Séance du
jeudi 12 juin 2003 à
17h
55e
législature -
2e
année -
9e
session -
50e
séance
IU 1425
M. Jacques Pagan (UDC). Monsieur le président, la présente interpellation urgente s'adresse au Conseil d'Etat, pris en tant que tel, en sa qualité d'autorité en charge du pouvoir exécutif et de l'administration générale du canton, au sens de l'article 101 de notre constitution. Elle vise les suites politiques de la manifestation anti-G8, à l'origine des graves troubles et dommages que vous savez. Elle se fonde sur l'article 129 de la constitution genevoise, aux termes duquel le Conseil d'Etat est, je cite, «responsable de ses actes».
Le Conseil d'Etat, par la voix de son président, a fait une déclaration solennelle, reproduite dans l'édition de la «Feuille d'avis officielle» du 21 mai dernier. Il y est affirmé que «le Conseil d'Etat a pour responsabilité première de tout mettre en oeuvre pour garantir la sécurité, la liberté et la prospérité de la population genevoise. C'est en gardant constamment à l'esprit cette tâche fondamentale que le Conseil d'Etat a pris les mesures nécessaires, dans le cadre de la préparation du sommet du G8 à Evian, et en prévision des manifestations d'opposition à ce sommet».
Le Conseil d'Etat doit mettre en adéquation ses actes avec les engagements qu'il a pris. Il a manifestement failli dans son devoir de garantir la sécurité, la liberté et la prospérité de la population genevoise. Il n'a pas non plus pris toutes les mesures nécessaires propres à empêcher les scènes de guérilla urbaine qui ont, à plusieurs reprises, mis à mal le coeur même de Genève, pourtant capitale mondiale de la paix et des organisations internationales.
La confiance de la population genevoise - et de ses élus ici représentés - dans le Conseil d'Etat, est très profondément ébranlée, voire détruite. Il s'impose de la restaurer rapidement. La seule voie démocratique possible consiste dans la démission collective du Conseil d'Etat, de telle sorte que de nouvelles élections puissent permettre au peuple de s'exprimer et de dire s'il entend ou non maintenir sa confiance dans l'exécutif cantonal en place.
La crise politique que nous vivons actuellement va bien au-delà des personnes qui composent le Conseil d'Etat et dont il est ici inutile de discuter les fautes et mérites respectifs. Elle vise l'institution elle-même. Il est urgent que sa respectabilité et sa pérennité soient, elles aussi, restaurées. Dans cette perspective, il s'impose de couper court à toutes les disputes personnelles, qui ne manqueront pas d'éclater, au sein du Conseil d'Etat, suite aux attaques qui seront portées contre plusieurs de ses membres. Il y va de l'intégrité et de la crédibilité de l'exécutif cantonal. Seule la démission en bloc du Conseil d'Etat doit permettre de pacifier la situation et d'envisager le proche avenir avec sérénité.
Pour l'ensemble de ces raisons, j'en appelle, au nom du groupe UDC, au Conseil d'Etat, pour qu'il remette sa démission collective et convoque immédiatement le peuple genevois à de nouvelles élections. Je ne savais, Monsieur le président, qu'il fallait donner un titre à une interpellation, je me permets de le faire tout de suite en disant qu'il s'agit d'un «acte de raison, de courage et d'abnégation». (Applaudissements.)