Séance du
jeudi 14 novembre 2002 à
17h
55e
législature -
2e
année -
1re
session -
1re
séance
E 1173
Mme Stéphanie Ruegsegger (PDC). Tout d'abord, Monsieur le président, je vous félicite pour votre brillante élection.
C'est en 1994 que le parti démocrate-chrétien a accédé pour la dernière fois à la première vice-présidence du Grand Conseil. Cela fait donc huit ans que le PDC attend son tour, et son tour est venu aujourd'hui.
Si le PDC a attendu huit longues années, il est une qualité qui, elle, n'a pas attendu avant d'éclore chez le candidat que nous présentons à vos suffrages ce soir: c'est la valeur.
Pour reprendre Corneille, Pascal Pétroz - puisque c'est de lui qu'il s'agit - est jeune, c'est vrai, mais «aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années».
Et Pascal est sans doute une âme bien née. Il faut dire qu'il vint au monde il y a bientôt trente-deux ans, le même jour que Mozart: c'est un signe. Et tout comme l'illustre compositeur, Pascal est en effet un talent précoce.
Après de brillantes études en droit et après avoir passé avec succès son brevet d'avocat, il a rejoint, à 27 ans, les rangs des associés de l'étude qui l'a formé, à savoir l'étude Carera et Sayegh... Eh oui, ce dernier nom doit certainement vous dire quelque chose, puisque sa désormais associée Christine Sayegh accédait il y a sept ans à la présidence de ce même Grand Conseil. Je crois, du reste, qu'elle se trouve à la tribune. C'est un autre signe.
En dehors de la politique où, au cours de sa jeune carrière, il a su démontrer son intelligence, son esprit analytique et son sens de l'intérêt commun, Pascal est également un sportif et, plus précisément, un footballeur. Actif au sein du FC Barreau, qui est, je le précise, l'équipe des avocats de Genève et non l'équipe de notre collègue Florian, il a été l'avant-centre efficace de l'équipe de l'Entente, puisqu'il a réussi à marquer deux des sept buts que l'Entente a infligés à l'Alternative... (Exclamations.)Mais je suis certaine que l'Alternative ne lui en tiendra pas rigueur ce soir !
Pour ces prochains mois, il se propose de troquer son habit de buteur contre celui d'arbitre, et, comme Pascal est également compositeur à ses heures, je suis sûre que ses talents de musicien lui permettront de jouer les chefs d'orchestre et d'accorder les violons des cent solistes que nous sommes.
Je le recommande à vos suffrages chaleureux et je vous remercie. (Applaudissements.)
M. Pierre Vanek (AdG). J'ai le plaisir et l'honneur, au nom du groupe de l'Alliance de gauche de proposer pour cette première vice-présidence du Grand Conseil la candidature de notre collègue, Mme Jeannine de Haller qui siège d'ores et déjà depuis un an au Bureau de ce Grand Conseil.
Tout à l'heure dans son discours, l'ex-président, Bernard Annen, a dit: «Tout ce qui est excessif est insignifiant». Je tenterai donc pour une fois d'être sobre, mais je tiens néanmoins à rappeler ici que Mme Jeannine de Haller a des qualités personnelles, humaines, politiques, y compris iréniques - ce qui n'est pas forcément le cas de tous les députés de l'Alliance de gauche - qui sont très largement reconnues.
J'aimerais rappeler aussi que Mme de Haller siège dans ce Grand Conseil depuis 1997 et que des dizaines de députés ont pu la voir à l'oeuvre dans les fonctions de présidente d'un certain nombre de nos commissions, respectivement la commission de l'enseignement et de l'éducation, la commission de l'enseignement supérieur, la commission des visiteurs officiels. Elle a donc une expérience des débats de ce Grand Conseil, par sa présence au Bureau, mais cette de la présidence de ces mini-parlements que sont nos commissions du Grand Conseil.
J'aimerais dire aussi que le fait de porter Mme de Haller à cette première vice-présidence, qui entraîne, selon les us et coutumes de notre assemblée, une accession prévue à la présidence, ouvre la porte à quelque chose de très important.
M. Bernard Lescaze, notre nouveau président, a tout à l'heure rappelé - et je n'en attendais pas moins de lui - la révolution démocratique de 1846 à Genève dont les radicaux ont été les moteurs et qui a assuré la transition vers un régime plus démocratique.
Mais, c'est vrai, cette révolution était incomplète, puisqu'une autre révolution a dû se faire depuis - encore n'est-elle pas entièrement accomplie - je veux parler de l'accession des femmes à l'intégralité des droits politiques. Le droit de vote et d'éligibilité des femmes est survenu en 1971 seulement dans ce pays - infiniment tard - et encore - nous avons déjà eu l'occasion d'en parler - la représentation des femmes dans ce Grand Conseil est-elle largement insuffisante, puisqu'elles ne sont pas moitié de notre assemblée. Pourtant, nous pouvons faire un effort pour qu'elles soient représentées de manière correcte dans un certain nombre d'instances, dont le Bureau de ce Grand Conseil. Et il serait fâcheux de voir une législature s'écouler sans qu'une présidente ne puisse diriger les travaux de cette assemblée. C'est un motif supplémentaire au nom duquel je vous invite à accorder vos suffrages à Mme de Haller.
Et puis, je parlerai aussi de l'histoire de la répartition des présidences au sein de ce Grand Conseil. Je crois savoir - M. l'historien qui préside désormais cette assemblée pourra peut-être nous le confirmer - que jusqu'au début des années 60 - je n'ai pas la date exacte - c'étaient les partis de l'Entente qui - je cherche un mot sobre, conformément à ce que j'ai promis - monopolisaient ou, tout du moins, avaient l'exclusivité de la fonction présidentielle dans cette assemblée. Ensuite, un arrangement a été trouvé: à savoir que le parti socialiste, comme parti plus important de la gauche dans ce Grand Conseil pouvait avoir une présidence sur quatre, soit une par législature. Par contre, à gauche du parti socialiste, le parti du Travail, d'abord, et l'Alliance de gauche, ensuite, ont été soigneusement exclus de toute accession à la présidence, durant la législature dite «monocolore». Je me rappelle, en particulier, la non-élection à celle-ci de Mme Liliane Johner du parti du Travail qui aurait logiquement dû accéder à cette fonction, et à laquelle je rends hommage au passage.
Les choses se sont transformées au cours de la dernière législature qui a vu une majorité de gauche dans ce parlement. En effet, nous avons voulu instituer un système de répartition proportionnelle, des présidences dans les commissions et des présidences de ce Grand Conseil lui-même. C'est à ce titre que deux représentant-e-s des partis de l'Alternative ont pu siéger à la présidence, ainsi que deux représentants des partis de l'Entente qui étaient minoritaires, je veux parler de René Koechlin et de Daniel Ducommun qui nous a quittés.
Mesdames et Messieurs, c'est au nom de cette volonté - volonté que nous avons largement inspirée dans d'autres domaines aussi de ne pas voir monopolisées un certain nombre de fonctions par l'une des fractions politiques de ce Grand Conseil - que nous vous proposons aujourd'hui de ne pas reconduire, dans la perspective d'une troisième présidence de ce Grand Conseil, un représentant de l'Entente, et de voter pour quelqu'un qui fait partie des rangs de l'Alternative.
J'appelle les députés et les députées de ce Grand Conseil à ne pas faire un vote étriqué, basé sur les étiquettes politique, mais à confirmer ce principe de répartition et de tournus au sein du Bureau et à la présidence, en votant pour Mme de Haller. Elle me semble pouvoir garantir la qualité des travaux de ce Grand Conseil que chacun d'entre nous souhaite. (Applaudissements.)
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous avons donc deux candidatures pour cette élection: M. Pascal Pétroz et Mme Jeannine de Haller. Nous allons procéder au vote, et je prie les huissiers de bien vouloir distribuer les bulletins de vote. A l'issue de la récolte des bulletins, je demanderai aux scrutateurs de bien vouloir se réunir à la salle Nicolas-Bogueret pour le dépouillement.
Résultats de l'élection à la première vice-présidence du Grand Conseil:
Bulletins distribués : 91
Bulletins retrouvés : 90
Bulletins blancs : 3
Bulletin nul : 0
Bulletins valables : 87
Majorité absolue : 44
M. Pascal Pétrozest élu par 54 suffrages. (Applaudissements.)
Mme Jeannine de Hallerobtient 33 suffrages.
Le président. Monsieur Pétroz, je vous invite à venir prendre place au Bureau.