Séance du
vendredi 14 novembre 2003 à
17h
55e
législature -
3e
année -
1re
session -
3e
séance
IU 1509
M. André Reymond (UDC). Permettez-moi, Madame Spoerri, de m'adresser à vous pour cette interpellation. Il me semble assister à une partie de ping-pong entre la Berne fédérale et la Genève cantonale. Berne ordonne et Genève n'applique pas, ou Genève ne peut pas appliquer ce que Berne ordonne.
Il y a trois jours, à Cointrin, une personne accompagnée de deux fonctionnaires a été placée dans un avion de ligne à destination d'un autre continent. Il s'agissait bien entendu d'une expulsion. Comme il n'est pas possible de menotter ou de bâillonner ce genre de passager, les gesticulations et les cris de ce dernier étaient tels que le commandant de bord, pour la sécurité du vol, a demandé que ce passager et ses deux gardiens soient débarqués. Ce scénario s'est répété plus d'une quinzaine de fois, sauf erreur, cette année à Genève.
Nous payons des billets d'avion. Ils ne sont pas utilisés. Alors où vont ces passagers ? Ils sont tout simplement débarqués, raccompagnés à l'entrée de l'aérogare, et se retrouvent abandonnés par les forces de l'ordre, en parfaite liberté, à Genève, et peuvent à nouveau se promener librement, soit à la place des Volontaires, soit à Cornavin, ou ailleurs.
Madame la présidente, je sais que votre mission est difficile. Je connais aussi votre engagement à ce sujet. Je crois savoir tout de même qu'à Genève il y a plus de cinq mille requérants d'asile officiels recensés, dont plus de mille quatre cents sont frappés d'expulsion, est-il exact - ce sont mes deux questions - que, sur ces mille quatre cents personnes, plus de cinq cents ont fait de la prison pour trafic de drogue, vol, meurtre ou escroquerie ? Est-il aussi exact que, sur mille quatre cents personnes «expulsables», il y en a plus de quatre cent cinquante dont on ne sait pas exactement où elles se trouvent, à Genève ou en Suisse ?
Madame la présidente, si vous me dites: «Donnez-moi les moyens pour faire appliquer la loi !», je vous répondrai: «Que proposez-vous pour faire appliquer cette loi ?»
Le président. Il vous sera répondu lors de notre prochaine session.