Séance du
vendredi 25 octobre 2002 à
14h
55e
législature -
1re
année -
12e
session -
64e
séance
P 1230-B
Débat
Mme Ariane Wisard (Ve). Cette pétition initiée par les parents, les éducateurs et l'Association de la Madeleine des Enfants, a été renvoyée au Conseil d'Etat le 2 décembre 1999, soit il y a trois ans.
La Madeleine des Enfants est une institution de la petite enfance, regroupant trois modes de garde: halte-garderie, crèche, jardin d'enfants. Par ailleurs, elle propose aussi des ateliers d'éveil et des expositions pour les petits. Les 124 signataires demandaient plus de sécurité pour les piétons en général, mais visaient surtout les familles se rendant à l'institution, ainsi que les nombreux enfants qui se déplacent avec leurs éducateurs/éducatrices, depuis tout le canton, pour visiter les expositions.
Le Conseil d'Etat répond à cette pétition en nous affirmant que la rue de la Madeleine bénéficie depuis le 24 juin 1998 du statut de rue résidentielle, bientôt renommée zone de rencontre pour être en adéquation avec la législation fédérale. Le gouvernement ajoute que des seuils provisoires ont dû être aménagés en 1999 par la Ville de Genève pour sécuriser les traversées piétonnes, dans l'attente de la réalisation d'un réaménagement global du secteur.
Pourtant, sur le terrain, rien n'a changé. J'ai été présidente du jardin d'enfants de la Madeleine jusqu'en 1994 et habitante du quartier, et je ne peux que déplorer une réelle et constante dégradation de la situation. Les voitures, attirées par une hypothétique place de parking, envahissent le secteur, et cela malgré d'excellentes dessertes du lieu par les transports publics. Je rappelle aussi qu'un nombre suffisant de places de stationnement est proposé aux alentours, dans les parkings sous-lacustre et Saint-Antoine entre autres. Est-il utile de relever ici que le centre de Genève offre le nombre de places de stationnement le plus élevé en Suisse? A la place de la Madeleine, zone dite piétonne, les voitures stationnent toute la matinée, voire toute la journée, en parfaite impunité. Des chaînes devraient pourtant empêcher cet état de fait, mais elles sont rarement fermées. Je profite de l'occasion pour interpeller le magistrat responsable de la Ville de Genève, M. Hediger qui, je crois, n'est pas là, pour qu'il prenne enfin des mesures adéquates, pour que ces chaînes soient enfin fermées, comme il se doit. Quant aux seuils de ralentissement, ils font régulièrement office de place de stationnement.
Les Verts ont toujours affirmé que le maintien de places de parc dans ces rues aurait l'effet néfaste bien connu d'aspirateur à voitures et les faits nous donnent aujourd'hui raison. Maintenant, il est urgent de réaménager ce secteur. Nous profitons de saluer ici les efforts de concertation menés par la Ville de Genève en la personne de M. Ferrazino, en collaboration avec l'Etat et plus particulièrement M. Cramer et l'office des transports et de la circulation, et nous attendons avec impatience la réalisation prochaine de ces aménagements.
En résumé, depuis le dépôt de cette pétition en 1999, aucune mesure concrète n'a été prise pour sécuriser les piétons et, entre autres, les enfants et leurs familles fréquentant la Madeleine des Enfants. Les mesures présentées dans ce rapport sont antérieures à la pétition. En conséquence, nous aimerions pouvoir apporter une réponse aux pétitionnaires, habitants et usagers du quartier, qui ne peuvent plus supporter la situation actuelle. Nous demandons à M. Cramer de fermer la traversée des Rues-Basses, à la hauteur de la place Longemalle, à la circulation motorisée. En effet, ce passage n'a plus de raison d'exister car le bus No 8 ne passe plus par cet axe. Seules les autos et les motos utilisent cet itinéraire et coupent la zone piétonne des Rues-Basses, passant au travers des trottoirs et de la voie réservée aux transports publics, pour se retrouver, en bas de la rue de la Fontaine, dans l'obligation de tourner à droite sur la rue de la Madeleine. Cela surcharge inutilement cette rue fortement fréquentée. De plus, une bonne majorité des véhicules, une fois arrivés en bas de la rue de la Fontaine, tournent à gauche, ce qui est rigoureusement interdit, pour transiter par la rue du Vieux-Collège vers la rue Ferdinand-Hodler.
C'est pourquoi, forts de ces éléments constatés quotidiennement sur le terrain, le groupe des Verts vous invite, Mesdames et Messieurs les députés, à renvoyer ce rapport au Conseil d'Etat, en le priant de bien vouloir étudier rapidement la faisabilité des modestes modifications de circulation que je viens d'évoquer.
Le président. Je signale que nous en sommes déjà au deuxième rapport sur cette pétition, mais le parlement décidera s'il en veut un troisième...
Mme Loly Bolay (S). Je ne peux que soutenir ce qui vient d'être dit, tant le fond que les conclusions. Effectivement, le Conseil d'Etat ne répond absolument pas à la pétition. Cela dit, j'aimerais rappeler qu'à chaque fois nous, socialistes, avons dit que nous étions inquiets de la gabegie qui règne en Vieille-Ville et dans les rues adjacentes. La Vieille-Ville est devenue un véritable dépotoir à voitures et tant que de grandes administrations comme le service des passeports, par exemple, attireront les gens en Vieille-Ville, il y aura toujours un grand nombre de voitures. Pour ma part, je me pose la question: pourquoi le service des passeports doit-il être en Vieille-Ville? Pourquoi ne serait-il pas situé ailleurs, où cela entraînerait beaucoup moins de nuisances? Je ne veux pas en dire plus, car ma collègue du parti des Verts a dit l'essentiel, mais nous soutenons donc le renvoi de ce rapport au Conseil d'Etat.
Mme Martine Brunschwig Graf, conseillère d'Etat. D'entente avec mon collègue Cramer, je suis amenée à dire que nous n'allons pas mener un combat au sujet du renvoi ou non de ce rapport au Conseil d'Etat. Vous me permettrez simplement, Mesdames et Messieurs les députés, de noter que les deux intervenantes qui demandent ce renvoi, évoquent des problématiques qui, pour une partie d'entre elles, sont prises en compte dans le rapport et la pétition, mais qui, pour la plus grande partie, ne le sont pas. Et j'étais en train de me demander si le renvoi au Conseil d'Etat était véritablement la bonne façon de donner suite à vos souhaits, qui en réalité ne sont pas mentionnés dans la pétition ni dans le rapport. Il me semble préférable que vous passiez par la voie de la motion pour exprimer vos souhaits. Vous constatez qu'il y a des travaux qui sont en cours. Mme la députée Wisard a rappelé tout à l'heure qu'une concertation était en place. Le renvoi de ce rapport n'amènera donc rien de plus et demander par une autre voie ce que vous souhaitez me semble plus efficace. Pour le reste, c'est de toute façon ce parlement qui va en décider.
Je rappelle enfin un dernier point. Vous évoquez ici des problématiques qui concernent aussi la Ville et la politique de la Ville, vous l'avez dit tout à l'heure. Je crois qu'il serait souhaitable que le Conseil municipal de la Ville agisse aussi dans le sens que vous évoquez et que les magistrats concernés prennent leurs responsabilités. Faute de quoi nous allons transformer ce Grand Conseil en Conseil municipal, ce qui n'est bien sûr pas l'objectif.
Mis aux voix, le renvoi du rapport au Conseil d'Etat est rejeté.
Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.