Séance du
jeudi 27 février 2003 à
17h
55e
législature -
2e
année -
5e
session -
21e
séance
IU 1359
Mme Jacqueline Pla (S). Mesdames et Messieurs les députés, mon interpellation s'adresse à Mme Brunschwig Graf, en charge du département de l'instruction publique. Je suis choquée. Nous sommes tous choqués par ce qui vient de se passer fin janvier dans un théâtre pour enfants, le théâtre Töpffer. Nous avons lu dans la presse - j'imagine vous aussi, Madame la présidente - les faits indignes qui se sont produits dans cet endroit, petit théâtre qui se veut par définition ludique, distrayant, pour tout public - je dis bien tout public. Pour mémoire, je vous rappelle les faits: quatre jeunes handicapés se sont vu refuser l'entrée de ce théâtre, sous prétexte que ces personnes prenaient trop de place, faisaient trop de bruit et riaient trop fort. Entre autres, l'exiguïté des lieux, la vétusté des bancs de bois et, surtout, le désir de préserver une certaine qualité du théâtre Töpffer, tels sont les prétextes que la directrice Mme Gabioud en personne a évoqués. Si ce n'est pas de la discrimination, je me demande quel autre nom lui donner. J'en viens même à m'interroger sur la capacité de cette directrice à recevoir dans son théâtre des gens dits de couleur et d'accents différents. On en est à penser ainsi, devant ce type de position catégorique, position que l'on retrouve hélas encore trop souvent... Et dire que 2003 est l'année des handicapés ! Mais je sais ce que vous allez me dire, Madame: ce petit théâtre n'est pas subventionné. Je le sais, et j'ajouterai même: heureusement ! J'en viens à présent à ma question. Pouvez-vous nous garantir, Madame la présidente, que cela ne se produira jamais, dans aucune des institutions pour enfants dont vous avez la charge, que vous ne laisserez jamais ce genre de discrimination s'installer ? Vous permettriez ainsi aux enfants, déjà tout petits, d'apprendre ce que signifient les mots démocratie et tolérance, et ceci avant même de passer par le système scolaire. J'ai donc besoin de votre garantie, Madame, nous avons besoin de cette garantie.
Mme Martine Brunschwig Graf, conseillère d'Etat. D'une certaine manière, je me demandais si je devais vous donner la garantie que vous réclamez, parce que celle-ci vous est donnée par la loi, Madame. Nous avons une loi sur l'instruction publique, qui prévoit de façon extrêmement claire tous les devoirs liés à l'intégration. Il est hors de question qu'une magistrate ou que des collaboratrices ou collaborateurs de l'Etat de Genève n'aient pas à coeur, directement ou indirectement, de veiller à l'application de cette loi. Je dirai que, d'une certaine façon, je pourrais - si je ne vous connaissais pas - me sentir vexée d'avoir à donner cette garantie. Mais j'ai à coeur de vous dire très clairement que s'il devait se passer des faits semblables dans une institution subventionnée, ce serait de nature à lui retirer toute subvention. Je tiens à vous dire aussi que si ledit théâtre s'aventurait à nous demander quelque soutien que ce soit, tant que cette directrice sera en place, il est hors de question que cela se fasse. Et si nous avions connaissance d'autres faits semblables dans d'autres théâtres, nous interviendrions de façon extrêmement sévère. Je tiens comme vous au respect de toutes les personnes, qu'elles soient handicapées ou non, et je trouve insupportable de penser qu'il puisse en être autrement. (Applaudissements.)
Cette interpellation urgente est close.