Séance du
lundi 3 décembre 2001 à
17h
55e
législature -
1re
année -
2e
session -
8e
séance
Discours du président
Discours du président du Grand Conseil
Le président. Mesdames et Messieurs les députés,
Mesdames et Messieurs les conseillers d'Etat,
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités judiciaires,
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités fédérales et communales,
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités militaires, ecclésiastiques et universitaires,
Mesdames et Messieurs les représentants des corps diplomatique et consulaire,
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités cantonales vaudoises,
Messieurs les représentants des départements voisins de la République française,
Mesdames et Messieurs,
Chères concitoyennes, Chers concitoyens,
Avant de procéder formellement à la prestation de serment des membres du Conseil d'Etat, je voudrais saisir l'occasion de notre présence en ce lieu solennel et riche d'histoire pour vous livrer quelques considérations. Ces considérations sont suscitées par la présence ici même de toutes les personnalités qui constituent la République de Genève. Elles sont aussi suscitées par la représentation de ceux qui ont bâti et bâtissent encore la grande communauté genevoise. Pour notre république, je citerai aujourd'hui d'abord, aux côtés de notre assemblée, les membres du Conseil d'Etat à qui je m'adresserai tout à l'heure de manière plus protocolaire.
Comment le président du Grand Conseil pourrait-il parler du Conseil d'Etat sans évoquer la séparation des pouvoirs? Séparation constitutionnelle des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, dont Montesquieu reste le père spirituel; séparation dont l'importance doit être en adéquation avec les moyens accordés aux différents pouvoirs pour l'assumer.
Il est bien normal que l'exécutif, qui manifeste sa présence au quotidien dans notre existence, jouisse de moyens et de compétences à la mesure de sa vaste tâche. Si les autres acteurs de notre système politique sont présents de manière moins permanente, il est pourtant tout aussi indispensable que leurs moyens soient suffisants.
Notre Grand Conseil notamment doit faire face à l'alourdissement exponentiel de ses tâches. Et pour mener à bien sa mission, il a toujours davantage besoin du concours de conseillers, pour documenter judicieusement ses débats et procéder aux investigations qui lui reviennent. Dès lors, notre démocratie ne pourra s'intensifier qu'au prix d'une collaboration étroite, franche, constructive et solidaire entre parlement et gouvernement.
Je ne saurais poursuivre sans saluer en votre nom, Mesdames et Messieurs les députés, les autorités et corps constitués qui assistent ce soir à notre session extraordinaire.
J'adresse aussi un salut de loin à nos représentants au Conseil national et au Conseil des Etats en session actuellement aux Chambres fédérales. Nous sommes par ailleurs vraiment très fiers de voir élue présidente du Conseil national Mme Liliane Maury-Pasquier.
Un autre salut aux maires, conseillers administratifs et conseillers municipaux des communes du canton, de Céligny à Troinex, en passant par Thônex naturellement, d'Hermance à Chancy, avec une halte à la puissante, turbulente et brillante Ville de Genève.
Une pensée encore aux officiers et représentants des autorités militaires et de police, que je me permets d'associer en un même salut, tant je souhaite qu'ils puissent mériter, dans l'accomplissement de leurs missions respectives, l'encouragement et la reconnaissance de la population, hors de toute considération politicienne.
J'en viens aux magistrats du pouvoir judiciaire qui doivent à la fois servir rapidement le justiciable «local» si je puis dire, tout en s'adaptant aux technologies de la criminalité internationale.
Encore un salut, parmi les corps constitués, à notre université, renommée pour sa créativité et son ouverture.
Et enfin, un salut aux autorités religieuses, unies aujourd'hui en notre cathédrale, qui nous apportent une plénitude de recueillement.
J'en arrive maintenant, après avoir évoqué la république officielle de Genève, à citer, et j'y tenais beaucoup, les autres composantes de ce que j'ai appelé tout à l'heure la grande communauté genevoise. Ceux grâce à qui notre village de 400000 habitants est connu, voire reconnu, à 1000 milles de l'Ile Rousseau. Je nommerai aussi la Genève des industries, souvent de pointe, qui a connu un fort développement ces dernières années, en créant une multitude d'emplois, et beaucoup de richesses pour notre région.
Je nommerai la place financière genevoise, que j'aurais pu affubler des mêmes attributs que les industries implantées chez nous, et qui fait mieux que tenir bon, malgré l'attractivité d'autres pôles économiques à travers le monde.
Mon attention se porte encore, bien sûr, et surtout, sur la Genève internationale, ses corps diplomatique et consulaire, celle des Nations Unies, du CERN, celle d'Henry Dunant, premier Prix Nobel de la paix il y a tout juste un siècle.
Ces organisations ne siègent pas au Parlement genevois. Mais elles y animent souvent les débats tant il est vrai qu'elles font partie de notre paysage et de nos coeurs.
Comme l'ont confirmé les récentes élections, la population genevoise ne manifeste qu'un intérêt mesuré pour la politique. Mais, en même temps, cela confirme le fait que notre démocratie parlementaire genevoise est vécue comme naturelle, d'habituelle, de normale et c'est déjà valorisant en soi.
On mesure ainsi le chemin parcouru depuis la déclaration d'indépendance américaine de 1776 et la déclaration française des Droits de l'Homme de 1789 ; et l'on a peine à imaginer qu'en ce début de XXIe siècle tout cela puisse être remis en cause par quelques obscurantistes déterminés.
Est-il pourtant si difficile de respecter l'autre ? Serait-il impossible de se mettre à l'écoute de l'autre ? Ne peut-on comprendre que l'amitié est le moteur des relations entre humains ? Pour ma part, je me refuse à désespérer de l'homme.
Puisque nous nous sommes retrouvés, ce soir, à la cathédrale pour le discours de Saint-Pierre, programme de notre Conseil d'Etat pour la République de Genève pour les quatre années à venir, il convient de saluer notre exécutif, de le fêter et de l'assurer de nos encouragements et de notre soutien indéfectible. Il aura, en effet, à affronter une rude tâche durant ce mandat, surtout après les bouleversements récents que nous connaissons tous. Ne nous leurrons pas, les conséquences d'ordre politique, économique, social seront considérables dans les prochains lustres. Et nul ne peut encore les évaluer avec certitude.
Dans quelques instants, le Conseil d'Etat nous exposera ce programme, par la voix de sa présidente.
Compte tenu du cadre où nous sommes réunis, de l'ambiance spirituelle qui ne peut que nous pénétrer les uns et les autres, nul doute que les autorités religieuses présentes me permettront de m'inspirer du psalmiste qui chantait, en son psaume 20: «Tu as mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses» (Ps. 20, 4).
Toutes proportions gardées, le régime démocratique qui règne en nos pays occidentaux confère une importance et une autorité semblables à l'Exécutif.
Au Conseil d'Etat donc d'être digne de cette «couronne de pierres précieuses»; à lui de démontrer qu'il n'usurpe pas cet honneur, ni la responsabilité qui en découle. A lui surtout de prouver que Genève demeure le symbole de la paix et de la solidarité, de la diversité et de la multiculturalité. Et donc du refus de cette «pensée unique» qui étouffe toute initiative, toute liberté, toute démocratie.
Que vive Genève, que vive la Suisse !
(A l'orgue: "Dialogue sur les trompettes", François Couperin.)