Séance du
jeudi 15 mai 2003 à
20h45
55e
législature -
2e
année -
8e
session -
46e
séance
M 1490 et objet(s) lié(s)
Débat
Le président. Nous voterons successivement ces deux motions, mais la discussion est liée.
M. Christian Brunier (S). Mesdames et Messieurs les députés, lorsque le parti socialiste a annoncé qu'il souhaitait qu'une réflexion soit menée au niveau régional, cela a produit une sorte d'électrochoc et nous avons vécu ce qui se produit habituellement à Genève lorsque l'hypothèse d'un projet novateur voit le jour, à savoir que les gens ont pensé aux risques et aux inconvénients possibles. Nous avons entendu: «C'est impossible, faire transiter les collections d'une frontière à l'autre exigera une manutention trop lourde; cela risque de gâcher les collections, patrimoine genevois...»; d'autres ont dit: «Attention au statut du personnel, rendez-vous compte: des gens étant au bénéfice d'un statut genevois qui vont devoir éventuellement travailler en France...». Tous ces faits sont des obstacles à une pensée régionale. Toutefois, lorsqu'on essaie d'être un peu novateur, on pense autant aux risques qu'aux opportunités.
Il y a deux opportunités majeures. D'ici 2005, Annemasse, Ville-la-Grand et Ambilly vont définir une nouvelle zone qui se situera entre la gare d'Annemasse actuelle, Ambilly et Ville-la- Grand. Cet aménagement sera effectué car la zone nécessite une gare régionale, d'une part, et il accueillera aussi un parking d'échange, d'autre part, ce qui sera éminemment intéressant pour Genève, puisque les frontaliers s'y gareront, pour ensuite prendre le train qui les conduira au centre ville, grâce au tunnel Eaux-Vives/La Praille, ou dans d'autres quartiers de Genève.
Nous allons enfin pouvoir réaliser la colonne vertébrale ferroviaire que nous souhaitons presque tous depuis des années, permettant de diminuer le nombre de voitures dans ce canton aujourd'hui asphyxié. Nous devons penser un peu plus en termes régionaux, c'est pourquoi nous devons travailler en rapport avec ce projet régional majeur.
Je vous le concède, ce projet de musée d'ethnographie, qui constitue un besoin pour Genève, n'est peut-être pas le meilleur des projets régionaux à réaliser, et le groupe socialiste est prêt à effacer ce projet et à le remplacer par une infrastructure culturelle d'ampleur régionale. Le problème ne tient pas dans le fait que ce soit une maison de la danse, un musée d'ethnographie ou une autre installation culturelle; le problème tient plutôt dans le fait de lancer une réflexion d'ordre régional et de prendre conscience que nous allons vivre de plus en plus en synergie avec nos voisins français, grâce à ce tunnel Eaux-Vives/La Praille, grâce à cet aménagement autour de la gare d'Annemasse - qui constitue un nouveau développement de cette ville - grâce à la collaboration interrégionale - qui se développe trop lentement, mais les bilatérales vont accélérer ce processus en dépit des difficultés qui surgiront.
Aujourd'hui, nous lançons un défi qui consiste à jouer tant sur les inconvénients que sur les opportunités, de réfléchir en collaboration avec nos voisins français afin d'imaginer une région plus équilibrée qu'elle ne l'est, au niveau des échanges culturels, économiques et des transports, car l'emploi est centralisé sur notre canton et nous exportons notre crise immobilière en mettant sévèrement en danger l'équilibre environnemental de la région.
La motion va dans le sens d'une réflexion qui prend en compte tous ces facteurs, en vue d'instaurer une vie régionale plus agréable. C'est pourquoi je vous invite à renvoyer cette motion en commission, afin de pouvoir travailler sereinement sur le développement régional et d'adopter une pensée qui ne se limite plus à nos frontières. Je crois que c'est ainsi que nous réussirons à progresser et à favoriser le développement d'une région plus équilibrée où les citoyennes et citoyens pourront mieux vivre.
M. Guy Mettan (PDC). J'aimerais d'abord rendre hommage à l'imagination des motionnaires socialistes, auteurs de la motion 1490. On dit souvent que les politiciens manquent d'imagination, c'est faux, parce que ce projet socialiste est la preuve du contraire.
Proposer la construction d'un musée d'ethnographie suisse à Annemasse relève, pour moi, d'un authentique sens de l'humour, que je tiens à saluer. Pour cette raison, et comme prime à la fantaisie, je vous propose tout de même de renvoyer cet objet à la commission de l'aménagement, en compagnie de l'excellente motion 1478 qui, elle, m'apparaît autrement plus intéressante. La motion 1478, dont je suis l'un des heureux signataires... (Exclamations.)C'est en effet une excellente idée. Elle consiste à construire un nouveau musée des civilisations au coeur de la Genève internationale, c'est-à-dire au milieu des cent cinquante pays présents à Genève à travers leurs missions diplomatiques, les organisations internationales et les communautés qui peuplent notre ville. Par conséquent, je vous propose, Messieurs les socialistes, de ne pas avoir besoin d'aller à Annemasse, puisque nous avons le monde...
Une voix. Messieurs et Mesdames les socialistes !
Guy Mettan. Mesdames et Messieurs les socialistes, naturellement! Nous avons le monde à portée de la main ici, à Genève.
Ce projet, défendu par la motion 1478, est idéal pour d'autres raisons encore. La première découle de la facilité d'accès depuis le centre-ville, grâce au tram 13 actuellement en construction.
La deuxième raison est due au parking facilité autour des organisations internationales, donc un accès facilité pour les visiteurs en provenance de l'extérieur du canton, que ce soit de Suisse, de France, ou d'autres pays par le biais de l'aéroport. Cela est utile, puisque nous sommes tous sensibles aux difficultés liées à la surcharge de trafic.
Troisièmement, il s'agit d'un emplacement idéal au coeur d'un dispositif culturel important à Genève. En effet, nous trouvons dans ce secteur le Musée de la Croix-Rouge, le Musée de l'Ariana, le Jardin botanique et, un peu plus bas, le Musée des sciences. Nous pouvons donc créer, avec ce musée des civilisations, une dynamique culturelle intéressante dans ce secteur.
Un quatrième argument en faveur de la motion se situe dans l'emprise au sol du bâtiment qui est suggérée ici et l'emprise sur le paysage. Toutes deux sont restreintes, puisque le gabarit de ce futur musée ne dépasserait pas celui de la Maison de la Paix prévue sur le même site et celui du collège Sismondi en cours de construction, les crédits à ce sujet ayant été votés. Ce musée serait caractérisé par une intégration tout à fait harmonieuse dans le paysage. En outre, la surface d'exposition, comme prévue dans un document de travail, se trouve être supérieure à la première version du Musée d'ethnographie, telle qu'elle nous avait été proposée à la place Sturm et refusée par votation populaire. Par conséquent, nous disposerions dans ce site d'une surface d'exposition intéressante, de même pour les bureaux et la surface de dépôt des collections.
Pour toutes ces raisons, je vous invite à renvoyer les deux motions, et surtout la motion 1478... (Rires.)A la commission de l'aménagement et de réserver le meilleur accueil à cette dernière! Merci de votre attention!
Mme Michèle Künzler (Ve). J'ai l'impression de me trouver au Conseil municipal de la Ville de Genève. Voici en effet un sujet typiquement municipal parce que, faut-il le rappeler, c'est la Ville de Genève qui détient la charge de ce dossier, les collections, le musée! On pourrait supposer, et moi aussi, qu'il s'agit d'un sujet d'ordre cantonal, mais, pour l'instant, ce n'est pas encore le cas. Il faut simplement revenir à la réalité! Ces deux projets sont à rejeter, nous n'avons pas de temps à perdre à leur sujet.
Evidemment que nous disons: «Oui à la région», mais, en l'occurrence, ce projet n'a aucune chance d'aboutir, ni à court ni à moyen terme. Les collections ne peuvent pas traverser la frontière, les gens eux-mêmes ne traversent pas la frontière si facilement! Je rappelle qu'il y a beaucoup d'étrangers à Genève qui ont besoin d'un visa pour se rendre en France voisine; aussi malheureux soit-il, c'en est ainsi.
Vous nous parliez à l'instant du Musée d'ethnographie. Mais ce musée, à cet emplacement précis, vous tient-il particulièrement à coeur? Non! Alors, abandonnons ce projet immédiatement!
Quant à la seconde motion présentée par M. Mettan, excusez-moi de dire que vous exagérez vraiment! Vous avez torpillé le projet et, maintenant, vous venez nous présenter un projet minable! Vous nous dites qu'il est plus grand: c'est n'importe quoi! 3 000 mètres carrés! Alors que le musée de la place Sturm mesurait 7 000 mètres carrés!
Je pense en outre que le site est totalement inadéquat: il y a un site classé, on a exprès déplacé le collège Sismondi afin de ne pas se placer devant la maison de maître et, maintenant, vous voulez y installer le musée! Cela ne correspond pas au legs des Rockefeller! Il est inutile d'envoyer ce projet en commission, il est totalement farfelu! Vous avez traité avec condescendance la motion 1490, mais la vôtre n'est guère meilleure.
Mme Marie-Paule Blanchard-Queloz (AdG). Je m'exprimerai à propos de la motion 1478.
J'aimerais rappeler à Mme Künzler que, c'est vrai, nous ne sommes pas au Conseil municipal, mais si l'Alliance de gauche soutient cette motion aujourd'hui, c'est qu'elle correspond aux voeux de ce même Conseil municipal qui l'a acceptée. Nous ne faisons que relayer ce que le Conseil municipal «appelle de ses voeux», selon l'expression consacrée de M. Ferrazino, à savoir le désir de voir s'installer le Musée d'ethnographie dans la Campagne Rigot.
Je voudrais aussi rappeler à Mme Künzler que la Ville de Genève a demandé à l'Etat de voter un budget de 10 millions pour ce Musée d'ethnographie et, à ce titre, il semble tout à fait légitime que ce parlement se prononce au moins sur sa situation et son contenu.
Cela dit, M. Mettan a rappelé à juste titre les avantages de ce projet, surtout au niveau de sa taille; il est vrai que, pour une surface au sol de 3 000 mètres carrés, on arriverait à doubler la surface d'exposition. Je vous rappelle d'ailleurs qu'une des critiques qui avaient été émises à l'égard du projet du Musée d'ethnographie en ville consistait à dire que son espace d'exposition était trop restreint et, par conséquent, incapable de contenir tous les objets exposables. J'ai sous les yeux un projet du service de l'urbanisme de la Ville de Genève qui n'est pas mentionné dans cette motion, lequel prévoit une surface d'exposition de 7 000 mètres carrés.
C'est pourquoi il nous semble que ce projet devrait être étudié en commission de l'aménagement. Nous vous remercions de soutenir son renvoi en commission.
Mme Laurence Fehlmann Rielle (S). Les socialistes ne sont pas favorables à cette motion 1478 qui veut placer le Musée d'ethnographie sur le chemin Rigot. Il faut noter que le périmètre en question est situé dans une zone de verdure et que le collège Sismondi, qui est une construction provisoire depuis plus de vingt-cinq ans, doit être reconstruit en priorité. En outre, nous estimons que ce périmètre ne peut pas encore supporter un équipement de la taille que devrait avoir un musée d'ethnographie dans le prolongement du collège et qui irait à l'encontre des voeux des habitants. Je rappelle par ailleurs que les habitants de Vermont avaient déjà signé des lettres de pétitions et s'opposaient à la densification excessive de ce périmètre.
Mesdames et Messieurs les députés, les animatrices et animateurs du référendum contre l'implantation du Musée d'ethnographie à la place Sturm oublient un peu vite que l'un de leurs arguments consistait à dire que, la place étant exiguë, le musée serait trop petit. Et l'on vient maintenant nous proposer une implantation limitée à environ 3 000 mètres carrés? Ce projet est farfelu!
Il est possible que le projet socialiste semble un peu utopiste, mais il faut rappeler que le plan directeur de l'aménagement voté il y a deux ans - et c'était une des innovations de ce plan directeur - demande notamment une ouverture sur la région. Il conviendrait par conséquent de mettre en pratique les principes que nous avons votés. Je rappelle que, du point de vue des équipements, il était question de revaloriser la région française, proche de Genève. Je suis surprise par la position des Verts à ce sujet, puisqu'ils se plaçaient parmi ceux qui défendaient âprement ce plan directeur.
Je vous propose par donc de renvoyer ces deux motions à la commission de l'aménagement afin de pouvoir en discuter, avec toutefois un espoir de considération plus grande en faveur de la motion socialiste ouvrant des voies plus intéressantes. Je vous remercie.
M. John Dupraz (R). C'est peut-être un sujet communal qui intéresse la Ville de Genève, mais, lorsqu'on constate l'incapacité de la Ville à régler ces problèmes, je me demande si on ne devrait pas la mettre sous tutelle ou transférer certains pouvoirs au Conseil d'Etat, de manière que les dossiers avancent un peu plus vite.
Cela étant dit, nous ne nous opposerons pas au renvoi en commission de ces deux motions. En effet, je pense que le Musée d'ethnographie de Genève possède les plus belles collections et qu'on ne dispose pas de locaux suffisants pour les mettre en valeur. C'est un problème lancinant, qui dure depuis plus de trente ans, et il est regrettable que Genève n'y ait pas encore trouvé de solution.
Quant à la motion socialiste, je dois dire que c'est peut-être ne idée utopique, mais qui mérite rélexion... (Exclamations.)Parce qu'il faut arrêter de penser ou de raisonner en conservant ses oeillères genevoises! On parle de la Regio Genevensis... (Exclamations.) (Remarque.)Oui, j'ai aussi fait du latin! Bien que je sois paysan, je n'ai pas fait que garder les vaches, mon cher ami!
Il est possible que ce ne soit pas le premier sujet à traiter au niveau régional, mais je suis convaincu, alors que M. Brunier parlait de concentration d'emplois à Genève, qu'il faudrait arriver, au-delà des antagonismes et des législations différentes des deux pays, à trouver des systèmes de péréquation financière permettant de répartir les emplois autour de Genève - avec, par exemple, le pôle de l'entreprise, la direction, le service commercial à Genève.
C'est bien joli de ne pas vouloir concentrer les emplois à Genève, mais, deux motions plus loin, vos collègues de l'Alliance de gauche interviennent afin d'éviter le transfert de l'impression de la «Tribune de Genève» à Lausanne. On ne peut donc pas dire: «On ne veut pas tout concentrer à Genève» et s'opposer au départ d'emplois, pour des raisons d'organisation et de structure d'entreprise, à cinquante kilomètres de chez nous. Il faut faire preuve d'un peu plus de largesse d'esprit que vos alliés politiques.
Mesdames et Messieurs les députés, les radicaux, qui se déclaraient en faveur du Musée d'ethnographie - nous nous sommes battus pour ce projet - souhaitent que la Ville de Genève trouve, avec l'aide ou sous l'arbitrage de l'Etat, un lieu pour construire ce musée. Et la motion socialiste ouvre de nouveaux horizons qui méritent d'être étudiés et discutés en commission. (Applaudissements.)
M. Christian Grobet (AdG). Je me souviens de l'époque où un éminent député de ce Grand Conseil rappelait cette évidence que le peuple a toujours raison.
Aujourd'hui, je constate que celles et ceux qui ont soutenu un projet de musée d'ethnographie, que je trouve personnellement mauvais et d'un coût exorbitant, ne veulent pas accepter le verdict du peuple. Je pense qu'il faut garder un minimum de modestie face à une décision populaire et en tirer les conclusions, à savoir qu'il faut chercher une autre solution.
Je constate que les partisans du projet sont des mauvais perdants, parce qu'ils ont été incapables de proposer la moindre solution crédible. Il est facile de s'en prendre aux adversaires et de leurs attribuer tous les maux. En réalité, les opposants ont eu raison devant le peuple. Il y a par conséquent une responsabilité partagée entre la Ville et l'Etat de Genève pour trouver une solution. On ne peut pas dire que c'est un problème strictement communal et, en même temps, revendiquer le fait que l'Etat s'investisse dans des projets culturels, que ce soit pour la musique, le théâtre ou les musées. Et ce sont les socialistes qui ont demandé que l'Etat de Genève contribue financièrement à la construction du musée. Cela constitue ma première remarque.
Deuxièmement, cette motion, comme Mme Blanchard-Queloz l'a relevé - et ne vous en déplaise, Madame Künzler - ne fait que répondre à un vote du Conseil municipal, qui n'a du reste pas opté pour placer le musée en bas de la Campagne Rigot, mais qui a simplement demandé, au moment où le plan de zone de verdure était adopté, qu'on réserve une possibilité d'y construire le Musée d'ethnographie à côté du futur collège Sismondi, dans l'hypothèse où aucune solution ne serait trouvée. Il ne s'agissait ni plus ni moins que de disposer d'un terrain de réserve.
Si Mme Künzler ou les socialistes trouvent de meilleures solutions, nous serons les premiers à nous y rallier. Nous sommes partisans de la réalisation du Musée d'ethnographie, nous savons par ailleurs que le legs Lancoux est limité dans le temps, et il faudrait que tous ceux qui désirent prétendument réaliser le Musée d'ethnographie se mettent à la tâche. Je constate que la votation a eu lieu depuis plus d'un an et que nous attendons toujours des propositions. Par voie de conséquence, il serait judicieux de songer à un terrain de réserve qui pourrait, par la suite, être abandonné.
Madame Fehlmann Rielle, vous avez qualifié notre projet d'absurde: j'ai l'impression que vous n'avez pas consulté les plans. Je rappellerai que les socialistes étaient à la tête des partisans de l'urbanisation de la place des Nations; vous étiez en faveur de l'urbanisation de la Campagne Rigot; vous avez été battus devant le peuple; l'Alliance de gauche a lancé le référendum pour préserver la place des Nations - un projet dont elle se félicite qu'il ait été accepté, même si les Verts ont voté contre - vous êtes donc mal placés pour nous donner des leçons dans le domaine.
Tout ce que nous demandons, c'est qu'une modeste surface de 2500 mètres carrés de terrain soit réservée, ce qui est bien moins que l'emprise prévue sur la place Sturm, et qui permettrait de réaliser un musée probablement à la moitié du prix de celui que vous souteniez, et avec le double de surface d'exposition! Je veux bien que vous jugiez ce projet comme étant absurde... Quant à nous, nous avons le souci de répondre aux critiques formulées, qui sont parfaitement fondées, parce que le peuple ne s'est pas trompé. Si ce projet est passé à la trappe, c'est bien parce qu'il présentait toute une série de défauts et, aujourd'hui, au lieu de jouer les mauvais perdants, il faudrait rechercher une solution constructive!
Nous accepterons, bien entendu, le renvoi de votre motion en commission. Je ne sais pas si M. Dupraz la soutient comme la corde soutient le pendu, mais, Monsieur Dupraz, vous avez beaucoup d'expérience en matière de relations transfrontalières dont nous sommes les premiers à souhaiter la concrétisation. Je crois que c'était vous, Monsieur Dupraz, qui disiez toujours: «Voyons déjà si nos partenaires, de l'autre côté de la frontière, sont d'accord d'ouvrir leur portefeuille!». On attend toujours que, de l'autre côté de la frontière, on construise ne serait-ce qu'un musée qui mériterait de l'être: le Musée Voltaire à Ferney! Je constate que ce n'est toujours pas le cas et qu'on attend que l'Etat de Genève contribue financièrement à sa réalisation, ce qui serait justifié - même si Voltaire a préféré s'enfuir de Genève pour aller à Ferney, on pourrait se montrer bon prince et soutenir ce musée. J'attends de voir si la Ville d'Annemasse est prête à sortir son portefeuille... (L'orateur est interpellé.)Au vu des préoccupations économiques du Premier ministre Raffarin, je n'ai pas le sentiment que ce sont les sous de l'Etat français qui vont financer le Musée d'ethnographie à Annemasse! Je ne demande qu'à me tromper, on peut toujours imaginer que ce soit la rétrocession fiscale de l'Etat de Genève qui finance la part française, ce qui est une hypothèse...
Mais peut-être par chauvinisme - dont je pourrais faire preuve, pour une fois, bien que ce soit vous, Monsieur Dupraz, qui en fassiez habituellement - je voudrais qu'un certain nombre de collections et de donations faites à l'Etat et à la Ville de Genève restent dans notre canton. Je semble peut-être un peu trop chauvin pour vous, mais voilà ce que je pense modestement!
Le président. La parole est... (Vives protestations.)Non, Monsieur Brunier, vous n'avez pas été mis en cause, ce sont les idées du parti socialiste qui l'ont été! La liste des intervenants est close et la parole est donnée au conseiller d'Etat Carlo Lamprecht.
M. Carlo Lamprecht, conseiller d'Etat. Bien, Monsieur le président... (Chahut.)
Le président. La parole est à vous, Monsieur Lamprecht... (Brouhaha.)Messieurs les députés, ce ne sont pas vos vociférations qui feront construire le musée! Monsieur le Conseiller d'Etat, vous avez la parole, et je vous prie de la prendre. (Brouhaha.)
M. Carlo Lamprecht. Je ne peux pas parler...
Le président. Maintenant la parole est à M. Lambrecht! (Brouhaha.)
M. Carlo Lamprecht. S'il vous plaît, un peu de silence! Pour moi, allons!
Mesdames et Messieurs les députés, je dois dire qu'en qualité de responsable des affaires extérieures ce projet m'a séduit. Je me suis dit: «voici un beau projet intercommunal, transfrontalier». Nous avions déjà songé à le réaliser à l'Etoile d'Annemasse, seulement il faut savoir que ce Musée d'ethnographie n'est pas simplement l'affaire de ce Grand Conseil mais aussi celle de la Ville de Genève, de la direction du musée. Si on veut aller plus loin, est-ce que la Ville d'Annemasse et le Conseil Général de la Haute Savoie voudront le financer? (L'orateur est interpellé.)Ne sortons pas du sujet!
Ce qui signifie que cela aurait pu être très beau projet, pour autant que tout le monde s'y engage à tous points de vue.
J'aimerais tout de suite vous rassurer, Monsieur Grobet, et vous dire qu'il existe déjà un groupe de travail - qui réunit très démocratiquement Etat, la Ville et commune de Genève - et qui a déjà travaillé sur l'ébauche d'une nouvelle solution.
Je vous suggère par conséquent de renvoyer ce projet en commission du Conseil d'Etat, puisqu'on ne sait pas encore ni comment ni où il se fera, afin qu'il l'introduise dans son groupe de travail.
Quant à la motion 1478, Monsieur Mettan, mon collègue Laurent Moutinot - qui a dû s'absenter - m'a dit que la première des invites est sans objet dès lors que la loi de déclassement de la campagne Rigot en zone de verdure est en vigueur et qu'à ce jour le lieu d'implantation du musée n'est pas encore connu. Cela peut encore attendre. Quant à la deuxième invite, celle de démolir les baraques, des dispositions ont été prises.
C'est pourquoi je vous suggère de renvoyer la motion 1490 au Conseil d'Etat et à ce groupe de travail, et de faire ce qu'il vous plaira quant à la motion 1478.
Le président. Le renvoi à la commission de l'aménagement a été demandé pour les deux motions. En conséquence, le renvoi en commission primant, je le fais d'abord voter. S'il est refusé, la motion 1490 ira au Conseil d'Etat.
Mise aux voix, la proposition de motion 1490 est renvoyée à la commission de l'aménagement par 37 oui contre 27 non et 1 abstention.
Mise aux voix, la proposition de motion 1478 est renvoyée à la commission de l'aménagement par 38 oui contre 30 non et 3 abstentions.
Présidence de M. Pascal Pétroz, vice-président