Séance du vendredi 27 octobre 2000 à 17h
54e législature - 3e année - 11e session - 47e séance

P 1248-B
26. Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la pétition : «Pour sauver cette planète : arrêtez cette pollution affreuse !». ( -) P1248
Mémorial 1999 : Rapport, 7970. Renvoi au Conseil d'Etat, 7975.

En date du 12 mai 1999, Mlle Anaïs Stitelmann, élève de 10 ½ ans de l'école primaire des Allobroges (Ville de Genève), classe de 5P, a déposé auprès du Grand Conseil une pétition intitulée « Pour sauver cette planète : arrêtez cette pollution affreuse ! ». Cette pétition a recueilli onze signatures. Mlle Anaïs Stitelmann a été assistée dans sa démarche par sa logopédiste, Mme Catherine Clastres.

Cette pétition a la teneur suivante :

Pour sauver notre terre :

- Il ne faut plus détruire les forêts parce que nous ne pourrons plus respirer et beaucoup d'espèces d'animaux disparaîtront.

 Arrêtez de détruire les forêts !

- Il ne faut plus que les pétroliers lâchent le pétrole dans les mers.

 Arrêtez de détruire les mers et les océans !

- Les voitures polluent aussi beaucoup et il faudrait que par famille il n'y ait qu'une voiture : utilisez des patins à roulettes, des vélos, j'aimerais bien qu'il y ait à nouveau des carrosses et des chevaux.

 Arrêtez de rouler la nuit !

- Ne réparez pas votre frigo tout seul, allez poser vos piles, plastiques, papiers, PET, etc. aux endroits prévus.

J'ai 10 ½ ans, je m'appelle Anaïs et je ne veux pas que la planète devienne une poubelle.

Tout comme les membres de la commission, le Conseil d'Etat se réjouit du sens démocratique précoce de la pétitionnaire, Mlle Anaïs Stitelmann. C'est donc avec plaisir que, comme le demande la Commission des pétitions, il vous transmet le présent rapport qui décrit les démarches entreprises par l'enseignement primaire genevois dans le cadre de l'éducation à l'environnement.

Ces démarches répondent à l'une des recommandations transmises par la Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique le 28 octobre 1988 selon laquelle l'éducation à l'environnement fait partie des tâches fondamentales propres à tous les degrés de l'enseignement.

A Genève, la discipline Environnement regroupe l'histoire, la géographie, les sciences et l'éducation à l'environnement proprement dite. Cette discipline est un enseignement de base doté d'un temps hebdomadaire spécifique (1h40 en 1P et 3h15 en 2P-3P-4P-5P-6P) que chaque enseignant-e est tenu de respecter.

Un nouveau document de référence officielle en matière d'enseignement-apprentissage sera diffusé à la rentrée 2000 à chaque enseignant primaire : « Objectifs d'apprentissage de l'école primaire genevoise ». Les objectifs du plan d'études en vigueur y sont reformulés de manière à mettre en évidence les objectifs de formation poursuivis. Pour l'environnement, il est clairement stipulé :

« Le rôle de l'école est d'amener tous les élèves à se construire progressivement des outils de pensée de plus en plus élaborés pour vivre, comprendre et agir dans le monde qui nous entoure. »

« L'école doit permettre aux futurs citoyens de se construire des compétences et des savoirs suffisants pour aborder la complexité des problèmes actuels et futurs et qui débouchent sur des comportements nécessaires à la vie en société et à la gestion de la planète. »

L'éducation à l'environnement présente l'avantage de pouvoir s'appuyer, dès les premiers degrés, sur des actions concrètes à effets visibles, dont certaines influent directement sur la qualité de vie au sein de l'école (détritus dans les poubelles, propreté des aires de travail et de jeu par exemple).

Les opérations suivantes illustrent, à des degrés de complexité divers, l'éducation à l'environnement :

Le Service de l'environnement de l'enseignement primaire élabore des brochures sur cette thématique depuis plusieurs années. Ces documents rencontrent un intérêt très marqué auprès des enseignants genevois, romands et étrangers puisque plusieurs ont été traduites en allemand et en italien. Ces brochures ont été réalisées avec la collaboration de personnes d'autres départements, en particulier du Service Inf-Eau-Déchets du DIAE : « Voyage au bout de l'eau », « Les envahisseurs » (sur la pollution de l'air), « Le concert » (sur la pollution par le bruit), « Amour et poubelle » (sur les déchets).

De nombreuses classes primaires ont participé au concours 1997-98 Que faire pour améliorer l'environnement dans ta commune ou ton quartier ?

Dans le cadre du programme d'Opération genevoise pour une utilisation rationnelle de l'électricité (OGURE) développé dans les communes de Vernier, Lancy et Veyrier, les élèves sont sensibilisés aux économies d'énergie afin de modifier leur comportement dans l'utilisation quotidienne des diverses sources énergétiques. Cette action est menée en collaboration avec l'Office cantonal de l'énergie (OCEN).

Une collaboration avec Pro Natura offre aux élèves de 9-12 ans un animateur professionnel pour une journée d'activité sur les thèmes de la rivière et de la renaturation des cours d'eau.

Cette année 1999-2000, le Service de l'environnement a organisé un cours sur le thème de l'eau (pollution, consommation, charte de l'eau) auquel de nombreux enseignants se sont inscrits dans le cadre de la formation continue.

Des cours de formation continue animés par la Fédération d'éducation à l'environnement (FEE) sont offerts aux enseignants.

En outre, une attention particulière est accordée à la récupération des déchets car elle se prête à des attitudes écologiques pertinentes de la part des élèves, tant au niveau individuel que collectif:

28 écoles entières (sur 230), représentant 213 classes et 4200 élèves, se sont inscrites pour l'année scolaire 1999-2000 à la campagne d'information sur le recyclage des déchets Swiss Recycling relatif à la récupération du verre, des bouteilles en PET, des boîtes en fer, de l'aluminium, des piles et des vêtements. Des conseillers de Swiss Recycling organisent des cours pour les écoles publiques avec un matériel didactique adapté comprenant des séquences d'explications et des exercices pratiques, tel le tri d'un sac de déchets.

En collaboration avec Inf-Eau-Déchets de la Ville de Genève, une grande campagne vient d'être lancée dans l'ensemble des classes genevoises pour redynamiser la récupération des piles. Chaque classe reçoit une petite urne pour y déposer les piles usagées. Un lieu dans l'école est prévu pour y recevoir le contenu récupéré, un service se charge de l'évacuation.

Une campagne prévoit la possibilité pour les écoles de faire venir une exposition et un animateur pour parler récupération, en particulier du compost.

La cassette vidéo, Billy au pays du recyclage, a été achetée par la Direction générale de l'enseignement primaire à plus de 250 exemplaires et distribuée dans chacune des 230 écoles primaires du canton.

Il convient d'ajouter à toutes ces opérations officielles les multiples initiatives personnelles des enseignants.

En conclusion, le respect de l'environnement est une composante du programme scolaire primaire. La réflexion est adaptée au niveau des élèves et elle est assortie d'actions concrètes. Les collaborations fructueuses avec les partenaires concernés et l'intérêt marqué des enseignants font des préoccupations écologiques un champ d'investigation à part entière.

Compte tenu de ce qui précède, nous vous prions, Mesdames et Messieurs les députés, de bien vouloir accepter le présent rapport.

Débat

Mme Caroline Dallèves-Romaneschi (Ve). Peut-être pourrez-vous m'expliquer, Monsieur le président, plus tard ou hors séance, pourquoi vous utilisez le persiflage pour lire le titre de cette pétition... Je pense en effet que le désir de sauver la planète n'est pas un sujet particulièrement léger ni amusant... Mais je vous pardonne, Monsieur le président, puisque vous ne me donnez pas l'impression de l'avoir fait exprès ! (Rires et exclamations.)

Cela dit, je voudrais encore souligner la conscience dont cette enfant a fait preuve en rédigeant cette pétition, s'attaquant par ce biais directement aux grands problèmes du monde et de la planète, alors qu'à cet âge, généralement, on a d'autres sujets de préoccupation.

Je remercie, bien entendu, le Conseil d'Etat pour sa réponse circonstanciée. Effectivement, lorsque j'avais effectué le rapport sur cette pétition, j'avais souligné l'importance de l'éducation dans le domaine de l'environnement, qui est absolument indispensable pour donner à tous les enfants et les jeunes conscience de la nécessité de sauvegarder l'environnement.

Nous saluons vivement les efforts fournis en grande partie - il faut tout de même le préciser - par le département de l'intérieur, de l'agriculture, de l'environnement et de l'énergie et, par ailleurs, nous encourageons le département de l'instruction publique à en faire autant de son côté. Toutefois, je le félicite de collaborer avec le département de l'intérieur, de l'agriculture, de l'environnement et de l'énergie dans ce but. Le DIP a raison de faire des brochures : c'est une bonne chose, mais il faudrait surtout agir sur le terrain. C'est l'essentiel.

Si vous lisiez bien cette pétition, vous verriez qu'elle demande d'arrêter de détruire les forêts, les mers et les océans. Il est vrai qu'en ce qui concerne les mers et les océans il est difficile pour le Conseil d'Etat genevois d'agir... La pétition demande aussi d'arrêter de rouler la nuit, de ne pas réparer nos frigos tout seuls, etc. Beaucoup d'actions sont à notre portée, notamment la circulation automobile - j'y reviens encore et toujours - sur laquelle nous pouvons véritablement agir.

C'est donc un troisième département qui est concerné par cette pétition. Le chef de ce département n'est pas présent pour le moment, mais j'espère qu'on lui transmettra, et, une fois de plus, il entendra cette vérité sortie, cette fois, de la bouche d'un enfant ! 

Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.

 

La séance est levée à 16 h 45.