Séance du
jeudi 16 novembre 2000 à
17h
54e
législature -
4e
année -
1re
session -
50e
séance
IU 935
M. Christian Brunier (S). Mon interpellation concerne principalement M. Ramseyer, mais, à vrai dire, l'ensemble du Conseil d'Etat, puisque cela concerne un des sujets prépondérants pour le Conseil d'Etat, c'est-à-dire la politique des transports.
Je fais référence, entre autres, au rapport de la commission externe d'évaluation des politiques publiques sur la vitesse commerciale des TPG. Comme vous le savez, Mesdames et Messieurs les députés, la vitesse commerciale est l'un des facteurs qui détermine la qualité des prestations des TPG, mais surtout l'attractivité des transports publics pour la population genevoise.
Depuis 1988, c'est-à-dire depuis douze ans, la vitesse commerciale des transports publics genevois stagne complètement, alors que nous avons voulu, aussi bien le gouvernement que la majorité parlementaire, faire de nombreux efforts en la matière. La vitesse stagne à 14 km/h aux heures de pointe, ce qui est relativement faible en comparaison des grandes villes européennes.
Je vous rappelle que pourtant la population avait adopté une loi qui précisait que, d'ici 2005 - le premier objectif était d'ailleurs l'an 2000 - la vitesse commerciale des TPG devait arriver à 18 km/h. C'était l'objectif fixé par le peuple genevois.
Cette stagnation de la vitesse est en corrélation complète avec la stagnation du nombre de passagers des TPG, puisque depuis un certain nombre d'années, malgré des efforts, en tout cas annoncés, le nombre des usagers et usagères des transports publics n'évolue quasiment pas, voire diminue.
L'étude de la commission externe d'évaluation des politiques publiques répertorie un certain nombre de raisons expliquant l'échec de la politique des transports publics menée par le Conseil d'Etat :
- La première raison est le retard conséquent tant des aménagements qui devraient être faits en matière de feux de signalisation pour donner la priorité aux transports publics qu'en matière d'aménagement des carrefours. Cela n'a pas été fait. Pourtant, conformément à la loi, on aurait dû finir ce programme d'aménagement des carrefours en 1995. Aujourd'hui, en l'an 2000, il reste encore cent dix carrefours à aménager afin, en donnant la priorité aux transports publics, d'améliorer la vitesse commerciale et, par conséquent, d'améliorer les prestations des TPG. La satisfaction des utilisateurs des TPG dépend de ces aménagements.
- La deuxième raison de l'échec - qui démontre que la politique des transports publics n'est pas assez efficace - est, bien sûr, les oppositions multiples des milieux pro-automobilistes qui, par leur dogmatisme, empêchent l'élaboration de grandes réformes.
- La troisième raison de l'échec est le manque de soutien politique, de volonté politique de concrétiser cette avancée en faveur des transports publics.
En réalité, je poserai deux questions :
1. Là où Zurich et Strasbourg, par exemple, atteignent leur objectif, Genève échoue par manque de volonté politique. Que compte entreprendre le gouvernement pour atteindre l'objectif, voulu par la population genevoise, d'améliorer la vitesse commerciale des TPG ?
2. Comme tout le monde, j'ai lu la presse et les déclarations de M. Gérard Ramseyer qui estime que le gouvernement n'est pas le seul responsable. Il dit, je le cite : «...que faire quand le Grand Conseil refuse des crédits pour moderniser les feux aux carrefours ?». Je rappelle à M. Ramseyer que nous lui avons tendu une perche, il y a quelques jours à la commission des finances, en lui rappelant que nous étions prêts à faire des efforts pour améliorer la vitesse commerciale des TPG, par exemple par l'aménagement des carrefours... (Manifestation, claquements de pupitre.) ...mesure susceptible d'améliorer la vitesse commerciale des transports publics. M. Ramseyer n'a fait aucune proposition en la matière. Je lui demande donc s'il fera des propositions pour améliorer la vitesse commerciale des TPG, notamment en aménageant les carrefours, afin d'atteindre enfin l'objectif... (Brouhaha. Manifestation.) - je vois que la démocratie n'est pas pour tout le monde - ...tant voulu par la population genevoise ? (Sifflets.) (Applaudissements.)
M. Gérard Ramseyer. Je remercie M. Brunier de cette question. J'aimerais d'abord rappeler que la vitesse commerciale de 18 km/h est empirique; ce n'est pas un objectif scientifique. Pourquoi pas 17,5, pourquoi pas 18,6 ? C'est un objectif. Il est vrai, Monsieur, et vous avez raison sur ce point, que cet objectif n'a pas été atteint.
Par contre, j'aimerais dire que Genève, en comparaison avec d'autres villes - je cite sans souci M. Stucki qui s'est déjà exprimé dans la presse - n'a pas à rougir de la vitesse commerciale atteinte par ses transports publics. Vous en connaissez les chiffres. J'évoquerais en particulier la ville de Berne, que M. Stucki a citée.
Répondre à votre question, c'est reprendre un élément de celle-ci. Vous avez dit vous-même, Monsieur : «...un des facteurs qui détermine l'attractivité». Vous savez donc bien que l'attractivité des transports publics est un ensemble de plusieurs facteurs : le confort, la ponctualité et le nombre d'arrêts. Vous êtes parfaitement conscient, Monsieur le député, que, si les communes nous réclament un nombre d'arrêts supplémentaires, c'est un plus pour l'usager, mais, bien sûr, un moins pour la vitesse commerciale. Il faut choisir ce que l'on veut obtenir !
Vous avez cité le problème des carrefours dits « intelligents ». Nous en avons, en fait, à revoir deux cent soixante et nous en avons revu cent soixante. Cependant, je rappelle qu'un seul de ces carrefours coûte un quart de million. Depuis sept ans que je dirige ce département, pendant quatre ans au moins, je n'ai eu, comme crédit, que trois millions, ce qui permettait l'aménagement de dix à douze carrefours. Le programme que nous conduisons dépend en partie des subsides que vous nous allouez. Je suis ravi de savoir que vous allez faire un effort tout particulier.
Vous avez cité, Monsieur, les oppositions émanant des milieux automobiles. J'aimerais dire simplement que c'est l'expression de la démocratie, de même que les recours des milieux environnementaux peuvent paraître excessifs à d'aucuns. Les recours des milieux automobiles sont l'expression d'une volonté démocratique dont nous devons tenir compte. Je vous rappelle qu'il y a quatre cent mille habitants dans ce canton. Il y a deux cent septante mille véhicules immatriculés et vous ne pouvez pas d'un simple revers de main écarter deux cent septante mille personnes qui s'expriment.
Enfin, vous parlez du manque de soutien politique. J'aimerais vous rassurer à ce sujet en vous disant que ce matin j'ai donné une conférence de presse. Elle a eu beaucoup de succès. De nombreuses questions ont été posées. Des documents ont été communiqués. Prenez la peine de lire ces publications. Faites-vous une impression et adressez-moi ensuite une interpellation urgente si vous pensez qu'il est encore nécessaire de le faire !