Séance du
vendredi 13 juin 2003 à
17h
55e
législature -
2e
année -
9e
session -
53e
séance
IU 1427
Mme Micheline Spoerri, conseillère d'Etat. Monsieur le député, vous me demandez pourquoi la police n'est pas intervenue dans la nuit du samedi 31 mai au dimanche 1er juin, lorsqu'une bande de casseurs s'en est prise aux commerces de notre ville. En réponse, je vous rappelle qu'il incombait à la police d'assurer la sécurité de l'aéroport pour les arrivées des chefs d'Etat, qui se sont succédé sans interruption cette nuit-là. En outre - et on en a parlé tout à l'heure - des festivités se déroulaient au même moment en six autres endroits de la ville: le feu au lac des Bains des Pâquis, le feu au lac à Baby Plage, la fête au Bout-du-Monde, la fête aux Bastions, la fête à l'Usine, la fête à la Maison des Associations. Parmi les policiers affectés prioritairement au maintien de l'ordre en ville, un groupe basé dans le secteur des Rues Basses au moment des événements - on en a aussi parlé tout à l'heure - a été rejoint par tous les policiers disponibles, afin de neutraliser les casseurs et d'éviter les risques de pillage.
La simultanéité de l'attaque par plusieurs groupes, la rapidité fulgurante de l'intervention et la tactique de ces casseurs ont en effet surpris les forces de maintien de l'ordre - je l'ai publiquement reconnu, je le redis aujourd'hui, et j'en prends la responsabilité. Le raid des casseurs a duré vingt-cinq à trente minutes, il a visé une quarantaine de sites. Au vu des dégâts malheureusement déjà commis, l'objectif principal de la police qui a alors conditionné la nature de son intervention a, à ce moment-là, plutôt été de sécuriser le centre-ville afin d'éviter des pillages en cascades, voire des incendies. Comme vous l'aurez compris, compte tenu du dispositif de maintien de l'ordre mis en place, il ne s'est pas trouvé, à ce moment-là et aux endroits sinistrés, de petites unités mobiles qui auraient pu être engagées.
J'aimerais, Mesdames et Messieurs, vous rappeler que heureusement - mais, malheureusement, maintenant - c'est la première fois que Genève connaît un événement de ce type, et j'ajoute que ces événements accompagnent généralement des manifestations de grande envergure. J'aimerais également vous dire que la technique et la tactique vis-à-vis de ces attaques urbaines ont été modifiées vingt-quatre à quarante-huit heures après samedi 31 mai. Des petites unités de police judiciaire - dont vous parlez, Monsieur - ont été diligentées sur le terrain, en plusieurs endroits de la ville. Ce sont des groupes mobiles qui étaient par ailleurs protégés par des gendarmes visibles en uniforme. L'intervention de la police judiciaire face à des gens violents peut être ressentie comme une agression et engendrer, dès lors, une mise en danger de l'unité de police judiciaire elle-même.
De plus, cette mesure a permis de façon très claire - ce qui n'est pas toujours facile - de procéder à des arrestations dans des cas de flagrant délit. A ce titre-là, je veux rassurer la population, qui se demande naturellement si nous avons factuellement, concrètement, pris d'autres mesures. Je peux vous dire que cette façon de procéder, adoptée quelques jours plus tard, a en effet donné des résultats beaucoup plus appropriés à ce genre d'attaques.
Cette interpellation urgente est close.