Séance du
vendredi 6 avril 2001 à
17h
54e
législature -
4e
année -
7e
session -
18e
séance
IU 1060
M. Gérard Ramseyer. Monsieur le député, je réponds à votre interpellation urgente en commençant par la fin, à savoir le rapport établi par une délégation du parlement des jeunes sur les violences à leur égard.
Le parlement des jeunes se discrédite avec de tels rapports, ainsi qu'ont tenu à me le faire savoir quelques membres dudit parlement. Ce dernier, par ailleurs, a refusé le document auquel vous vous référez - sans doute le saviez-vous déjà!
J'ai reçu cette délégation avec courtoisie et totale transparence pendant plus d'une heure. A lire le rapport, je constate qu'il y a des vérités attestées, même par dossier de justice, que ces jeunes ne veulent pas entendre. Il y a 4 500 arrestations par année à Genève. Sur ces 4 500 arrestations, 150 font état de recours à la contrainte, soit les 3%. Sur ces 150 arrestations, on enregistre 20 à 30 plaintes, le plus souvent croisées, car les policiers se plaignent aussi s'ils sont l'objet de violences : c'est 20% des cas de recours à la contrainte, c'est surtout 7% du nombre d'arrestations! Il va sans dire que le nombre de plaintes ayant abouti en justice ou sur le plan disciplinaire est encore plus infime.
Cette réalité, Monsieur le député, ces jeunes ne veulent pas la voir. Comme d'ailleurs ils n'ont pas voulu voir le rapport très complet adressé par mon département, le 2 novembre 1994, à Amnesty International, organisation dont, depuis, je n'ai plus jamais entendu parler au sujet de la police genevoise, quelques cas isolés mis à part. Voilà donc pour votre assertion relative à ce rapport. Renseignez-vous au surplus sur la réalité et la légitimité de cette soi-disant commission : vous serez édifié.
J'en viens maintenant à vos questions relatives à Critical Mass. Pour moi, la promotion du vélo passe par un aménagement coordonné de la voirie publique et par le dialogue. Je ne peux en aucun cas cautionner la désobéissance citoyenne, la violence et les atteintes aux biens d'autrui. Le but avéré de Critical Mass étant d'entraver la circulation, c'est en soi une infraction. Par ailleurs, toute manifestation doit faire l'objet d'une demande d'autorisation, ce qui n'a jamais été le cas avec Critical Mass.
Au surplus, il me paraît présomptueux d'imaginer que la perturbation du trafic en ville et le blocage des transports publics procèdent, je vous cite, «d'une politique voulue par une grande majorité». Dans la mesure où Critical Mass refuse toute concertation, il appartient à la police genevoise de contrôler les actions de ce mouvement.
Vous ne pouvez pas taxer la gendarmerie d'anti-jeunes, puisque sa moyenne d'âge est de 32 ans seulement. Vous ne pouvez pas non plus parler de discrimination envers les jeunes, puisque la police genevoise oeuvre exactement, depuis cinq ans, conformément aux recommandations de la commission d'enquête parlementaire sur les événements de l'OMC. Je vous renvoie spécifiquement au chapitre traitant de la prévention. Enfin, le 23 septembre dernier, le poste de police d'Onex organisait, à l'occasion de son vingtième anniversaire, une soirée techno qui a connu un énorme succès.
Vous ne pouvez pas faire semblant de continuer à croire à une police d'un côté et des jeunes de l'autre! Mais, Monsieur le député, permettez-moi de citer, pour finir, le texte suivant : «Au sein du comité, nous avons presque tous participé, à l'occasion, à un Critical Mass, mais cela fait plusieurs mois que nous ne nous y rendons plus, en général avec un même constat : cela devenait beaucoup trop agressif et trop provocateur envers les automobilistes...» (Protestations à la tribune du public.)
La présidente. C'est la dernière fois que je demande au public de cesser de manifester ! Est-ce clair ?
M. Gérard Ramseyer, conseiller d'Etat. Je reprends donc le texte que je citais, et qui n'est pas de moi : «L'esprit festif du début nous semble avoir disparu et les Critical Mass, lors desquels les transports publics ont été volontairement bloqués, nous semblent particulièrement idiots.»
Ce texte, Monsieur le député, ne figure pas dans le dernier bulletin du personnel de la police, mais dans la publication de «Aspic-Info-Vélo», soit des gens dont vous êtes très proche. Un conseil, Monsieur le député : vous devriez commencer à écouter les jeunes et à vous désolidariser des provocateurs qui nuisent tellement à votre vision de la société! (Applaudissements et exclamations.)
Cette interpellation urgente est close.