Séance du vendredi 27 octobre 2000 à 17h
54e législature - 3e année - 11e session - 47e séance

M 1362
22. Proposition de motion de Mme et MM. Jean-Marc Odier, Thomas Büchi, Hervé Dessimoz, Daniel Ducommun, John Dupraz, Pierre Froidevaux, Bernard Lescaze, Jean-Louis Mory, Walter Spinucci, Marie-Françoise de Tassigny, Pierre-Pascal Visseur, Roger Beer et Louis Serex visant à encourager les échanges linguistiques pour les jeunes ayant achevé leur scolarité obligatoire. ( )M1362

EXPOSÉ DES MOTIFS

A l'issue de leur scolarité obligatoire, de nombreux jeunes ne savent pas clairement ce qu'ils souhaitent faire. De même, leurs connaissances des autres langues et des autres régions de notre pays ne sont souvent pas satisfaisantes.

Nous souhaitons donc offrir aux jeunes qui n'ont pas déterminé clairement leur orientation professionnelle la possibilité de vivre un changement de cadre, dans le but de découvrir sous un autre angle les réalités de la vie, tout en acquérant des connaissances linguistiques toujours plus indispensables.

Ce séjour d'une année en Suisse alémanique, au Tessin ou dans les Grisons serait assurément une coupure idéale - et nécessaire pour certains - après de nombreuses années d'études et permettrait en plus de découvrir d'autres espaces culturels et linguistiques.

Dans ce but, nous prions le Conseil d'Etat d'entreprendre les démarches indispensables afin que de tels séjours puissent avoir lieu et qu'une large palette de possibilités puisse être proposée aux jeunes intéressés. Nous insistons sur la diversité des choix pour les jeunes. Ainsi, il pourrait s'agir d'une activités bénévole ou rémunérée, d'un séjour « à la ferme », d'une découverte de métiers ou encore de quelques cours donnés dans la langue du lieu du séjour.

Il nous paraît important de préciser dans la motion que ce séjour ne doit pas être prétexte à des démarches administratives compliquées, lors du retour des jeunes et de leur inscription pour une activité ultérieure,... afin de ne pas décourager les intéressés.

Dans une optique d'échange, il serait évidemment bienvenu que notre canton accueillie les jeunes venant d'autres cantons afin d'améliorer leurs connaissances du français et découvrir Genève.

Nous vous invitons, Mesdames et Messieurs les députés, à réserver un accueil favorable à cette motion.

Débat

M. Jean-Marc Odier (R). Cette motion a pour but d'organiser et de coordonner des séjours linguistiques, notamment en Suisse allemande et au Tessin, pour les jeunes ayant terminé la scolarité obligatoire. En effet, nous estimons... (Brouhaha.) (Le président agite la cloche.) Merci, Monsieur le président ! Nous estimons en effet qu'il s'agit d'une période charnière, tout à fait importante pour des jeunes qui, à cet âge, n'ont pas encore forcément déterminé leur avenir professionnel, soit parce qu'ils n'ont pas eu une période scolaire vraiment réussie soit parce qu'ils ne savent pas encore s'ils vont poursuivre des études ou s'ils vont faire un apprentissage professionnel.

Cette période charnière est vraiment très importante pour ces jeunes, et cette motion veut leur offrir des possibilités supplémentaires et des facilités pour s'engager dans une troisième voie qui leur permettrait d'aller apprendre une langue en Suisse allemande ou au Tessin durant un certain laps de temps et, par la même occasion, de sortir de leur cadre de vie habituel, de vivre une autre expérience, et de revenir, au terme de ce séjour linguistique, avec, peut-être, des idées nouvelles, plus de volonté et d'énergie pour reprendre des études.

Nous souhaitons non pas que l'Etat se substitue à certaines sociétés qui organisent déjà des séjours linguistiques mais qu'il coordonne ces séjours et ces contacts. En effet, pour les jeunes qui arrivent à cette période charnière, il n'est pas forcément facile de trouver les bons tuyaux pour s'expatrier en Suisse allemande.

Nous aimerions également insister sur un autre aspect, à savoir que cette mesure ne doit pas être appliquée à sens unique. Il faudrait aussi essayer de prévoir la possibilité d'accueillir des Suisses allemands et des Tessinois, ce qui aurait forcément l'avantage de resserrer certains liens qui ont tendance à se distendre.

En fonction de tous ces arguments, je vous remercie de faire bon accueil à cette motion. 

Le président. Messieurs, je vous demande un peu de silence ! Madame Guichard, vous avez la parole.

Mme Nelly Guichard (PDC). Nous sommes évidemment toujours favorables à la fois à toute action permettant d'améliorer les connaissances linguistiques de nos jeunes et, aussi, à tout ce qui peut favoriser une meilleure connaissance de nos compatriotes Suisses alémaniques ou Tessinois.

Par contre, je ne pense pas qu'une ruée de Genevois va se bousculer au portillon pour aller passer un an dans une ferme en Suisse alémanique ou au Tessin... D'ailleurs, pour eux la structure existe déjà, et le retour, que je sache, ne pose pas de problème majeur. Je suppose que vous savez aussi qu'il existe déjà des échanges au niveau des apprentis, mais il est vrai qu'il s'agit de séjours de courte durée d'environ deux ou trois mois. Il faut également savoir que, malgré les facilités proposées et les séjours organisés depuis plusieurs années déjà - cette possibilité existe déjà dans les deux sens, soit pour les Romands soit pour les Suisses alémaniques - il y a relativement peu de candidats, en tout cas en ce qui concerne les Genevois. On peut donc faire mieux.

Quoi qu'il en soit, si des simplifications administratives suffisent à susciter l'envie de quitter Genève pour aller non pas à Lausanne mais dans l'Emmenthal ou dans les Grisons, pourquoi pas ? Car il faut bien reconnaître qu'indépendamment de l'intérêt d'un séjour de l'autre côté de la Sarine, la connaissance non seulement de l'allemand mais du suisse allemand est utile dans beaucoup plus de professions qu'on ne l'imagine.

Nous accueillons donc favorablement cette motion et sommes d'accord avec son renvoi au Conseil d'Etat. 

Mise aux voix, cette motion est adoptée.

Elle est ainsi conçue :

Motion(1362)visant à encourager les échanges linguistiques pour les jeunes ayant achevé leur scolarité obligatoire