils. (Applaudissements.)

M. Jacques Jeannerat (R). Tout le monde est d'accord pour dire que c'est le «petchi» à la place Cornavin, à commencer par l'excellent député du groupe des Verts, M. Hiler.

Il y a en effet des problèmes relatifs aux piétons, aux arrêts de bus, mais il y a surtout des problèmes au niveau des voies de circulation, telles qu'elles ont été prévues dans l'aménagement initial. La restriction des voies pour les voitures et la complication de la circulation, obligeant les véhicules à tourner autour de l'église Notre-Dame, n'incitent pas les Genevois à se rendre à la gare pour y prendre le train...

M. David Hiler. Cela les incite éventuellement à aller à l'église !

M. Jacques Jeannerat. Oui, éventuellement à l'église. (Rires. Le président agite la cloche.)Quoique la sortie du parking ne corresponde pas avec l'entrée de l'église, Monsieur Hiler. Cela posera donc également un problème !

Il y a surtout la rupture de l'axe, important, constitué par la rue de Lausanne et le boulevard James-Fazy. (L'orateur est interpellé.)

Le président. Monsieur Blanc, s'il vous plaît.

M. Jacques Jeannerat. Je suis passé à la place Cornavin: les travaux tardent effectivement à se terminer. Il n'est pas trop tard pour réfléchir à une meilleure mise en place des voies de circulation à la place Cornavin.

Comme l'a dit M. Reymond, nous demandons que cette motion soit directement renvoyée au Conseil d'Etat.

Une voix. Il ne fallait pas la retirer, pourquoi l'avez-vous retirée ?

M. Sami Kanaan (S). Nous ne demandons pas le renvoi de cette motion en commission, parce que je crois que les commissions ont mieux à faire que de traiter ce texte. Le Conseil d'Etat saura y répondre après avoir discuté avec la ville de Genève.

Il y a au moins un point sur lequel nous sommes tous d'accord: la situation actuelle n'est pas satisfaisante. Je ne suis pas certain que l'on soit d'accord sur le diagnostic, au-delà de ce constat. En particulier, et de notre point de vue, si la situation n'est pas satisfaisante, c'est essentiellement à l'égard des piétons. Il y a une voie pour les voitures qui arrive de la rue de Lausanne. Certains n'apprécient pas cette solution, mais c'est une réalité. Je ne vois pas pourquoi, tout à coup, il y en aurait de nouveau deux ou trois sur la place de Cornavin qui seraient distribuées à nouveau. Il y a une voie d'arrivée qui dépasse la place, continuant son chemin. Cela est parfaitement cohérent, en termes de gestion du trafic.

La véritable absurdité tient dans le fait que la sortie du parking soit restée du côté «gare» de la place. On a tout de même cru comprendre que ce n'était pas tout à fait par hasard que cela soit le cas, et que, si elle avait pu faire autrement, la ville de Genève l'aurait fait. Cependant, on a cru comprendre que Métro Shopping avait eu son mot à dire dans l'histoire. Ainsi, pour éviter conflits et recours successifs, il semblerait qu'on ait maintenu cette sortie de parking là où elle se trouve pour faire plaisir à Métro Shopping SA. L'emplacement de cette sortie est aberrant et elle représente un danger pour les piétons.

Par ailleurs, le statut de cette place, d'un point de vue légal, semble confus. En effet, on a toujours parlé de place piétonne. Or on nous a dit, en commission des transports, suite à une question posée, qu'en fait cette place n'était pas une place piétonne, qu'elle avait un statut un peu hybride. C'est donc une vraie «Genferei», comme le disent nos compatriotes alémaniques, une «genevoiserie» typique: on essaie de concilier tout et son contraire, sans prendre de décision tranchée et sécurisante pour les usagers, quels qu'ils soient.

Les conflits principaux, aujourd'hui, existent entre les piétons, les taxis, les transports publics et les voitures, qui sortent du parking. En revanche, il n'y a pas de conflits par rapport au trafic qui arrive depuis la rue de Lausanne et qui est ensuite distribué dans la rue des Alpes ainsi que, plus loin, sur le boulevard James-Fazy ou la rue de Chantepoulet. Les choses se déroulent relativement bien dans cette zone.

Les habitudes doivent changer: certaines personnes croient encore que la rue de Lausanne est une pénétrante ou une voie de transit, alors que cela n'est plus le cas. Je vois bien que cela ne plaît pas à tout le monde mais c'est une réalité. La rue de Lausanne est une voie de desserte pour les quartiers avoisinants et pour le secteur de la gare. Je rappelle par ailleurs que, nous l'avons suffisamment critiqué, cette voie de tram 13 aurait dû être ouverte en même temps que le Park&Drive de Sécheron dans son intégralité. Ce n'est pas le cas, malheureusement. On l'a déploré mais ce n'est pas le lieu du débat que nous menons aujourd'hui.

Nous sommes tous d'accord sur le fait que l'aménagement de la place n'est pas très satisfaisant non plus. Il y a toujours une part de subjectivité lorsqu'on commente l'aménagement d'une place. Cependant, il est objectif de dire que cette espèce d'infrastructure ou de superstructure est extrêmement lourde et qu'elle ne protège de rien. La ville de Genève aurait été mieux inspirée si elle avait fait des économies. Il est déplorable que l'on se paye le luxe d'organiser un concours d'architecture pour ensuite réaliser ce genre d'objet, qui n'a plus rien à voir avec le concours. La ville aurait pu ne rien faire du tout, cela aurait coûté moins cher et été moins moche.

Quant à la motion, qui nous donne l'occasion de perdre un peu de temps, c'est une de ces motions «il n'y a qu'à». Vous nous reprochez souvent de faire ce type de motions; pour une fois cela concerne des auteurs de ce texte. Ce texte a été constitué en février 2003. On peut concéder que ce n'est pas de la faute de ses auteurs si ce texte n'est traité qu'aujourd'hui. Il y a deux débats différents: l'aménagement des voies routières et la circulation actuelle sur la place de Cornavin.

Par conséquent, il n'est pas nécessaire d'aller en commission avec ce texte, nous proposons qu'il soit renvoyé directement au Conseil d'Etat, qui saura y répondre.

M. Christian Grobet (AdG). Je pense que le dépôt de cette motion, malgré son débat beaucoup trop tardif, se justifie. En effet, malheureusement, les faits ont donné raison à celles et ceux qui ont immédiatement dit que la solution que le Conseil d'Etat voulait imposer contre vents et marées - à savoir de faire une voie entrante du tram avec la circulation automobile - était une absurdité. Aujourd'hui la preuve en est faite. Il est évident que tous les problèmes de bouchons créés par cette mixité se répercutent ensuite sur la place de Cornavin. La circulation y est d'ailleurs déjà péjorée par ce qui se passe à la rue de Lausanne.

Monsieur Kanaan, cela n'a rien à voir avec le statut de la rue - qui a effectivement été porté à un statut de voie de circulation d'importance secondaire, ce qu'il ne fallait évidemment pas faire. C'était aller contre tous les principes des transports publics que de supprimer la voie en site propre qui était prévue initialement, alors qu'à Chêne-Bourg, on démolit des immeubles pour réaliser ce site propre. Bref, je ne veux pas revenir sur toutes ces contradictions.

Il est vrai, aussi, que la place Cornavin, dans son aménagement routier, présente, à mon avis, des défectuosités. Cependant, Monsieur Jeannerat, votre motion arrive comme la grêle après les vendanges: vous l'avez déposée il y a une année. Il semble que vous n'ayez pas eu le soutien de vos amis politiques pour qu'elle soit immédiatement traitée. Evidemment, vous n'en parlez pas maintenant, mais comme votre majorité sait, quand elle le veut, arriver à mettre des objets en urgence, je pars de l'idée que vous n'avez pas réussi à avoir l'appui de certains de vos partenaires politiques. Nous discutons donc des travaux une fois qu'ils sont terminés.

Je ne vois pas très bien ce qui pourra être fait, mais c'est vrai qu'il faudra renvoyer cette motion au Conseil d'Etat pour examiner ce qui peut l'être.

Ce qui est sûr et certain, c'est que le déplacement de la sortie du parking de Cornavin - qui est une excellente idée - se trouve, à ce qu'on m'a dit, bloqué par le centre commercial. Ce n'est pas un défaut d'organisation du chantier mais un blocage qui est effectué par quelques personnes qui défendent des intérêts tout à fait privés. Je m'étonne, Mesdames et Messieurs les conseillers d'Etat, face à une situation totalement inacceptable, qu'une mesure d'expropriation n'ait pas été prise.

Je vous demande donc maintenant de prendre vos responsabilités et de prendre une mesure d'expropriation, pour que cette sortie de garage soit réalisée et que le chantier puisse se terminer. Cela fait deux ans, d'après ce que j'ai pu comprendre que certains commerçants bloquent cette affaire, et cela commence à suffire.

Dans les milieux de l'Entente, où vous aimez bien emboucher la trompette des commerçants, vous feriez mieux, Monsieur Jeannerat, vous qui êtes dans la Chambre de commerce et d'industrie, de prendre votre bâton de pèlerin pour aller convaincre vos amis commerçants de la place de Cornavin d'arrêter de bloquer le chantier, plutôt que de déposer une motion ici.

Présidence de Mme Marie-Françoise de Tassigny, première vice-présidente

M. Alain Meylan (L). Nous sommes presque unanimes quant à une question liée aux transports: nous sommes tous d'accord que c'est le «petchi». C'est magnifique ! Je crois n'avoir jamais vu cela. C'est vendredi 13, il faut l'admettre. Il paraît que le tram 13 a été inauguré le samedi 13 à 13h13, mais le vendredi 13 ne lui porte pas vraiment chance.

Je crois qu'il est effectivement urgent que nous revoyons tout le principe de circulation. Nous l'avions dit et redit à l'époque et, malheureusement, les faits nous donnent raison. La circulation est difficile rue de Lausanne et place de Cornavin. S'il est vrai que cette motion n'était pas parfaite, elle était aussi destinée à être revue en commission de façon à pouvoir corriger, en cours de chantier, les problèmes de circulation que l'on connaît. On a réussi plus d'une fois, certes avec certaines oppositions, notamment dans la construction du tram venant depuis l'avenue du Mail, on a donc réussi à faire quelque chose qui fonctionne. Sur le pont de la Coulouvrenière également, cela fonctionne très bien. Ici, je ne sais pas pourquoi la concertation n'a pas fonctionné, manifestement, il y a eu un manque de coordination.

Cette motion doit par conséquent être renvoyée au Conseil d'Etat pour que les travaux soient finis. (L'orateur est interpellé.)

M. Christian Brunier. On va faire des économies, comme ça !

M. Alain Meylan. Peu importe ! De toute façon, pour aller d'un bout à l'autre de la rue de Lausanne, que l'on mette vingt minutes en tram ou en voiture, le but n'est pas du tout atteint. On vient de voter, il y a quelques heures, une motion. Même si M. Brunier a voulu semer le doute dans nos esprits, on a quand même voté cette motion Eco-Drive. Essayez donc de circuler Eco-Drive dans la rue de Lausanne et sur la place de Cornavin, c'est tout simplement impossible. (Exclamations.)Cela ne sert à rien de circuler «Eco-Drive», car avec le nombre de zigzags, de feux rouges et les différents modes de transport qui se perturbent, c'est impossible. (Brouhaha.)Voitures, piétons, deux-roues, trams, tout est superposé, c'est normal que cela ne fonctionne pas.

Des voix. «Superposé» ! (Rires.)

M. Alain Meylan. Oui. Superposé. Oui ! Oui ! Vous avez une voie de bus sur une voie de cyclistes, etc.

Par conséquent, cette motion doit être renvoyée au Conseil d'Etat de façon qu'il puisse remédier à cette situation le plus vite possible.

Une voix. Bravo Alain !

Mme Stéphanie Ruegsegger (PDC). M. Kanaan a dit de cette motion que c'était une motion «il n'y a qu'à», je dirai plutôt que c'est une motion «il n'y avait qu'à pas» en l'occurrence créer la confusion à la place Cornavin, créer une situation qui fait que le danger est présent pour tout le monde, tout comme l'est l'insatisfaction. Cette motion a une année, mais, à vrai dire, nous aurions souhaité que les autorités de la ville de Genève se rendent compte auparavant de la confusion et du chaos créés par leurs travaux et leur aménagement à la place Cornavin.

Nous aurions pu également penser, puisque la ville de Genève est même quelquefois représentée dans ce parlement, que son représentant se dise: «Tiens, il règne une certaine insatisfaction, parlons-en au Conseil administratif et faisons en sorte que la situation se débloque.» Cela n'a pas été le cas.

Par conséquent, il est vrai que cette motion arrive tard; mais il n'est jamais trop tard pour réparer des erreurs.

Le groupe démocrate-chrétien est d'accord de renvoyer cette motion au Conseil d'Etat, pour qu'on puisse mettre fin à cette situation au plus vite.

Quant aux commerçants de la rue de Lausanne, Monsieur Grobet, je vous signale simplement que les commerçants ne font pas opposition pour leur propre plaisir. J'imagine qu'ils ont mieux à faire, notamment à faire tourner leur commerce. Cependant, la situation sur la rue de Lausanne péjore leur commerce et la bonne marche de leurs affaires et c'est peut-être pour cela qu'ils montrent les dents.

Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)

Présidence de M. Pascal Pétroz, président

M. Michel Ducret (R). M. Spielmann avait tout à l'heure parfaitement raison de faire le lien avec la rue de Lausanne. En effet, dans le cadre de la place de Cornavin, on a commis exactement la même erreur: un mauvais choix de départ. Cela a été fait malgré l'opposition d'une grande majorité de ce Grand Conseil et du Conseil municipal de la ville de Genève, qui était lui-même appuyé par son Conseil administratif dans le cadre de la rue de Lausanne. Il est revenu sur les choix qui avaient été faits précédemment.

Dans le cas de la place Cornavin, ce n'est pas l'option de circulation en voirie, qui pose problème, c'est l'implantation pure et simple, devant la gare, d'une station d'importance majeure de transports publics, à un endroit où les principales lignes ne sont pas reçues. On a fait un monument, devant la gare de Cornavin, qui reçoit des lignes ne vous menant même pas au centre-ville, mais à la campagne.

Or le gros des transports publics, par le fait du désaxement de la gare de Cornavin et des artères des axes nord-sud qui mènent vers le centre-ville, se trouve plutôt autour de Notre-Dame, au passage Montbrillant, voire à la place des Vingt-Deux-Cantons. Avec la quantité de circulation des transports publics - il ne s'agit même plus de circulation privée - on ne peut plus s'amuser à faire des détours. On n'a pas non plus assumé de faire quelque chose devant la gare de Cornavin, en prévoyant, par exemple, un tracé de la ligne de Meyrin qui se serait arrêté au moins devant la gare de Cornavin. A Orléans, le choix de faire une boucle, pour desservir la gare et le centre-ville, a été fait, et le tram s'arrête devant la gare.

Le choix même de l'implantation du tram au centre de la place de Cornavin était une erreur. On aurait dû faire la boucle de retournement de la ligne 16 devant la gare. Il eût fallu faire un autre projet. En tout cas, le choix était mauvais.

De la même manière, on ne peut pas non plus avoir choisi de mettre les piétons en sous-sol et dire après qu'il faut les mettre en surface. En effet, on ne peut plus changer les choses en ce qui concerne les voitures: on ne peut plus mettre les voitures en sous-sol ! C'est un véritable problème. Il nous faut maintenant assumer les choses jusqu'au bout, malheureusement. On ne peut pas vouloir non plus des piétons partout.

Il est clair qu'à un moment donné l'espace à disposition est trop rare en quantité pour pouvoir satisfaire les envies de tout un chacun. Je citerai quelques exemples que je juge tout à fait inadmissibles. Actuellement, la circulation, qui débouche de la rue de Lausanne sur la gare de Cornavin, démarre en même temps que les trams qui vont vers la gare de Cornavin ou qui en proviennent, pour aller dans la rue de Lausanne, alors que ces circulations devraient se croiser. De la même manière, vous sortez du parking souterrain à un endroit où les trams arrivent en sens inverse: ils n'ont de ce fait aucune visibilité. Il y a un feu de signalisation à cet endroit, mais le jour où quelqu'un ratera le feu, et qu'il y aura une voiture écrabouillée, avec des conséquences assez graves pour ses passagers, je plains le conducteur de tram sur qui cela tombera, car il se sentira mal sans pour autant être responsable. Cette situation est le fait de choix qui étaient mauvais dès le départ. C'est du bricolage. On ne pourra pas revenir sur cette situation dramatique.

Cette motion demande au Conseil d'Etat de remédier aux pires aspects de cette situation et de faire un peu mieux avec ce qui est désormais mis en place. C'est malheureux parce que c'est un peu tard, beaucoup l'ont relevé précédemment.

M. Robert Cramer, président du Conseil d'Etat. Je ne suis pas ingénieur de circulation, c'est donc dire que vous aurez une réponse à vos interrogations dans le délai de six mois, dans lequel le Conseil d'Etat répond aux motions. (Rires.)Pour le surplus, parce que le débat a tout de même été animé, je peux vous donner quelques éléments.

Le premier, c'est que j'ai entendu votre message unanime. Il faut faire mieux, le Conseil d'Etat s'y efforcera. (Rires. Applaudissements.)

Le second, c'est que j'ai ici une note rédigée par des spécialistes de la circulation et, sans vouloir déflorer le sujet et vous livrer d'ores et déjà ce que vous pourrez peut-être lire lorsque nous répondrons à la motion, je peux vous dire que mettre en oeuvre le petit schéma qui nous est proposé pose de grands problèmes. Il faudra arracher des rails de tram... (Exclamations.) ...cela posera des problèmes techniques et juridiques, puisqu'il nous faudra obtenir de nouvelles autorisations pour en poser de nouveaux. Mais il y a plus encore, Mesdames et Messieurs les députés. Il semble, d'après les renseignements qui sont à ma disposition, que par rapport à la fluidité du trafic, la solution choisie est assurément la moins mauvaise... (Exclamations.)...et peut-être même la meilleure. Mais vous découvrirez cela dans notre rapport. (Rires.)

Il me reste encore à vous dire un mot. Assurément, il y a sur cette place des travaux à terminer... (Exclamations.)...et nous pourrons profiter des différentes suggestions qui ont été faites dans le cadre de ce débat pour les terminer dans le sens que vous souhaitez.

Plus particulièrement, en ce qui concerne la sortie du parking, il conviendra peut-être de se souvenir que le parking de Cornavin SA a pour propriétaires, très fortement majoritaires, des collectivités publiques, et qu'il serait temps que celles-ci disent un mot en ce qui concerne les aménagements de ce parking.

Le président. Merci, Monsieur le président du Conseil d'Etat. Nous allons voter sur l'acceptation de cette motion et de son renvoi au Conseil d'Etat.

Mise aux voix, la motion 1573 est adoptée par 55 oui contre 22 non et 2 abstentions.