Séance du
jeudi 12 juin 2003 à
17h
55e
législature -
2e
année -
9e
session -
50e
séance
IU 1430 et objet(s) lié(s)
M. Christian Brunier (S). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, j'avais, bien sûr, plusieurs questions à poser au gouvernement sur l'après-G8. Je réserve une bonne partie de mes questions pour le débat de ce soir, mais j'ai décidé d'en conserver tout de même deux, parce qu'il me semble que la population s'interroge sur ces deux thèmes et qu'il faut donc y apporter des réponses claires.
Première question. Qu'on soit d'un côté ou de l'autre du parlement, il y a un sentiment qu'il y a eu un laissez-faire par moment, et d'ailleurs, un sociologue - spécialiste des manifestations, qui a écrit une thèse à ce sujet et qui est professeur à l'université de Lausanne - M. Olivier Fillieule - écrit dans «24 Heures» que c'est sciemment que l'on a laissé agir les casseurs à Genève. Plusieurs policiers disent avoir reçu l'ordre de ne pas intervenir contre le Black Bloc. J'aimerais avoir la confirmation ou la réfutation de la véracité de cet ordre et savoir qui l'a donné. (Manifestation dans la salle.)
Deuxième question - qui recoupe d'ailleurs ce que notre camarade Bavarel vient de dire. Le sentiment de la population, c'est qu'il y a eu mobilisation des forces de l'ordre à des endroits où il ne se passait pas grand-chose et désertification des forces de l'ordre dans les endroits où il se passait des événements et là où il y avait des casseurs.
Je pense que l'exemple de l'Usine est un bon exemple. Le vendredi soir, nous étions plusieurs sur les lieux, plusieurs témoignages - y compris de permanents, de gens qui fréquentent l'Usine continuellement - ont assuré que des casseurs étaient entrés dans l'Usine, au grand dam des gens qui gèrent et fréquentent l'Usine. Il n'y a eu aucune intervention policière ce soir-là. Peut-être pour de bonnes raisons, peut-être pour protéger les badauds qui traînaient là-bas. Néanmoins, il n'y a eu aucune intervention, alors qu'il y avait une présence signifiée des casseurs. Le lendemain - alors qu'il y a eu des témoignages selon lesquels tout était calme à l'Usine, qu'il n'y avait pas d'activité particulière - la police a pénétré dans les locaux de l'Usine avec des forces massives, pour protéger les lieux, mais massives aussi pour entrer. Or il n'y avait rien du tout, puisque toutes les arrestations n'ont rien donné, puisque toutes les personnes ont été libérées une heure plus tard. Et la perquisition n'a rien donné. On a mobilisé de la sorte, Mesdames et Messieurs les députés, des dizaines et des dizaines de policiers, dans un lieu où il ne se passait rien, alors qu'à quelques pas de là il y avait de la casse un peu partout. (Manifestation dans la salle.)
J'aimerais savoir qui a décidé de ne pas intervenir le samedi soir, alors qu'il y avait des casseurs, et qui a décidé le dimanche après-midi, alors que tout était calme. Je crois que c'est une gestion de la police qui n'est pas convenable, et je crois que la population et le parlement doivent avoir des réponses claires à ces deux questions.