Séance du
vendredi 22 mars 2002 à
14h
55e
législature -
1re
année -
6e
session -
27e
séance
M 1354-A
Débat
Mme Ariane Wisard (Ve). Le groupe des Verts vous propose de renvoyer ce rapport au Conseil d'Etat. L'école doit former les futurs citoyens et les préparer à participer à la vie civique et politique. Face à une société qui se complexifie toujours plus, nos enfants devront trouver demain des solutions à des situations de crise encore jamais connues. Pour les préparer à aborder leur vie de citoyens, les motionnaires demandaient de rendre obligatoire l'éducation citoyenne et de l'enseigner durant les trois années du cycle d'orientation à raison d'une heure par semaine. De plus, les motionnaires demandaient que cet enseignement soit dispensé par des enseignants de géographie et d'histoire.
Dans sa réponse à la première invite, le Conseil d'Etat nous informe qu'une heure tous les quinze jours sera octroyée à l'éducation citoyenne et que cette dotation sera clairement identifiée. Or, dans la nouvelle grille horaire qui entrera en force pour la rentrée prochaine, nous constatons qu'en septième année l'éducation citoyenne apparaît couplée avec la maîtrise de classe. L'heure de maîtrise de classe est indispensable. Elle permet de régler les affaires courantes de la vie du groupe. On y pratique l'assemblée de classe en abordant les problèmes d'incivilité, de conflit, en privilégiant le respect des autres. Cette heure prend souvent beaucoup d'énergie et nécessite une grande disponibilité de la part de l'enseignant. Entre parenthèses, il est de plus en plus difficile de trouver des enseignants pour assumer cette charge de maîtrise de classe. Le travail est toujours plus lourd et ingrat. Pour certaines maîtresses et certains maîtres de septième année, il sera assurément impossible d'aborder l'éducation citoyenne pour des questions de surcharge de travail. Ces deux enseignements ont des objectifs différents et sont aussi importants l'un que l'autre. Mis en rivalité, ils en sortiront pénalisés. En huitième année, une heure hebdomadaire est enfin consacrée à l'éducation citoyenne. En neuvième année, à nouveau, la dotation horaire de l'éducation citoyenne est d'une heure chaque quinze jours. Selon nous, c'est largement insuffisant.
L'autre raison de notre mécontentement est la réponse inadéquate à la seconde invite de la motion. En effet, pour la prochaine rentrée scolaire, l'éducation citoyenne pourra être dispensée par des professeurs qui enseignent déjà dans la classe, mais pas obligatoirement par ceux d'histoire ou de géographie pourtant formés à cette discipline. Nous courons ainsi le risque de perdre la valeur essentielle du contenu de cette matière, car tous les enseignants n'auront pas la même motivation pour son enseignement. Bien sûr, nous sommes convaincus que la très grande majorité des maîtresses et maîtres sont capables de faire des parallèles entre l'éducation citoyenne et la matière qu'ils enseignent, et d'aborder avec leurs élèves des problèmes d'actualité ou des sujets de société. Pourtant, enseigner l'éducation citoyenne comme une vraie matière demande une formation, une préparation, une connaissance des ouvrages de référence, ainsi que le suivi d'un plan d'étude et une évaluation. A nouveau, les Verts sont d'avis qu'imposer une nouvelle matière à des enseignants déjà débordés par la surcharge continuelle de leur mission est déraisonnable. Rendons l'éducation citoyenne aux enseignants d'histoire et de géographie qui se sont beaucoup investis en accomplissant un important travail pour que cette matière soit enseignée aux adolescents sous une forme dynamique et attrayante. En conclusion, je vous confirme que le groupe des Verts vous propose le renvoi de ce rapport au Conseil d'Etat.
Le président. Nous ne pouvons pas renvoyer ce rapport au Conseil d'Etat. Nous devons en prendre acte ou le renvoyer en commission. (Brouhaha.)Ah, c'est que la réponse ne vous satisfait pas? Je ne vous ai sans doute pas très bien écoutée, Madame, excusez-moi.
Mme Jeannine De Haller (AdG). L'Alliance de gauche suit tout à fait la position des Verts et refuse de prendre acte de ce rapport, qui ne donne pas les réponses attendues sur les points soulevés lors du travail considérable effectué en commission relativement à l'éducation citoyenne.
Nous demandons aussi que le Conseil d'Etat revoie sa copie et nous réponde de façon beaucoup plus appropriée. Ce d'autant que, comme l'a indiqué Mme Wisard, la nouvelle grille horaire qui entre en vigueur cet automne ne traite plus l'éducation citoyenne comme nous l'avons demandé dans cette motion. Et ceci alors que la loi sur l'instruction publique, la Convention sur les droits de l'enfant, le Conseil de l'Europe, tous sont unanime pour dire à quel point il est important que l'éducation citoyenne soit prodiguée de façon judicieuse et intelligente dans les écoles. La nouvelle manière d'intégrer cette branche dans l'horaire - à mi-temps en réalité - avec le professeur de classe, qui n'est pas forcément compétent et formé à cette matière, ne nous paraît guère judicieuse.
Par ailleurs, un nouveau carnet de comportement a été instauré au cycle d'orientation : il n'y aura plus de notes, mais des évaluations. Celles-ci ne porteront précisément plus sur le comportement citoyen, civil des élèves, sur leur solidarité vis-à-vis de camarades, sur leur façon de participer en classe, etc. Elle évalueront au contraire des critères qui reviennent à être le plus discipliné possible et à avoir le plus de respect face à son enseignant. Cela ne répond pas du tout non plus aux demandes de notre motion. C'est pour cette raison que nous vous demandons, Mesdames et Messieurs, de renvoyer cette motion au Conseil d'Etat.
M. Thierry Apothéloz (S). Les arguments principaux liés à ce rapport du Conseil d'Etat ont été soulevés par les deux précédentes oratrices. Je n'ajouterai donc rien, mais je souhaiterais toutefois dire que le groupe socialiste appuiera d'autant plus la demande de renvoi au Conseil d'Etat que nous sommes dans l'incertitude par rapport à la nouvelle grille horaire du cycle d'orientation. A ce sujet, nous avons appris que ce ne seraient plus les enseignants d'histoire et de géographie qui enseigneront l'éducation citoyenne, ce qui contredit la deuxième invite de notre motion. Nous ne pouvons pas souscrire à une telle modification.
Mise aux voix, la proposition de renvoyer ce rapport au Conseil d'Etat est adoptée.