Séance du
jeudi 20 mars 2003 à
20h30
55e
législature -
2e
année -
6e
session -
27e
séance
IU 1380
M. Pierre Vanek (AdG). Mon interpellation urgente s'adresse à M. Charles Beer, notre nouveau conseiller d'Etat en charge du département de l'instruction publique. Je vais taper sur le clou déjà en partie enfoncé par Mme Roth-Bernasconi au sujet de la circulaire de Mme Extermann, la directrice de l'enseignement postobligatoire - je voulais citer cette circulaire, mais je ne sais plus où je l'ai mise... Le premier paragraphe est excellent, qui reconnaît les conditions remarquables dans lesquelles se sont passées les manifestations des jeunes contre la guerre, et je pense que ce texte aurait dû s'arrêter là. Mais ensuite, un grand encadré central indique le caractère interdit des manifestations pendant les heures de travail - oui, il s'agit bien de travail ! - disant qu'elles doivent se passer en dehors des heures de cours. En l'occurrence, ce matin, environ dix mille élèves des établissements d'enseignement genevois ont manifesté - ils l'avaient annoncé le 31 janvier, c'était prévu et c'était à cela que faisait référence le paragraphe de Mme Extermann - pour protester contre la guerre illégale au regard du droit international - je n'en dirai pas plus - déclenchée par le président des Etats-Unis cette nuit. Ces élèves ont eu raison de manifester, et je pense que ce document officiel, émanant de l'Etat de Genève, disant explicitement qu'ils n'ont pas eu raison de le faire, doit simplement être retiré.
Je vous pose donc la question suivante, Monsieur Charles Beer: êtes-vous prêt à faire annuler cette circulaire ? C'est, à mon avis, indispensable si on veut être cohérent et crédible dans notre soutien à la paix et au respect du droit international. Ces élèves ont, certes, pris un peu de retard sur un cours ou sur un autre, mais, en manifestant, ils ont démontré un niveau de civisme et d'ouverture au monde, d'engagement en faveur d'un certain nombre de valeurs fondamentales, extrêmement réjouissants. Au contraire, il aurait été grave que la jeunesse ne réagisse pas et ne participe pas à ce mouvement, alors que, partout dans le monde, des manifestations importantes ont eu lieu - et ont encore lieu maintenant - puisque, d'après ce qu'on m'a dit, trois cents personnes campent dans une propriété qui jouxtant la Mission américaine. Du reste, si des personnes qui nous regardent veulent aller protester contre cette guerre, elles le peuvent.
Je demande donc au Conseil d'Etat, et à Charles Beer en particulier, de faire le geste symbolique de retirer cette circulaire. Il est légitime d'arrêter le travail pour dire que les choses ne peuvent pas continuer comme d'habitude dans de telles situations. Cette légitimité a été reconnue jusque par la Confédération européenne des syndicats et l'Union syndicale suisse - Monsieur le conseiller d'Etat, qui avez des racines syndicales - la Communauté genevoise d'action syndicale qui a appelé à un arrêt du travail vendredi dernier...
Le président. Votre temps de parole est écoulé depuis trente secondes !
M. Pierre Vanek. Je termine, Monsieur le président ! J'insiste en ce qui concerne ma question, dont la réponse peut être donnée tout de suite et non demain ou aux calendes grecques: cette circulaire ne devrait-elle pas être retirée ? C'est une question simple !