Séance du vendredi 26 avril 2002 à 14h
55e législature - 1re année - 7e session - 32e séance

M 1343-A
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de Mmes et MM. Charles Beer, Christian Brunier, Véronique Pürro, Christine Sayegh concernant les mesures à prendre face à la pénurie de spécialistes dans le domaine de l'informatique et des nouvelles technologies
Proposition de motion: Mémorial 2000, p. 6851.

Débat

M. Christian Brunier (S). Tout d'abord, il convient de féliciter le Conseil d'Etat. En effet, depuis le dépôt de cette motion, beaucoup d'efforts ont été entrepris pour favoriser l'accès à l'apprentissage, à la formation dans les nouvelles technologies. L'offre a été fortement développée, notamment à travers les HES, mais aussi à travers les grandes écoles. Le renforcement de l'information sur les formations technologiques est visible partout, je crois. Il y a une forte progression - nous nous en réjouissons, c'était une demande de la motion - de l'accession des femmes à ces professions. Il y a dix ans, ces professions étaient presque exclusivement masculines: aujourd'hui, on trouve de plus en plus de femmes dans les formations liées aux nouvelles technologies. Et puis, il y a des prémices d'une dynamique régionale: on constate, dans la région lémanique, une meilleure collaboration au niveau des grandes écoles, des centres de formation, des étudiants et des professeurs.

Cela dit, nous pensons qu'on peut faire encore beaucoup mieux. J'aimerais citer quelques pistes s'agissant des améliorations possibles et des efforts à entreprendre. Premièrement, au niveau du développement de l'offre, je dirais qu'on attend toujours de constater les besoins des entreprises pour réagir au niveau de la formation, alors que la formation devrait normalement anticiper ces besoins. Aujourd'hui, si on veut anticiper dans les nouvelles technologies, on devrait former des jeunes aux technologies du son, de l'image, de la télévision interactive, de la communication via satellite. Or, on forme plutôt des jeunes par rapport aux besoins des entreprises au temps X, maintenant. Mais le problème est que ces étudiants sortiront sur le marché du travail dans deux, trois ou quatre ans, au moment où, vraisemblablement, la demande sera bien différente. Il faut donc vraiment anticiper et le seul moyen, c'est de consulter les experts que nous avons dans cette République en matière d'anticipation, de prospective technologique. Il y en a à l'université de Genève, dans les grandes écoles, mais nous ne faisons pas assez appel à eux pour définir les programmes de formation. Evidemment, il est moins risqué de répondre à la demande plutôt que de l'anticiper, néanmoins, si nous voulons vraiment devenir un vrai pôle technologique, nous devons travailler ainsi.

Deuxièmement, nous devons aussi développer les formations technologiques dans tous les métiers. Il y a là un effort à entreprendre. Autant les supports pédagogiques pour les formations dites technologiques sont bons, autant les technologies ne traversent pas tous les métiers. Pourtant, que vous soyez peintre, secrétaire, maçon, dans la pratique les technologies apportent de plus en plus à votre métier, directement ou indirectement, et demain tout le monde travaillera avec ces technologies. Il faut donc avoir, je dirais des connaissances générales en matière technologique. Nous, députés, n'échappons pas à la règle: on l'a vu entre autres lorsque nous avons eu accès à l'e-mail, au PC. Toutes les professions connaissent aujourd'hui ce développement-là.

Pour parler de formations transversales, je pense que chaque élève devrait aujourd'hui avoir des connaissances en technologie Web, en gestion de projet. Ces technologies vont se retrouver un peu partout dans les années à venir, c'est même déjà le cas dans la plupart des métiers.

Autre chose: on a beaucoup parlé dans cette motion de l'Observatoire technologique de l'Etat. Cet observatoire fait un bon travail, mais il n'est pas reconnu aujourd'hui. Il a une structure un peu bizarre, il n'a pas de vrai statut, et le Conseil d'Etat devrait faire un effort envers cet observatoire, en lui donnant un vrai statut, en lui donnant des moyens et, pourquoi pas, en l'inscrivant dans une loi, comme cela a été le cas pour le SITG. A mon sens, ce n'est pas rigidifier le système, c'est simplement reconnaître, à un moment donné, le savoir-faire des membres de cet organisme.

Enfin, la motion demandait qu'on mette en place un centre pour le développement de la société de l'information au niveau régional. Cette demande n'est pas tombée du ciel: elle émane entre autres de l'université, des professeurs les plus axés sur les nouvelles technologies et sur l'anticipation des besoins. Ces derniers pensent qu'on pourrait créer une sorte de technopole régionale lémanique, avec les grandes écoles, l'université, l'EPFL, les HES, avec les entreprises actives dans les nouvelles technologies qui sont présentes à Genève, avec les organisations internationales, avec les entreprises publiques, qui font un travail prodigieux en matière de nouvelles technologies. Un tel centre pour le développement des technologies de l'information procurerait un avantage concurrentiel à la région lémanique. On en est encore loin, la collaboration commence... Pour ma part, je pense qu'on devrait vraiment développer ce projet, pour que demain Genève et la région lémanique deviennent une vraie technopole au niveau mondial.

Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.