Séance du jeudi 28 novembre 2002 à 17h
55e législature - 2e année - 2e session - 6e séance

IU 1330
Interpellation urgente de M. Georges Letellier : Trafic de drogue à Genève en main des étrangers

M. Georges Letellier (UDC). Mon interpellation urgente s'adresse à la conseillère d'Etat, Mme Spoerri, et elle porte sur le trafic de drogue.

Si Genève est aujourd'hui une des capitales européennes du trafic de drogue, elle est en passe d'en devenir la capitale. Fait symptomatique des problèmes réels maintenant.

Chaque fois que nous atteignons la cote d'alerte, nous avons droit à une page d'«intox» dans la «Tribune de Genève». A chaque fois, le DJPS tente de justifier sa politique, ce qui prouve, à quelque part, son impuissance.

Le fond du problème demeure. Le trafic s'étend sur tout le canton et le commerce très lucratif de la drogue attire de plus en plus de spécialistes, sous l'étiquette «requérants d'asile.» (Brouhaha.)

Dans la «Tribune de Genève» du 27 novembre, vous avez sans doute pu lire les déclarations d'un dealer à propos du milieu, je cite: «...c'est un monde dangereux et sans pitié fait de délations, d'intimidations, de coups bas et de violence.» Et il ajoute: «si tu ne tiens pas ta parole, t'es mort.» Ces déclarations sont édifiantes. C'est la mafia avec sa loi qui règne en maître dans notre canton, et ce n'est pas la fumée de la «Tribune de Genève» qui nous prouvera le contraire.

La police fait ce qu'elle peut, mais, vu l'ampleur du trafic et l'argent en jeu qui permet de tout corrompre, elle est condamnée à jouer «aux gendarmes et aux voleurs» et de justifier son action par la presse; surtout lorsqu'elle perçoit que l'opinion publique ne la suit plus. 50% de la population l'a démontré.

Mes questions sont les suivantes:

Pourquoi laisse-t-on ce business prospérer ? Vu l'énorme masse d'argent qui gravite autour du trafic de drogue, quels sont les intérêts sous-jacents qui vous empêchent d'intervenir ?

Pourquoi ce laisser-aller ?

Ce qui est sûr, c'est que ce milieu de l'ombre importune, voire empoisonne la vie quotidienne du citoyen. Il faudra bientôt lui rendre des comptes. Le moment est proche.

Nous savons que le trafic de coke est contrôlé par les Africains de l'Ouest. Ils arrivent à Genève avec une facilité déconcertante munis de visas et passeports en règle. C'est une autre mafia, parallèle, qui les leur procure...

A qui profite le crime ?

Toujours dans la «Tribune de Genève» du 27 novembre, notre procureur général monte au front pour souligner l'effort des magistrats et de la police judiciaire. Remonter les filières et identifier les lots pour connaître la provenance de la drogue, c'est un travail de Titan.

Et qui paie ? Le citoyen bien sûr.

Est-ce pour des raisons de coût que les dealers sont tolérés dans nos rues ?

La répression coûte-t-elle trop chère ?

En vérité, nous sommes actuellement impuissants devant ce problème qui, faute de moyens humains et matériels et de volonté politique, ne fait que s'amplifier.

Nous demandons l'expulsion immédiate des trafiquants, dealers, requérants, liés au trafic de drogue. Pour ce faire, le Conseil d'Etat va-t-il enfin demander à Berne la révision des engagements internationaux de la Suisse s'agissant de l'expulsion des requérants qui vivent du trafic de la drogue.

En conclusion, le peuple est en train de subventionner des requérants pour se faire empoisonner. Ça c'est un comble...

Le président. Vos trois minutes sont écoulées !

M. Georges Letellier. Les organisations humanitaires... «droitsdel'hommistes»... (Huées.) ...qui gravitent autour de ces clandestins pour les protéger chaque fois que la police fait son boulot, sont-elles conscientes qu'elles cautionnent indirectement l'intoxication de nos forces vives ?

Mme Micheline Spoerri, conseillère d'Etat. Monsieur le député, je suis un peu consternée, voyez-vous, car vous avez à peu près tout dit et son contraire dans votre interpellation !

Je vous rappelle ce que j'ai dit à plusieurs reprises, que ce problème de trafic de drogue ne peut pas se résoudre rapidement. Les mesures qui ont été mises en oeuvre doivent l'être à long terme et la stratégie initiée devra être progressivement complétée.

Vous semblez dire que la police est impuissante. Je ne suis pas d'accord avec vous. D'ailleurs, les premiers résultats obtenus sont tout à fait encourageants. Les policiers oeuvrent dans des conditions difficiles et bon nombre d'entre eux, voyez-vous, sont blessés et gravement blessés dans le cadre de leur travail.

Pour le reste, vous dites qu'il s'agit de la mafia. On n'a jamais renoncé pour autant au travail de fond. Vous citez également le Parquet. Ce travail continue à être mené par les différentes instances concernées, et moi je n'ai rien d'autre à vous dire, si ce n'est que je vous donne rendez-vous dans quelques mois.

J'espère que les effets de cette politique seront positifs, mais il faut dépassionner ce débat et obtenir des résultats, non pas pour résoudre le problème de la drogue dont, malheureusement, je n'ai pas le secret, mais pour faire en sorte que les conditions de vie dans un certain nombre de quartiers particulièrement touchés redeviennent normales, notamment, vis-à-vis des habitants et, plus spécifiquement, vis-à-vis des enfants. (Applaudissements.)

Cette interpellation urgente est close.