Séance du vendredi 24 octobre 2003 à 20h30
55e législature - 2e année - 12e session - 77e séance

M 686-A
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de MM. Michel Balestra, Hervé Burdet, Hervé Dessimoz, Bernard Dupont, Jean Montessuit, Florian Vetsch et Hermann Jenni pour la prise en considération du facteur "transport professionnel privé de marchandises, de documents et de personnes" dans l'élaboration de la politique des transports à Genève
Proposition de motion et renvoi au Conseil d'Etat: Mémorial 1990, p. 5749

Débat

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, je vous prie de reprendre place, pour faire le point 28, dernier point de notre ordre du jour. Je souhaite que les propos de tous les députés ne dépassent pas leur pensée. Avant qu'il soit pris acte de ce rapport, je donne la parole à M. Deneys.

M. Roger Deneys (S). Je pense que ce rapport mérite quelques mots, malgré l'âge certain de cette motion.

Je voudrais remercier le Conseil d'Etat de son rapport et notamment des remarques qui se trouvent à la page trois. Elles consistent à dire que pour trouver une solution dans le trafic, il est important de trouver des solutions pour que les véhicules de livraison puissent décharger leur marchandise. C'est relativement trivial mais c'est particulièrement intéressant au vu de la motion de l'époque, qui demandait à tenir compte des besoins des transports professionnels privés dans les projets de transports publics et dans les études de circulation. C'est très bien, on ne peut sûrement qu'y adhérer, et, bien entendu, ça n'était pas pour rien que la droite avait déposé ce texte, il y a une dizaine d'années.

Il y a toutefois quelque chose de paradoxal. En effet, si l'on veut favoriser les transports des professionnels, il faut peut-être diminuer les autres types de transports et de déplacements motorisés. En l'occurrence, pour minimiser les autres types de transport, il n'aurait pas fallu voter une loi en faveur de la liberté du mode de transport, qui va exactement à l'encontre de ce que vous demandez dans ce texte.

Comme pour le débat précédent, concernant les stations de mesure de la qualité de l'air, vous, députés de l'Entente, adoptez une politique du pire, qui consiste à demander des choses et, après, à proposer des lois qui vont à leur encontre afin d'empirer la situation. Résultat: les transporteurs professionnels ne voient pas leur situation s'améliorer et la situation actuelle est encore bien plus bouchée qu'il y a dix ans. Voilà ce qui se produit avec une majorité de droite au Grand Conseil.

M. Jean-Marc Odier (R). Je crois que M. Deneys confond un peu tout. Je pense que nous demandons à avoir des passages, comme c'est indiqué à la page 3 du rapport, «d'autoriser le passage de véhicules de transports professionnels». Or si les véhicules ne peuvent pas passer, ça n'est pas seulement parce qu'il y a plus de circulation, mais parce que les voiries de la ville sont systématiquement rétrécies.

Je vais vous donner l'exemple du quai Capo-d'Istria - pour ceux qui ne le situent pas, il se trouve avant la passerelle de la Fontenette. Il n'y a plus qu'une seule voie qui permet d'emprunter la passerelle de la Fontenette, alors qu'il y avait deux à trois voies, auparavant. Cela fait augmenter la longueur de la file de voitures, même sur le boulevard de la Cluse, rendant problématique le passage des services de secours. J'aimerais d'ailleurs bien savoir comment ferait le service d'incendie de la ville de Genève, s'il devait intervenir au Bout-du-Monde, entre 17h et 18h. Je pense que ce dernier n'arriverait pas à circuler par le quai Capo-d'Istria de la passerelle de la Fontenette, et encore moins par le pont de Carouge, en traversant Carouge.

Il faudra donc qu'on m'explique cela. Je pense que vous et moi avons une lecture différente, Monsieur Deneys. Pour ma part, je remercie le Conseil d'Etat pour sa réponse, très tardive certes, mais qui permet de donner une orientation à la façon dont il conçoit la gestion du transport professionnel. Selon ce qu'il nous a d'ailleurs dit en commission, sur le même sujet mais à des occasions différentes, il entend lui donner une importance particulière, de manière à permettre des facilités aux transports professionnels, qu'ils soient de marchandises ou de personnes. Je pense que cela est tout à fait judicieux pour la mobilité à Genève.

M. Roger Deneys (S). Je serai très bref. Je voulais juste ajouter que, d'une part, dans le texte initial, il n'est nulle part fait mention des services de sécurité qui auraient des difficultés d'accès à certains bâtiments, ce qui peut se concevoir dans la circulation actuelle à Genève. D'autre part, ce texte comportait une lacune à l'époque qu'on peut constater aussi chaque jour: il y est uniquement fait mention du trafic motorisé, alors que vous savez très bien que, dans la société dans laquelle nous vivons, le transport de marchandises peut se faire à vélo - je vous parle en connaissance de cause - et qu'il existe d'autres modes de déplacement que la voiture pour réaliser des transports professionnels.

C'est pourquoi, de toute façon, ce texte est, quelque part, dépassé et caduc. On peut donc se féliciter du rapport du Conseil d'Etat. Le texte lui-même n'est pas du tout intéressant et pas du tout pertinent, vu la situation dans laquelle nous nous trouvons à Genève en ce qui concerne la question de la circulation.

Le président. C'est vrai que la motion initiale date d'il y a treize ans et qu'il a donc fallu treize ans au gouvernement pour nous donner une réponse. La parole n'est plus demandée - même si je vois des visages se tourner vers moi...

Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.