Séance du
jeudi 16 novembre 2000 à
17h
54e
législature -
4e
année -
1re
session -
50e
séance
IU 941
M. Bernard Clerc (AdG). Mon interpellation s'adresse au Conseil d'Etat et, par conséquent, à tous les conseillers d'Etat - c'est pour cela que je leur en ai donné à chacun une copie - et concerne la politique du Conseil d'Etat pour les offres d'emploi dans les quotidiens.
Le 14 mai 1998, notre Grand Conseil adressait au Conseil d'Etat une motion relative à l'aide indirecte à la presse. Cette motion recevait l'appui de tous les groupes représentés au Grand Conseil.
Après deux ans et demi, il faut bien constater que cette motion est restée lettre morte. Faudra-t-il la disparition du dernier quotidien genevois indépendant pour que le Conseil d'Etat se préoccupe de la demande du Grand Conseil ? Il sera alors trop tard pour verser des larmes de crocodile, comme nous l'avons entendu dire au moment de la mort du journal «La Suisse».
Le quotidien «Le Courrier» a connu une progression de ses abonnés et de ses lecteurs ces dernières années. L'impression du journal a été rapatriée à Genève. Cependant, et malgré une compression de ses dépenses, ce quotidien connaît encore un déficit d'exploitation de l'ordre de 700 000 F par an, partiellement comblé par les souscriptions de ses lecteurs. Les rentrées financières relevant de la publicité et des annonces représentent entre 10% et 15% de ses recettes alors que pour les autres quotidiens cette part est de l'ordre de 60%.
La motion 1186 comprend deux invites. La première demande au Conseil d'Etat d'utiliser tous les moyens d'aide indirecte à la presse pour contribuer au maintien du «Courrier». Parmi ces moyens, il y a bien sûr les abonnements des services à ce journal, notamment dans ceux ouverts au public. Or jusqu'à récemment à la salle d'attente du service des passeports, on ne trouvait pas «Le Courrier», alors que tous les autres quotidiens étaient à disposition, y compris ceux édités hors du canton, ainsi qu'un hebdomadaire gratuit. Cette absence vient d'être réparée, mais combien de services se trouvent dans la même situation ?
La deuxième invite demande que les communiqués et les annonces de l'Etat et des établissements publics soient distribués de manière à ne pas défavoriser «Le Courrier». Cela est d'ailleurs possible sans frais supplémentaires pour l'Etat. Il suffit de réduire le format des annonces passées dans les quotidiens à fort tirage pour financer les publications dans «Le Courrier».
Or sur la base d'un relevé effectué de janvier à octobre de cette année, et que nous vous avons remis, «Le Courrier» n'a reçu que quarante-huit offres d'emploi sur trois cent cinquante-trois publiées dans le supplément emploi de «La Tribune de Genève», c'est-à-dire un peu plus de 13% du total et un peu moins de 9% en valeur, selon un calcul effectué hors taxe et hors rabais spéciaux. Est-ce ainsi que le Conseil d'Etat entend apporter une aide indirecte au seul quotidien en difficulté du canton ? Est-ce ainsi qu'il comprend l'invite consistant à ne plus défavoriser «Le Courrier» ?
Mes questions sont les suivantes :
1) Le Conseil d'Etat a-t-il la volonté politique de mettre en oeuvre la motion adoptée à l'unanimité de ce Grand Conseil ?
2) Les 25 000 lecteurs du «Courrier» sont-ils des citoyens de deuxième zone ne méritant pas d'être tenus au courant des offres d'emploi du canton ?
3) Le Conseil d'Etat va-t-il prendre enfin un arrêté à l'intention de tous les offices du personnel pour qu'ils passent systématiquement les offres d'emploi aussi dans «Le Courrier» ? (Applaudissements.)