Séance du
vendredi 4 avril 2003 à
14h
55e
législature -
2e
année -
7e
session -
36e
séance
M 1395-A
Débat
Mme Sylvia Leuenberger (Ve). Ce rapport appelle quelques remarques d'ordre général. Il est évident que l'instabilité familiale, professionnelle ou sociale et le manque de repères fragilisent les jeunes. Ces derniers ont l'impression qu'en dépit des efforts fournis, la société ne leur sera pas forcément reconnaissante; ils se disent dès lors: «A quoi bon ?». Il est bien sûr possible de demander toujours davantage à l'école, notamment une meilleure adaptation et une amélioration de ses outils pédagogiques pour mieux soutenir les jeunes. L'école n'est cependant selon moi pas seule en cause: c'est toute la société qui est en cause et qui peine à trouver des solutions. Cette motion soulève néanmoins quelques vrais problèmes. Bien que le rapport du Conseil d'Etat soit complet, certains éléments restent relativement peu clairs à mes yeux. En premier lieu, il faut savoir que les mesures compensatoires mises en place par le cycle d'orientation sont souvent peu utilisées par les élèves en ayant réellement besoin. En deuxième lieu, les enfants rencontrant des difficultés d'apprentissage ne sont pas nécessairement ceux qui connaissent des difficultés de comportement. Or, les solutions proposées à ces deux types d'enfants ne sont pas suffisamment différenciées. En troisième lieu, les statistiques sur le vandalisme et la violence sont peu nombreuses. Il est dès lors difficile de savoir de quoi on parle et de tirer des conclusions. Enfin, le rapport fait référence à l'Institut de formation des maître-sse-s de l'enseignement secondaire. Malheureusement, cet institut ne propose aucune formation spécifique sur les problèmes de violence, d'échec et de difficultés d'apprentissage. Les maîtres ne le fréquentent en outre souvent pas. En conclusion, si les solutions proposées par le Conseil d'Etat sont intéressantes, elles ne sont pas toujours adaptées et, je le répète, ce n'est pas toujours à l'école qu'il faut en imputer la responsabilité. En dépit de ces quelques remarques, je propose de prendre acte de ce rapport.
M. Jacques Follonier (R). Le rapport du Conseil d'Etat dresse un tableau idyllique de la situation scolaire, laquelle n'est pas aussi rose dans la vie courante. Sans vouloir revenir sur tous les problèmes éludés par ce rapport, je souhaite relever un point important dans le cadre des investissements des collèges et des cycles d'orientation: on constate que peu de collèges et de cycles tentent d'intensifier les relations entre la famille et l'école. Or, il s'agit à mon sens d'un grave problème, car ce sont souvent les relations entre les parents et les enseignants qui permettent de retrouver un certain ordre chez les élèves. Ce manque - ou cette absence de prise de considération de ce problème, principalement par les cycles d'orientation - peut se trouver à l'origine de certains dérapages auprès des élèves. Je vous rappelle que, dans ce cas, l'intensification de la collaboration passe également par une meilleure communication au niveau de la langue. Il arrive que des problèmes surviennent en raison d'une incompréhension non seulement en termes de communication, mais également en termes de langue et de traduction. Il y aurait sans doute lieu de se pencher de manière plus sérieuse sur cette question. Le Conseil d'Etat pourrait notamment rappeler aux cycles d'orientation que ces relations sont importantes et qu'il conviendrait de les développer davantage.
Mme Janine Hagmann (L). Il faut selon moi adresser un grand remerciement au département de l'instruction publique pour nous avoir montré toutes les dispositions mises en place pour aider les élèves. Ce rapport montre bien que les élèves de notre canton sont particulièrement gâtés. Mes deux préopinants ont évidemment trouvé quelques points d'achoppement car, si l'on n'en trouvait pas, on aurait l'impression que le Conseil d'Etat n'a pas réellement fait son travail... Concernant la formation évoquée par Mme Leuenberger, je vous rappelle que le canton de Genève octroie 4 300 000 F à la formation continue des enseignants. Je me demande si nos cantons voisins consacrent la même somme à cet effet. S'il est vrai que la formation de base peut être améliorée - la licence en pédagogie étant relativement récente - Genève a toujours accordé une grande importance à la formation continue. Il est bien que notre canton consacre un tel effort pour ses enseignants. Quant au problème soulevé par M. Follonier, je tiens à souligner que les rapports entre école et parents peuvent toujours être améliorés. Mais si l'on recense l'ensemble des mesures prises dans chaque école - réunions de parents, carnets ne pouvant être distribués qu'en présence des parents à l'école primaire, semaines «portes ouvertes» organisées dans les cycles et les collèges - on peut difficilement adhérer à cette critique. J'adresse pour ma part un grand remerciement au département de l'instruction publique pour ses actions, et j'espère que le nouveau chef du DIP assurera une certaine continuité, car Mme Brunschwig Graf a, quant à elle, vraiment fait sa part !
M. Jacques Baud (UDC). On ne peut pas forcer à boire un âne qui n'a pas soif ! (Rires.)Un jeune qui ne veut rien entendre ni apprendre pose des problèmes insolubles aux responsables de nos collèges. Quoi qu'on y fasse, quoi qu'on y dise, l'expérience démontre que les dispositions prises n'ont pas servi à grand-chose. Des efforts constants ont été effectués, des moyens financiers énormes mis à disposition - je rappelle que le canton de Genève compte parmi ceux qui ont mené les plus grands efforts financiers en Suisse, voire en Europe pour ce faire - ... mais pour quels résultats ? Nous avons certes le souci d'une amélioration de la situation dans laquelle se trouvent certains élèves. Alors, soyons optimistes - mais sans grande illusion - et prenons acte de ce rapport !
M. Guy Mettan (PDC). Nous appuyons ce rapport, qui présente selon nous de bonnes conclusions. Si nous soulignons qu'il s'agit d'un bon rapport, encore faut-il que toutes les options présentées soient réellement mises en application. Je profite de l'occasion pour inciter le nouveau président du département de l'instruction publique non seulement à lire le rapport publié, mais aussi à mettre immédiatement en application les propositions qu'il contient.
Il y a quelques semaines, notre parlement a abordé le malaise des enseignants. Or, j'ai récemment rencontré un ami de M. Mouhanna, un grand syndicaliste qui participait aux manifestations des enseignants il y a une dizaine d'années. Cet homme m'a fait remarquer que, concernant le thème du malaise des enseignants que nous avons traité il y a quelques semaines, nous nous trouvions à 80% en dessous de la réalité. Il s'agit là d'un problème: si la motion 1395 propose d'apporter un soutien accru aux élèves en grandes difficultés, il convient aussi d'agir en faveur des enseignants, dont une grande partie se sent mobbée par sa hiérarchie. Les enseignants doivent également être respectés. Peut-être pourrons-nous, par le biais de leur engagement, apporter une solution concrète permettant de faciliter le soutien des élèves.
M. Thierry Apothéloz (S). Sans ajouter de nouveaux éléments à ceux évoqués par mes prédécesseurs, je souhaite formuler quelques remarques. En premier lieu, je rappelle à Mme Hagmann, fervente fan de Mme Brunschwig Graf, que le chef du département de l'instruction publique a changé. Sa défense coûte que coûte de l'école me semble dès lors intéressante à relever. En deuxième lieu, je dois souligner l'aspect quelque peu idyllique du rapport du Conseil d'Etat. La situation que les élèves en difficulté traversent ne doit pas être prise à la légère. Si certaines remarques contenues dans ce rapport peuvent être qualifiées de bonnes, nous devons rester extrêmement attentifs à certains points, dont la tendance des effectifs de classes à augmenter toujours davantage. Il existe des élèves en difficulté dans toutes les classes, y compris en regroupement A et en regroupement B - et pas uniquement dans les classes ateliers ou les classes relais. Un autre sujet sur lequel je souhaite attirer votre attention est la surcharge des cycles d'orientation en termes de nombre d'élèves. Plus on densifie le nombre d'élèves, plus ceux-ci sont difficiles à gérer. Comme l'a souligné Mme Leuenberger lors de son intervention, cette situation n'est pas uniquement due à l'école, mais également à son environnement.
Le groupe socialiste prendra acte de ce rapport tout en vous promettant de rester extrêmement attentifs à cette situation. Nous n'hésiterons pas à aborder une nouvelle fois les propositions évoquées dans ce rapport si elles ne sont pas rapidement mises en oeuvre.
M. Robert Cramer, conseiller d'Etat. Je tiens en premier lieu à remercier les intervenants, et en particulier Mme Hagmann pour les quelques explications complémentaires qu'elle a apportées à ce Grand Conseil grâce à son expérience parlementaire et professionnelle. Il me semble nécessaire d'attirer l'attention des intervenants les plus critiques sur le fait que ce rapport répondait aux invites d'une motion. Ces dernières demandaient au Conseil d'Etat de dresser un état des lieux, ce que nous nous sommes efforcés de faire de manière exhaustive. Si cet état des lieux peut apparaître aux uns et aux autres comme révélateur d'une situation non satisfaisante, je rappelle que le Grand Conseil nous a simplement demandé, par le biais de cette motion, de lui fournir un certain nombre d'indications. Je dois dire que, lorsque le Conseil d'Etat a été saisi par le département rapporteur du projet de réponse à cette motion, nous avons eu la faiblesse d'être unanimes à juger ce rapport intéressant, car nous apprenant un certain nombre d'éléments que nous ignorions - mais il semblerait que nous soyons moins instruits que bon nombre de députés de ce Grand Conseil... Pour le surplus, je dirai à M. Follonier, qui connaît apparemment un certain nombre de cas où la communication fonctionne mal entre enseignants du cycle d'orientation et parents d'élèves, qu'il serait souhaitable de les mentionner à mon collègue Charles Beer. Cette communication fait effectivement, en principe, partie du cahier des charges des enseignants. Si M. Follonier a connaissance de quelque dysfonctionnement, il serait à tous égards souhaitable qu'il s'en ouvre au chef du DIP afin que celui-ci puisse prendre les mesures utiles.
Mme Sylvia Leuenberger (Ve). Je serai brève, mais je souhaite simplement clarifier un point: la motion soulève de vrais problèmes. Si le Conseil d'Etat a répondu de façon relativement complète, les solutions qu'il propose ne sont pas toujours adaptées aux problèmes évoqués.
Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.
Le président. Avant de passer au point suivant, wir grüssen auf die Tribune die Schüler von Hof in Bayern. (Applaudissements.)