Séance du
jeudi 25 janvier 2001 à
17h
54e
législature -
4e
année -
4e
session -
1re
séance
IU 986
M. Luc Gilly (AdG). Mon interpellation s'adresse à M. Ramseyer qui - je le sais - est à Davos... (Brouhaha.) J'espère donc que le Bureau ou le service du Grand Conseil transmettra ce message que je lui adresse directement. Mon interpellation s'appelle : «Davos le Blockhaus».
En deux mots comme en mille, j'aimerais dire qu'à Davos il y a un millier de policiers intercantonaux et internationaux - puisque le Lichtenstein envoie aussi les siens - trois cents gardes-fortifications, six cents militaires. Voilà pour les uniformes, sans parler de tous les civils déguisés en sapin de Noël, en chalet, en bonhomme de neige, que sais-je...
Des kilomètres de barrières, de fil de fer barbelé, des véhicules de police, militaires, en tout genre, plus des hélicoptères de surveillance, un arsenal complet de fusils et, tout à l'heure, j'ai entendu parler des moto-pompes à purin pour asperger les éventuels manifestants qui parviendraient à Davos.
Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais bien un peu d'attention, car je trouve que les choses sont graves. Cette hystérie sécuritaire pourrait faire sourire certains si cela se passait ailleurs que dans une démocratie, mais que nenni, nous sommes en Suisse, Messieurs et Mesdames ! Encore un pays dit «démocratique», mot que je mets entre guillemets aujourd'hui ! Le droit de manifester est pour le moins bafoué, malgré la dénonciation du Tribunal fédéral contre la commune de Davos pour les mesures qu'elle avait déjà adoptées en 1999 et 2000.
Depuis quelques semaines, le Conseil fédéral... (Brouhaha.) Si cela ne vous intéresse pas, allez boire un verre, Mesdames et Messieurs ! ...le Conseil fédéral criminalise systématiquement les opposants au système néolibéral et accuse ceux-ci de vouloir attenter à la personne des mille global leaders qui se réuniront dès ce soir. En effet, le Conseil fédéral parle de garantir la sécurité des personnes jouissant d'une protection internationale. On croit rêver !
Le Conseil fédéral, toujours, traite les manifestants de perturbateurs et d'agresseurs. A-t-il le droit d'employer tous les moyens pour empêcher cette manifestation, plus que jamais légitime face à ces décideurs économiques ? De quel droit un tel arsenal de répression est-il mis en place, pour assurer la sécurité d'un forum somme toute privé, où les plus puissants de la planète et leurs multinationales s'entendent pour mieux piller et s'accaparer les richesses de la planète, sans redistribution ?
Aussi, avec toutes les forces démocratiques de ce parlement qui, je l'espère, s'associeront à ma démarche, je me joins aux organisations qui ont dénoncé l'envoi massif des forces répressives, qui ont pour devoir d'empêcher les sans voix d'exprimer leur opposition à ces décideurs, à ces global leaders, à ceux qui vont encore affaiblir la démocratie et les plus démunis de la terre.
Pour en revenir à Genève et à mes questions, permettez-moi de demander à M. Ramseyer comment et pour quelles raisons il a envoyé la police genevoise se compromettre à Davos avec les forces antidémocratiques qui caractérisent ce forum ? N'avons-nous pas tous été élus, entre autres, pour défendre la démocratie, M. Ramseyer, conseiller d'Etat, également et en particulier ? Si sa réponse à cette question est affirmative, il doit rappeler immédiatement tous ses policiers, tout comme bon nombre de citoyens jurassiens l'exigent également de la part de leurs autorités.